Après avoir subi certaines pressions à la baisse en avril, les marchés sont parvenus à reprendre une partie de leur élan haussier. David Sekera, stratège en chef du marché américain à Morningstar Research, examine les segments potentiellement sous-évalués du marché.
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Les marchés ont mieux commencé le mois de mai après avoir subi des pressions à la baisse en avril. David Sekera, de Morningstar Research, nous rejoint pour discuter de l'évolution des valorisations et des principales retombées de la saison des bénéfices jusqu'à présent. Bonjour, David.
Bonjour, Anthony.
Après un mois d'avril difficile pour les actions, comment se présentent les valorisations?
C'est intéressant car, fin mars, dans nos perspectives pour le deuxième trimestre, nous affirmions que le marché était à un niveau supérieur à notre composite de la juste valeur. Ce n'est que 14 fois depuis 2010 que le marché a été aussi coûteux par rapport à la juste valeur. Mais après le recul d'avril et compte tenu des ajustements de la juste valeur de certaines de nos actions après les annonces de bénéfices, nous pensons que le marché est proche de la juste valeur. Ce que cela signifie pour les investisseurs à long terme? Nous pensons que dorénavant, d'ici deux ans, si vous devez mettre de l'argent à l'œuvre aujourd'hui, nous pensons que vous pourrez obtenir la moyenne historique du coût des capitaux au fil du temps.
Vous avez évoqué deux secteurs qui sont intéressants au niveau des valorisations. Dites-nous ce que vous voyez en ce qui concerne les actions axées sur la valeur et les titres à petite capitalisation.
En fonction du style, la catégorie des actions axées sur la valeur est la plus sous-évaluée, avec un rabais de 10% par rapport à la juste valeur, alors que les catégories croissance se situent à peu près à notre estimation de la juste valeur. Quant à la capitalisation, les petites capitalisations sont sous-évaluées. En composite, elles représentent un rabais de 20% par rapport à la juste valeur. Moyenne capitalisation, c'est assez intéressant de notre point de vue, quelques pourcents en deçà de la juste valeur, mais les grandes capitalisations sont à leur juste valeur ou légèrement au-dessus.
Une des questions qu'on entend le plus souvent quant à la valeur des petites capitalisations: quand peut-on s'attendre à ce que cela évolue?
On ne sait pas quand la confiance des investisseurs va évoluer, mais je m'attendrais ce que les titres axés sur la valeur surclassent au fur et à mesure que l'économie ralentit. Les bénéfices des actions de croissance ralentiront, ce qui pourrait faire pivoter le marché de la croissance en valeur. Historiquement, les titres à petite capitalisation surclassent une fois que la Fed commence à réduire le taux des fonds de la Fed. Selon notre équipe d'économistes, ce sera au mois de septembre.
Très bien. Je voudrais à présent basculer aux secteurs. Au niveau des valorisations, quels sont ceux qui vous semblent sous-évalués ou surévalués à l'heure actuelle?
À l'heure actuelle, le secteur de l'immobilier est l'une des catégories d'actifs les plus détestées à la bourse de New York, mais cela offre aux investisseurs des possibilités aujourd'hui. En composite, le secteur de l'immobilier est environ à 17% en deçà de la juste valeur que nous estimons. Il y a beaucoup d'occasions, avec la bonne marge de sécurité, c'est un bon endroit où investir. Nous apprécions également le secteur de la communication, qui est environ à 8% en deçà de sa juste valeur, et les produits de base, à 6% en deçà de la juste valeur. Et enfin, l'énergie. L'énergie n'est qu'à 3% en deçà de sa juste valeur. Ce n'est pas une forte marge de sécurité, mais je crois que cela offre toujours une bonne couverture naturelle dans votre portefeuille en fonction des risques géopolitiques actuels qui vont peut-être augmenter, et en plus, si l'inflation demeure plus élevée plus longtemps.
Un risque que vous soulignez, c'est la possibilité d'un affaiblissement de l'économie, mais aussi d'une inflation persistante. Selon vous, quel est le risque potentiel?
Il y a vraiment deux risques potentiels à l'heure actuelle. Malheureusement, au premier trimestre, nous avons constaté vraiment le scénario du pire. L'inflation est plus élevée que ce que notre équipe d'économistes américains avait projeté au début de l'année. Et puis, le PIB réel aux États-Unis ne s'établit qu'à 1,6% au premier trimestre sur une base annualisée, encore moins que ce que nos économistes avaient prévu, et nos prévisions étaient même inférieures au consensus au début de l'année. Pour l'avenir, notre scénario de base, c'est que la croissance annualisée du PIB aux États-Unis s'établira seulement entre 1 et 1,25% pendant le premier trimestre de 2025. Ceci étant dit, on prévoit que l'inflation s'atténuera. Notre équipe d'économistes américains étudie les indicateurs en temps réel, le coût des loyers, des éléments qui ont maintenu l'inflation plus élevée plus longtemps, et note qu'au fur et à mesure du reflux en temps réel de ces éléments, cela devrait être reflété dans les indicateurs économiques d'ici deux mois. À l'origine, nous pensions que la Fed aurait déjà commencé à réduire le taux directeur, mais l'inflation étant plus durable que ce que nous avions prévu, nous avons reporté notre pronostic au mois de septembre. Mais une fois que la Fed commencera à réduire les taux, nous pensons qu'elle réduira les taux encore plus rapidement que le consensus à cause de notre perspective d'un ralentissement économique. Il y a deux risques: à court terme, d'ici un ou deux mois, la croissance économique ralentie va plomber les bénéfices, ce qui pourrait engendrer une perte de confiance et peut-être un recul des marchés cet été. Et puis, à moyen terme, si l'inflation demeure trop élevée et que la Fed est prise au piège et ne peut commencer à réduire son taux directeur, avec une politique monétaire resserrée, l'économie pourrait se retrouver en récession à la fin de cette année ou peut-être même au début de l'année prochaine.
Très bien, de ce survol, revenons-en aux bénéfices. Nous sommes en pleine saison des annonces de bénéfices. Selon vous, quelles sont les principales conclusions, et comment les banques et les sociétés financières en particulier se sont-elles comportées?
Les banques et les sociétés financières, selon moi, ont affiché de bons bénéfices. Pas de grandes différences. Les banques régionales américaines présentent des opportunités limitées pour les investisseurs, mais beaucoup de ces actions ont largement remonté après les creux touchés après les faillites de l'an dernier. Mais la plus grande conclusion pour les banques serait que nous devons assister à une hausse notable des provisions pour pertes sur créances. C'est-à-dire que les banques sont assez satisfaites des perspectives économiques d'ici deux trimestres. Il y a eu des augmentations dans les provisions pour pertes sur créances pour l'immobilier commercial, mais pas dans la mesure qui doit nous préoccuper.
Et que dire de la technologie?
Une ou deux tendances. Les titres de technologie qui misent sur l'IA: Microsoft, Amazon. Meta, c'est intéressant pendant ce trimestre. Meta a dépassé les prévisions et de loin. Je pense que la compagnie a donné des orientations très fortes, mais l'action a dégringolé nettement. Une semaine l'action est surévaluée, mais ce qui n'a pas plu aux marchés, ce sont les immobilisations de la compagnie qui augmentent dans le domaine de l'intelligence artificielle. Rappelez-vous, quand la compagnie s'est rebaptisée Meta et a dépensé beaucoup d'argent au métavers, une bonne partie de ces dépenses ont été inutiles, ce qui a suscité la défiance des investisseurs. Enfin, les technologies qui ne sont pas liées à l'intelligence artificielle, la technologie dite historique, IBM, Intel, ce sont des titres qui éprouvent des difficultés à court terme car elles commencent à perdre leur pertinence dans le secteur de la technologie et dans les sous-secteurs spécifiques.
Très bien, et puis enfin, pourriez-vous nous parler de ces actions dites de l'économie réelle? Sont-elles touchées par le ralentissement de la demande des consommateurs due à l'inflation?
Oui. Le secteur industriel est surévalué, selon nous. Le ralentissement de l'économie va exercer certaines pressions, mais c'est vraiment le consommateur américain. Le consommateur américain commence enfin à s'épuiser, à se tarir. Quand je songe aux résultats de Starbucks, McDonald's, même Tyson Foods, selon moi, ces résultats sont peut-être le signe avant-coureur. L'impact de l'inflation, pas simplement l'inflation récente, mais l'inflation qui s'accumule depuis deux ans, commence vraiment à affecter le consommateur. Au début, c'était les moins aisés qui s'en ressentaient, mais à présent, les effets se font sentir chez les consommateurs à moyens revenus. Au début, les consommateurs pouvaient compenser les prix plus élevés grâce à leur épargne excédentaire accumulée pendant la pandémie. Nous pensons que cette épargne est drainée depuis quelque temps déjà. Les consommateurs commencent à manger leur épargne. Les taux d'épargne diminuent également. Cela semble atteindre la fin de cette tendance. Il y a une augmentation du volume, par exemple, Starbucks annonce une baisse de 7% de l'achalandage de ses points de vente. C'est une diminution considérable pour une compagnie comme Starbucks. Les consommateurs se mettent en retrait, surtout dans des domaines que les consommateurs semblent considérer comme étant des gâteries.
Bonjour, Anthony.
Après un mois d'avril difficile pour les actions, comment se présentent les valorisations?
C'est intéressant car, fin mars, dans nos perspectives pour le deuxième trimestre, nous affirmions que le marché était à un niveau supérieur à notre composite de la juste valeur. Ce n'est que 14 fois depuis 2010 que le marché a été aussi coûteux par rapport à la juste valeur. Mais après le recul d'avril et compte tenu des ajustements de la juste valeur de certaines de nos actions après les annonces de bénéfices, nous pensons que le marché est proche de la juste valeur. Ce que cela signifie pour les investisseurs à long terme? Nous pensons que dorénavant, d'ici deux ans, si vous devez mettre de l'argent à l'œuvre aujourd'hui, nous pensons que vous pourrez obtenir la moyenne historique du coût des capitaux au fil du temps.
Vous avez évoqué deux secteurs qui sont intéressants au niveau des valorisations. Dites-nous ce que vous voyez en ce qui concerne les actions axées sur la valeur et les titres à petite capitalisation.
En fonction du style, la catégorie des actions axées sur la valeur est la plus sous-évaluée, avec un rabais de 10% par rapport à la juste valeur, alors que les catégories croissance se situent à peu près à notre estimation de la juste valeur. Quant à la capitalisation, les petites capitalisations sont sous-évaluées. En composite, elles représentent un rabais de 20% par rapport à la juste valeur. Moyenne capitalisation, c'est assez intéressant de notre point de vue, quelques pourcents en deçà de la juste valeur, mais les grandes capitalisations sont à leur juste valeur ou légèrement au-dessus.
Une des questions qu'on entend le plus souvent quant à la valeur des petites capitalisations: quand peut-on s'attendre à ce que cela évolue?
On ne sait pas quand la confiance des investisseurs va évoluer, mais je m'attendrais ce que les titres axés sur la valeur surclassent au fur et à mesure que l'économie ralentit. Les bénéfices des actions de croissance ralentiront, ce qui pourrait faire pivoter le marché de la croissance en valeur. Historiquement, les titres à petite capitalisation surclassent une fois que la Fed commence à réduire le taux des fonds de la Fed. Selon notre équipe d'économistes, ce sera au mois de septembre.
Très bien. Je voudrais à présent basculer aux secteurs. Au niveau des valorisations, quels sont ceux qui vous semblent sous-évalués ou surévalués à l'heure actuelle?
À l'heure actuelle, le secteur de l'immobilier est l'une des catégories d'actifs les plus détestées à la bourse de New York, mais cela offre aux investisseurs des possibilités aujourd'hui. En composite, le secteur de l'immobilier est environ à 17% en deçà de la juste valeur que nous estimons. Il y a beaucoup d'occasions, avec la bonne marge de sécurité, c'est un bon endroit où investir. Nous apprécions également le secteur de la communication, qui est environ à 8% en deçà de sa juste valeur, et les produits de base, à 6% en deçà de la juste valeur. Et enfin, l'énergie. L'énergie n'est qu'à 3% en deçà de sa juste valeur. Ce n'est pas une forte marge de sécurité, mais je crois que cela offre toujours une bonne couverture naturelle dans votre portefeuille en fonction des risques géopolitiques actuels qui vont peut-être augmenter, et en plus, si l'inflation demeure plus élevée plus longtemps.
Un risque que vous soulignez, c'est la possibilité d'un affaiblissement de l'économie, mais aussi d'une inflation persistante. Selon vous, quel est le risque potentiel?
Il y a vraiment deux risques potentiels à l'heure actuelle. Malheureusement, au premier trimestre, nous avons constaté vraiment le scénario du pire. L'inflation est plus élevée que ce que notre équipe d'économistes américains avait projeté au début de l'année. Et puis, le PIB réel aux États-Unis ne s'établit qu'à 1,6% au premier trimestre sur une base annualisée, encore moins que ce que nos économistes avaient prévu, et nos prévisions étaient même inférieures au consensus au début de l'année. Pour l'avenir, notre scénario de base, c'est que la croissance annualisée du PIB aux États-Unis s'établira seulement entre 1 et 1,25% pendant le premier trimestre de 2025. Ceci étant dit, on prévoit que l'inflation s'atténuera. Notre équipe d'économistes américains étudie les indicateurs en temps réel, le coût des loyers, des éléments qui ont maintenu l'inflation plus élevée plus longtemps, et note qu'au fur et à mesure du reflux en temps réel de ces éléments, cela devrait être reflété dans les indicateurs économiques d'ici deux mois. À l'origine, nous pensions que la Fed aurait déjà commencé à réduire le taux directeur, mais l'inflation étant plus durable que ce que nous avions prévu, nous avons reporté notre pronostic au mois de septembre. Mais une fois que la Fed commencera à réduire les taux, nous pensons qu'elle réduira les taux encore plus rapidement que le consensus à cause de notre perspective d'un ralentissement économique. Il y a deux risques: à court terme, d'ici un ou deux mois, la croissance économique ralentie va plomber les bénéfices, ce qui pourrait engendrer une perte de confiance et peut-être un recul des marchés cet été. Et puis, à moyen terme, si l'inflation demeure trop élevée et que la Fed est prise au piège et ne peut commencer à réduire son taux directeur, avec une politique monétaire resserrée, l'économie pourrait se retrouver en récession à la fin de cette année ou peut-être même au début de l'année prochaine.
Très bien, de ce survol, revenons-en aux bénéfices. Nous sommes en pleine saison des annonces de bénéfices. Selon vous, quelles sont les principales conclusions, et comment les banques et les sociétés financières en particulier se sont-elles comportées?
Les banques et les sociétés financières, selon moi, ont affiché de bons bénéfices. Pas de grandes différences. Les banques régionales américaines présentent des opportunités limitées pour les investisseurs, mais beaucoup de ces actions ont largement remonté après les creux touchés après les faillites de l'an dernier. Mais la plus grande conclusion pour les banques serait que nous devons assister à une hausse notable des provisions pour pertes sur créances. C'est-à-dire que les banques sont assez satisfaites des perspectives économiques d'ici deux trimestres. Il y a eu des augmentations dans les provisions pour pertes sur créances pour l'immobilier commercial, mais pas dans la mesure qui doit nous préoccuper.
Et que dire de la technologie?
Une ou deux tendances. Les titres de technologie qui misent sur l'IA: Microsoft, Amazon. Meta, c'est intéressant pendant ce trimestre. Meta a dépassé les prévisions et de loin. Je pense que la compagnie a donné des orientations très fortes, mais l'action a dégringolé nettement. Une semaine l'action est surévaluée, mais ce qui n'a pas plu aux marchés, ce sont les immobilisations de la compagnie qui augmentent dans le domaine de l'intelligence artificielle. Rappelez-vous, quand la compagnie s'est rebaptisée Meta et a dépensé beaucoup d'argent au métavers, une bonne partie de ces dépenses ont été inutiles, ce qui a suscité la défiance des investisseurs. Enfin, les technologies qui ne sont pas liées à l'intelligence artificielle, la technologie dite historique, IBM, Intel, ce sont des titres qui éprouvent des difficultés à court terme car elles commencent à perdre leur pertinence dans le secteur de la technologie et dans les sous-secteurs spécifiques.
Très bien, et puis enfin, pourriez-vous nous parler de ces actions dites de l'économie réelle? Sont-elles touchées par le ralentissement de la demande des consommateurs due à l'inflation?
Oui. Le secteur industriel est surévalué, selon nous. Le ralentissement de l'économie va exercer certaines pressions, mais c'est vraiment le consommateur américain. Le consommateur américain commence enfin à s'épuiser, à se tarir. Quand je songe aux résultats de Starbucks, McDonald's, même Tyson Foods, selon moi, ces résultats sont peut-être le signe avant-coureur. L'impact de l'inflation, pas simplement l'inflation récente, mais l'inflation qui s'accumule depuis deux ans, commence vraiment à affecter le consommateur. Au début, c'était les moins aisés qui s'en ressentaient, mais à présent, les effets se font sentir chez les consommateurs à moyens revenus. Au début, les consommateurs pouvaient compenser les prix plus élevés grâce à leur épargne excédentaire accumulée pendant la pandémie. Nous pensons que cette épargne est drainée depuis quelque temps déjà. Les consommateurs commencent à manger leur épargne. Les taux d'épargne diminuent également. Cela semble atteindre la fin de cette tendance. Il y a une augmentation du volume, par exemple, Starbucks annonce une baisse de 7% de l'achalandage de ses points de vente. C'est une diminution considérable pour une compagnie comme Starbucks. Les consommateurs se mettent en retrait, surtout dans des domaines que les consommateurs semblent considérer comme étant des gâteries.