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Le bel élan des communément appelés Sept Magnifiques a permis aux marchés de battre des records. Cet élan risque-t-il toutefois de s’essouffler? Michael Craig, directeur général et chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD, discute des perspectives des titres technologiques et des répercussions plus vastes sur les marchés.
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Les marchés ont été testés récemment par un repli de certains grands noms de la technologie américaine. Mais y a-t-il des signes qu'un repli plus important est à venir, ou s'agit-il simplement d'une pause la remontée? Michael Craig, de Gestion de Placements TD, nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Michael. Ça me fait plaisir de vous accueillir une nouvelle fois avec votre boule de cristal. Bonjour, Greg. C'est peut-être un phénomène d'épuisement, après une forte remontée au début de l'année. Il y a également des facteurs saisonniers qui sont en jeu. La saison de production des déclarations de revenus est en plein essor. Les contribuables américains doivent vendre les valeurs avant le 15 avril, pour pouvoir réaliser leurs pertes et les utiliser, pour compenser leur revenu. Donc, il y a quelques prises de profits, un recul 5 %. Ce n'est rien de trop grave ici. C'est le marché qui refait le plein et qui marque une pause. Avant de continuer à remonter. Cette semaine, après la semaine assez difficile la semaine dernière, avec la baisse des actions de technologies, les compagnies de technologies annoncent leurs bénéfices, ce qui va peut-être relancer l'optimisme à l'égard des données fondamentales des entreprises. Il y a eu les grandes banques, quelques compagnies d'assurances santé aux États-Unis. Au Canada, ça commence à peine. Que pensez-vous de la saison des annonces de bénéfices? Je crois que l'élargissement du marché, c'est sans doute notre priorité pour l'instant. Je ne vois pas de grande baisse en matière de technologie. Je sais que Tesla a eu quelques difficultés, mais on n'achète pas la technologie pour les bénéfices trimestriels. C'est pour la dynamique de croissance. Bon. Il y a eu certes une légère rectification, mais l'intelligence artificielle ne va pas disparaître. Pour les investisseurs, c'est surtout que la rotation des marchés se poursuit. Il faut ne pas se contenter de la technologie. Nous nous sommes concentrés sur le secteur industriel cette année, entre autres, qui a bien réussi, et qu'il n'y a pas eu le recul comme dans les grands indices de technologie où les investisseurs accordent une attention excessive. Vous parlez du secteur industriel, de l'énergie aussi. C'est cyclique, c'est avec la vigueur de l'économie aux États-Unis. L'économie se porte bien. Est-ce de cela est qu'il s'agit? On pense qu'on va avoir un atterrissage en douceur, ou simplement continuer pour l'instant? Oui. Continuez pour l'instant. Les indices des achats du secteur manufacturier ont entamé une remontée. Il y a certainement une dynamique positive dans secteur manufacturier au niveau mondial. Le secteur des services recule, en revanche. Dans l'étrange univers postcovidique, il y a beaucoup de cycles industriels qui sont déboussolés. Le secteur manufacturier est en forte baisse depuis une dizaine de mois. C'est cela qui nous intéresse, ces déphasages qui nous permettent de réaliser des bénéfices par rapport au secteur des services qui a connu un fort essor. Bon. Au niveau macro-économique, c'est la Fed, il faut bien en parler à un moment donné. C'est un peu par chapitre que cela s'est produit. Au début de l'année, on pensait qu'il aurait 4 ou 5 ou 6 coupures, puis ensuite 2 ou 3, et maintenant, certains pensent qu'il n'y en aurait peut-être pas. L'obligation américaine à 10 ans: 4,6 %. Où en est-on au niveau des taux plus élevés plus longtemps? Les attentes des investisseurs à l'égard de la politique de la Fed ont été incroyablement inexactes depuis que ce cycle de hausse a commencé. Je le dis parce que... Ce que l'on pense aujourd'hui, on ne le pensera vraisemblablement pas dans quelques mois. On essaie d'adapter les pronostics à l'égard de la Fed, à l'évolution des marchés. Ce processus va se poursuivre, à notre avis. L'inflation des biens a sans doute touché le fond. Elle a beaucoup baissé. Les indicateurs prospectifs pour les services laissent à croire que le loyer va continuer de baisser. Il y aura quelques éléments opiniâtres, mais essentiellement, nous sommes sur la bonne voie. S'il y a des coupures de taux, hormis le cas d'une récession, cela sera très favorable aux actifs à risque. Mais l'idée qu'il y aura une relance de l'inflation, c'est une inquiétude qui ne disparaît pas. On continue à essayer d'adapter le discours à la réalité. Et puis il y a la Fed et il y a la Banque du Canada. Il est vraisemblable qu'il y aura une certaine divergence. Notre économie est plus sensible aux taux d'intérêts que ne l'est l'économie américaine. Peut-être n'y aura-t-il qu'une seule coupure de taux cette année, mais je pense que la Fed va en réaliser davantage. La semaine dernière était une semaine fort occupée, j'essaie de me rappeler tout ce qui s'est produit, mais Tiff Macklem et Jerome Powell participaient à une même tribune. Quand on parle de divergence, Jerome Powell disait: "Nous ne réalisons pas les progrès contre l'inflation que nous espérions." "Et vous M. Macklem?" "Moi, les choses se passent plutôt bien." Dans quelle mesure la Banque du Canada peut-elle diverger de la Fed? La Banque du Canada va suivre notre trajectoire de l'inflation qui est plus faible. L'emploi au Canada a beaucoup plus faibli. Rappelez-vous, il y a eu énormément d'immigration. Quand on affiche zéro croissance de l'emploi, ou depuis six mois, 80 % ou plus des nouveaux emplois sont dans le secteur du gouvernement, avec 1 million de nouveaux arrivants ou davantage, c'est une situation assez catastrophique pour le marché de l'emploi au Canada à l'heure actuelle. Je prévoirais que si la Banque du Canada réduit les taux et que la monnaie commence à faiblir, ce sera le facteur limitatif. Mais à part cela, la Banque du Canada ne veut pas voir de dépréciation rapide de la monnaie. S'il y a une dépréciation, cela est acceptable pour la Banque du Canada. Mais à part cela, il y a, nous pensons, un cycle de coupures de taux raisonnable au Canada d'ici 18 mois. Que dire des risques géopolitiques? Ils font les manchettes. Le degré de tension à l'heure actuelle semble s'être apaisé, mais bien entendu, la situation est fluide. Pour cela, il faut une approche différente. Les participants des marchés n'ont pas eu à s'en inquiéter depuis 30 ans et plus, car il n'y a pas eu beaucoup de conflits. Au Moyen-Orient, il s'est agi d'une démonstration de force plus qu'autre chose. Que va-t-il se produire à partir de maintenant? Je pense que la raison va prévaloir, mais depuis 5 ans, 10 ans, la tendance a été à l'aggravation. Et l'on ne peut exclure qu'un conflit naisse entre Israël et l'Iran. Personne ne le veut, surtout pas les Américains, qui seraient happés par ce conflit. À bien des égards, il s'agit d'un théâtre géopolitique plutôt. Au niveau russo-ukrainien, l'Europe commence à se réarmer. Le paradoxe dans ce conflit, c'est qu'il rapproche l'Union européenne, à présent qu'elle a un ennemi commun. Ce qui est paradoxal, c'est que la dérive de l'Europe quant à la formulation d'une politique cohérente, va sans doute créer une dynamique très positive. Il est malheureux qu'il ait fallu une guerre pour y parvenir. À long terme, c'est favorable pour l'Europe, qui sera beaucoup plus concentrée sur la sécurité énergétique, sur la politique industrielle et sur la coordination entre les différentes économies. Je crois qu'à long terme, c'est le catalyseur dont l'Europe avait besoin pour retrouver sa place dans la concurrence, mais à un coût terrible. Quand on conjugue tous ces facteurs, et il y en a beaucoup, qu'est-ce que ça signifie pour la répartition d'actifs? À quoi les investisseurs doivent-ils songer? Nous nous sommes concentrés sur l'Occident plus le Japon. L'Amérique du Nord nous plaît, nous sommes moins baissiers quant à l'Europe, mais nous sommes intrigués par ce qui se passe au Japon. Le Japon subit une conjoncture comme on n'en voit qu'une seule fois dans une carrière. L'économie diverge des taux d'intérêts négatifs, l'inflation commence à apparaître. Pas une inflation galopante, mais l'inflation, ce qui commence à rompre l'état d'esprit désinflationniste qui est tellement fatal pour une économie capitaliste, et on se concentre sur la gouvernance d'entreprise, parce qu'il y a un effondrement de ratio de dépendance. La proportion de la population de moins de 50 ans s'effondre. Il y aura des pénuries de main-d'œuvre et cela va mener à un accroissement de la productivité et d'investissements dans l'automatisation. Avec les Américains qui cherchent le Japon est bien placé pour combler le vide. Nous accroissons notre répartition au Japon. C'est un endroit où on n'a pas consacré beaucoup de temps depuis longtemps.