La Banque du Canada s’apprête à prendre sa troisième décision de l’année sur les taux d’intérêt, alors que les perspectives économiques sont contrastées. Robert Both, stratège principal, Macroéconomie, Valeurs Mobilières TD, discute avec Greg Bonnell de MoneyTalk de la situation économique et des perspectives pour les taux.
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Les données économiques très positives depuis quelque temps États-Unis amènent certains investisseurs à s'interroger sur le moment auquel les réductions de taux interviendront aux États-Unis, mais comment se porte l'économie canadienne et qu'est-ce que cela signifie pour les réductions de taux au Canada? Robert Both de Valeurs mobilières TD est en studio.
Bonjour, Greg. Ça me fait toujours plaisir de m'entretenir avec vous.
Alors, les taux d'intérêt, les taux d'intérêt, les taux d'intérêt, mais il y a de bonnes raisons, nous nous inquiétons de ce que les banques centrales vont faire cette année. Il y avait des attentes. La Banque du Canada va avoir un certain nombre de rapports économiques sous la main. Que voyez-vous de votre côté?
Au niveau très général, les données depuis deux ou trois mois nous montrent que les hausses de taux continuent à faire effet. À la dernière réunion de la Banque du Canada au mois de mars, nous avons reçu davantage de données sur l'inflation, sur les salaires, qui montrent que les pressions d'inflation sous-jacente continuent de s'atténuer. Les mesures d'inflation de base au mois de février étaient légèrement supérieures à la cible de la Banque du Canada de 3,1% à 3,2%. Il s'agit de la moyenne corrigée et de la médiane corrigée que la banque surveille de près. La progression des salaires depuis deux mois a également ralenti. Les marchés du travail se dirigent régulièrement vers un équilibre amélioré. Nous continuons de créer des emplois, mais la croissance démographique plus rapide et la croissance plus rapide de la population active contribuent à doper légèrement le taux de chômage, ce qui devrait soulager la pression sur les salaires dans l'avenir. Dans le même temps, il y a certains éléments qui sont en hausse. La croissance du PIB depuis un mois semble être un peu supérieure aux prévisions, ce qui pourrait constituer une source d'inquiétude pour la banque. Le marché du logement également montre certains signes de relance depuis décembre ainsi qu'en janvier et février. La Banque du Canada va certainement en parler au mois d'avril. Mais au niveau plus général, la banque peut constater que les hausses de taux font effet, mais il faut leur donner un peu plus de temps pour parvenir à l'objectif.
Eh oui, c'est comme pour la Fed, notre banque centrale prêche la patience. Cette semaine, la Banque du Canada a publié les résultats de son enquête auprès des entreprises. Qu'est-ce que la Banque du Canada va en conclure, d'après vous?
Il s'agit d'un rapport important de la part de la Banque du Canada. Nous n'avons pas énormément d'enquêtes du secteur privé qui permettent de prendre le pouls de la situation des entreprises, mais ce rapport trimestriel sur la confiance des entreprises saisit très bien l'attitude du milieu des affaires et donne quelques aperçus sur des éléments comme les pénuries de main-d'œuvre, les conditions d'embauche, les intentions d'investissement. C'est vraiment très général. L'enquête sur les entreprises au premier trimestre révèle que, généralement parlant, les entreprises sont un peu moins pessimistes qu'au premier trimestre. Moins d'entreprises prévoient une récession d'ici un an. Si vous considérez les indicateurs du marché du travail, ceux-ci commencent à devenir un peu plus positifs. Les intentions d'embauche remontent après avoir touché un creux. En revanche, les intentions d'investissement ont nettement diminué, ce qui représente une préoccupation compte tenu des vents contraires qui soufflent en matière de productivité depuis quelques années. Par ailleurs, ce qui devrait amener la banque à être plus accommodante, beaucoup d'entreprises prévoient que l'inflation reviendra à la cible fixée par la banque d'ici un ou deux ans. Bien sûr, ce qui pourrait tout confondre, c'est que la Banque du Canada enquête également auprès des consommateurs et que leurs attentes à l'égard de l'inflation n'ont pas aussi progressé pendant le premier trimestre. Les attentes des consommateurs à l'égard de l'inflation sont toujours largement supérieures au niveau pré-COVID. Les enquêtes de la Banque du Canada révèlent que les prix du logement opiniâtrement élevés, l'inflation des prix de l'alimentation, permettent difficilement de normaliser les attentes en matière d'inflation, et cela va permettre plus difficilement de ramener l'inflation à sa cible même si nous avons fait beaucoup de progrès depuis douze mois.
Parlons de ces difficultés. Les attentes des consommateurs sont une chose, mais on craint que nos attentes quant à la trajectoire future de l'avenir n'affectent notre comportement d'une manière qui causera des difficultés à la Banque du Canada dans la progression vers son objectif.
Oui, même si l'inflation globale a diminué à 2,8%, elle se situe dans la fourchette de 2 à 3%, bon nombre de Canadiens sont toujours en difficulté face au coût de la vie élevée. C'est ce qui ressort de l'enquête auprès des entreprises. Ces dernières déclaraient que même si elles prévoient que les prix de revient vont diminuer, les attentes à l'égard de l'inflation exercent toujours une certaine pression sur la croissance salariale, laquelle représente un obstacle à un retour durable à un taux d'inflation à 2%. Par conséquent, ce sera un facteur que la banque va continuer de surveiller.
Bon, il y a dans l'économie des signes que le coût intentionnellement élevé de l'emprunt entraîne un ralentissement. Toutefois, les signaux sont mitigés. La banque prêche la patience. Quand on prêche la patience, qu'est-ce que cela signifie? La grande question qu'on nous pose, c'est quand les coupures de taux interviendront-elles?
Si vous vous concentriez uniquement sur l'inflation, l'inflation globale a réintégré la fourchette de 2% à 3%. L'inflation de base a également ralenti sur une base annualisée sur trois mois, ce qui donne vous une idée de la tendance de l'inflation de base. Ces taux sur trois mois se rapprochent beaucoup plus déjà de 2%. La grande difficulté pour la Banque du Canada, c'est que cette dernière n'a pas encore constaté une normalisation des attentes en matière d'inflation. Par ailleurs, plus récemment, nous constatons davantage d'éléments montrant que la croissance du PIB se raffermira en 2024. Les chiffres du PIB pour le mois de janvier ont paru à la fin de la semaine dernière. Ceux-ci montrent une expansion de 0,6% de l'économie sur un mois. C'était l'expansion la plus importante en un seul mois depuis un an. Les nouvelles projections de Statistique Canada envisagent une croissance de 0,4% en février, ce qui représente un glissement pour la perspective de croissance à court terme. La Banque du Canada prévoyait quelque chose de beaucoup plus faible dans son rapport de politique monétaire au mois de janvier: une croissance de 0,5% au premier trimestre. Si le chiffre estimatif de février se concrétise, cela placerait le premier trimestre en bonne voie de parvenir à une croissance annualisée de 3%. Nous sommes dans une dynamique où nous n'ajoutons plus à une offre excédentaire. Nous pourrions nous rapprocher d'une situation neutre, voire d'une demande excédentaire. Il règne quelque incertitude quant à la possibilité de maintenir cette décélération de l'IPC si la dynamique de croissance n'est pas ponctuelle, mais qu'elle est en fait plus intense que nous le pensions.
Bonjour, Greg. Ça me fait toujours plaisir de m'entretenir avec vous.
Alors, les taux d'intérêt, les taux d'intérêt, les taux d'intérêt, mais il y a de bonnes raisons, nous nous inquiétons de ce que les banques centrales vont faire cette année. Il y avait des attentes. La Banque du Canada va avoir un certain nombre de rapports économiques sous la main. Que voyez-vous de votre côté?
Au niveau très général, les données depuis deux ou trois mois nous montrent que les hausses de taux continuent à faire effet. À la dernière réunion de la Banque du Canada au mois de mars, nous avons reçu davantage de données sur l'inflation, sur les salaires, qui montrent que les pressions d'inflation sous-jacente continuent de s'atténuer. Les mesures d'inflation de base au mois de février étaient légèrement supérieures à la cible de la Banque du Canada de 3,1% à 3,2%. Il s'agit de la moyenne corrigée et de la médiane corrigée que la banque surveille de près. La progression des salaires depuis deux mois a également ralenti. Les marchés du travail se dirigent régulièrement vers un équilibre amélioré. Nous continuons de créer des emplois, mais la croissance démographique plus rapide et la croissance plus rapide de la population active contribuent à doper légèrement le taux de chômage, ce qui devrait soulager la pression sur les salaires dans l'avenir. Dans le même temps, il y a certains éléments qui sont en hausse. La croissance du PIB depuis un mois semble être un peu supérieure aux prévisions, ce qui pourrait constituer une source d'inquiétude pour la banque. Le marché du logement également montre certains signes de relance depuis décembre ainsi qu'en janvier et février. La Banque du Canada va certainement en parler au mois d'avril. Mais au niveau plus général, la banque peut constater que les hausses de taux font effet, mais il faut leur donner un peu plus de temps pour parvenir à l'objectif.
Eh oui, c'est comme pour la Fed, notre banque centrale prêche la patience. Cette semaine, la Banque du Canada a publié les résultats de son enquête auprès des entreprises. Qu'est-ce que la Banque du Canada va en conclure, d'après vous?
Il s'agit d'un rapport important de la part de la Banque du Canada. Nous n'avons pas énormément d'enquêtes du secteur privé qui permettent de prendre le pouls de la situation des entreprises, mais ce rapport trimestriel sur la confiance des entreprises saisit très bien l'attitude du milieu des affaires et donne quelques aperçus sur des éléments comme les pénuries de main-d'œuvre, les conditions d'embauche, les intentions d'investissement. C'est vraiment très général. L'enquête sur les entreprises au premier trimestre révèle que, généralement parlant, les entreprises sont un peu moins pessimistes qu'au premier trimestre. Moins d'entreprises prévoient une récession d'ici un an. Si vous considérez les indicateurs du marché du travail, ceux-ci commencent à devenir un peu plus positifs. Les intentions d'embauche remontent après avoir touché un creux. En revanche, les intentions d'investissement ont nettement diminué, ce qui représente une préoccupation compte tenu des vents contraires qui soufflent en matière de productivité depuis quelques années. Par ailleurs, ce qui devrait amener la banque à être plus accommodante, beaucoup d'entreprises prévoient que l'inflation reviendra à la cible fixée par la banque d'ici un ou deux ans. Bien sûr, ce qui pourrait tout confondre, c'est que la Banque du Canada enquête également auprès des consommateurs et que leurs attentes à l'égard de l'inflation n'ont pas aussi progressé pendant le premier trimestre. Les attentes des consommateurs à l'égard de l'inflation sont toujours largement supérieures au niveau pré-COVID. Les enquêtes de la Banque du Canada révèlent que les prix du logement opiniâtrement élevés, l'inflation des prix de l'alimentation, permettent difficilement de normaliser les attentes en matière d'inflation, et cela va permettre plus difficilement de ramener l'inflation à sa cible même si nous avons fait beaucoup de progrès depuis douze mois.
Parlons de ces difficultés. Les attentes des consommateurs sont une chose, mais on craint que nos attentes quant à la trajectoire future de l'avenir n'affectent notre comportement d'une manière qui causera des difficultés à la Banque du Canada dans la progression vers son objectif.
Oui, même si l'inflation globale a diminué à 2,8%, elle se situe dans la fourchette de 2 à 3%, bon nombre de Canadiens sont toujours en difficulté face au coût de la vie élevée. C'est ce qui ressort de l'enquête auprès des entreprises. Ces dernières déclaraient que même si elles prévoient que les prix de revient vont diminuer, les attentes à l'égard de l'inflation exercent toujours une certaine pression sur la croissance salariale, laquelle représente un obstacle à un retour durable à un taux d'inflation à 2%. Par conséquent, ce sera un facteur que la banque va continuer de surveiller.
Bon, il y a dans l'économie des signes que le coût intentionnellement élevé de l'emprunt entraîne un ralentissement. Toutefois, les signaux sont mitigés. La banque prêche la patience. Quand on prêche la patience, qu'est-ce que cela signifie? La grande question qu'on nous pose, c'est quand les coupures de taux interviendront-elles?
Si vous vous concentriez uniquement sur l'inflation, l'inflation globale a réintégré la fourchette de 2% à 3%. L'inflation de base a également ralenti sur une base annualisée sur trois mois, ce qui donne vous une idée de la tendance de l'inflation de base. Ces taux sur trois mois se rapprochent beaucoup plus déjà de 2%. La grande difficulté pour la Banque du Canada, c'est que cette dernière n'a pas encore constaté une normalisation des attentes en matière d'inflation. Par ailleurs, plus récemment, nous constatons davantage d'éléments montrant que la croissance du PIB se raffermira en 2024. Les chiffres du PIB pour le mois de janvier ont paru à la fin de la semaine dernière. Ceux-ci montrent une expansion de 0,6% de l'économie sur un mois. C'était l'expansion la plus importante en un seul mois depuis un an. Les nouvelles projections de Statistique Canada envisagent une croissance de 0,4% en février, ce qui représente un glissement pour la perspective de croissance à court terme. La Banque du Canada prévoyait quelque chose de beaucoup plus faible dans son rapport de politique monétaire au mois de janvier: une croissance de 0,5% au premier trimestre. Si le chiffre estimatif de février se concrétise, cela placerait le premier trimestre en bonne voie de parvenir à une croissance annualisée de 3%. Nous sommes dans une dynamique où nous n'ajoutons plus à une offre excédentaire. Nous pourrions nous rapprocher d'une situation neutre, voire d'une demande excédentaire. Il règne quelque incertitude quant à la possibilité de maintenir cette décélération de l'IPC si la dynamique de croissance n'est pas ponctuelle, mais qu'elle est en fait plus intense que nous le pensions.