Les marchés boursiers américains atteignent des sommets records, et rien ne semble pouvoir les arrêter longtemps. Kim Parlee et Phil Davis, fondateur de PhilStockWorld.com, discutent de l’écart entre le rendement et l’évaluation et des sources de valeur.
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[MUSIQUE]
Si on regarde les marchés en ce moment, la plupart, surtout en Amérique du Nord, sont à des niveaux sans précédent. Rien ne semble pouvoir causer une baisse prolongée. Mais notre prochain invité nous avertit que justement, c’est le temps de faire attention. En effet, selon lui, ce qui est à l’origine de cette remontée est temporaire.
Phil Davis est avec nous depuis Fort Lauderdale. Il est le fondateur de philstockworld.com et le directeur associé de PSW Investments. Phil, c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous. Il faut commencer par dire que vous êtes préoccupé par les sommets historiques de l’indice NASDAQ 100 et des titres financiers parce que, selon vous, la situation ne peut pas durer.
Oui. Je ne crois effectivement pas que ce soit durable puisqu’on a déjà cumulé un déficit de 30 mille milliards de dollars pour construire un château de cartes sur le marché. Si on regarde les événements récents sans tenir compte de l’argent dépensé, cette année, l’économie américaine vaut 20 mille milliards de dollars. On a mis 2,2 mille milliards de dollars dans les mesures de relance dans la première moitié de l’année.
Donc, sur les 10 mille milliards de dollars de cette première moitié, 22 % étaient consacrés à des mesures de relance. Et la croissance du PIB était de 6,6 %. Donc, sans les mesures de relance, on est dans le négatif de 15,4 %. On ne peut donc pas vraiment parler d’une relance économique robuste. Et les gens investissent comme si tout allait très bien et comme si tout allait continuer d’aller très bien. Mais quand les mesures de relance vont cesser, ce qui est inévitable, je crois qu’on va assister à un recul assez important.
Vous parlez de l’écart entre les dépenses de relance et leur manière de se manifester dans l’économie. Je comprends que vous voyez la même différence en ce moment du côté des bénéfices d’entreprises et du cours des actions.
Oui, si on examine les bénéfices, il faut les comparer. Mais ce n’est pas évident. Il faut comparer les bénéfices à ceux de 2019, pas à ceux de 2020. Les mauvais bénéfices étaient généralisés en 2020. Donc, tout le monde a l’air de très bien se porter comparativement à l’an dernier.
Mais par rapport à 2019, quand on regarde les différents secteurs, le marché a augmenté de 50 %. On peut l’expliquer ainsi : le S&P 500 a monté de 50 %. Mais le seul secteur dont les revenus ont crû de 50 % est celui des semiconducteurs. Et cette hausse est également attribuable au virus. C’est parce qu’en raison de la pénurie de puces, le secteur des semiconducteurs a beaucoup augmenté ses prix. Il fait donc plus d’argent et plus de revenus. C’est un secteur de pointe inflationnaire.
Le commerce de détail a enregistré des gains de 31 % par rapport à 2019. Les sociétés pharmaceutiques, de 25 %. Les services financiers, de 25 % aussi. Mais si on regarde, par exemple, les services logiciels, les biens personnels et la nourriture, et même les services bancaires, la croissance se limite à 10 %. Et pendant ce temps, le marché a monté de 50 %. La valeur est complètement dissociée des bénéfices.
Donc, qu’est-ce qui changera? Que va-t-il se passer sur les marchés? Quand les choses vont-elles s’équilibrer? Vous attendez-vous à un repli majeur ce trimestre, et qu’est-ce qui pourrait le causer?
Ce n’est pas une affaire de trimestre. Il est très difficile de prédire quand le repli se produira. Mais en ce moment, on a encore affaire à quelques problèmes, entre autres la COVID, quand elle va revenir et ce qui se passe du côté des voyages. Si on regarde le secteur des voyages et des loisirs, les actions ont perdu 40 % de leur rendement. Certaines ont même perdu plus. Les compagnies de croisières ont des revenus 90 % moins élevés qu’en 2019.
Pourtant, leurs titres se négocient à des sommets historiques. Les gens ignorent complètement la réalité de ces actions. Ils ignorent les rapports sur les bénéfices. Ils ignorent les revenus. Ils croient simplement que tout va très bien se passer et qu’ils n’ont qu’à continuer à investir pour ravoir leur argent. Mais l’histoire nous démontre que ce n’est pas vraiment ce qui se produit en réalité.
Mais que faire? Si vous avez ou voulez déployer des capitaux, vous avez besoin de toucher des rendements, mais comment trouver et évaluer des entreprises dans lesquelles investir?
Voyezvous, je suis un fondamentaliste de la vieille école. Pour moi, une entreprise doit faire de l’argent. Donc, si j’ai acheté des actions d’une entreprise pour un milliard de dollars, je m’attends à ce que cette entreprise gagne 100 millions ou 50 millions, minimalement, pour au moins me rembourser mon argent à un taux de 5 %, vous savez. Mais en ce moment, l’inflation est de 10 %. Donc, si votre entreprise ne fait pas 10 %, vous accusez du retard.
C’est pourquoi il faut très bien examiner les ratios cours/bénéfice de l’entreprise ainsi que ses rendements et sa croissance. Et on ne peut pas tirer de conclusions sur la croissance d’une économie lorsqu’elle fait l’objet de mesures de relance et s’attendre à ce que la croissance se poursuive. Il faut tenir pour acquis qu’elle cessera. Les prix de 2019 sont les prix réels. Il faut trouver des aubaines par rapport à ces niveaux-là.
Et il est possible de les trouver. Nous avons des actions dont c’est le cas. Mais il faut faire ses devoirs. On ne peut pas choisir des actions à l’aveuglette.
[MUSIQUE]
Si on regarde les marchés en ce moment, la plupart, surtout en Amérique du Nord, sont à des niveaux sans précédent. Rien ne semble pouvoir causer une baisse prolongée. Mais notre prochain invité nous avertit que justement, c’est le temps de faire attention. En effet, selon lui, ce qui est à l’origine de cette remontée est temporaire.
Phil Davis est avec nous depuis Fort Lauderdale. Il est le fondateur de philstockworld.com et le directeur associé de PSW Investments. Phil, c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous. Il faut commencer par dire que vous êtes préoccupé par les sommets historiques de l’indice NASDAQ 100 et des titres financiers parce que, selon vous, la situation ne peut pas durer.
Oui. Je ne crois effectivement pas que ce soit durable puisqu’on a déjà cumulé un déficit de 30 mille milliards de dollars pour construire un château de cartes sur le marché. Si on regarde les événements récents sans tenir compte de l’argent dépensé, cette année, l’économie américaine vaut 20 mille milliards de dollars. On a mis 2,2 mille milliards de dollars dans les mesures de relance dans la première moitié de l’année.
Donc, sur les 10 mille milliards de dollars de cette première moitié, 22 % étaient consacrés à des mesures de relance. Et la croissance du PIB était de 6,6 %. Donc, sans les mesures de relance, on est dans le négatif de 15,4 %. On ne peut donc pas vraiment parler d’une relance économique robuste. Et les gens investissent comme si tout allait très bien et comme si tout allait continuer d’aller très bien. Mais quand les mesures de relance vont cesser, ce qui est inévitable, je crois qu’on va assister à un recul assez important.
Vous parlez de l’écart entre les dépenses de relance et leur manière de se manifester dans l’économie. Je comprends que vous voyez la même différence en ce moment du côté des bénéfices d’entreprises et du cours des actions.
Oui, si on examine les bénéfices, il faut les comparer. Mais ce n’est pas évident. Il faut comparer les bénéfices à ceux de 2019, pas à ceux de 2020. Les mauvais bénéfices étaient généralisés en 2020. Donc, tout le monde a l’air de très bien se porter comparativement à l’an dernier.
Mais par rapport à 2019, quand on regarde les différents secteurs, le marché a augmenté de 50 %. On peut l’expliquer ainsi : le S&P 500 a monté de 50 %. Mais le seul secteur dont les revenus ont crû de 50 % est celui des semiconducteurs. Et cette hausse est également attribuable au virus. C’est parce qu’en raison de la pénurie de puces, le secteur des semiconducteurs a beaucoup augmenté ses prix. Il fait donc plus d’argent et plus de revenus. C’est un secteur de pointe inflationnaire.
Le commerce de détail a enregistré des gains de 31 % par rapport à 2019. Les sociétés pharmaceutiques, de 25 %. Les services financiers, de 25 % aussi. Mais si on regarde, par exemple, les services logiciels, les biens personnels et la nourriture, et même les services bancaires, la croissance se limite à 10 %. Et pendant ce temps, le marché a monté de 50 %. La valeur est complètement dissociée des bénéfices.
Donc, qu’est-ce qui changera? Que va-t-il se passer sur les marchés? Quand les choses vont-elles s’équilibrer? Vous attendez-vous à un repli majeur ce trimestre, et qu’est-ce qui pourrait le causer?
Ce n’est pas une affaire de trimestre. Il est très difficile de prédire quand le repli se produira. Mais en ce moment, on a encore affaire à quelques problèmes, entre autres la COVID, quand elle va revenir et ce qui se passe du côté des voyages. Si on regarde le secteur des voyages et des loisirs, les actions ont perdu 40 % de leur rendement. Certaines ont même perdu plus. Les compagnies de croisières ont des revenus 90 % moins élevés qu’en 2019.
Pourtant, leurs titres se négocient à des sommets historiques. Les gens ignorent complètement la réalité de ces actions. Ils ignorent les rapports sur les bénéfices. Ils ignorent les revenus. Ils croient simplement que tout va très bien se passer et qu’ils n’ont qu’à continuer à investir pour ravoir leur argent. Mais l’histoire nous démontre que ce n’est pas vraiment ce qui se produit en réalité.
Mais que faire? Si vous avez ou voulez déployer des capitaux, vous avez besoin de toucher des rendements, mais comment trouver et évaluer des entreprises dans lesquelles investir?
Voyezvous, je suis un fondamentaliste de la vieille école. Pour moi, une entreprise doit faire de l’argent. Donc, si j’ai acheté des actions d’une entreprise pour un milliard de dollars, je m’attends à ce que cette entreprise gagne 100 millions ou 50 millions, minimalement, pour au moins me rembourser mon argent à un taux de 5 %, vous savez. Mais en ce moment, l’inflation est de 10 %. Donc, si votre entreprise ne fait pas 10 %, vous accusez du retard.
C’est pourquoi il faut très bien examiner les ratios cours/bénéfice de l’entreprise ainsi que ses rendements et sa croissance. Et on ne peut pas tirer de conclusions sur la croissance d’une économie lorsqu’elle fait l’objet de mesures de relance et s’attendre à ce que la croissance se poursuive. Il faut tenir pour acquis qu’elle cessera. Les prix de 2019 sont les prix réels. Il faut trouver des aubaines par rapport à ces niveaux-là.
Et il est possible de les trouver. Nous avons des actions dont c’est le cas. Mais il faut faire ses devoirs. On ne peut pas choisir des actions à l’aveuglette.
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