Malgré les signes d’une économie solide aux États-Unis et les marchés qui ont atteint des sommets historiques, beaucoup de gens semblent de plus en plus préoccupés par leurs perspectives financières, un phénomène connu sous le nom de « vibecession », ou récession illusoire. Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, discute de la divergence entre le rendement du marché et la confiance des investisseurs.
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Malgré la vigueur de l'économie américaine et le fait que les marchés atteignent des sommets historiques, de nombreux investisseurs conservent d'importantes liquidités. Notre invité aujourd'hui estime que ce n'est pas toujours une bonne idée. Examinons avec Brad Simpson, stratège en chef à Gestion de Patrimoine TD. -Bonjour, Brad. -Très heureux d'être présent.
Parlons de cette récession qui ne s'est pas vraiment produite. Que se passe-t-il au juste?
Bon, écoutez, d'autres commentateurs ont dit qu'il s'agissait peut-être d'une vibrocession. Cette idée, en fait, que les faits comptent parfois moins, mais l'impression compte pour beaucoup. Vibrocession, cela signifie: oublions les faits, que ressentez-vous, qu'est-ce qui vous fait vibrer, en quelque sorte? Et c'est précisément la réalité actuelle. De plus en plus, l'impression semble compter plus que les faits. Le problème, évidemment, c'est qu'en termes de placements, les marchés financiers et les marchés des actions dépendent de bénéfices futurs, donc l'économie compte pour beaucoup. Les faits sur l'économie comptent pour beaucoup également. Conséquemment, si on voit les choses sous cet angle, je crois qu'une chose qui a un impact important sur les investisseurs, c'est que selon les faits, l'économie est très vigoureuse aux États-Unis. Peut-être même qu'elle se porte beaucoup mieux que ce qu'on ne croyait. Il y a quelques semaines, nous avons publié quelque chose qui nous a beaucoup plu, en fait. On a publié un article qui expliquait cette vibrocession, telle qu'on l'a appelée. Voici les deux problèmes. Ils se déclinent ainsi. Le premier, c'est qu'en couverture, on avait un téléphone où il n'était mis que les faits. Le problème, c'est que le téléphone, honnêtement, et les faits qu'on obtient sur le téléphone, pensons aux réseaux sociaux, poussent les investisseurs à agir parfois sur le plan financier. D'où viennent ces mauvaises impressions? Vous savez, l'économie va bien, le marché du travail aussi. Pourquoi l'impression est-elle si négative?
Oui, justement, pourquoi les impressions sont-elles si négatives?
Je pense que cela s'explique par beaucoup de choses, mais si vous regardez une chose qu'on a examinée dans l'article en question, c'est les élections à venir aux États-Unis. Évidemment, c'est une superpuissance, une superpuissance médiatique, et nous savons tous quelles sont les difficultés en matière de politique aux États-Unis, alors cette angoisse se répercute sur les placements. C'est la raison pour laquelle nous avons examiné l'indice de consommation du Michigan. Il s'agit d'une enquête faite par l'Université du Michigan depuis 1942. Tous les ans, chaque fois que l'université se penche sur les questions et les réponses, elle observe que dès 2019, quand on déployait l'enquête, le ton changeait, le ton devenait de plus en plus négatif. Ce n'est pas que la pandémie, c'est bien avant la pandémie. Au beau milieu de la pandémie, cependant, en 2022, ce qu'on observait, c'est que d'un côté vous êtes cloîtré chez vous, et d'un autre côté, vous voyez que vous obtenez des nouvelles plus tellement à la télé, plus tellement non plus dans les journaux, mais de plus en plus dans les réseaux sociaux. Évidemment, plus on est jeune, plus c'est le cas. Conséquemment, aujourd'hui, quand on regarde les résultats de cette enquête, en moyenne, le climat économique préalable à la pandémie, si on vous posait ces questions, le score était d'environ 30 à 35 points plus élevé que c'est le cas aujourd'hui. Je pense entre autres que c'est parce qu'on lit constamment de l'information sur nos téléphones, et aussi, aux États-Unis, vous connaissez sans doute James Carville, qui était le chef de campagne de la campagne de Bill Clinton, qui disait: les républicains parlent toujours des déboires de l'économie et les démocrates, eux, essaient de se faire réélire dans ce cas-là et doivent présenter leur bilan sous une lentille favorable tout en étant compatissants pour l'Américain moyen qui estimerait que l'économie ne va pas bien. Il dit: pour finir, pensez à tous les événements sociaux auxquels vous participez. Vous parlez de Donald Trump dans les cinq premières minutes, et ensuite, vous parlez des élections aux États-Unis. Je pense qu'au final, il y a d'autres choses, évidemment, mais au final, quand on examine les faits, par exemple le chômage, 3,9%, 3,8%. La croissance du PIB, 3,2%. Les marchés boursiers, vous le disiez aujourd'hui, les marchés ont un peu reculé, oui, mais le S&P 500 est à 5200! Justement, on n'a pas de patience de nos jours. Un petit repli d'un jour, c'est assez pour que l'on s'inquiète. Le S&P 500 a ajouté 13 billions de dollars en capitalisation boursière en très peu de temps. C'est une création de richesse. Conséquemment, le négativisme qui nous entoure pour le moment signifie que si vous laissez ce négativisme dicter vos décisions, vous allez conserver beaucoup de liquidités.
C'est ce qu'on observe justement, n'est-ce pas, chez les investisseurs?
Oui. Conséquemment, les investisseurs ne savent plus sur quel pied danser. Oui, ils participent un peu aux mouvements boursiers, mais quand on regarde les marchés monétaires au Canada et aux États-Unis, quand on regarde les comptes de courtage, les comptes de placements, les comptes bancaires, les liquidités que les gens conservent augmentent. Cela envoie un signal clair. La deuxième chose que j'ajouterais, c'est que le négativisme met en lumière le fait que nous avons accès à des "nouvelles," je mets nouvelles entre guillemets, mais nous avons accès à des actualités, si vous voulez, qui sont très émotives, qui ne sont pas forcément appuyées sur des faits. Cela se répercute maintenant sur les marchés financiers, alors comment contrer ce mouvement? Une chose que je trouve intéressante, dans mon emploi, c'est que je peux, par exemple, surveiller les mouvements de quatre grandes plateformes qui m'indiquent ce que pensent les gens, ce que font les gens. Juste avant de venir ici en studio, j'ai rencontré un de mes collègues et nous discutions du déterminant depuis cinq ans, qui était le meilleur facteur de prédiction du retour d'un client. On s'est dit: quel est ce facteur décisif? Quel est le facteur primordial? La répartition d'actifs, mais si vous regardez sur un mois, trois mois, vous constatez que vous avez une bonne corrélation sur un an, trois ans. Après cinq ans, c'est la répartition d'actifs qui compte le plus.
Justement, on se posait la question un peu plus tôt, pourquoi les gens sont-ils si angoissés lorsqu'on a un repli, lorsqu'on a un repli d'un jour? Il faut se rappeler que la vie est longue, n'est-ce pas?
Oui, il faut se rappeler que notre horizon temporel doit être long lorsqu'on place son argent, mais les gens qui l'entendent aujourd'hui n'y prêtent pas tellement attention. C'est un peu comme quand vos parents vous disaient de manger des légumes quand vous étiez enfant. Après un moment, vous arrêtez d'écouter. Et pour finir, vous ne mangez que de la malbouffe pendant une décennie et vous payez le prix. Il faut commencer à rallonger notre horizon temporel. Quand je présentais une communication sur les placements il y a 20 ans, je pouvais présenter des données, des faits, des idées qui remontaient à il y a un ou deux mois et c'était toujours pertinent. Maintenant, je dois presque avoir une équipe derrière moi qui met à jour en temps réel les statistiques sur les valeurs mobilières. C'est la nouvelle réalité. La deuxième chose, c'est que ça n'a pas besoin d'être un horizon très long. Je sais que nous en avons parlé vous et moi dans le passé, mais je dois insister, il faut examiner l'argent qu'on a à investir et le répartir en corbeilles. La corbeille A, c'est que plutôt que d'avoir 20% de liquidités, vous avez une corbeille qui est réservée à l'argent dont vous aurez besoin pendant l'année à venir s'il se produit une catastrophe, que ce soit par exemple un décès, la perte de votre emploi, quelque chose de vraiment fondamental. Ensuite, il faut une autre corbeille: pour les trois prochaines années, quels sont les fonds dont j'aurai besoin? Et une autre corbeille pour les cinq prochaines années. La répartition pour cette corbeille doit être davantage concentrée sur la croissance. Et ensuite, vous devez avoir une corbeille pour le très long terme, où vous n'avez pas besoin d'avoir accès à ces fonds et vous répartissez en conséquence. Je dois vous dire, si vous faites cela et que vous voyez la vie sous cette lentille, mettez votre téléphone de côté, ne suivez pas les gens sur Instagram qui vous racontent n'importe quoi, des gens qui sont acrobates un jour et experts en marchés le lendemain. Non, faites ce que je vous dis, ça fera toute la différence.
Parlons de cette récession qui ne s'est pas vraiment produite. Que se passe-t-il au juste?
Bon, écoutez, d'autres commentateurs ont dit qu'il s'agissait peut-être d'une vibrocession. Cette idée, en fait, que les faits comptent parfois moins, mais l'impression compte pour beaucoup. Vibrocession, cela signifie: oublions les faits, que ressentez-vous, qu'est-ce qui vous fait vibrer, en quelque sorte? Et c'est précisément la réalité actuelle. De plus en plus, l'impression semble compter plus que les faits. Le problème, évidemment, c'est qu'en termes de placements, les marchés financiers et les marchés des actions dépendent de bénéfices futurs, donc l'économie compte pour beaucoup. Les faits sur l'économie comptent pour beaucoup également. Conséquemment, si on voit les choses sous cet angle, je crois qu'une chose qui a un impact important sur les investisseurs, c'est que selon les faits, l'économie est très vigoureuse aux États-Unis. Peut-être même qu'elle se porte beaucoup mieux que ce qu'on ne croyait. Il y a quelques semaines, nous avons publié quelque chose qui nous a beaucoup plu, en fait. On a publié un article qui expliquait cette vibrocession, telle qu'on l'a appelée. Voici les deux problèmes. Ils se déclinent ainsi. Le premier, c'est qu'en couverture, on avait un téléphone où il n'était mis que les faits. Le problème, c'est que le téléphone, honnêtement, et les faits qu'on obtient sur le téléphone, pensons aux réseaux sociaux, poussent les investisseurs à agir parfois sur le plan financier. D'où viennent ces mauvaises impressions? Vous savez, l'économie va bien, le marché du travail aussi. Pourquoi l'impression est-elle si négative?
Oui, justement, pourquoi les impressions sont-elles si négatives?
Je pense que cela s'explique par beaucoup de choses, mais si vous regardez une chose qu'on a examinée dans l'article en question, c'est les élections à venir aux États-Unis. Évidemment, c'est une superpuissance, une superpuissance médiatique, et nous savons tous quelles sont les difficultés en matière de politique aux États-Unis, alors cette angoisse se répercute sur les placements. C'est la raison pour laquelle nous avons examiné l'indice de consommation du Michigan. Il s'agit d'une enquête faite par l'Université du Michigan depuis 1942. Tous les ans, chaque fois que l'université se penche sur les questions et les réponses, elle observe que dès 2019, quand on déployait l'enquête, le ton changeait, le ton devenait de plus en plus négatif. Ce n'est pas que la pandémie, c'est bien avant la pandémie. Au beau milieu de la pandémie, cependant, en 2022, ce qu'on observait, c'est que d'un côté vous êtes cloîtré chez vous, et d'un autre côté, vous voyez que vous obtenez des nouvelles plus tellement à la télé, plus tellement non plus dans les journaux, mais de plus en plus dans les réseaux sociaux. Évidemment, plus on est jeune, plus c'est le cas. Conséquemment, aujourd'hui, quand on regarde les résultats de cette enquête, en moyenne, le climat économique préalable à la pandémie, si on vous posait ces questions, le score était d'environ 30 à 35 points plus élevé que c'est le cas aujourd'hui. Je pense entre autres que c'est parce qu'on lit constamment de l'information sur nos téléphones, et aussi, aux États-Unis, vous connaissez sans doute James Carville, qui était le chef de campagne de la campagne de Bill Clinton, qui disait: les républicains parlent toujours des déboires de l'économie et les démocrates, eux, essaient de se faire réélire dans ce cas-là et doivent présenter leur bilan sous une lentille favorable tout en étant compatissants pour l'Américain moyen qui estimerait que l'économie ne va pas bien. Il dit: pour finir, pensez à tous les événements sociaux auxquels vous participez. Vous parlez de Donald Trump dans les cinq premières minutes, et ensuite, vous parlez des élections aux États-Unis. Je pense qu'au final, il y a d'autres choses, évidemment, mais au final, quand on examine les faits, par exemple le chômage, 3,9%, 3,8%. La croissance du PIB, 3,2%. Les marchés boursiers, vous le disiez aujourd'hui, les marchés ont un peu reculé, oui, mais le S&P 500 est à 5200! Justement, on n'a pas de patience de nos jours. Un petit repli d'un jour, c'est assez pour que l'on s'inquiète. Le S&P 500 a ajouté 13 billions de dollars en capitalisation boursière en très peu de temps. C'est une création de richesse. Conséquemment, le négativisme qui nous entoure pour le moment signifie que si vous laissez ce négativisme dicter vos décisions, vous allez conserver beaucoup de liquidités.
C'est ce qu'on observe justement, n'est-ce pas, chez les investisseurs?
Oui. Conséquemment, les investisseurs ne savent plus sur quel pied danser. Oui, ils participent un peu aux mouvements boursiers, mais quand on regarde les marchés monétaires au Canada et aux États-Unis, quand on regarde les comptes de courtage, les comptes de placements, les comptes bancaires, les liquidités que les gens conservent augmentent. Cela envoie un signal clair. La deuxième chose que j'ajouterais, c'est que le négativisme met en lumière le fait que nous avons accès à des "nouvelles," je mets nouvelles entre guillemets, mais nous avons accès à des actualités, si vous voulez, qui sont très émotives, qui ne sont pas forcément appuyées sur des faits. Cela se répercute maintenant sur les marchés financiers, alors comment contrer ce mouvement? Une chose que je trouve intéressante, dans mon emploi, c'est que je peux, par exemple, surveiller les mouvements de quatre grandes plateformes qui m'indiquent ce que pensent les gens, ce que font les gens. Juste avant de venir ici en studio, j'ai rencontré un de mes collègues et nous discutions du déterminant depuis cinq ans, qui était le meilleur facteur de prédiction du retour d'un client. On s'est dit: quel est ce facteur décisif? Quel est le facteur primordial? La répartition d'actifs, mais si vous regardez sur un mois, trois mois, vous constatez que vous avez une bonne corrélation sur un an, trois ans. Après cinq ans, c'est la répartition d'actifs qui compte le plus.
Justement, on se posait la question un peu plus tôt, pourquoi les gens sont-ils si angoissés lorsqu'on a un repli, lorsqu'on a un repli d'un jour? Il faut se rappeler que la vie est longue, n'est-ce pas?
Oui, il faut se rappeler que notre horizon temporel doit être long lorsqu'on place son argent, mais les gens qui l'entendent aujourd'hui n'y prêtent pas tellement attention. C'est un peu comme quand vos parents vous disaient de manger des légumes quand vous étiez enfant. Après un moment, vous arrêtez d'écouter. Et pour finir, vous ne mangez que de la malbouffe pendant une décennie et vous payez le prix. Il faut commencer à rallonger notre horizon temporel. Quand je présentais une communication sur les placements il y a 20 ans, je pouvais présenter des données, des faits, des idées qui remontaient à il y a un ou deux mois et c'était toujours pertinent. Maintenant, je dois presque avoir une équipe derrière moi qui met à jour en temps réel les statistiques sur les valeurs mobilières. C'est la nouvelle réalité. La deuxième chose, c'est que ça n'a pas besoin d'être un horizon très long. Je sais que nous en avons parlé vous et moi dans le passé, mais je dois insister, il faut examiner l'argent qu'on a à investir et le répartir en corbeilles. La corbeille A, c'est que plutôt que d'avoir 20% de liquidités, vous avez une corbeille qui est réservée à l'argent dont vous aurez besoin pendant l'année à venir s'il se produit une catastrophe, que ce soit par exemple un décès, la perte de votre emploi, quelque chose de vraiment fondamental. Ensuite, il faut une autre corbeille: pour les trois prochaines années, quels sont les fonds dont j'aurai besoin? Et une autre corbeille pour les cinq prochaines années. La répartition pour cette corbeille doit être davantage concentrée sur la croissance. Et ensuite, vous devez avoir une corbeille pour le très long terme, où vous n'avez pas besoin d'avoir accès à ces fonds et vous répartissez en conséquence. Je dois vous dire, si vous faites cela et que vous voyez la vie sous cette lentille, mettez votre téléphone de côté, ne suivez pas les gens sur Instagram qui vous racontent n'importe quoi, des gens qui sont acrobates un jour et experts en marchés le lendemain. Non, faites ce que je vous dis, ça fera toute la différence.