Les récentes données sur l’inflation aux États-Unis ont alimenté les spéculations sur le marché quant au moment où la Réserve fédérale américaine pourrait commencer à réduire les taux d’intérêt. Selon Alexandra Gorewicz, vice-présidente et directrice, Gestion active des portefeuilles de titres à revenu fixe, Gestion de Placements TD, les résultats sont encourageants, mais il est peu probable que la Fed se laisse influencer pour l’instant.
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Le dernier rapport sur l'inflation aux États-Unis suggère que les pressions sur les prix pourraient s'atténuer après avoir été obstinément élevées depuis le début de l'année. Cela change-t-il l'opinion du marché sur la date à laquelle la réserve fédérale américaine pourrait commencer à réduire les taux d'intérêt? Alex Gorewicz, de Gestion de placements TD, nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Alex.
Merci, Greg.
Ceci semble être l'un des rapports qui ne montrent pas que nous évoluons dans la mauvaise direction.
Je pense que vous avez parfaitement bien résumé la situation. Alors, une brève récapitulation. Il s'agissait de l'inflation globale d'un mois sur l'autre ou de l'inflation de base d'un mois sur l'autre, 0,3%. Sur 12 mois, 3,4 et 3,6% respectivement pour l'inflation globale et de base. Ces chiffres étaient essentiellement conformes aux attentes d'un mois sur l'autre. Les marchés étaient très favorables. Les marchés obligataires, les marchés boursiers. La raison en est sans doute psychologique. Il s'agit de la première fois que vous vous trouvez face à quelqu'un depuis des mois, en parlant de l'inflation américaine, qui est équivalente aux attentes ou même inférieure aux attentes. On parle même de recul ou de repli. Ça, c'est extrêmement important. Bien sûr, les détails comptent beaucoup, parce que quand on considère mettons l'inflation super base, c'est-à-dire les services de base à l'exclusion des éléments de logement, les trois derniers mois, y compris les derniers chiffres, les six derniers mois, si on fait la moyenne et qu'on les annualise, on a toujours des chiffres qui sont supérieurs à 6%, ce qui n'est pas susceptible de donner confiance à la Fed. Toutefois, et c'est semblable à certains autres chiffres que j'ai évoqués, l'aspect favorable, ce n'est pas que c'est conforme aux attentes, c'est que le rythme de changement ralentit. Il y a eu une persistance, selon toutes ces mesures de l'inflation depuis plusieurs mois, et à présent, nous commençons à voir un recul de cette dynamique, ce qui est sans doute le résultat positif.
Vous l'avez dit, les marchés obligataires, les marchés boursiers apprécient ce résultat, mais en même temps, j'imagine que c'est simplement la première série de statistiques que la Fed devra étudier, la première d'une série avant qu'elle ne considère qu'elle peut infléchir la politique monétaire.
C'est ça, les statistiques ne sont pas conformes avec le retour à l'objectif de 2% à moyen terme. Il faut prendre ça avec un grain de sel. C'est la bonne direction, mais il ne s'agit nullement à la Fed d'un feu vert pour réduire son taux directeur à sa prochaine réunion.
L'IPC obnubile un peu les ventes au détail aux États-Unis. Je ne veux pas entrer trop dans le détail, mais il semble essentiellement inchangé, ce qui laisse croire que le consommateur américain commence à constater que la vie est chère, l'argent est cher.
Oui, c'est tout à fait pertinent. Quand nous considérons le fait que les taux d'intérêt sur toute la courbe de rendement diminuent aujourd'hui, cela a sans doute été davantage en réaction aux ventes au détail plus faibles que prévu. Le fait que l'inflation n'ait pas été plus élevée que prévue, cela a contribué, cela a mis la table, mais les chiffres sur les ventes au détail aujourd'hui, cela ressemble à ce qui est paru hier avec les indices des prix des producteurs, lorsqu'il y a eu les données de l'emploi non agricole. Il y a une série de statistiques aux États-Unis qui sont inférieures aux attentes. Comme nous le savons, quand on considère les réactions des marchés, il s'agit de savoir ce qui a été pris en compte, ce que les investisseurs attendent par rapport à ce qui est livré. Depuis quelques semaines, on a eu des statistiques moins élevées que prévu au niveau macro-économique. Je pense que cela plus que quoi que ce soit d'autre, c'est ce qui va permettre au marché obligataire de se dire « Bon, maintenant, nous avons peut-être été trop peu optimistes à l'égard des coupures de taux par la Fed et nous pourrions en envisager davantage. » On pourrait se retrouver dans une situation où les attentes des marchés seraient en situation de tiraillement avec les déclarations de la Fed.
Parfois, les marchés sont très sceptiques, et Jerome Powell dit et répète... prêche la patience depuis longtemps. Est-ce que vous pensez qu'il pourrait y avoir un tel déphasage? La banque dit: « Soyez patients pendant que les taux d'intérêt font leur oeuvre? »
Eh bien, maintenant, le discours dominant semble être qu'on prévoit des coupures plutôt tôt que tard, mais il y a deux semaines, de plus en plus d'investisseurs déclaraient en chœur que la Fed doit relever les taux encore une fois. En rétrospective, je pense que Powell et la Fed ont fait ce qu'il a fallu en gardant le cap, en réduisant ce risque extrême de nouvelles hausses de taux et en prolongeant la politique actuelle en retardant le début des coupures de taux, mais la prochaine décision sera plus probablement une réduction et la série de données parues depuis quelques semaines, différents indicateurs laissent croire que la Fed a raison, encore une fois, de privilégier la transition vers un assouplissement.
Quand nous allons enfin entamer l'assouplissement et les coupures de taux, dans quelle mesure la banque agira-t-elle, ou est-ce que nous allons maintenir les taux plus élevés plus longtemps et commencer à réduire?
Il est difficile à dire pour l'instant. La clé sera le marché du travail, les données sur le marché du travail. Ce qu'a fait la Fed en disant, en somme, qu'il faut maintenir la position actuelle plus longtemps, toutes les données qui ont paru par la suite laissent croire que les taux n'avaient pas à augmenter. Tout cela a permis de conclure que la position de la Fed et la politique actuelle de la Fed pourraient être suffisamment restrictives, mais la clé sera les données sur le marché du travail. Que ce soit les demandes d'assurance-chômage la semaine dernière, qui ont été plus élevées que prévu, les données sur les emplois salariés non agricoles parues il y a 15 jours, tout cela laisse croire que la politique de la Fed est suffisamment restrictive. Il y a donc eu une réaction sur les marchés qui est biaisée en faveur d'un résultat asymétrique, c'est-à-dire oui, il pourrait y avoir une possibilité de hausse, mais il est beaucoup plus probable qu'ils diminuent considérablement, et toutes les autres catégories d'actifs ont évolué favorablement en réponse.
Parlons de l'attente. Les investisseurs attendent depuis plus longtemps qu'on avait cru que ce serait le cas que la réserve fédérale réduise les taux. Que pensent les investisseurs du marché obligataire tandis qu'ils attendent et que ressentent-ils?
Ils n'aiment pas attendre. Ce qui est difficile, c'est que tout ce que je viens d'évoquer a beaucoup fait évoluer les marchés. On est super dépendant des données. Dans une certaine mesure, c'est ennuyeux, mais c'est également très volatile. Je crois que pendant très longtemps, les investisseurs du marché obligataire étaient conditionnés à s'attendre à un rendement en capital positif ou négatif parce que les rendements étaient généralement tellement faibles depuis 10 à 15 ans, jusqu'à il y a 2 ans, et pour cette raison, les investisseurs n'ont pas connu l'expérience de devoir attendre un rendement composé au fil du temps. Les investisseurs du marché obligataire sont toujours dans l'état d'esprit où ils veulent le rendement tout de suite. Il faut que la Fed ou la Banque du Canada réduise les taux d'intérêt afin qu'on ait un rendement positif. Cela ne s'est pas produit. Nous devons être à la merci des statistiques, lesquelles sont volatiles. Mais quand on prend du recul, quand on se rend compte que les rendements contribuent à compenser une bonne partie de la volatilité, ça prend du temps. Le rendement composé, ça prend du temps. Ça prend du temps pour réaliser ce rendement et je crois que cette attente, cette patience, cela doit être réintégré dans le marché obligataire.
Merci, Greg.
Ceci semble être l'un des rapports qui ne montrent pas que nous évoluons dans la mauvaise direction.
Je pense que vous avez parfaitement bien résumé la situation. Alors, une brève récapitulation. Il s'agissait de l'inflation globale d'un mois sur l'autre ou de l'inflation de base d'un mois sur l'autre, 0,3%. Sur 12 mois, 3,4 et 3,6% respectivement pour l'inflation globale et de base. Ces chiffres étaient essentiellement conformes aux attentes d'un mois sur l'autre. Les marchés étaient très favorables. Les marchés obligataires, les marchés boursiers. La raison en est sans doute psychologique. Il s'agit de la première fois que vous vous trouvez face à quelqu'un depuis des mois, en parlant de l'inflation américaine, qui est équivalente aux attentes ou même inférieure aux attentes. On parle même de recul ou de repli. Ça, c'est extrêmement important. Bien sûr, les détails comptent beaucoup, parce que quand on considère mettons l'inflation super base, c'est-à-dire les services de base à l'exclusion des éléments de logement, les trois derniers mois, y compris les derniers chiffres, les six derniers mois, si on fait la moyenne et qu'on les annualise, on a toujours des chiffres qui sont supérieurs à 6%, ce qui n'est pas susceptible de donner confiance à la Fed. Toutefois, et c'est semblable à certains autres chiffres que j'ai évoqués, l'aspect favorable, ce n'est pas que c'est conforme aux attentes, c'est que le rythme de changement ralentit. Il y a eu une persistance, selon toutes ces mesures de l'inflation depuis plusieurs mois, et à présent, nous commençons à voir un recul de cette dynamique, ce qui est sans doute le résultat positif.
Vous l'avez dit, les marchés obligataires, les marchés boursiers apprécient ce résultat, mais en même temps, j'imagine que c'est simplement la première série de statistiques que la Fed devra étudier, la première d'une série avant qu'elle ne considère qu'elle peut infléchir la politique monétaire.
C'est ça, les statistiques ne sont pas conformes avec le retour à l'objectif de 2% à moyen terme. Il faut prendre ça avec un grain de sel. C'est la bonne direction, mais il ne s'agit nullement à la Fed d'un feu vert pour réduire son taux directeur à sa prochaine réunion.
L'IPC obnubile un peu les ventes au détail aux États-Unis. Je ne veux pas entrer trop dans le détail, mais il semble essentiellement inchangé, ce qui laisse croire que le consommateur américain commence à constater que la vie est chère, l'argent est cher.
Oui, c'est tout à fait pertinent. Quand nous considérons le fait que les taux d'intérêt sur toute la courbe de rendement diminuent aujourd'hui, cela a sans doute été davantage en réaction aux ventes au détail plus faibles que prévu. Le fait que l'inflation n'ait pas été plus élevée que prévue, cela a contribué, cela a mis la table, mais les chiffres sur les ventes au détail aujourd'hui, cela ressemble à ce qui est paru hier avec les indices des prix des producteurs, lorsqu'il y a eu les données de l'emploi non agricole. Il y a une série de statistiques aux États-Unis qui sont inférieures aux attentes. Comme nous le savons, quand on considère les réactions des marchés, il s'agit de savoir ce qui a été pris en compte, ce que les investisseurs attendent par rapport à ce qui est livré. Depuis quelques semaines, on a eu des statistiques moins élevées que prévu au niveau macro-économique. Je pense que cela plus que quoi que ce soit d'autre, c'est ce qui va permettre au marché obligataire de se dire « Bon, maintenant, nous avons peut-être été trop peu optimistes à l'égard des coupures de taux par la Fed et nous pourrions en envisager davantage. » On pourrait se retrouver dans une situation où les attentes des marchés seraient en situation de tiraillement avec les déclarations de la Fed.
Parfois, les marchés sont très sceptiques, et Jerome Powell dit et répète... prêche la patience depuis longtemps. Est-ce que vous pensez qu'il pourrait y avoir un tel déphasage? La banque dit: « Soyez patients pendant que les taux d'intérêt font leur oeuvre? »
Eh bien, maintenant, le discours dominant semble être qu'on prévoit des coupures plutôt tôt que tard, mais il y a deux semaines, de plus en plus d'investisseurs déclaraient en chœur que la Fed doit relever les taux encore une fois. En rétrospective, je pense que Powell et la Fed ont fait ce qu'il a fallu en gardant le cap, en réduisant ce risque extrême de nouvelles hausses de taux et en prolongeant la politique actuelle en retardant le début des coupures de taux, mais la prochaine décision sera plus probablement une réduction et la série de données parues depuis quelques semaines, différents indicateurs laissent croire que la Fed a raison, encore une fois, de privilégier la transition vers un assouplissement.
Quand nous allons enfin entamer l'assouplissement et les coupures de taux, dans quelle mesure la banque agira-t-elle, ou est-ce que nous allons maintenir les taux plus élevés plus longtemps et commencer à réduire?
Il est difficile à dire pour l'instant. La clé sera le marché du travail, les données sur le marché du travail. Ce qu'a fait la Fed en disant, en somme, qu'il faut maintenir la position actuelle plus longtemps, toutes les données qui ont paru par la suite laissent croire que les taux n'avaient pas à augmenter. Tout cela a permis de conclure que la position de la Fed et la politique actuelle de la Fed pourraient être suffisamment restrictives, mais la clé sera les données sur le marché du travail. Que ce soit les demandes d'assurance-chômage la semaine dernière, qui ont été plus élevées que prévu, les données sur les emplois salariés non agricoles parues il y a 15 jours, tout cela laisse croire que la politique de la Fed est suffisamment restrictive. Il y a donc eu une réaction sur les marchés qui est biaisée en faveur d'un résultat asymétrique, c'est-à-dire oui, il pourrait y avoir une possibilité de hausse, mais il est beaucoup plus probable qu'ils diminuent considérablement, et toutes les autres catégories d'actifs ont évolué favorablement en réponse.
Parlons de l'attente. Les investisseurs attendent depuis plus longtemps qu'on avait cru que ce serait le cas que la réserve fédérale réduise les taux. Que pensent les investisseurs du marché obligataire tandis qu'ils attendent et que ressentent-ils?
Ils n'aiment pas attendre. Ce qui est difficile, c'est que tout ce que je viens d'évoquer a beaucoup fait évoluer les marchés. On est super dépendant des données. Dans une certaine mesure, c'est ennuyeux, mais c'est également très volatile. Je crois que pendant très longtemps, les investisseurs du marché obligataire étaient conditionnés à s'attendre à un rendement en capital positif ou négatif parce que les rendements étaient généralement tellement faibles depuis 10 à 15 ans, jusqu'à il y a 2 ans, et pour cette raison, les investisseurs n'ont pas connu l'expérience de devoir attendre un rendement composé au fil du temps. Les investisseurs du marché obligataire sont toujours dans l'état d'esprit où ils veulent le rendement tout de suite. Il faut que la Fed ou la Banque du Canada réduise les taux d'intérêt afin qu'on ait un rendement positif. Cela ne s'est pas produit. Nous devons être à la merci des statistiques, lesquelles sont volatiles. Mais quand on prend du recul, quand on se rend compte que les rendements contribuent à compenser une bonne partie de la volatilité, ça prend du temps. Le rendement composé, ça prend du temps. Ça prend du temps pour réaliser ce rendement et je crois que cette attente, cette patience, cela doit être réintégré dans le marché obligataire.