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Le pipeline Trans Mountain a officiellement commencé à transporter le pétrole de l’Alberta vers des terminaux d’exportation sur la côte de la Colombie-Britannique. Andriy Yastreb, vice-président, Recherche de portefeuilles à Gestion de Placements TD, discute avec Anthony Okolie de MoneyTalk des répercussions sur le secteur canadien de l’énergie.
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Le cours du pétrole a baissé d'environ 8 % par rapport au sommet qu'il avait atteint au début de l'année. Les craintes d'un conflit plus vaste au Moyen-Orient s'étant apaisées. Mais compte tenu des risques liés à l'offre et à la demande, quelle sera l'évolution du cours du pétrole et quelles en seront les conséquences pour le secteur de l'énergie? Andryi Yastreb de Gestion de placements TD nous rejoint pour en discuter. Andryi, merci d'être parmi nous aujourd'hui. Commençons par le cours du pétrole. Est-ce que la fourchette de 70 à 90 $ est devenue la norme?
Pour répondre directement, je pense que oui. Nous allons continuer de voir cela dans l'avenir. Il y a environ un an et demi que cette situation existe. C'est également une fourchette qui me paraît durable, car elle satisfait aussi bien les fournisseurs que les clients. Depuis un an, la croissance de la demande a été assez forte. Le pétrole à 90 $ n'engendre pas une baisse de la demande. Du point de vue des fournisseurs, il s'agit essentiellement de l'OPEP. Quand on songe à l'OPEP, je crois que l'OPEP ne veut pas le pétrole à 100 $ ou plus. Sa fonction de réaction ne consiste pas à maximiser le cours de l'or, mais attirer les revenus qui permettent de répondre à leurs besoins internes, équilibrer leur budget. Mais ils ne veulent pas favoriser l'adoption des véhicules électriques, ni encourager l'accroissement d'immobilisation et de la production aux États-Unis. Le pétrole à 70, 80, 90 $, satisfait tout le monde et au cours des quelques mois à venir, il sera intéressant de voir comment l'OPEP, et en particulier les Saoudiens, envisagent de remettre sur le marché le million de barils qui a été réduit volontairement l'été dernier. Si le pétrole est vers le bas de cette fourchette, c'est positif, mais si le pétrole rebondit à 90, il est vraisemblable que le million de barils reviendra sur le marché. Il n'y a donc pas trop de possibilités de hausse dans le cours de pétrole.
De votre point de vue, ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose pour les compagnies pétrolières. Comment cet environnement prépare-t-il l'avenir des compagnies pétrolières?
C'est intéressant, quand on songe à investir dans les compagnies pétrolières, on voudrait que le cours du pétrole augmente de 30 ou 50 %. Mais cela a changé. Il y a eu une ou deux années d'excellent rendement, mais à partir de maintenant, il ne s'agit plus tellement de la hausse du pétrole, il s'agit plutôt du fait que toutes les compagnies énergétiques ont des bilans très sains, un rendement de flux de trésorerie très important, Elles ne doivent pas investir dans les immobilisations autant qu'autrefois. Elles peuvent restituer aux actionnaires presque tout leur flux de trésorerie. Quand on parle du rendement en flux de trésorerie, pour les grands producteurs intégrés, il pourrait s'établir à 7 à 8 %, pour beaucoup de petits producteurs à 10 %. Donc, de ce point de vue là, la conviction qu'il y aura une restitution de la trésorerie, si on se maintient dans cette fourchette qui est durable à long terme, c'est un excellent rendement au niveau des dividendes et des rachats, mais il n'y a pas tellement de risque que les compagnies investissent dans les immobilisations. Historiquement, le cycle était le suivant: le cours du pétrole est élevé, forons davantage, investissons davantage. Le cours du pétrole diminue, réduisons nos immobilisations. Il y a davantage de discipline à l'heure actuelle, et c'est un environnement beaucoup plus sain pour l'investissement au fil du temps.
Parlons à présent du marché canadien. Quand on songe au secteur canadien de l'énergie, comment diffère-t-il de celui des États-Unis?
Cette question est excellente. Il y a un élément très important, nous l'attendons depuis des années, il se produit aujourd'hui même. C'est officiellement opérationnel à compter de ce matin. Il s'agit de prendre du brut commercial, de remplir les pétroliers. C'est très important pour le secteur canadien de l'énergie. On l'attend depuis des années. Nous aurons un demi-million de barils de capacités supplémentaires pour expédier davantage de produits du Canada, ce qui est formidable. Cela signifie que pour les producteurs canadiens, ils peuvent à présent investir dans la croissance au fil du temps, et deuxièmement, ça signifie que... la tarification des producteurs canadiens sera plus durable au fil du temps. Il y a eu des périodes dans le passé où la production était largement supérieure à la capacité. Le pétrole canadien était vendu avec un rabais considérable parce qu'il était difficile d'exporter le pétrole du bassin. Avec ce nouveau régime, d'ici quelques années... ...la possibilité donc d'entamer une période de croissance. Combien de temps faudra-t-il pour que cette capacité soit utilisée? On estime que ce sera entre deux et cinq ans. Deux ans, c'est peut-être un peu trop ambitieux... ...compte tenu de la discipline des entreprises au niveau de l'immobilisation. Cinq ans, c'est sans doute trop long. Trois ou quatre ans à mon avis. C'est une estimation plus prudente. Le deuxième facteur pour le secteur canadien de l'énergie par rapport au secteur américain, c'est que le secteur canadien a bénéficié de la faiblesse du dollar canadien. Le dollar américain a augmenté par rapport à presque toutes les grandes devises, et le dollar canadien, compte tenu de ce qui se passe dans le budget... Cette faiblesse, si elle se poursuit, sera un facteur très favorable pour les producteurs canadiens. Si on considère le pétrole canadien, pour le brut de référence, il se situe vers 90 $, et pour le brut synthétique, plus de 110 $. Alors donc ce sont d'excellents prix pour les producteurs canadiens.
Bon, passons du pétrole au gaz naturel. Comment se présente l'environnement pour ce produit?
Le gaz naturel est intéressant, parce que... ce que nous avons vu dans ce marché récemment, ou depuis six mois ou neuf mois... ...le gaz naturel s'est essentiellement effondré. Le cours du gaz naturel au comptant est inférieur à deux dollars par pieds cube. Ce que cela signifie, c'est que la demande est très faible. Une bonne partie des facteurs qui sont à l'œuvre... ...deux hivers très cléments de suite. En outre, cet hiver-ci, l'hiver a été clément non seulement en Amérique du Nord mais en Europe. Donc de part et d'autre de la planète, les stocks sont élevés à la fin de la saison du chauffage. La production demeure très bonne... et... ...les réservoirs seront pleins d'ici septembre ou octobre. Après quoi, il n'y aura plus d'espace de stockage. Affichons donc un graphique. Ceci montre deux choses. D'abord la ligne verte montre la courbe à terme aujourd'hui pour le gaz naturel. C'est le cours du gaz naturel sur les marchés à terme. Vous pouvez le négocier pour livraison dans un mois, dans six mois, en 2026 ou 2028. Cette faiblesse dont je parlais, la ligne verte est inférieure aux lignes orange et grise qui correspondent à une valeur d'il y a 6 et 12 mois. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'à l'extrémité éloignée de la courbe, en 2028, 2026, c'est là que ça devient intéressant pour le gaz naturel. Dans deux, trois ou quatre ans, nous savons que pour répondre à la faiblesse des cours, une certaine production a été réduite. Il y a eu un pic de production d'environ 106 BCF par jour. Maintenant nous sommes à moins de 100. Mais l'autre élément, c'est que nous savons qu'il y a davantage de capacités de gaz naturel liquéfié. Il y a un terminal qui entre en vigueur, en service au Canada cet automne, y en a d'autres aux États-Unis. Il y aura davantage de demandes et ces stocks élevés ne dureront pas toujours. Les marchés nous disent à l'heure actuelle que le cours du gaz en deçà de deux dollars, la plupart des producteurs ne gagnent pas d'argent en vendant au comptant, mais entre 2026 et 2028, le cours est toujours de quatre dollars. Cette attente est essentiellement au même niveau qu'il y a un an. Si le marché est correct et que nous passons de moins de deux dollars à quatre dollars, ce sera une source de rentabilité pour les entreprises en jeu.
Pour répondre directement, je pense que oui. Nous allons continuer de voir cela dans l'avenir. Il y a environ un an et demi que cette situation existe. C'est également une fourchette qui me paraît durable, car elle satisfait aussi bien les fournisseurs que les clients. Depuis un an, la croissance de la demande a été assez forte. Le pétrole à 90 $ n'engendre pas une baisse de la demande. Du point de vue des fournisseurs, il s'agit essentiellement de l'OPEP. Quand on songe à l'OPEP, je crois que l'OPEP ne veut pas le pétrole à 100 $ ou plus. Sa fonction de réaction ne consiste pas à maximiser le cours de l'or, mais attirer les revenus qui permettent de répondre à leurs besoins internes, équilibrer leur budget. Mais ils ne veulent pas favoriser l'adoption des véhicules électriques, ni encourager l'accroissement d'immobilisation et de la production aux États-Unis. Le pétrole à 70, 80, 90 $, satisfait tout le monde et au cours des quelques mois à venir, il sera intéressant de voir comment l'OPEP, et en particulier les Saoudiens, envisagent de remettre sur le marché le million de barils qui a été réduit volontairement l'été dernier. Si le pétrole est vers le bas de cette fourchette, c'est positif, mais si le pétrole rebondit à 90, il est vraisemblable que le million de barils reviendra sur le marché. Il n'y a donc pas trop de possibilités de hausse dans le cours de pétrole.
De votre point de vue, ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose pour les compagnies pétrolières. Comment cet environnement prépare-t-il l'avenir des compagnies pétrolières?
C'est intéressant, quand on songe à investir dans les compagnies pétrolières, on voudrait que le cours du pétrole augmente de 30 ou 50 %. Mais cela a changé. Il y a eu une ou deux années d'excellent rendement, mais à partir de maintenant, il ne s'agit plus tellement de la hausse du pétrole, il s'agit plutôt du fait que toutes les compagnies énergétiques ont des bilans très sains, un rendement de flux de trésorerie très important, Elles ne doivent pas investir dans les immobilisations autant qu'autrefois. Elles peuvent restituer aux actionnaires presque tout leur flux de trésorerie. Quand on parle du rendement en flux de trésorerie, pour les grands producteurs intégrés, il pourrait s'établir à 7 à 8 %, pour beaucoup de petits producteurs à 10 %. Donc, de ce point de vue là, la conviction qu'il y aura une restitution de la trésorerie, si on se maintient dans cette fourchette qui est durable à long terme, c'est un excellent rendement au niveau des dividendes et des rachats, mais il n'y a pas tellement de risque que les compagnies investissent dans les immobilisations. Historiquement, le cycle était le suivant: le cours du pétrole est élevé, forons davantage, investissons davantage. Le cours du pétrole diminue, réduisons nos immobilisations. Il y a davantage de discipline à l'heure actuelle, et c'est un environnement beaucoup plus sain pour l'investissement au fil du temps.
Parlons à présent du marché canadien. Quand on songe au secteur canadien de l'énergie, comment diffère-t-il de celui des États-Unis?
Cette question est excellente. Il y a un élément très important, nous l'attendons depuis des années, il se produit aujourd'hui même. C'est officiellement opérationnel à compter de ce matin. Il s'agit de prendre du brut commercial, de remplir les pétroliers. C'est très important pour le secteur canadien de l'énergie. On l'attend depuis des années. Nous aurons un demi-million de barils de capacités supplémentaires pour expédier davantage de produits du Canada, ce qui est formidable. Cela signifie que pour les producteurs canadiens, ils peuvent à présent investir dans la croissance au fil du temps, et deuxièmement, ça signifie que... la tarification des producteurs canadiens sera plus durable au fil du temps. Il y a eu des périodes dans le passé où la production était largement supérieure à la capacité. Le pétrole canadien était vendu avec un rabais considérable parce qu'il était difficile d'exporter le pétrole du bassin. Avec ce nouveau régime, d'ici quelques années... ...la possibilité donc d'entamer une période de croissance. Combien de temps faudra-t-il pour que cette capacité soit utilisée? On estime que ce sera entre deux et cinq ans. Deux ans, c'est peut-être un peu trop ambitieux... ...compte tenu de la discipline des entreprises au niveau de l'immobilisation. Cinq ans, c'est sans doute trop long. Trois ou quatre ans à mon avis. C'est une estimation plus prudente. Le deuxième facteur pour le secteur canadien de l'énergie par rapport au secteur américain, c'est que le secteur canadien a bénéficié de la faiblesse du dollar canadien. Le dollar américain a augmenté par rapport à presque toutes les grandes devises, et le dollar canadien, compte tenu de ce qui se passe dans le budget... Cette faiblesse, si elle se poursuit, sera un facteur très favorable pour les producteurs canadiens. Si on considère le pétrole canadien, pour le brut de référence, il se situe vers 90 $, et pour le brut synthétique, plus de 110 $. Alors donc ce sont d'excellents prix pour les producteurs canadiens.
Bon, passons du pétrole au gaz naturel. Comment se présente l'environnement pour ce produit?
Le gaz naturel est intéressant, parce que... ce que nous avons vu dans ce marché récemment, ou depuis six mois ou neuf mois... ...le gaz naturel s'est essentiellement effondré. Le cours du gaz naturel au comptant est inférieur à deux dollars par pieds cube. Ce que cela signifie, c'est que la demande est très faible. Une bonne partie des facteurs qui sont à l'œuvre... ...deux hivers très cléments de suite. En outre, cet hiver-ci, l'hiver a été clément non seulement en Amérique du Nord mais en Europe. Donc de part et d'autre de la planète, les stocks sont élevés à la fin de la saison du chauffage. La production demeure très bonne... et... ...les réservoirs seront pleins d'ici septembre ou octobre. Après quoi, il n'y aura plus d'espace de stockage. Affichons donc un graphique. Ceci montre deux choses. D'abord la ligne verte montre la courbe à terme aujourd'hui pour le gaz naturel. C'est le cours du gaz naturel sur les marchés à terme. Vous pouvez le négocier pour livraison dans un mois, dans six mois, en 2026 ou 2028. Cette faiblesse dont je parlais, la ligne verte est inférieure aux lignes orange et grise qui correspondent à une valeur d'il y a 6 et 12 mois. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'à l'extrémité éloignée de la courbe, en 2028, 2026, c'est là que ça devient intéressant pour le gaz naturel. Dans deux, trois ou quatre ans, nous savons que pour répondre à la faiblesse des cours, une certaine production a été réduite. Il y a eu un pic de production d'environ 106 BCF par jour. Maintenant nous sommes à moins de 100. Mais l'autre élément, c'est que nous savons qu'il y a davantage de capacités de gaz naturel liquéfié. Il y a un terminal qui entre en vigueur, en service au Canada cet automne, y en a d'autres aux États-Unis. Il y aura davantage de demandes et ces stocks élevés ne dureront pas toujours. Les marchés nous disent à l'heure actuelle que le cours du gaz en deçà de deux dollars, la plupart des producteurs ne gagnent pas d'argent en vendant au comptant, mais entre 2026 et 2028, le cours est toujours de quatre dollars. Cette attente est essentiellement au même niveau qu'il y a un an. Si le marché est correct et que nous passons de moins de deux dollars à quatre dollars, ce sera une source de rentabilité pour les entreprises en jeu.