Les banques américaines vont bientôt publier leurs résultats trimestriels. Stephen Biggar, directeur de la recherche sur les institutions financières à Argus Research, discute avec Greg Bonnell de MoneyTalk de la santé du secteur financier américain et des répercussions sur les marchés.
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Eh bien, nous approchons la saison des résultats des banques. Comment se présente le secteur? Voici Stephen Biggar, directeur de la recherche sur les institutions financières. Nous allons donc parler des banques et du secteur. Comment il se comporte? -Eh bien, nous avons peut-être mieux commencé en 2024 qu'en 2023, avec une augmentation de seulement 10% pour les banques, 10%, et il y avait beaucoup de problèmes avec les banques régionales. On avait la faillite de Silicon Valley Bank, on avait beaucoup de questions sur la réglementation pendant l'année, et bien sûr beaucoup d'impayés, une augmentation des impayés. Mais cette année, c'est un peu mieux. On voit une augmentation de 10% du S&P au cours du premier trimestre. 12% pour les titres financiers, qui s'en tirent donc mieux. Et donc, les gens sont maintenant mieux intéressés aux titres financiers. -Oui, c'est intéressant comparé à l'année dernière. Dans cet environnement, il semble que les analystes se sentent à l'aise quant au fait qu'il n'y aura pas de récession. Quelle est la perspective de croissance dans cet environnement? -Bien sûr, c'est très important pour les banques qu'il n'y ait pas de récession. Elles s'en sortent plutôt mal quand il y a un ralentissement de l'économie. Il s'agit d'acteurs cycliques. La croissance reste relativement basse, et, bien sûr, ralentie par la hausse des taux d'intérêt. Bien sûr, cela s'est ressenti sur les banques, mais on espère que d'ici la fin de l'année, s'il y a une baisse des taux d'intérêt, il y aura une meilleure croissance. Certains segments s'en tirent mieux que d'autres. Le logement ne s'en sort pas bien, bien sûr. Il y a beaucoup de problèmes pour ce qui est des hypothèques pour les banques. Il y a également des prêts qui ne sont pas aussi populaires étant donnés que les taux d'intérêt sont élevés. Bon, on peut s'attendre à ce qu'il y ait peut-être une nouvelle augmentation pour les banques, une nouvelle croissance, mais cela dépendra bien sûr de la décision de la réserve fédérale. -Et puis, il y a les marges d'intérêt nettes. Bien sûr, cela a une incidence sur les prêts. Qu'en est-il à l'heure actuelle? -Eh bien, il y a eu une amélioration de ces marges d'intérêt nettes au cours de l'année écoulée et les banques sont très sensibles aux taux d'intérêt, bien sûr. Leurs livres de prêts se refinancent plus rapidement que leurs livres de dépôt. Avec les coûts de dépôt plus élevés, cela a mené à une compensation, mais on peut supposer que les taux d'intérêt sont arrivés à leur plus haut niveau pour ce cycle, et donc, je dirais que nous sommes dans une situation où il n'y aura pas plus de hausses. Dans ce cycle, il semble que les taux d'intérêt vont être plus bénéfiques si cette baisse permet de stimuler un plus grand nombre de prêts, et les banques peuvent toujours profiter des taux qui auront baissé, mais aussi des taux qui sont pour le moment élevés. Nous sommes donc dans une meilleure situation concernant les marges d'intérêt nettes et on ne pense pas qu'il y aura une augmentation à partir de maintenant. -Alors bien sûr, la décision de la réserve fédérale sera importante. Le marché anticipe des baisses de taux d'intérêt. La réserve fédérale aussi, apparemment, mais la réserve fédérale essaye de ralentir nos attentes pour ce qui est de la baisse des taux d'intérêt immédiats. Qu'en est-il des consommateurs? Comment vont-ils s'en sortir? -Eh bien, les banques s'en sortent mieux s'il commence à y avoir une baisse, parce qu'il est très difficile d'avoir des refinancements, c'est très difficile pour les propriétaires qui ont des hypothèques à taux variable, et c'est difficile également pour l'achat de nouvelles maisons. C'est très difficile d'obtenir une hypothèque à des taux aussi élevés. Et pour les refinancements, il y a également les prêts des entreprises et l'immobilier commercial qui sont touchés. La dégradation du crédit a trait vraiment au segment des consommateurs, avec les taux d'intérêt des cartes de crédit, par exemple, donc cela nous indique que les consommateurs à plus bas revenus qui utilisent les cartes de crédit pour pouvoir boucler les fins de mois sont en difficulté, étant donné en plus l'inflation sur l'alimentation, sur l'habillement, sur le logement et sur les services publics comme l'électricité. Donc on pense qu'il y aura peut-être une augmentation des impayés sur les cartes de crédit. -Ce sera très intéressant de voir quels seront les impayés sur les cartes de crédit et d'autres prêts. Qu'est-ce que vous allez surveiller d'autre pour les grandes banques? -Eh bien, pour les grandes banques, il faudra regarder également le segment des marchés des capitaux. Pour ce qui est des banques régionales, il y a également la question de l'immobilier commercial. Cela est un point d'interrogation pour les directions de ces banques, et les flux de dépôt également. C'était une préoccupation par le passé. Ça devient moins une préoccupation en 2024, mais c'est une source de financement importante pour les banques. Donc il faudra voir ce que seront les bêtas de dépôt si les banques augmentent leurs dépôts relativement au taux des fonds de la réserve fédérale, donc comment les banques peuvent garder leurs bases de dépôt dont elles ont besoin.