Les actions privilégiées ont fortement progressé depuis le début de l’année. James Hunter, vice-président, directeur et gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, discute de ce qui fait grimper le marché des actions privilégiées et des perspectives pour l’avenir.
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Si les actions ont enregistré des performances positives depuis le début de l'année, d'autres tendances intéressantes se dessinent dans une autre partie du marché qui n'est pas aussi bien couverte. James Hunter, vice-président à Gestion de placements TD nous rejoint pour discuter de ce qu'il observe sur le marché des actions privilégiées. Bonjour, James.
Bonjour, Anthony.
Nous avons récemment assisté à une remontée des actions privilégiées. Quel est le moteur de cette tendance?
Les actions privilégiées ont progressé de 20 % par rapport au creux du mois d'octobre. Je dirais que c'est un soulagement pour les investisseurs. En effet, ceux-ci ont passé deux années douloureuses, il y a eu trois baisses de 30 % depuis 10 ans. On le voit sur le premier graphique qui est l'indice des actions privilégiées converti en moyenne pondérée du cours par action en 2016, les cours ont beaucoup diminué, tandis que les cours du pétrole se sont effondrés en 2020, il y a eu la pandémie, puis en 2022, 2023, l'environnement inflationniste et les craintes d'une récession ont régné. Les actions privilégiées ont beaucoup remonté depuis deux mois, et ce, pour deux raisons. D'abord parce que nous savons qu'elle en est le statut fiscal. Nous l'avons su en novembre, ce qui a incité les investisseurs institutionnels à revenir sur le marché. Deuxièmement, les banques ont continué de rembourser certaines de leurs actions privilégiées, c'est un catalyseur pour le marché. Lorsque la conjoncture était tellement négative à l'automne, un catalyseur quel qu'il soit peut engendrer une remontée.
Vous avez également évoqué les tendances en matière des actions privilégiées de banque? Que se passe-t-il?
Oui, en ce qui concerne les banques, il faut se rappeler que les banques représentent 30 % du marché des actions privilégiées canadiennes. La dernière fois qu'il y a eu une nouvelle émission, c'était en 2019, il y a donc plusieurs années. Les banques ont commencé à faire, il y a plusieurs années, un remboursement des actions privilégiées qu'elles remplacent par d'autres titres afin de diversifier leurs sources de financement et parce qu'il existe des capitaux moins coûteux. Voilà le phénomène auquel nous avons assisté. Il y a une chose dont il faut se rappeler, c'est qu'il y a eu une pause dans cette activité de remboursement d'actions privilégiées. L'an dernier et l'année d'avant. Et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les banques ont dû augmenter leur ratio de fonds propres à cause du relèvement des exigences réglementaires. Il y a donc dû avoir un rattrapage. Ensuite il y a des acquisitions. Rappelez-vous que la Banque Royale a fait l'acquisition de HSBC, la BMO de Bank of the West, et ces acquisitions ont exigé une période d'assimilation. Il y a un risque juridique, un risque opérationnel. Ça prend quelque temps à surmonter tout cela, mais ces acquisitions sont conclues. Voilà ce qui a engendré le retour des remboursements par les banques.
À part les banques, quels sont les autres types d'émetteurs d'actions privilégiées au Canada?
Il y a les compagnies d'oléoducs et de gazoducs, des services publics, des groupes financiers diversifiés. Le secteur financier représente 60 % du marché, mais ce n'est pas tout ce qu'il y a.
On ne voit pas les mêmes tendances dans ces autres secteurs du marché. Pourquoi?
Bon nombre des émetteurs n'ont pas le choix d'émettre beaucoup d'autres types d'actions. Les banques sont très connues, très grosses, elles ont donc plusieurs sources de capitaux auxquelles elles peuvent s'adresser. Ça ne signifie pas que les compagnies de pipeline n'ont pas un soutien de la part des marchés. Si, bien sûr, mais il n'est pas aussi courant de les voir se lancer dans d'autres types de financement. La plupart de ces émetteurs prolongent donc leurs actions privilégiées. Dans cette conjoncture, quel avenir prévoyez-vous pour le marché?
Comme nous l'avons dit, les six derniers mois ont été très favorables pour les actions privilégiées et les perspectives sont toujours positives. Il y a un rendement supérieur à 5 %, et mettons un potentiel de hausse de 5 % pour que les cours reviennent à leur moyenne à long terme. 10 % de rendement total, c'est toujours très intéressant. Il faudrait se rappeler que, comme je l'ai dit, le statut fiscal a été clarifié, ça ne va pas changer et puis, également, les banques vont rembourser leurs actions privilégiées. C'est une tendance qui a commencé et qui pourrait se prolonger pendant quelques années. Je pense que ces deux facteurs vont contribuer à relever le marché encore un peu plus.
Vous avez parlé des éléments positifs, mais quels sont les risques potentiels?
C'est une bonne question. Le risque numéro un dont il faut se rappeler, c'est le risque d'une récession. Tout le monde s'en inquiète depuis longtemps, depuis des années, on y pense. Une récession nuirait au bénéfice des entreprises, les écarts de crédit augmenteraient sans doute, les taux d'intérêt pourraient baisser. S'ils baissaient considérablement, ce serait un facteur négatif important pour le marché des actions privilégiées. Ce n'est pas un phénomène auquel nous assistons aujourd'hui. Il y a une bonne croissance démographique au Canada, il y a un déficit budgétaire et des cours plus élevés des produits de base. Tout cela devrait contribuer à soutenir l'économie, c'est pourquoi les craintes de récession sont à mon avis exagérées.
Bonjour, Anthony.
Nous avons récemment assisté à une remontée des actions privilégiées. Quel est le moteur de cette tendance?
Les actions privilégiées ont progressé de 20 % par rapport au creux du mois d'octobre. Je dirais que c'est un soulagement pour les investisseurs. En effet, ceux-ci ont passé deux années douloureuses, il y a eu trois baisses de 30 % depuis 10 ans. On le voit sur le premier graphique qui est l'indice des actions privilégiées converti en moyenne pondérée du cours par action en 2016, les cours ont beaucoup diminué, tandis que les cours du pétrole se sont effondrés en 2020, il y a eu la pandémie, puis en 2022, 2023, l'environnement inflationniste et les craintes d'une récession ont régné. Les actions privilégiées ont beaucoup remonté depuis deux mois, et ce, pour deux raisons. D'abord parce que nous savons qu'elle en est le statut fiscal. Nous l'avons su en novembre, ce qui a incité les investisseurs institutionnels à revenir sur le marché. Deuxièmement, les banques ont continué de rembourser certaines de leurs actions privilégiées, c'est un catalyseur pour le marché. Lorsque la conjoncture était tellement négative à l'automne, un catalyseur quel qu'il soit peut engendrer une remontée.
Vous avez également évoqué les tendances en matière des actions privilégiées de banque? Que se passe-t-il?
Oui, en ce qui concerne les banques, il faut se rappeler que les banques représentent 30 % du marché des actions privilégiées canadiennes. La dernière fois qu'il y a eu une nouvelle émission, c'était en 2019, il y a donc plusieurs années. Les banques ont commencé à faire, il y a plusieurs années, un remboursement des actions privilégiées qu'elles remplacent par d'autres titres afin de diversifier leurs sources de financement et parce qu'il existe des capitaux moins coûteux. Voilà le phénomène auquel nous avons assisté. Il y a une chose dont il faut se rappeler, c'est qu'il y a eu une pause dans cette activité de remboursement d'actions privilégiées. L'an dernier et l'année d'avant. Et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les banques ont dû augmenter leur ratio de fonds propres à cause du relèvement des exigences réglementaires. Il y a donc dû avoir un rattrapage. Ensuite il y a des acquisitions. Rappelez-vous que la Banque Royale a fait l'acquisition de HSBC, la BMO de Bank of the West, et ces acquisitions ont exigé une période d'assimilation. Il y a un risque juridique, un risque opérationnel. Ça prend quelque temps à surmonter tout cela, mais ces acquisitions sont conclues. Voilà ce qui a engendré le retour des remboursements par les banques.
À part les banques, quels sont les autres types d'émetteurs d'actions privilégiées au Canada?
Il y a les compagnies d'oléoducs et de gazoducs, des services publics, des groupes financiers diversifiés. Le secteur financier représente 60 % du marché, mais ce n'est pas tout ce qu'il y a.
On ne voit pas les mêmes tendances dans ces autres secteurs du marché. Pourquoi?
Bon nombre des émetteurs n'ont pas le choix d'émettre beaucoup d'autres types d'actions. Les banques sont très connues, très grosses, elles ont donc plusieurs sources de capitaux auxquelles elles peuvent s'adresser. Ça ne signifie pas que les compagnies de pipeline n'ont pas un soutien de la part des marchés. Si, bien sûr, mais il n'est pas aussi courant de les voir se lancer dans d'autres types de financement. La plupart de ces émetteurs prolongent donc leurs actions privilégiées. Dans cette conjoncture, quel avenir prévoyez-vous pour le marché?
Comme nous l'avons dit, les six derniers mois ont été très favorables pour les actions privilégiées et les perspectives sont toujours positives. Il y a un rendement supérieur à 5 %, et mettons un potentiel de hausse de 5 % pour que les cours reviennent à leur moyenne à long terme. 10 % de rendement total, c'est toujours très intéressant. Il faudrait se rappeler que, comme je l'ai dit, le statut fiscal a été clarifié, ça ne va pas changer et puis, également, les banques vont rembourser leurs actions privilégiées. C'est une tendance qui a commencé et qui pourrait se prolonger pendant quelques années. Je pense que ces deux facteurs vont contribuer à relever le marché encore un peu plus.
Vous avez parlé des éléments positifs, mais quels sont les risques potentiels?
C'est une bonne question. Le risque numéro un dont il faut se rappeler, c'est le risque d'une récession. Tout le monde s'en inquiète depuis longtemps, depuis des années, on y pense. Une récession nuirait au bénéfice des entreprises, les écarts de crédit augmenteraient sans doute, les taux d'intérêt pourraient baisser. S'ils baissaient considérablement, ce serait un facteur négatif important pour le marché des actions privilégiées. Ce n'est pas un phénomène auquel nous assistons aujourd'hui. Il y a une bonne croissance démographique au Canada, il y a un déficit budgétaire et des cours plus élevés des produits de base. Tout cela devrait contribuer à soutenir l'économie, c'est pourquoi les craintes de récession sont à mon avis exagérées.