« Attendez-vous à une hausse de la volatilité, à des rendements entre 5 % et 10 % et à d’autres importantes rotations sectorielles en 2002 », affirme Michael Craig, chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD. En conversation avec Kim Parlee, il démontre la tendance haussière des actions canadiennes et de l’immobilier au pays, mais indique que ce pourrait être une autre année difficile pour les titres à revenu fixe.
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[MUSIQUE]
Selon un vieil adage, la première semaine de négociation de janvier donne le ton pour le reste de l’année. Je ne suis pas certaine que l’on veuille que ça soit le cas cette année. Mais s’il y a du vrai dans cette théorie, accrochez-vous. On risque de connaître une année tumultueuse. Michael Craig va nous aider à faire la part des choses. Il est chef, Répartition des actifs et Produits dérivés à Gestion de Placements TD. C’est notre invité aujourd’hui.
Mike, ravie de vous accueillir. Commençons par là.
Quel début d’année, on peut dire qu’elle commence sur les chapeaux de roues. Beaucoup de volatilité du côté des valeurs technologiques, et une baisse générale. Est-ce que cette dégringolade va se poursuivre? Vous attendez-vous à une contagion au reste du marché?
Bonsoir, Kim. À court terme, je crois que le délestage est terminé. La remontée de la fin de l’année dernière a pratiquement été annulée. Et les marchés commencent tout juste à s’adapter à la réalité, à savoir que l’on entre dans un cycle de hausse. Certains secteurs en pleine effervescence ont pris du plomb dans l’aile. Selon nous, on en voit le bout, du moins pour l’instant.
KIM PARLEE : La rotation a été quelque peu brutale. Peut-être que la situation semble pire quand on la traverse que quand on prend du recul ou qu’on regarde les tendances à long terme. Mais il y a eu un mouvement massif des actions technologiques vers les actions de valeur. Faut-il s’attendre à des bulles dans d’autres secteurs, comme les actions de valeur?
MICHAEL CRAIG : Non, je ne pense pas. En fait, ces mini-replis sont extrêmement utiles. Essentiellement, ils ont pour effet de calmer le marché. Depuis longtemps, le rendement des actions technologiques surpasse largement celui des actions de valeur, qui sont donc très loin d’être surévaluées.
Il y a encore beaucoup de marge. Je ne suis pas de ceux qui disent que les actions de valeur seront le placement idéal des 10 prochaines années. Mais il est certain qu’en ce moment, en plein cycle de hausse et de forte croissance économique, ces actions sont mieux placées pour tirer parti de cet élan et devraient offrir de bons rendements. Et elles ont tendance à bien mieux se comporter que les actions technologiques en période de hausse des taux d’intérêt.
Peut-on parler un peu des hausses de taux d’intérêt? On sait bien sûr que le marché en tient compte. La Fed prévoit quatre hausses de taux. Dans le même temps, toutes les données actuelles sur l’inflation sont à la traîne. Les chiffres sont impressionnants. Ma question est la suivante : a-t-on atteint le pic d’inflation? Est-ce que cette flambée des prix est derrière nous, ou va-t-elle se poursuivre?
La Fed est déphasée par rapport à l’inflation. Elle a sans doute neuf mois de retard. C’est facile de parler a posteriori, mais la triste réalité, c’est que les banques centrales se sont rendu compte que l’inflation n’est pas transitoire et qu’elles vont devoir agir très bientôt.
Pour ce qui est de l’accélération de l’inflation, la Fed a publié son Livre beige aujourd’hui. Les commentaires des Réserves fédérales de District sont assez cohérents. Il y a eu d’énormes pressions sur les salaires, le marché du travail est tendu, mais le changement ralentit. J’ai donc le sentiment que pour cette année, on a sans doute passé le pic de cette période d’inflation. Pour ce qui est des 10 prochaines années, tout est possible. Certaines forces sont en jeu et pourraient entraîner une hausse de l’inflation dans les prochaines années.
Qu’il s’agisse du changement climatique, des facteurs ESG, de l’évolution démographique ou de politiques davantage axées sur la redistribution que sur une inflation faible. Pour ce qui est de cette année, je pense que l’inflation sera élevée, mais on a passé le pic. L’inflation devrait commencer à ralentir au deuxième semestre de cette année.
Et les banques centrales annoncent un resserrement, la Fed a été claire à ce sujet. Beaucoup s’attendent à ce que d’autres banques centrales emboîtent le pas. Les marchés peuvent-ils résister? De façon générale, on espère que cette politique de resserrement découle de l’inflation, elle-même indicatrice d’une croissance et d’un retour à la normale. Mais les marchés n’aiment clairement pas les hausses de taux.
On part de taux d’intérêt à 0 % et de mesures d’assouplissement quantitatif massif. C’est notre point de départ. Il y a deux façons de répondre à cette question. D’abord, en 2018, la Fed a continué de faire grimper les taux à 2,5 % et le marché a réagi de façon très, très brutale. Mais on était à la fin du cycle de hausse. Ce qu’il faut surveiller, c’est le rythme. Si la Fed accélère le cycle de hausse, si elle relève les taux de 50 ou 75 points de base – ce qui serait inattendu – mais si elle le faisait, cette décision entraînerait une volatilité considérable.
Le rythme des hausses est donc très important. La Fed marche vraiment sur la corde raide. D’un côté, elle subit d’énormes pressions politiques pour contrer l’inflation. Et de l’autre, elle est prête à accepter un repli des marchés de 5 % ou 10 %, mais elle ne veut certainement pas créer un marché baissier pour les actifs financiers. Ce qui sera vraiment d’une importance capitale, c’est le rythme du changement.
D’après moi, la Fed n’ira pas beaucoup plus vite que ce que le marché anticipe pour cette année. Il y aura sans doute quatre ou cinq hausses, en toute logique. On verra. Il faut attendre de voir. En fin de compte, il y aura sans doute une hausse en mars, et on avisera à partir de là.
Globalement, qu’est-ce que vous anticipez pour les actions, les titres à revenu fixe et les placements alternatifs? Commençons par les actions. Que va-t-il se passer?
Cette année, nous pensons que les rendements des actions vont nettement se modérer. Les actions ont connu une année phénoménale en 2021. Cette année, je ne serais pas surpris de voir un rendement de l’ordre de 5 % à 9 % pour les actions. Je soulignerais aussi que l’an dernier, la volatilité était assez limitée. Les baisses ne dépassaient pas 3 % à 5 %.
On s’attend à voir des replis d’environ 10 % cette année. Des rendements plus faibles, une volatilité et une rotation bien plus fortes. De façon générale, on s’attend à une autre année positive, mais un peu moins confortable que par le passé.
Peut-on préciser? J’aurais dû poser la question des actions canadiennes par rapport aux actions américaines.
On est un peu plus positifs concernant le Canada. C’est notre point de vue depuis un certain temps et j’y reste attaché. On aime la solidité des secteurs des services financiers et de l’énergie canadiens. Ces secteurs ont tendance à bien se comporter en début de cycle de hausse des taux. Souvent, on observe presque une corrélation inverse avec les taux. À mesure que les taux augmentent, les services financiers en bénéficient.
Donc on aime bien le marché canadien. En ce qui concerne la pandémie, même si c’est un peu difficile en ce moment, on est bien placés pour en sortir au printemps. Et je crois que l’avenir est très prometteur pour le Canada. On aime bien le marché canadien. Pour ce qui est des autres marchés, on a un peu réduit notre exposition aux États-Unis. On est partis à la recherche d’autres marchés
comme l’Europe, l’Asie et le Canada pour répartir le risque. On cherche simplement des marchés moins sensibles aux hausses de taux que les actifs technologiques à long terme, qui ont été très, très sensibles à ce cycle de hausse. Essentiellement, notre réflexion pour cette année se fonde sur une inflation et une croissance plus fortes, et la recherche d’un peu plus de valeur dans nos portefeuilles.
On va parler des titres à revenus fixes, mais discutons un peu des placements alternatifs. Comment se sont-ils comportés ces derniers temps et quels rendements voyez-vous?
Des rendements très solides. On adore cette catégorie d’actif. C’est un excellent moyen de diversifier nos portefeuilles. La volatilité du flux de rendement est très différente de celle des marchés publics. On est très optimistes pour les infrastructures, il y a beaucoup de demande. Ce sera un vrai thème stratégique dans les années à venir.
Et dans l’immobilier, après une année 2020 difficile, on assiste à une belle reprise. Quand on parle de l’immobilier, on inclut les centres de distribution, les immeubles de bureaux et d’habitation, les bâtiments industriels, etc. On englobe l’ensemble du secteur. On aime ces secteurs. On s’attend à des rendements de 4 % à 5 % pour l’immobilier. Pour les infrastructures, le risque est un peu plus élevé mais on s’attend à 7 à 8 %. Et enfin, les prêts hypothécaires commerciaux affichent un rendement de 2 à 3 %. Ce n’est pas énorme, mais dans un contexte de taux d’intérêt en berne, ce n’est pas si mal en tant qu’alternative aux titres à revenu fixe.
Justement, parlons des placements alternatifs. Que voyez-vous?
Le marché n’a pas été tendre pour les titres à revenu fixe l’année dernière. De façon générale, hormis les titres à rendement élevé qui ont connu une excellente année, les titres à revenu fixe ont inscrit des rendements négatifs en 2021. Selon nous, ils ont accumulé beaucoup plus de valeur. Je pense toujours que ces titres sont un peu chers, mais les rendements sont loin d’être aussi bas qu’il y a un an.
Pour 2021, on attend des rendements comparables à ceux des coupons. Si à la fin de cette année, on atteint de 1,5 à 2 % pour les titres à revenu fixe, ce sera une victoire. Encore une fois, les taux sont volatils. Cette volatilité va perdurer. Pour les années à venir, je dirais que le bêta, ou le simple fait de détenir un actif, ne vous donnera pas de très bons rendements. En période de volatilité plus forte, l’alpha sera un indicateur bien plus précieux.
À mon avis, la distribution des rendements sera assez vaste l’an prochain, car certains gestionnaires parviendront à tirer parti des occasions et d’autres moins. J’anticipe donc des rendements beaucoup plus disparates. Mais pour le marché principal, je crois qu’on peut tabler sur 1,5 à 2 %.
C’est certainement une bonne chose pour la gestion active, sur le plan de l’alpha. Quels sont les risques d’un marché baissier? J’imagine que cela dépend sans doute de la catégorie d’actifs dont on parle. Mais parlons des actions pour 2022. Vous avez dit qu’il fallait s’attendre à de la volatilité, voire à des chutes brutales. Si la Fed fait un faux pas ou qu’autre chose se produit, que suivez-vous de près?
Le plus grand risque du point de vue des marchés financiers, c’est que les conditions financières se resserrent plus vite que prévu. On peut voir ça sous l’angle des taux d’intérêt réels. C’est un peu bancal mais en gros, une obligation se compose du volet inflation et du volet réel. Quand les taux réels augmentent, ça indique un resserrement des conditions financières. Si l’augmentation est trop forte et trop rapide, on se retrouve dans un contexte très défavorable pour les actions et les obligations.
C’est un peu ce qu’on a vu au cours des dernières semaines. Rien de catastrophique, mais un avant-goût de ce qui pourrait se produire si la Fed s’engageait dans un cycle de hausse des taux beaucoup plus agressif. La volatilité des devises et des taux s’emballerait, ce qui se répercuterait sur les marchés boursiers. Ce n’est pas la fin du monde, mais cela crée un contexte propice à des baisses importantes. C’est donc un facteur de risque cette année.
Deuxièmement, il y a eu un regain d’optimisme à l’égard de la Chine. La situation est assez décevante.
Beaucoup de gestionnaires sous-pondèrent maintenant les actions chinoises. Il y a beaucoup de risques liés à l’actualité. Mais je pense que les prix sont justes. L’un des risques, c’est que la Chine ouvre ses portes alors qu’elle n’a pas eu la même expérience avec la COVID que les autres régions. La Chine s’est engagée dans une politique de zéro COVID.
Dans les marchés développés, on est presque tous vaccinés, on a eu la COVID, ou les deux. On développe donc des anticorps. La situation est très différente en Chine. Si, après les Jeux olympiques, le pays s’ouvrait massivement et commençait à abandonner cette politique de zéro COVID, on risquerait d’assister à une explosion des hospitalisations et des décès, à de sérieux problèmes d’approvisionnement et à un chaos général sur ce marché. C’est un risque qui dépeint un tableau assez sombre. Mais je crois que les gens... La COVID n’en a pas fini avec nous. On aimerait en avoir fini avec la COVID, mais elle n’en a pas fini avec nous. Ce sont là quelques-unes des surprises auxquelles il faut réfléchir pour 2022.
Merci d’avoir brossé cet excellent tableau. Et encore une fois, j’espère qu’on en a terminé avec la COVID. J’espère qu’elle en a terminé avec nous. L’avenir nous le dira. On surveille ça de près. Mike, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Merci beaucoup.
Merci à vous, Kim.
[MUSIQUE]
Selon un vieil adage, la première semaine de négociation de janvier donne le ton pour le reste de l’année. Je ne suis pas certaine que l’on veuille que ça soit le cas cette année. Mais s’il y a du vrai dans cette théorie, accrochez-vous. On risque de connaître une année tumultueuse. Michael Craig va nous aider à faire la part des choses. Il est chef, Répartition des actifs et Produits dérivés à Gestion de Placements TD. C’est notre invité aujourd’hui.
Mike, ravie de vous accueillir. Commençons par là.
Quel début d’année, on peut dire qu’elle commence sur les chapeaux de roues. Beaucoup de volatilité du côté des valeurs technologiques, et une baisse générale. Est-ce que cette dégringolade va se poursuivre? Vous attendez-vous à une contagion au reste du marché?
Bonsoir, Kim. À court terme, je crois que le délestage est terminé. La remontée de la fin de l’année dernière a pratiquement été annulée. Et les marchés commencent tout juste à s’adapter à la réalité, à savoir que l’on entre dans un cycle de hausse. Certains secteurs en pleine effervescence ont pris du plomb dans l’aile. Selon nous, on en voit le bout, du moins pour l’instant.
KIM PARLEE : La rotation a été quelque peu brutale. Peut-être que la situation semble pire quand on la traverse que quand on prend du recul ou qu’on regarde les tendances à long terme. Mais il y a eu un mouvement massif des actions technologiques vers les actions de valeur. Faut-il s’attendre à des bulles dans d’autres secteurs, comme les actions de valeur?
MICHAEL CRAIG : Non, je ne pense pas. En fait, ces mini-replis sont extrêmement utiles. Essentiellement, ils ont pour effet de calmer le marché. Depuis longtemps, le rendement des actions technologiques surpasse largement celui des actions de valeur, qui sont donc très loin d’être surévaluées.
Il y a encore beaucoup de marge. Je ne suis pas de ceux qui disent que les actions de valeur seront le placement idéal des 10 prochaines années. Mais il est certain qu’en ce moment, en plein cycle de hausse et de forte croissance économique, ces actions sont mieux placées pour tirer parti de cet élan et devraient offrir de bons rendements. Et elles ont tendance à bien mieux se comporter que les actions technologiques en période de hausse des taux d’intérêt.
Peut-on parler un peu des hausses de taux d’intérêt? On sait bien sûr que le marché en tient compte. La Fed prévoit quatre hausses de taux. Dans le même temps, toutes les données actuelles sur l’inflation sont à la traîne. Les chiffres sont impressionnants. Ma question est la suivante : a-t-on atteint le pic d’inflation? Est-ce que cette flambée des prix est derrière nous, ou va-t-elle se poursuivre?
La Fed est déphasée par rapport à l’inflation. Elle a sans doute neuf mois de retard. C’est facile de parler a posteriori, mais la triste réalité, c’est que les banques centrales se sont rendu compte que l’inflation n’est pas transitoire et qu’elles vont devoir agir très bientôt.
Pour ce qui est de l’accélération de l’inflation, la Fed a publié son Livre beige aujourd’hui. Les commentaires des Réserves fédérales de District sont assez cohérents. Il y a eu d’énormes pressions sur les salaires, le marché du travail est tendu, mais le changement ralentit. J’ai donc le sentiment que pour cette année, on a sans doute passé le pic de cette période d’inflation. Pour ce qui est des 10 prochaines années, tout est possible. Certaines forces sont en jeu et pourraient entraîner une hausse de l’inflation dans les prochaines années.
Qu’il s’agisse du changement climatique, des facteurs ESG, de l’évolution démographique ou de politiques davantage axées sur la redistribution que sur une inflation faible. Pour ce qui est de cette année, je pense que l’inflation sera élevée, mais on a passé le pic. L’inflation devrait commencer à ralentir au deuxième semestre de cette année.
Et les banques centrales annoncent un resserrement, la Fed a été claire à ce sujet. Beaucoup s’attendent à ce que d’autres banques centrales emboîtent le pas. Les marchés peuvent-ils résister? De façon générale, on espère que cette politique de resserrement découle de l’inflation, elle-même indicatrice d’une croissance et d’un retour à la normale. Mais les marchés n’aiment clairement pas les hausses de taux.
On part de taux d’intérêt à 0 % et de mesures d’assouplissement quantitatif massif. C’est notre point de départ. Il y a deux façons de répondre à cette question. D’abord, en 2018, la Fed a continué de faire grimper les taux à 2,5 % et le marché a réagi de façon très, très brutale. Mais on était à la fin du cycle de hausse. Ce qu’il faut surveiller, c’est le rythme. Si la Fed accélère le cycle de hausse, si elle relève les taux de 50 ou 75 points de base – ce qui serait inattendu – mais si elle le faisait, cette décision entraînerait une volatilité considérable.
Le rythme des hausses est donc très important. La Fed marche vraiment sur la corde raide. D’un côté, elle subit d’énormes pressions politiques pour contrer l’inflation. Et de l’autre, elle est prête à accepter un repli des marchés de 5 % ou 10 %, mais elle ne veut certainement pas créer un marché baissier pour les actifs financiers. Ce qui sera vraiment d’une importance capitale, c’est le rythme du changement.
D’après moi, la Fed n’ira pas beaucoup plus vite que ce que le marché anticipe pour cette année. Il y aura sans doute quatre ou cinq hausses, en toute logique. On verra. Il faut attendre de voir. En fin de compte, il y aura sans doute une hausse en mars, et on avisera à partir de là.
Globalement, qu’est-ce que vous anticipez pour les actions, les titres à revenu fixe et les placements alternatifs? Commençons par les actions. Que va-t-il se passer?
Cette année, nous pensons que les rendements des actions vont nettement se modérer. Les actions ont connu une année phénoménale en 2021. Cette année, je ne serais pas surpris de voir un rendement de l’ordre de 5 % à 9 % pour les actions. Je soulignerais aussi que l’an dernier, la volatilité était assez limitée. Les baisses ne dépassaient pas 3 % à 5 %.
On s’attend à voir des replis d’environ 10 % cette année. Des rendements plus faibles, une volatilité et une rotation bien plus fortes. De façon générale, on s’attend à une autre année positive, mais un peu moins confortable que par le passé.
Peut-on préciser? J’aurais dû poser la question des actions canadiennes par rapport aux actions américaines.
On est un peu plus positifs concernant le Canada. C’est notre point de vue depuis un certain temps et j’y reste attaché. On aime la solidité des secteurs des services financiers et de l’énergie canadiens. Ces secteurs ont tendance à bien se comporter en début de cycle de hausse des taux. Souvent, on observe presque une corrélation inverse avec les taux. À mesure que les taux augmentent, les services financiers en bénéficient.
Donc on aime bien le marché canadien. En ce qui concerne la pandémie, même si c’est un peu difficile en ce moment, on est bien placés pour en sortir au printemps. Et je crois que l’avenir est très prometteur pour le Canada. On aime bien le marché canadien. Pour ce qui est des autres marchés, on a un peu réduit notre exposition aux États-Unis. On est partis à la recherche d’autres marchés
comme l’Europe, l’Asie et le Canada pour répartir le risque. On cherche simplement des marchés moins sensibles aux hausses de taux que les actifs technologiques à long terme, qui ont été très, très sensibles à ce cycle de hausse. Essentiellement, notre réflexion pour cette année se fonde sur une inflation et une croissance plus fortes, et la recherche d’un peu plus de valeur dans nos portefeuilles.
On va parler des titres à revenus fixes, mais discutons un peu des placements alternatifs. Comment se sont-ils comportés ces derniers temps et quels rendements voyez-vous?
Des rendements très solides. On adore cette catégorie d’actif. C’est un excellent moyen de diversifier nos portefeuilles. La volatilité du flux de rendement est très différente de celle des marchés publics. On est très optimistes pour les infrastructures, il y a beaucoup de demande. Ce sera un vrai thème stratégique dans les années à venir.
Et dans l’immobilier, après une année 2020 difficile, on assiste à une belle reprise. Quand on parle de l’immobilier, on inclut les centres de distribution, les immeubles de bureaux et d’habitation, les bâtiments industriels, etc. On englobe l’ensemble du secteur. On aime ces secteurs. On s’attend à des rendements de 4 % à 5 % pour l’immobilier. Pour les infrastructures, le risque est un peu plus élevé mais on s’attend à 7 à 8 %. Et enfin, les prêts hypothécaires commerciaux affichent un rendement de 2 à 3 %. Ce n’est pas énorme, mais dans un contexte de taux d’intérêt en berne, ce n’est pas si mal en tant qu’alternative aux titres à revenu fixe.
Justement, parlons des placements alternatifs. Que voyez-vous?
Le marché n’a pas été tendre pour les titres à revenu fixe l’année dernière. De façon générale, hormis les titres à rendement élevé qui ont connu une excellente année, les titres à revenu fixe ont inscrit des rendements négatifs en 2021. Selon nous, ils ont accumulé beaucoup plus de valeur. Je pense toujours que ces titres sont un peu chers, mais les rendements sont loin d’être aussi bas qu’il y a un an.
Pour 2021, on attend des rendements comparables à ceux des coupons. Si à la fin de cette année, on atteint de 1,5 à 2 % pour les titres à revenu fixe, ce sera une victoire. Encore une fois, les taux sont volatils. Cette volatilité va perdurer. Pour les années à venir, je dirais que le bêta, ou le simple fait de détenir un actif, ne vous donnera pas de très bons rendements. En période de volatilité plus forte, l’alpha sera un indicateur bien plus précieux.
À mon avis, la distribution des rendements sera assez vaste l’an prochain, car certains gestionnaires parviendront à tirer parti des occasions et d’autres moins. J’anticipe donc des rendements beaucoup plus disparates. Mais pour le marché principal, je crois qu’on peut tabler sur 1,5 à 2 %.
C’est certainement une bonne chose pour la gestion active, sur le plan de l’alpha. Quels sont les risques d’un marché baissier? J’imagine que cela dépend sans doute de la catégorie d’actifs dont on parle. Mais parlons des actions pour 2022. Vous avez dit qu’il fallait s’attendre à de la volatilité, voire à des chutes brutales. Si la Fed fait un faux pas ou qu’autre chose se produit, que suivez-vous de près?
Le plus grand risque du point de vue des marchés financiers, c’est que les conditions financières se resserrent plus vite que prévu. On peut voir ça sous l’angle des taux d’intérêt réels. C’est un peu bancal mais en gros, une obligation se compose du volet inflation et du volet réel. Quand les taux réels augmentent, ça indique un resserrement des conditions financières. Si l’augmentation est trop forte et trop rapide, on se retrouve dans un contexte très défavorable pour les actions et les obligations.
C’est un peu ce qu’on a vu au cours des dernières semaines. Rien de catastrophique, mais un avant-goût de ce qui pourrait se produire si la Fed s’engageait dans un cycle de hausse des taux beaucoup plus agressif. La volatilité des devises et des taux s’emballerait, ce qui se répercuterait sur les marchés boursiers. Ce n’est pas la fin du monde, mais cela crée un contexte propice à des baisses importantes. C’est donc un facteur de risque cette année.
Deuxièmement, il y a eu un regain d’optimisme à l’égard de la Chine. La situation est assez décevante.
Beaucoup de gestionnaires sous-pondèrent maintenant les actions chinoises. Il y a beaucoup de risques liés à l’actualité. Mais je pense que les prix sont justes. L’un des risques, c’est que la Chine ouvre ses portes alors qu’elle n’a pas eu la même expérience avec la COVID que les autres régions. La Chine s’est engagée dans une politique de zéro COVID.
Dans les marchés développés, on est presque tous vaccinés, on a eu la COVID, ou les deux. On développe donc des anticorps. La situation est très différente en Chine. Si, après les Jeux olympiques, le pays s’ouvrait massivement et commençait à abandonner cette politique de zéro COVID, on risquerait d’assister à une explosion des hospitalisations et des décès, à de sérieux problèmes d’approvisionnement et à un chaos général sur ce marché. C’est un risque qui dépeint un tableau assez sombre. Mais je crois que les gens... La COVID n’en a pas fini avec nous. On aimerait en avoir fini avec la COVID, mais elle n’en a pas fini avec nous. Ce sont là quelques-unes des surprises auxquelles il faut réfléchir pour 2022.
Merci d’avoir brossé cet excellent tableau. Et encore une fois, j’espère qu’on en a terminé avec la COVID. J’espère qu’elle en a terminé avec nous. L’avenir nous le dira. On surveille ça de près. Mike, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Merci beaucoup.
Merci à vous, Kim.
[MUSIQUE]