La Réserve fédérale américaine a maintenu les taux d’intérêt au même niveau, en attendant d’autres signes de progrès dans sa lutte contre l’inflation. Scott Colbourne, vice-président, directeur et gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe en gestion active, Gestion de Placements TD, discute avec Anthony Okolie de MoneyTalk des dernières décisions relatives aux taux et de leurs répercussions sur les marchés.
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[MUSIQUE] Comme prévu, la Fed a maintenu son taux directeur pour la quatrième fois consécutive. Scott Colbourne, de GPTD, nous rejoint pour partager sa réaction. Scott, aujourd’hui, c’est l’absence de progrès en matière d’inflation et la poursuite de la révision du bilan qui ont retenu l’attention. Quelle est votre réaction? Oui. En ce qui concerne les taux, il n’y a pas de surprise pour le marché. La Fed laisse les taux inchangés. Mais il y a deux changements que vous avez mentionnés. Le premier se trouvait dans le premier paragraphe. Le président de la Fed, M. Powell, et d’autres gouverneurs au cours des dernières semaines avaient reconnu que les progrès sur le plan de l’inflation étaient au point mort. Les choses ne se sont pas passées comme prévu. Donc, on le savait déjà. Et ce sera un élément important à prendre en compte au cours des prochains mois. La grande surprise, c’est la poursuite de la révision du bilan, le resserrement quantitatif. Il s’élevait à 60 milliards de dollars par mois. La Fed nous avait avisés qu’elle réduirait le degré de resserrement quantitatif. Mais elle a surpris le marché ce mois-ci en le faisant passer de 60 à 25 milliards de dollars par mois. Cela dit, il s’agit davantage d’une approche axée sur la gestion des réserves, et moins sur la politique monétaire et ses répercussions actuelles. Le plus important pour moi, c’est la reconnaissance que les progrès en matière d’inflation ont ralenti. OK, parlons un peu du marché du travail. Les données récentes montrent que la croissance des salaires demeure préoccupante. Quel est l’impact sur la stratégie de la Fed? Oui, c’est l’accumulation des problèmes récents qui… entraîne le ralentissement des progrès réalisés en matière d’inflation. On a reçu un indice des coûts liés à l’emploi cette semaine. Ce qui a surpris c’est qu’il était à la hausse, y compris du côté des salaires. La Fed se concentre donc principalement sur le marché de l’emploi. La bonne croissance ne lui pose pas de problème. Le gouverneur Powell, dans la période de questions et réponses après la déclaration, s’est exprimé dans ce sens. Il a reconnu qu’ils étaient prêts à réduire les taux en cas de détérioration importante du marché de l’emploi. Et ils seront attentifs aux signaux qui pourraient venir de l’autre côté, en particulier en ce qui concerne une inflation induite par les salaires. La façon dont j’interprète l’orientation de la Fed, c’est la priorité mise sur le marché du travail. Oui, l’accent est vraiment mis là-dessus. Qu’indique le marché obligataire en ce moment sur la voie à suivre et l’échéance pour les taux? On a beaucoup progressé depuis la fin de l’année dernière qui a compté sept réductions. Ce matin, on parlait d’une seule réduction, peut-être un peu plus d’une pour le reste de l’année, puis une cible de fin de cycle d’environ 4 % par rapport à celle de 5,5 % actuelle. Le marché obligataire indique que les taux resteront inchangés pendant un certain temps, donc des taux élevés sur une période prolongée. Ils ont une approche qui dépend des données, ils attendent des données qui leur donneront confiance dans leur capacité à agir, donc confiance dans l’inflation et dans le marché du travail. Donc on reste dans la stabilité. Il est peu probable que nous assistions à un décrochage important du marché obligataire, étant donné ce statu quo. On a aussi beaucoup parlé de stagflation. Cette préoccupation est-elle réelle? La stagflation que nous connaissions auparavant ne correspond pas à la dynamique actuelle. Quand on fait abstraction des opérations et des mouvements des stocks, la demande intérieure réelle était encore robuste dans les derniers chiffres du PIB. Pour moi, la croissance demeure bonne. La Fed d’Atlanta affiche actuellement une croissance d’environ 3,2 %. Il ne s’agit donc pas d’une stagnation, dans le sens d’une croissance faible ou négative, mais il ne fait aucun doute que l’inflation est persistante. Cela signifie que la Fed sera très patiente jusqu’à ce qu’elle gagne en confiance. Et pour l’instant, ça n’a pas été le cas. D’accord, compte tenu de vos perspectives sur les taux et la croissance, qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir du dollar américain? Eh bien, il est soutenu par le fait que les taux, l’économie américaine et la dynamique américaine sont plus exceptionnels que le reste du monde. On est convaincus de voir des réductions en Europe. La Chine est lente. Elle tente de se remettre. Ce n’est pas évident. C’est une région solide. Et pour l’instant, elle est résiliente. C’est un aspect positif. En fin de compte, nous sommes à la fin du cycle. Mais c’est une situation difficile à prédire, donc à nouveau on reste dans la stabilité. OK. En ce qui concerne l’avenir, que surveillerez-vous au cours des prochains mois qui pourrait changer votre point de vue sur les taux? Je vais revenir à ce que j’ai dit plus tôt. C’est le marché du travail. Il faut absolument qu’il y ait un ralentissement à ce niveau-là. Il faut qu’on ait davantage confiance dans la baisse des salaires, ce qui sera compatible avec la productivité et les niveaux de croissance de l’économie. Et cela donnera à la Fed la confiance nécessaire pour commencer ce… non pas un cycle de réduction, mais une réduction du resserrement de la politique monétaire conforme à une tendance à la désinflation. Scott, merci beaucoup pour votre temps. C’est un plaisir. Merci, Anthony. [MUSIQUE]