Le prix de l’or a battu de nombreux records récemment. Le métal précieux peut-il continuer à engranger des gains ou est-ce qu’une correction se profile à l’horizon? Daniel Ghali, stratège principal, Produits de base, à Valeurs Mobilières TD discute avec Greg Bonnell de MoneyTalk des facteurs qui font grimper le prix du métal noble et des perspectives pour l’avenir.
Print Transcript
Même s'il a été brièvement freiné par les chiffres d'inflation plus élevés que prévu parus mercredi, le cours de l'or continue de franchir de nouvelles étapes. Est-il appelé à monter encore davantage? Daniel Ghali de Valeurs Mobilières TD commente.
Bonjour, Greg.
Alors, quand nous parlons de catégories d'actifs en vedette, jusqu'ici, cette année, l'or est certainement l'une d'entre elles. Que se passe-t-il?
Il s'agit sans doute de l'une des périodes les plus excitantes dans le secteur des métaux précieux pour plusieurs raisons. Nous nous sommes parlés en début d'année du fait que les négociateurs qui s'intéressent aux données macro-économiques étaient historiquement sous-positionnés à l'avance d'un cycle de hausse de la Fed. C'est ce qui a propulsé l'or à des sommets inégalés, mais cette activité d'achat s'est essoufflée lorsque le cours de l'or a atteint 2200$ l'once. L'activité d'achat, depuis lors... est attribuable à de mystérieux acheteurs qui pourraient être associés, selon nous, aux interventions sur le marché des devises en cours en Chine.
Depuis un an et demi, c'étaient les banques centrales qui faisaient le marché. L'on s'inquiétait des marchés des devises. Vous dîtes à présent que les achats mystères... Approfondissons. Vous pensez que les données fondamentales sont essoufflées, mais que les achats continuent?
Oui. Ce qui est curieux quant aux activités d'achat jusqu'ici cette année, c'est que les coupures de taux de la Fed sont prises en compte, le dollar américain augmente, les taux réels augmentent, mais le cours de l'or augmente. Traditionnellement, le cours de l'or baisserait dans ces circonstances. Il y a une raison valable à cela. Nous avons dit que les acheteurs habituels étaient sous-positionnés, à l'heure actuelle, ils ont débouclé ces positions, ils détiennent autant d'or que l'on s'y attendrait, mais il doit donc y avoir quelque chose d'autre qui se produit. Selon nous, si on est prêt à entrer dans le détail et que l'on décompose le fait qu'il n'existe aucune preuve que les activités d'achat qui ont mené le cours de 2200 au cours d'aujourd'hui, sur les données des bourses ni aux États-Unis ni en Chine, où les plus importants négociateurs vendent actuellement de l'or, il existe également des données qui montrent que la demande très forte du marché de l'or métal de la part de consommateurs individuels en Chine s'apaise. La demande de gros en Chine commence à baisser après un début d'année très fort. Qui est le mystérieux acheteur? Nous savons que c'est un acheteur qui a des moyens très élevés pour pouvoir acheter autant d'or pour influencer les prix. Les opérations ne passent pas par les canaux typiques. Cela nous mène à croire qu'il s'agit sans doute d'achats associés à une banque centrale. Mais ce qui est curieux, c'est qu'il semble y avoir une certaine urgence dans ce programme d'achat, ce qui n'est pas typiquement le cas pour les banques centrales, comme nous en avons parlé depuis deux ans. C'est au moins depuis 2022 que les achats des banques centrales atteignent des records, mais le niveau de précipitation dans ce programme d'achat n'est pas du tout typique de ce que nous avons vu depuis deux ans. C'est ce qui nous amène à croire qu'il pourrait s'agir d'achats associés à une forme d'intervention sur le marché des devises.
S'agissant des banques centrales, des marchés, des acheteurs mystères, est-ce que cela compromet la remontée? L'or a grimpé presque comme une action de technologie.
Oui, au moins pas pendant cette situation macro-économique. Oui, l'inflation est plus élevée que prévu, mais les marchés tiennent compte de la perspective de coupures de la Fed. Nous analysons beaucoup dans nos stratégies ces activités d'achat pour voir si elles ont relevé le plancher des cours de l'or, ou encore si ces cours ne pourront maintenir les gains actuels lorsque l'activité d'achat se tarit.
Si l'activité d'achat se tarit, est-ce que vous pensez qu'il y aura une correction de grande ampleur ou simplement un nivellement? Que pourrait-il arriver au cours de l'or à court terme? Alors que nous ne comprenons pas vraiment ce qui se produit.
Il semble de plus en plus que les acheteurs mystères qui ont fait passer l'or de 2200 au cours actuel ont peu de chances de revendre leurs achats, leurs nouveaux achats. S'il s'agit d'une intervention sur le marché des changes, la banque centrale en question ne va pas revendre demain l'or qu'elle a acheté aujourd'hui. Il se peut que le cours plancher de l'or soit simplement relevé. Une fois que ces activités d'achat se tarissent, la trajectoire de l'or dépendra de l'activité macro-économique.
L'or est une catégorie d'actifs très intéressante. Nous sommes heureux de bénéficier régulièrement de vos commentaires. Que dire de l'argent? L'or du pauvre.
Oui, l'évolution du cours de l'argent... Les marchés de l'argent sont peut-être les marchés les plus excitants dans la transition énergétique parmi tous les produits de base aujourd'hui. On parle beaucoup du cuivre, de l'or, lorsqu'il s'agit de la transition énergétique, mais on parle très peu de l'argent. Nous pensons qu'au fil des 12 prochains mois environ, l'une des grandes hypothèses qui sous-tendent le marché de l'argent va être remise en question. Je fais allusion au fait que pendant très longtemps l'offre d'argent métal ne comptait pas tellement pour les marchés, qu'il s'agisse d'un excédent ou d'un déficit. Pourquoi? Parce qu'il y avait au moins 1,6 milliard d'onces d'argent en inventaire. C'était toujours largement suffisant pour combler tout déficit sur le marché de l'argent métal. Le défi aujourd'hui, c'est qu'il y a eu une très forte érosion des inventaires d'argent métal dans les coffres-forts, et surtout à Londres où reposent les plus importantes quantités de métaux précieux dans le monde. 70% de ces inventaires... C'est-à-dire que le marché des métaux précieux à Londres représente 75% du marché mondial, mais une bonne partie est réservée par des FNB par exemple, ce qui laisse une partie beaucoup moins importante d'inventaires d'argent qui sont disponibles aujourd'hui. Le défi, c'est que le déficit universellement reconnu que les marchés attendent d'ici quelques années pourrait éroder ces inventaires au cours des 12 à 24 mois.
Vous n'êtes pas analyste du secteur minier, mais lorsqu'il s'agit d'inventaires serrés, est-ce que l'industrie minière est en mesure de combler le déficit d'argent dans les années à venir?
Voilà ce qui est intéressant également. L'argent est un des métaux qui est essentiellement un sous-produit de l'extraction d'or, de plomb, de zinc. Or... la production d'argent est normalement dotée d'un vendeur structurel. Les compagnies qui extraient l'argent le revendent généralement puisqu'il ne s'agit pas de l'actif qui intéresse le plus leurs actionnaires.
Bonjour, Greg.
Alors, quand nous parlons de catégories d'actifs en vedette, jusqu'ici, cette année, l'or est certainement l'une d'entre elles. Que se passe-t-il?
Il s'agit sans doute de l'une des périodes les plus excitantes dans le secteur des métaux précieux pour plusieurs raisons. Nous nous sommes parlés en début d'année du fait que les négociateurs qui s'intéressent aux données macro-économiques étaient historiquement sous-positionnés à l'avance d'un cycle de hausse de la Fed. C'est ce qui a propulsé l'or à des sommets inégalés, mais cette activité d'achat s'est essoufflée lorsque le cours de l'or a atteint 2200$ l'once. L'activité d'achat, depuis lors... est attribuable à de mystérieux acheteurs qui pourraient être associés, selon nous, aux interventions sur le marché des devises en cours en Chine.
Depuis un an et demi, c'étaient les banques centrales qui faisaient le marché. L'on s'inquiétait des marchés des devises. Vous dîtes à présent que les achats mystères... Approfondissons. Vous pensez que les données fondamentales sont essoufflées, mais que les achats continuent?
Oui. Ce qui est curieux quant aux activités d'achat jusqu'ici cette année, c'est que les coupures de taux de la Fed sont prises en compte, le dollar américain augmente, les taux réels augmentent, mais le cours de l'or augmente. Traditionnellement, le cours de l'or baisserait dans ces circonstances. Il y a une raison valable à cela. Nous avons dit que les acheteurs habituels étaient sous-positionnés, à l'heure actuelle, ils ont débouclé ces positions, ils détiennent autant d'or que l'on s'y attendrait, mais il doit donc y avoir quelque chose d'autre qui se produit. Selon nous, si on est prêt à entrer dans le détail et que l'on décompose le fait qu'il n'existe aucune preuve que les activités d'achat qui ont mené le cours de 2200 au cours d'aujourd'hui, sur les données des bourses ni aux États-Unis ni en Chine, où les plus importants négociateurs vendent actuellement de l'or, il existe également des données qui montrent que la demande très forte du marché de l'or métal de la part de consommateurs individuels en Chine s'apaise. La demande de gros en Chine commence à baisser après un début d'année très fort. Qui est le mystérieux acheteur? Nous savons que c'est un acheteur qui a des moyens très élevés pour pouvoir acheter autant d'or pour influencer les prix. Les opérations ne passent pas par les canaux typiques. Cela nous mène à croire qu'il s'agit sans doute d'achats associés à une banque centrale. Mais ce qui est curieux, c'est qu'il semble y avoir une certaine urgence dans ce programme d'achat, ce qui n'est pas typiquement le cas pour les banques centrales, comme nous en avons parlé depuis deux ans. C'est au moins depuis 2022 que les achats des banques centrales atteignent des records, mais le niveau de précipitation dans ce programme d'achat n'est pas du tout typique de ce que nous avons vu depuis deux ans. C'est ce qui nous amène à croire qu'il pourrait s'agir d'achats associés à une forme d'intervention sur le marché des devises.
S'agissant des banques centrales, des marchés, des acheteurs mystères, est-ce que cela compromet la remontée? L'or a grimpé presque comme une action de technologie.
Oui, au moins pas pendant cette situation macro-économique. Oui, l'inflation est plus élevée que prévu, mais les marchés tiennent compte de la perspective de coupures de la Fed. Nous analysons beaucoup dans nos stratégies ces activités d'achat pour voir si elles ont relevé le plancher des cours de l'or, ou encore si ces cours ne pourront maintenir les gains actuels lorsque l'activité d'achat se tarit.
Si l'activité d'achat se tarit, est-ce que vous pensez qu'il y aura une correction de grande ampleur ou simplement un nivellement? Que pourrait-il arriver au cours de l'or à court terme? Alors que nous ne comprenons pas vraiment ce qui se produit.
Il semble de plus en plus que les acheteurs mystères qui ont fait passer l'or de 2200 au cours actuel ont peu de chances de revendre leurs achats, leurs nouveaux achats. S'il s'agit d'une intervention sur le marché des changes, la banque centrale en question ne va pas revendre demain l'or qu'elle a acheté aujourd'hui. Il se peut que le cours plancher de l'or soit simplement relevé. Une fois que ces activités d'achat se tarissent, la trajectoire de l'or dépendra de l'activité macro-économique.
L'or est une catégorie d'actifs très intéressante. Nous sommes heureux de bénéficier régulièrement de vos commentaires. Que dire de l'argent? L'or du pauvre.
Oui, l'évolution du cours de l'argent... Les marchés de l'argent sont peut-être les marchés les plus excitants dans la transition énergétique parmi tous les produits de base aujourd'hui. On parle beaucoup du cuivre, de l'or, lorsqu'il s'agit de la transition énergétique, mais on parle très peu de l'argent. Nous pensons qu'au fil des 12 prochains mois environ, l'une des grandes hypothèses qui sous-tendent le marché de l'argent va être remise en question. Je fais allusion au fait que pendant très longtemps l'offre d'argent métal ne comptait pas tellement pour les marchés, qu'il s'agisse d'un excédent ou d'un déficit. Pourquoi? Parce qu'il y avait au moins 1,6 milliard d'onces d'argent en inventaire. C'était toujours largement suffisant pour combler tout déficit sur le marché de l'argent métal. Le défi aujourd'hui, c'est qu'il y a eu une très forte érosion des inventaires d'argent métal dans les coffres-forts, et surtout à Londres où reposent les plus importantes quantités de métaux précieux dans le monde. 70% de ces inventaires... C'est-à-dire que le marché des métaux précieux à Londres représente 75% du marché mondial, mais une bonne partie est réservée par des FNB par exemple, ce qui laisse une partie beaucoup moins importante d'inventaires d'argent qui sont disponibles aujourd'hui. Le défi, c'est que le déficit universellement reconnu que les marchés attendent d'ici quelques années pourrait éroder ces inventaires au cours des 12 à 24 mois.
Vous n'êtes pas analyste du secteur minier, mais lorsqu'il s'agit d'inventaires serrés, est-ce que l'industrie minière est en mesure de combler le déficit d'argent dans les années à venir?
Voilà ce qui est intéressant également. L'argent est un des métaux qui est essentiellement un sous-produit de l'extraction d'or, de plomb, de zinc. Or... la production d'argent est normalement dotée d'un vendeur structurel. Les compagnies qui extraient l'argent le revendent généralement puisqu'il ne s'agit pas de l'actif qui intéresse le plus leurs actionnaires.