L’économie américaine continue de faire preuve de résilience, mais cette solide performance n’est pas aussi évidente dans les sondages économiques. Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, examine ce qu’il considère comme la différence entre une raison fondée sur des données probantes et une intuition irrationnelle.
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[LOGO AUDIO]
* Selon mon prochain invité, pour ce qui est de saisir l’esprit des marchés financiers à l’heure actuelle, on peut parler de situation disparate, c’est-à-dire la dualité entre la performance des marchés et de l’économie par rapport à ce que les gens ressentent réellement.
* Cette dichotomie est l’un des thèmes centraux du plus récent rapport Stratégie de portefeuille trimestrielle de Gestion de patrimoine TD, intitulé Le meilleur et le pire des temps. Brad Simpson est stratège en chef à Gestion de patrimoine TD et est ici pour parler de tout ça. Ravie de vous voir.
* Ravi de vous voir également.
* Je devrais simplement commencer par dire qu’il s’agit d’un excellent rapport. Je l’ai lu, et c’est vraiment très bien. Dites-nous simplement pourquoi vous parlez du meilleur et du pire des temps. Pourquoi était-ce le thème principal?
* Oui, je reconnais que c’est un sujet sur lequel, selon moi, ma propre équipe va bientôt tenter de me devancer, parce que c’est tout simplement un sujet qui me fascine. Je ne suis pas certain d’avoir déjà vu un marché aussi extrême, avec ce genre de concept du meilleur et de ce qui est vraiment bon, puis, de l’autre côté, aussi mauvais. Et il faut commencer à comprendre un peu comment on en est arrivés là.
* Et si on prend un peu de recul et qu’on n’essaie pas d’être trop précis dans tous les chiffres qu’on voit et d’être captivé par chaque ensemble de données qu’on voit, on se dit, eh bien, il y a l’inflation. Eh bien, ce n’est plus si terrible que ça. C’est beaucoup mieux. Les données sur l’emploi sont vraiment très bonnes. Les consommateurs sont en assez bonne santé et dépensent assez librement.
* Tous ces facteurs-là contribuent à la vigueur de l’économie. Et ça finit habituellement par un marché financier assez bon. Si tous les aspects sont égaux au milieu d’une économie qui va assez bien, que le marché obligataire est habituellement assez bon, et les titres à revenu fixe... ou que le marché boursier est habituellement assez bon. Et ce serait vrai dans les deux cas.
* Et puis, bien sûr, il y a aussi le fait que, si on sonde les sentiments des gens, c’est une tout autre histoire. Donc en essayant de départager les deux, il nous a fallu 78 pages pour arriver à brosser le portrait de la situation. [RIRES]
* La bonne nouvelle, c’est qu’on a fait un résumé, qui compte environ 15 pages, et que c’est beaucoup plus facile à assimiler. Mais, vraiment, c’est ça.
* C’est une excellente analyse. Pour votre information, je pense que chaque page des 78 en vaut la peine.
* Oh, non! [RIRES]
* Mais je pense que vous avez d’excellents graphiques ici. On va les afficher. Le premier s’intitule : « Un conte de deux villes », encore une fois, « La peur n’est pas un verbe. »
* Exact.
* Je suis certaine que cela s’explique en partie par le fait qu’on a toujours un générateur de nouvelles dans nos poches grâce à notre téléphone.
* Oui.
* Et ça a beaucoup à voir avec ça. Mais dites-moi ce dont il est question ici.
* Eh bien, oui, ce qu’on voit, et je pense que ça s’explique par le fait que, d’une part, on examine la situation depuis les creux d’octobre dernier jusqu’à la remontée des marchés boursiers, et il s’agit des indices S&P TSX et S&P 500. Et disons qu’au cours de cette période, l’indice S&P 500 était en hausse de 25 % à 26 %. Supposons que l’indice TSX soit en hausse d’environ 17 %. Et, mon Dieu, je pense que c’est... [RIRES]
* C’est un graphique intéressant.
* Puis, à droite, on voit la croissance du marché monétaire et des liquidités aux États-Unis et au Canada. Et, mon Dieu, ce sont deux extrêmes différents.
* Oui.
* Donc, lorsque je les regarde, ce que je constate des deux côtés, c’est qu’en fin de compte, tout se résume à la conclusion : un investisseur perd-il de l’argent? Parce que comme ces deux marchés boursiers sont en hausse, et que vous injectez des liquidités dans le marché à ce taux, ce qui est habituellement attribuable à la peur...
* D’accord.
* ... le fait est que vous passez à côté du rendement qui figure sur le graphique de gauche. Et c’est à ce moment-là qu’on se demande pourquoi et comment ça a pu se produire.
* Je crois que ça tient en partie au fait que tout commence par la question des médias. On vit au milieu de ce tourbillon médiatique, et on ne peut pas allumer la télé sans entendre le mot « Trump ». Et chaque fois que vous n’entendez pas parler de Trump, vous entendez parler de guerre, ce qui est compréhensible.
* Oui.
* Mais on en entend même beaucoup moins parler. Et je regarde des chaînes de nouvelles nord-américaines, puis des chaînes de nouvelles mondiales, et je lis des journaux nord-américains, et voilà... c’est ce que je fais beaucoup dans une journée.
* Aux États-Unis, on entend parler que de Trump, Trump, Trump et Trump. Et ce qui arrive, c’est que les deux partis sont très négatifs. Et, bien sûr, comme vous le savez, vous sortez votre téléphone. Vous lisez sur le sujet. Et l’algorithme découvre que c’est ce qui vous inquiète, et vous génère des articles sur ce sujet encore et encore.
* Le préjugé de confirmation, oui. Oui, oui, oui.
* Donc vous regardez ça, puis vous suivez ce processus... l’inflation a été très élevée. On a encore des souvenirs de cette inflation, mais elle n’a pas autant d’effet en ce moment. On a surmonté le pire de ces souvenirs.
* En effet.
* Et puis on regarde l’aspect géopolitique, et on pense au fait que les consommateurs, lorsqu’ils dépensent, ont des dettes plus élevées qu’avant. Ils ont des raisons d’être négatifs.
* Oui, elles sont réelles, en effet.
* Et je n’essaie pas de minimiser ça. Mais à quel point ces choses sont négatives par rapport à... si vous réunissez ces deux réalités, le calcul ne fonctionne pas.
* Oui. On va regarder le graphique suivant, parce qu’il illustre exactement ce que vous dites, à savoir qu’il faut comparer les données objectives aux données subjectives. Ce qu’on regarde à l’écran, et vous allez me l’expliquer, car la flèche rouge à droite montre une grande différence entre deux choses. Que montre ce graphique?
* Oui, alors, je reconnais que c’est vraiment ce graphique qui est à l’origine de notre rapport Stratégie de portefeuille trimestrielle, lorsqu’on a pris du recul et qu’on s’est demandé si on avait déjà vu quelque chose de semblable. Donc quand on regarde la flèche dorée descendante, ce sont les sondages. Vous entendez des gens comme moi... et vous faites ce que vous avez à faire. De quoi on parle? Des indices PMI et ISM.
* Comment on se sent?
* Oui, exactement. Ce sont tous des sondages, n’est-ce pas?
* Oui.
* Donc, l’indice PMI, l’indice des directeurs d’achats. Vous appelez quelqu’un et vous lui demandez ce qu’il pense de ce qui se passe actuellement dans son entreprise. Et vous ne savez pas s’il est là à regarder l’affaire devant les tribunaux, 24 heures sur 24, concernant la dernière élection politique en cours aux États-Unis.
* Et il se sent assez négatif concernant certaines choses. Et il vient de finir de regarder la guerre en Ukraine et la guerre à Gaza, qui sont incroyablement difficiles à regarder. Et il doit répondre à la question : comment vont les choses? Eh bien, elles vont plutôt mal. * Oui. * Maintenant, ce qu’on voit sur l’autre ligne, c’est que...
* On va...
* Oui. Ce qu’on voit...
* Je disais simplement qu’on allait afficher de nouveau le graphique pour le voir, mais oui.
* Si on regarde la ligne noire, ce sont les données objectives, ce qu’on voit, ce sont les ventes de maisons nouvelles et existantes, le secteur industriel, les commandes, la production, les stocks, la santé du consommateur, son crédit.
* C’est en fait ce qui se passe dans le monde.
* Oui, ce sont les choses difficiles à mesurer, et c’est très bien.
* Oui.
* Et cela m’apparaît incroyablement révélateur, compte tenu de l’écart entre les deux. Et c’est vraiment important de connaître ces choses-là. Parce qu’il y a quelques jours seulement, toutes les manchettes mentionnaient que l’indice ISM des services était bien en deçà de ce qu’on croyait. Un ralentissement important est imminent.
* Et on se dit : hé, attendez une minute. [RIRES] Il ne faut pas tout remettre sur un ensemble de données comme ça. Il faut vraiment avoir conscience de ce que représentent ces données.
* En fin de compte, ce qu’on peut aussi retenir, c’est que si on n’est pas sur le marché en ce moment, il y a un coût d’opportunité, et c’est qu’on ne peut pas profiter de ce qui se passe sur les marchés boursiers.
* Oui, je pense qu’il y en a deux. Je pense que c’est...
* Pas seulement les marchés boursiers, désolée.
* Oui. Je pense que si vous n’êtes pas sur les marchés des titres à revenu fixe, vous n’êtes pas sur les marchés boursiers. Ça fait un. Et l’autre, je pense, c’est l’un des sous-produits du problème, le remède au problème ou la façon de le résoudre, c’est que, l’une des choses que je dis toujours dans mes articles, ce n’est pas ce que vous pensez, c’est votre façon de penser.
* Et c’est là que vous devez vraiment comprendre que lorsque vous prenez ces décisions, vous devez prendre du recul et comprendre comment vous les prenez. Et si vous pouvez le faire de façon disciplinée, c’est une stratégie beaucoup plus profitable.
* Certaines personnes sont à l’écart du marché en ce moment et sont un peu inquiètes en raison de ce qu’elles ressentent. Pour ceux qui ont la discipline nécessaire pour entrer sur le marché, ils ont un aperçu des catégories d’actif qui, selon le Comité de répartition des actifs de Gestion de patrimoine, sont intéressantes en ce moment.
* Oui, c’est exact.
* On va commencer par les titres à revenu fixe.
* Oh mon Dieu, pour moi, c’est un excellent point de départ. Je pense qu’on est tous au courant des difficultés de 2022, puis des meilleurs rendements en 2023, voire à la fin de 2023. Et je pense que si on a vraiment été clairs là-dessus, si on regarde les deux derniers mois, on a eu les obligations du Trésor à 30 ans. Donc plus vos taux d’intérêt sont élevés, plus vous allez être sensible à la volatilité des taux d’intérêt.
* On a enregistré une hausse de 48 points de base pour les obligations à 30 ans et à 10 ans. Appelons ça des obligations à 30 ans pour des obligations à 10 ans. Et cela signifie que les marchés obligataires ont reculé en moyenne. Si on regarde l’écart, on parle de 2 % à 3 %. Et, bien sûr, beaucoup des rendements enregistrés à la fin de 2023 sont revenus. Cela s’explique en partie par le fait que l’inflation a été plus résiliente et que les taux d’intérêt ont légèrement reculé. Cela dit, il faut aussi tenir compte des taux actuels.
* Si vous optez pour un horizon de placement un peu plus long, les taux d’intérêt atteignent leur sommet en 10 à 12 ans. Ils ne pourraient pas aller beaucoup plus haut. On a donc une surpondération dans ce secteur. On dit également que vous allez continuer à subir de la volatilité. Mais si vous voyez les choses sous cet angle, le marché des titres à revenu fixe est un très bon marché dans lequel investir en ce moment. Et on ne peut pas regarder le calendrier et se dire : OK, c’est aujourd’hui que ça se passe.
* Et je comprends. Vraiment. J’ai passé beaucoup de temps avec nos clients au cours des dernières années.
* Je sais que c’est votre réalité, oui. [RIRES]
* N’est-ce pas? Et je comprends que c’est une décision difficile, mais c’est la bonne.
* Oui, et donc une légère surpondération des titres à revenu fixe. Passons aux actions, où vous êtes neutre. Je vais demander à ce qu’on affiche un graphique.
* Bien sûr.
* ... que vous m’avez expliqué tout à l’heure, en fait, [RIRES] et dont on a parlé ici. Mais dites-moi ce qu’on voit.
* Ce qu’on voit ici, la ligne verte, c’est l’indice de dispersion. Ce que ça signifie, c’est que dans l’indice S&P 500, dans un marché boursier en très bonne santé, tous les titres n’augmentent pas en même temps ou il ne se passe rien avec eux, et en 2023, il n’y en avait que quelques-uns qui bougeaient, les Sept Magnifiques, et on connaît la suite. C’est un graphique incroyablement positif pour un marché boursier en santé.
* Et profitable pour les gestionnaires actifs, n’est-ce pas?
* Et aussi très bon pour les gestionnaires actifs. L’indice S&P 500 dans son ensemble, en raison des sociétés technologiques les plus performantes, qui génèrent 21 fois les bénéfices, personne ne va contester le fait que c’est un marché abordable. Mais une fois que vous commencez à percer le reste du marché, les cours deviennent beaucoup plus raisonnables. Et puis, lorsqu’on examine leurs répartitions, cela signifie que, lorsque l’indice de dispersion augmente comme ça, ça se transforme en un contexte plus commercial, puis les entreprises récoltent l’argent, et elles font ce qu’il y a de mieux dans leur secteur. Et celles qui n’ont pas tendance à être punies assez rapidement aussi.
* Ça donne une position longue sur les deux; et le fait d’être propriétaire, c’est logique. Mon équipe et moi, on s’occupe aussi des opérations de couverture et de le protection du capital. C’est en fait un très bon marché à couvrir également, car ce qui ne l’est pas, on peut en être à l’écart et protéger des portefeuilles en vendant à découvert des titres de sociétés qui ne sont pas en très bonne posture plutôt qu’en achetant des titres de celles qui le sont vraiment.
* Oui, le marché évolue comme il le devrait pour la première fois depuis longtemps.
* Absolument.
* Parlons des placements alternatifs pour lesquels vous avez une position neutre en ce moment. Les placements alternatifs, c’est excellent pour les gens aussi, mais peut-être pas pour ceux qui ont des besoins de liquidités immédiats. Mais...
* Oui, et c’est aussi un peu un fourre-tout...
* Qui comprend beaucoup de choses différentes, oui.
* ... oui, de tout ce qui peut aller là-dedans. Premièrement, on a les titres immobiliers là-dedans, et je suppose qu’on souligne ça parce qu’on surpondérait au maximum les titres canadiens, nos titres immobiliers canadiens et les titres immobiliers mondiaux. Et on est passés d’une sous-pondération maximale à une sous-pondération, et là je plaisante un peu. C’est donc une amélioration par rapport à ce qui a été...
* Bien sûr.
* ... un marché très difficile. Toutefois, ce qu’on constate, entre autres, c’est que beaucoup des secteurs qui sont encore solides aux États-Unis le sont ici. Les secteurs industriels, ceux qui commencent à manquer d’IA et de mégacentres commerciaux, et ce sont des secteurs qui sont encore très performants.
* Et pour tout ce qui est résidentiel, le fait est qu’il y a plus de gens qui viennent vivre ici que d’endroits où ils peuvent vivre. Et on ne va pas régler le problème du jour au lendemain. On se retrouve donc avec un plafonnement de ce côté-là aussi. Pour ce qui est de l’immobilier, c’est pourquoi on a apporté ce changement.
* On a aussi réduit notre pondération de la dette privée. Maintenant, la raison pour laquelle nous n’avons pas parlé des titres à revenu fixe, c’est que les titres de dette privée, pour notre Comité de répartition des actifs, ce sont essentiellement des émetteurs publics qui émettent des titres de créance de qualité investissement, que ce soit des titres privés ou sur le marché. On a accru notre surpondération des titres de qualité investissement et des titres à revenu fixe.
* Et donc, en faisant ça, on s’est dit, d’accord, eh bien, non seulement on va le faire, mais on va aussi réduire notre pondération du côté privé. En bourse, ça se négocie. C’est plus facile d’y investir, et ces titres vont maintenant avoir un peu plus de valeur. Il n’y a donc pas grand-chose à lire sur cette réduction de pondération non plus.
* Brad, c’est toujours un plaisir. Merci d’avoir été des nôtres. On se reparle bientôt.
* Merci de m’avoir invité.
[LOGO AUDIO]
[MUSIQUE]
* Selon mon prochain invité, pour ce qui est de saisir l’esprit des marchés financiers à l’heure actuelle, on peut parler de situation disparate, c’est-à-dire la dualité entre la performance des marchés et de l’économie par rapport à ce que les gens ressentent réellement.
* Cette dichotomie est l’un des thèmes centraux du plus récent rapport Stratégie de portefeuille trimestrielle de Gestion de patrimoine TD, intitulé Le meilleur et le pire des temps. Brad Simpson est stratège en chef à Gestion de patrimoine TD et est ici pour parler de tout ça. Ravie de vous voir.
* Ravi de vous voir également.
* Je devrais simplement commencer par dire qu’il s’agit d’un excellent rapport. Je l’ai lu, et c’est vraiment très bien. Dites-nous simplement pourquoi vous parlez du meilleur et du pire des temps. Pourquoi était-ce le thème principal?
* Oui, je reconnais que c’est un sujet sur lequel, selon moi, ma propre équipe va bientôt tenter de me devancer, parce que c’est tout simplement un sujet qui me fascine. Je ne suis pas certain d’avoir déjà vu un marché aussi extrême, avec ce genre de concept du meilleur et de ce qui est vraiment bon, puis, de l’autre côté, aussi mauvais. Et il faut commencer à comprendre un peu comment on en est arrivés là.
* Et si on prend un peu de recul et qu’on n’essaie pas d’être trop précis dans tous les chiffres qu’on voit et d’être captivé par chaque ensemble de données qu’on voit, on se dit, eh bien, il y a l’inflation. Eh bien, ce n’est plus si terrible que ça. C’est beaucoup mieux. Les données sur l’emploi sont vraiment très bonnes. Les consommateurs sont en assez bonne santé et dépensent assez librement.
* Tous ces facteurs-là contribuent à la vigueur de l’économie. Et ça finit habituellement par un marché financier assez bon. Si tous les aspects sont égaux au milieu d’une économie qui va assez bien, que le marché obligataire est habituellement assez bon, et les titres à revenu fixe... ou que le marché boursier est habituellement assez bon. Et ce serait vrai dans les deux cas.
* Et puis, bien sûr, il y a aussi le fait que, si on sonde les sentiments des gens, c’est une tout autre histoire. Donc en essayant de départager les deux, il nous a fallu 78 pages pour arriver à brosser le portrait de la situation. [RIRES]
* La bonne nouvelle, c’est qu’on a fait un résumé, qui compte environ 15 pages, et que c’est beaucoup plus facile à assimiler. Mais, vraiment, c’est ça.
* C’est une excellente analyse. Pour votre information, je pense que chaque page des 78 en vaut la peine.
* Oh, non! [RIRES]
* Mais je pense que vous avez d’excellents graphiques ici. On va les afficher. Le premier s’intitule : « Un conte de deux villes », encore une fois, « La peur n’est pas un verbe. »
* Exact.
* Je suis certaine que cela s’explique en partie par le fait qu’on a toujours un générateur de nouvelles dans nos poches grâce à notre téléphone.
* Oui.
* Et ça a beaucoup à voir avec ça. Mais dites-moi ce dont il est question ici.
* Eh bien, oui, ce qu’on voit, et je pense que ça s’explique par le fait que, d’une part, on examine la situation depuis les creux d’octobre dernier jusqu’à la remontée des marchés boursiers, et il s’agit des indices S&P TSX et S&P 500. Et disons qu’au cours de cette période, l’indice S&P 500 était en hausse de 25 % à 26 %. Supposons que l’indice TSX soit en hausse d’environ 17 %. Et, mon Dieu, je pense que c’est... [RIRES]
* C’est un graphique intéressant.
* Puis, à droite, on voit la croissance du marché monétaire et des liquidités aux États-Unis et au Canada. Et, mon Dieu, ce sont deux extrêmes différents.
* Oui.
* Donc, lorsque je les regarde, ce que je constate des deux côtés, c’est qu’en fin de compte, tout se résume à la conclusion : un investisseur perd-il de l’argent? Parce que comme ces deux marchés boursiers sont en hausse, et que vous injectez des liquidités dans le marché à ce taux, ce qui est habituellement attribuable à la peur...
* D’accord.
* ... le fait est que vous passez à côté du rendement qui figure sur le graphique de gauche. Et c’est à ce moment-là qu’on se demande pourquoi et comment ça a pu se produire.
* Je crois que ça tient en partie au fait que tout commence par la question des médias. On vit au milieu de ce tourbillon médiatique, et on ne peut pas allumer la télé sans entendre le mot « Trump ». Et chaque fois que vous n’entendez pas parler de Trump, vous entendez parler de guerre, ce qui est compréhensible.
* Oui.
* Mais on en entend même beaucoup moins parler. Et je regarde des chaînes de nouvelles nord-américaines, puis des chaînes de nouvelles mondiales, et je lis des journaux nord-américains, et voilà... c’est ce que je fais beaucoup dans une journée.
* Aux États-Unis, on entend parler que de Trump, Trump, Trump et Trump. Et ce qui arrive, c’est que les deux partis sont très négatifs. Et, bien sûr, comme vous le savez, vous sortez votre téléphone. Vous lisez sur le sujet. Et l’algorithme découvre que c’est ce qui vous inquiète, et vous génère des articles sur ce sujet encore et encore.
* Le préjugé de confirmation, oui. Oui, oui, oui.
* Donc vous regardez ça, puis vous suivez ce processus... l’inflation a été très élevée. On a encore des souvenirs de cette inflation, mais elle n’a pas autant d’effet en ce moment. On a surmonté le pire de ces souvenirs.
* En effet.
* Et puis on regarde l’aspect géopolitique, et on pense au fait que les consommateurs, lorsqu’ils dépensent, ont des dettes plus élevées qu’avant. Ils ont des raisons d’être négatifs.
* Oui, elles sont réelles, en effet.
* Et je n’essaie pas de minimiser ça. Mais à quel point ces choses sont négatives par rapport à... si vous réunissez ces deux réalités, le calcul ne fonctionne pas.
* Oui. On va regarder le graphique suivant, parce qu’il illustre exactement ce que vous dites, à savoir qu’il faut comparer les données objectives aux données subjectives. Ce qu’on regarde à l’écran, et vous allez me l’expliquer, car la flèche rouge à droite montre une grande différence entre deux choses. Que montre ce graphique?
* Oui, alors, je reconnais que c’est vraiment ce graphique qui est à l’origine de notre rapport Stratégie de portefeuille trimestrielle, lorsqu’on a pris du recul et qu’on s’est demandé si on avait déjà vu quelque chose de semblable. Donc quand on regarde la flèche dorée descendante, ce sont les sondages. Vous entendez des gens comme moi... et vous faites ce que vous avez à faire. De quoi on parle? Des indices PMI et ISM.
* Comment on se sent?
* Oui, exactement. Ce sont tous des sondages, n’est-ce pas?
* Oui.
* Donc, l’indice PMI, l’indice des directeurs d’achats. Vous appelez quelqu’un et vous lui demandez ce qu’il pense de ce qui se passe actuellement dans son entreprise. Et vous ne savez pas s’il est là à regarder l’affaire devant les tribunaux, 24 heures sur 24, concernant la dernière élection politique en cours aux États-Unis.
* Et il se sent assez négatif concernant certaines choses. Et il vient de finir de regarder la guerre en Ukraine et la guerre à Gaza, qui sont incroyablement difficiles à regarder. Et il doit répondre à la question : comment vont les choses? Eh bien, elles vont plutôt mal. * Oui. * Maintenant, ce qu’on voit sur l’autre ligne, c’est que...
* On va...
* Oui. Ce qu’on voit...
* Je disais simplement qu’on allait afficher de nouveau le graphique pour le voir, mais oui.
* Si on regarde la ligne noire, ce sont les données objectives, ce qu’on voit, ce sont les ventes de maisons nouvelles et existantes, le secteur industriel, les commandes, la production, les stocks, la santé du consommateur, son crédit.
* C’est en fait ce qui se passe dans le monde.
* Oui, ce sont les choses difficiles à mesurer, et c’est très bien.
* Oui.
* Et cela m’apparaît incroyablement révélateur, compte tenu de l’écart entre les deux. Et c’est vraiment important de connaître ces choses-là. Parce qu’il y a quelques jours seulement, toutes les manchettes mentionnaient que l’indice ISM des services était bien en deçà de ce qu’on croyait. Un ralentissement important est imminent.
* Et on se dit : hé, attendez une minute. [RIRES] Il ne faut pas tout remettre sur un ensemble de données comme ça. Il faut vraiment avoir conscience de ce que représentent ces données.
* En fin de compte, ce qu’on peut aussi retenir, c’est que si on n’est pas sur le marché en ce moment, il y a un coût d’opportunité, et c’est qu’on ne peut pas profiter de ce qui se passe sur les marchés boursiers.
* Oui, je pense qu’il y en a deux. Je pense que c’est...
* Pas seulement les marchés boursiers, désolée.
* Oui. Je pense que si vous n’êtes pas sur les marchés des titres à revenu fixe, vous n’êtes pas sur les marchés boursiers. Ça fait un. Et l’autre, je pense, c’est l’un des sous-produits du problème, le remède au problème ou la façon de le résoudre, c’est que, l’une des choses que je dis toujours dans mes articles, ce n’est pas ce que vous pensez, c’est votre façon de penser.
* Et c’est là que vous devez vraiment comprendre que lorsque vous prenez ces décisions, vous devez prendre du recul et comprendre comment vous les prenez. Et si vous pouvez le faire de façon disciplinée, c’est une stratégie beaucoup plus profitable.
* Certaines personnes sont à l’écart du marché en ce moment et sont un peu inquiètes en raison de ce qu’elles ressentent. Pour ceux qui ont la discipline nécessaire pour entrer sur le marché, ils ont un aperçu des catégories d’actif qui, selon le Comité de répartition des actifs de Gestion de patrimoine, sont intéressantes en ce moment.
* Oui, c’est exact.
* On va commencer par les titres à revenu fixe.
* Oh mon Dieu, pour moi, c’est un excellent point de départ. Je pense qu’on est tous au courant des difficultés de 2022, puis des meilleurs rendements en 2023, voire à la fin de 2023. Et je pense que si on a vraiment été clairs là-dessus, si on regarde les deux derniers mois, on a eu les obligations du Trésor à 30 ans. Donc plus vos taux d’intérêt sont élevés, plus vous allez être sensible à la volatilité des taux d’intérêt.
* On a enregistré une hausse de 48 points de base pour les obligations à 30 ans et à 10 ans. Appelons ça des obligations à 30 ans pour des obligations à 10 ans. Et cela signifie que les marchés obligataires ont reculé en moyenne. Si on regarde l’écart, on parle de 2 % à 3 %. Et, bien sûr, beaucoup des rendements enregistrés à la fin de 2023 sont revenus. Cela s’explique en partie par le fait que l’inflation a été plus résiliente et que les taux d’intérêt ont légèrement reculé. Cela dit, il faut aussi tenir compte des taux actuels.
* Si vous optez pour un horizon de placement un peu plus long, les taux d’intérêt atteignent leur sommet en 10 à 12 ans. Ils ne pourraient pas aller beaucoup plus haut. On a donc une surpondération dans ce secteur. On dit également que vous allez continuer à subir de la volatilité. Mais si vous voyez les choses sous cet angle, le marché des titres à revenu fixe est un très bon marché dans lequel investir en ce moment. Et on ne peut pas regarder le calendrier et se dire : OK, c’est aujourd’hui que ça se passe.
* Et je comprends. Vraiment. J’ai passé beaucoup de temps avec nos clients au cours des dernières années.
* Je sais que c’est votre réalité, oui. [RIRES]
* N’est-ce pas? Et je comprends que c’est une décision difficile, mais c’est la bonne.
* Oui, et donc une légère surpondération des titres à revenu fixe. Passons aux actions, où vous êtes neutre. Je vais demander à ce qu’on affiche un graphique.
* Bien sûr.
* ... que vous m’avez expliqué tout à l’heure, en fait, [RIRES] et dont on a parlé ici. Mais dites-moi ce qu’on voit.
* Ce qu’on voit ici, la ligne verte, c’est l’indice de dispersion. Ce que ça signifie, c’est que dans l’indice S&P 500, dans un marché boursier en très bonne santé, tous les titres n’augmentent pas en même temps ou il ne se passe rien avec eux, et en 2023, il n’y en avait que quelques-uns qui bougeaient, les Sept Magnifiques, et on connaît la suite. C’est un graphique incroyablement positif pour un marché boursier en santé.
* Et profitable pour les gestionnaires actifs, n’est-ce pas?
* Et aussi très bon pour les gestionnaires actifs. L’indice S&P 500 dans son ensemble, en raison des sociétés technologiques les plus performantes, qui génèrent 21 fois les bénéfices, personne ne va contester le fait que c’est un marché abordable. Mais une fois que vous commencez à percer le reste du marché, les cours deviennent beaucoup plus raisonnables. Et puis, lorsqu’on examine leurs répartitions, cela signifie que, lorsque l’indice de dispersion augmente comme ça, ça se transforme en un contexte plus commercial, puis les entreprises récoltent l’argent, et elles font ce qu’il y a de mieux dans leur secteur. Et celles qui n’ont pas tendance à être punies assez rapidement aussi.
* Ça donne une position longue sur les deux; et le fait d’être propriétaire, c’est logique. Mon équipe et moi, on s’occupe aussi des opérations de couverture et de le protection du capital. C’est en fait un très bon marché à couvrir également, car ce qui ne l’est pas, on peut en être à l’écart et protéger des portefeuilles en vendant à découvert des titres de sociétés qui ne sont pas en très bonne posture plutôt qu’en achetant des titres de celles qui le sont vraiment.
* Oui, le marché évolue comme il le devrait pour la première fois depuis longtemps.
* Absolument.
* Parlons des placements alternatifs pour lesquels vous avez une position neutre en ce moment. Les placements alternatifs, c’est excellent pour les gens aussi, mais peut-être pas pour ceux qui ont des besoins de liquidités immédiats. Mais...
* Oui, et c’est aussi un peu un fourre-tout...
* Qui comprend beaucoup de choses différentes, oui.
* ... oui, de tout ce qui peut aller là-dedans. Premièrement, on a les titres immobiliers là-dedans, et je suppose qu’on souligne ça parce qu’on surpondérait au maximum les titres canadiens, nos titres immobiliers canadiens et les titres immobiliers mondiaux. Et on est passés d’une sous-pondération maximale à une sous-pondération, et là je plaisante un peu. C’est donc une amélioration par rapport à ce qui a été...
* Bien sûr.
* ... un marché très difficile. Toutefois, ce qu’on constate, entre autres, c’est que beaucoup des secteurs qui sont encore solides aux États-Unis le sont ici. Les secteurs industriels, ceux qui commencent à manquer d’IA et de mégacentres commerciaux, et ce sont des secteurs qui sont encore très performants.
* Et pour tout ce qui est résidentiel, le fait est qu’il y a plus de gens qui viennent vivre ici que d’endroits où ils peuvent vivre. Et on ne va pas régler le problème du jour au lendemain. On se retrouve donc avec un plafonnement de ce côté-là aussi. Pour ce qui est de l’immobilier, c’est pourquoi on a apporté ce changement.
* On a aussi réduit notre pondération de la dette privée. Maintenant, la raison pour laquelle nous n’avons pas parlé des titres à revenu fixe, c’est que les titres de dette privée, pour notre Comité de répartition des actifs, ce sont essentiellement des émetteurs publics qui émettent des titres de créance de qualité investissement, que ce soit des titres privés ou sur le marché. On a accru notre surpondération des titres de qualité investissement et des titres à revenu fixe.
* Et donc, en faisant ça, on s’est dit, d’accord, eh bien, non seulement on va le faire, mais on va aussi réduire notre pondération du côté privé. En bourse, ça se négocie. C’est plus facile d’y investir, et ces titres vont maintenant avoir un peu plus de valeur. Il n’y a donc pas grand-chose à lire sur cette réduction de pondération non plus.
* Brad, c’est toujours un plaisir. Merci d’avoir été des nôtres. On se reparle bientôt.
* Merci de m’avoir invité.
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