Les marchés boursiers ont essuyé plusieurs vagues de volatilité cette année. Peter Hodson, fondateur et chef de la recherche à 5i Research, affirme à Greg Bonnell que même s’il y a un certain sentiment négatif, il y a peut-être des raisons d’être plus optimiste à l’égard des marchés.
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Les marchés ont connu beaucoup de difficultés cette année. Les craintes d’une récession s’intensifient. Mais notre invité d’aujourd’hui affirme que, malgré les aspects négatifs, il ne pense pas que nous allons nous retrouver dans une situation semblable à celle de 2008. Je reçois Peter Hodson, fondateur et chef de la recherche à 5i Research, qui va nous en dire davantage. Peter, c’est un plaisir de vous avoir ici.
Merci beaucoup. C’est un plaisir d’être là.
Très bien. Donc, chaque fois qu'on traverse une période de difficultés et de turbulences, on pense aux périodes précédentes qui ont été difficiles pour nous, en tant qu’investisseurs. Vous dites qu’il ne faut pas considérer 2008 comme un exemple de la situation actuelle?
Non, je pense que s’il y a une récession, ce sera une récession normale, ce qui signifie habituellement une récession faible et courte. La récession moyenne est d’environ 11 mois en ce moment. Tout le monde est préoccupé par la situation qu’on a vécue en 2008. Et si vous étiez dans le coma pendant 20 ans et que vous vous réveilliez, vous regarderiez le marché boursier aujourd’hui, et vous vous diriez : « Oh, mon Dieu, on est vraiment en mauvaise posture, parce que le marché boursier est horrible. » Mais en 2008, je ne pouvais pas me lever le matin sans qu’une banque ferme ses portes, qu’un fabricant d’automobiles fasse faillite ou que les prix des maisons s’effondrent. Et, vous savez, le crédit s’effondrait partout. Le crédit était paralysé, les bénéfices étaient catastrophiques et les États-Unis perdaient 400 000 emplois par mois. Et maintenant, la pire chose qui se passe, c’est que votre entreprise, au lieu de croître de 20 %, elle croît de 10 %, ou 15 %. Et les investisseurs se disent : « C’est horrible, vendez tout. » 200 000 emplois sont créés chaque mois, au lieu que des emplois soient perdus. Et ce n’est qu’une de ces situations où les ventes se généraient d’elles-mêmes. On craignait les hausses de taux d’intérêt et l’inflation. Mais si on examine presque chaque cycle dans le passé, la hausse des taux d’intérêt n’est pas si grave pour le marché. Et cela s’explique par le fait que les taux d’intérêt vont de pair avec une économie forte. On a donc une économie vigoureuse et des taux d’intérêt plus élevés. C’est l’économie 101. C’est vraiment ça. Mais pour une raison quelconque, cette année, les gens sont passés en mode panique et pensent que c’est la fin du monde, mais ça n’arrivera pas. Je ne sais tout simplement pas quand ces difficultés vont prendre fin. La semaine dernière a été excellente, mais... Deux jours, ça ne suffit pas pour tracer une tendance. Mais je pense que les gens vont commencer à se détendre et à se concentrer de nouveau sur les bénéfices plutôt que sur tout le reste. L’année a été difficile pour les gestionnaires, parce que les sociétés... Les bénéfices des sociétés ne sont pas importants. Tout dépend de la Fed et de la situation macroéconomique. Mais on va revenir aux principes de base un de ces jours.
Revenir aux principes de base, cela m’amène à croire qu’on a été gâtés en tant qu’investisseurs, en tant que consommateurs, pendant longtemps, en raison du coût de financement et des coûts d’emprunt très faibles. Mais revenons à un point. Pourrait-on revenir à un point où l’on dirait simplement que c’est le prix à payer pour emprunter de l’argent? C’est normal. Et une économie peut composer avec ce type de coût.
Oui, tout à fait. Et c’est là que la situation de l’emploi est très importante. Il y a 10 millions d’emplois disponibles en Amérique du Nord en ce moment. Donc, en 2008, des gens perdaient leur emploi, ils étaient submergés par leurs paiements hypothécaires et remettaient simplement la clé à la banque; l’offre de la banque était donc excédentaire, et les prix des maisons s’effondraient. Donc, si vous avez un emploi en ce moment, vous allez continuer à payer votre prêt hypothécaire. Oui, vous aurez 1 000 $ de moins par mois si vous avez un prêt hypothécaire à taux variable. Mais emprunter de l’argent, ça coûte de l’argent. Et on a eu la vie facile, et c’est pourquoi on a connu une forte hausse. On revient à la normale, maintenant. De nombreuses sociétés dont les titres se négociaient à 50 à 60 fois les ventes, elles n’existeront plus. Il y a des sociétés qui affichent des flux de trésorerie négatifs. Il faut les surveiller. Mais il y a des sociétés qui ont beaucoup de liquidités et de flux de trésorerie élevés à des évaluations bon marché et vous n’avez qu’à acheter des actions qui vont être là dans deux ans, parce que je pense que ça va changer dans deux ans. On va revenir à la normale, et on va peut-être connaître un marché haussier un de ces jours. Personne ne s’attend à ça. Mais vous savez quoi? Ça ne va pas durer éternellement. Assurez-vous simplement que vos actions sont là quand la fête va commencer. Selon moi, il ne s’agit pas seulement d’atténuer les émotions dans une certaine mesure. Et cette année a été très chargée en émotions. Ça fait quelques années que c’est chargé en émotions, compte tenu de tout ce qui se passe dans le monde, mais c’est aussi une thèse à long terme. Et si vous vous appuyez sur cette thèse à long terme, vous vous y tenez, parce que c’est au jour le jour et qu’on peut aussi en être victime. On devient un peu émotif à propos de ce qui se passe et on se rend compte qu’on doit prendre du recul et se dire : « Un instant, pourquoi est-ce que j’ai fait ces choses-là au départ, et c’était quoi, l’objectif ultime? »
Absolument. Et puis, ce qui nous aide un peu, c’est que chaque jour, si on est propriétaire d’une entreprise rentable, elle a plus d’argent aujourd’hui qu’elle n’en avait hier. Et la plupart des sociétés exercent leurs activités 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Donc, même les fins de semaine, vous avez trois jours de plus d’argent aujourd’hui que vous en aviez vendredi. Et si le titre baisse, votre ratio risque-rendement ne cesse de s’améliorer, parce que le cours de l’action est moins élevé et que vous avez plus de liquidités. Tôt ou tard, les gens vont se rendre compte que tout va bien pour la plupart des entreprises. Bien sûr, comme toujours, certaines entreprises vont avoir des problèmes, mais, comme toujours, certaines vont tout simplement afficher un excellent rendement. Et c’est ce qu’on recherche.
À court et à moyen terme, évidemment, on peut résoudre la situation, comme vous l’avez dit, et il y a probablement beaucoup plus de volatilité qui s’en vient. Même ce dont j’ai parlé pendant une bonne partie de la fin de semaine... on a entendu M. Waller parler de la politique de la Fed, et la vice-présidente Brainard s’est exprimée aujourd’hui. Et on est encore en train de lire des feuilles de thé, si on peut dire. Ça semble être une situation où on tente de lire ces feuilles de thé et d’attendre chaque rapport sur l’inflation et chaque rapport sur l’emploi, pour voir s’il pourrait encore y avoir de vives fluctuations à l’avenir.
Tout à fait. Pour l’instant, on ne profite pas encore pleinement de vents favorables. Mais si je reviens en arrière, peut-être au cours de la dernière décennie, quand j’étais gestionnaire de portefeuille, je ne me rappelle pas avoir observé l’inflation pendant 15 ans. Je ne m’en souciais pas. Personne ne s’en souciait. Les gens se souciaient des emplois et des bénéfices des sociétés. Maintenant, on a une nouvelle source de préoccupation. Mais à mesure que cette tendance se résorbe, à moins que beaucoup de gens se disent : « Oh, on va se retrouver dans un scénario d’inflation astronomique, comme au Venezuela. » Si vous adhérez à cette idée, alors vous ne devriez rien détenir, bien sûr. Mais je pense qu’on va revenir à une situation normale. Peut-être qu’il n’y aura pas d’inflation à 9 %, ça va peut-être atteindre 5 ou 6 %, les taux augmentent, l’économie ralentit et tout le monde s’ajuste à ça. Il y aura certainement des jours volatils à venir, mais, historiquement, il faut être là les bons jours. Il fallait être là jeudi dernier. Il faut être là pour obtenir un rendement à long terme. Si vous passez à côté des 20 meilleurs jours du marché en 10 ans, vous perdez presque de l’argent. Il faut être présent ces jours-là.
On a un auditoire engagé qui écoute notre conversation, et quelqu’un envoie une question. Je vais attendre la question. Je pense que c’est lié à ce dont on parle. Voici ce que nous dit un auditeur : « D’accord, vous parlez d’une économie solide, mais j’ai l’impression qu’il y a une inflation naturelle, que la pandémie mondiale a en quelque sorte changé les règles. Les règles normales ont-elles disparu, compte tenu de ce que nous vivons depuis le printemps 2020? »
Eh bien, on parle beaucoup de la façon dont la mondialisation va s’estomper en raison de ce qui est arrivé aux chaînes d’approvisionnement. Et cela pourrait entraîner des pressions inflationnistes supplémentaires, étant donné que tout le monde y est pour quelque chose. Il y avait assurément une pénurie de main-d’œuvre quand tout le monde était malade, il y avait des problèmes de production, il y avait des usines de semi-conducteurs qui fermaient leurs portes. Alors oui, il y a eu des répercussions à court terme. Et la question est la suivante : alors que le monde revient à la normale, comment est-ce que ça change? Et c’est peut-être ce que la Fed et les banques centrales ne font pas correctement. Elles tentent de freiner la demande, tandis que dans la réalité, il faut augmenter l’offre, encore une fois, c’est l’économie de base 101. Tant qu’il y a un problème d’offre, les prix subissent des pressions. Mais, encore une fois, l’appât du gain est une excellente solution, car les entreprises vont le comprendre. Elles vont augmenter leur capacité intérieure et les prix vont diminuer, à mesure que la demande va augmenter, parce qu’elles ne veulent pas que le problème de la mondialisation entraîne des problèmes, comme ça a été le cas lors de la pandémie et de la guerre. Il y va donc y avoir beaucoup de changements, mais ça ne signifie pas nécessairement que les choses vont aller mal. Vous savez, lorsqu’une société augmente sa production pour répondre à la demande, elle se porte assez bien. Puis, naturellement, les prix se stabilisent.
Si une légère récession, qui semble faire partie des prévisions de la plupart des gens, se transforme en une profonde récession, combien de temps faudra-t-il encore avant que la thèse de retour à la normale dans le monde se réalise? Que l’économie revienne à la normale?
Oui. Je crois que c’est une situation où plus la récession est profonde, plus vite elle va changer; plus la récession est profonde, plus il y aura un problème de déflation plutôt qu’un problème d’inflation. Mais du point de vue du marché boursier, je pense que les investisseurs s’attendent à ce que la récession ne soit pas si grave. C’est difficile à dire, parce que le marché a été tellement mauvais dans certains domaines. Mais je pense que le thème commun est le suivant : l’inflation sera maîtrisée. Tôt ou tard, les taux vont atteindre un sommet et les bénéfices des sociétés vont diminuer, mais pas tant que ça. Et c’est la grande variable. À l’heure actuelle, la plupart des analystes s’attendent à ce que les bénéfices augmentent l’an prochain, sur 12 mois. Ça pourrait changer. Et ça pourrait être une année de volatilité boursière. Mais, comme vous le savez, le marché est tourné vers l’avenir. Peut-être que si c’est dans un an, il va dire en quelque sorte qu’il est temps d’acheter dans six mois. On pourrait avoir six mois de difficultés de plus, peut-être neuf mois, si les choses se corsent vraiment. Mais, encore une fois, si vous êtes un investisseur à long terme, ce que vous devriez être, neuf mois, ce n’est rien du tout. Ce serait plus cinq ans, dix ans. Et tout ça va n’être qu’une petite anomalie dont on va parler plus tard. Et je suis vraiment convaincu que dans cinq ans, beaucoup d’investisseurs vont se dire : « Wow, ce titre-là était bon marché. » Et, vous savez, ils vont aussi se dire : « Pourquoi je n’en ai pas acheté plus à ce moment-là? » Mais c’est difficile de combattre cette émotion-là et de combattre la tendance. Et le mouvement négatif, vous savez, continue de s’alimenter de lui-même. Il faut donc se sortir de là.
Les marchés ont connu beaucoup de difficultés cette année. Les craintes d’une récession s’intensifient. Mais notre invité d’aujourd’hui affirme que, malgré les aspects négatifs, il ne pense pas que nous allons nous retrouver dans une situation semblable à celle de 2008. Je reçois Peter Hodson, fondateur et chef de la recherche à 5i Research, qui va nous en dire davantage. Peter, c’est un plaisir de vous avoir ici.
Merci beaucoup. C’est un plaisir d’être là.
Très bien. Donc, chaque fois qu'on traverse une période de difficultés et de turbulences, on pense aux périodes précédentes qui ont été difficiles pour nous, en tant qu’investisseurs. Vous dites qu’il ne faut pas considérer 2008 comme un exemple de la situation actuelle?
Non, je pense que s’il y a une récession, ce sera une récession normale, ce qui signifie habituellement une récession faible et courte. La récession moyenne est d’environ 11 mois en ce moment. Tout le monde est préoccupé par la situation qu’on a vécue en 2008. Et si vous étiez dans le coma pendant 20 ans et que vous vous réveilliez, vous regarderiez le marché boursier aujourd’hui, et vous vous diriez : « Oh, mon Dieu, on est vraiment en mauvaise posture, parce que le marché boursier est horrible. » Mais en 2008, je ne pouvais pas me lever le matin sans qu’une banque ferme ses portes, qu’un fabricant d’automobiles fasse faillite ou que les prix des maisons s’effondrent. Et, vous savez, le crédit s’effondrait partout. Le crédit était paralysé, les bénéfices étaient catastrophiques et les États-Unis perdaient 400 000 emplois par mois. Et maintenant, la pire chose qui se passe, c’est que votre entreprise, au lieu de croître de 20 %, elle croît de 10 %, ou 15 %. Et les investisseurs se disent : « C’est horrible, vendez tout. » 200 000 emplois sont créés chaque mois, au lieu que des emplois soient perdus. Et ce n’est qu’une de ces situations où les ventes se généraient d’elles-mêmes. On craignait les hausses de taux d’intérêt et l’inflation. Mais si on examine presque chaque cycle dans le passé, la hausse des taux d’intérêt n’est pas si grave pour le marché. Et cela s’explique par le fait que les taux d’intérêt vont de pair avec une économie forte. On a donc une économie vigoureuse et des taux d’intérêt plus élevés. C’est l’économie 101. C’est vraiment ça. Mais pour une raison quelconque, cette année, les gens sont passés en mode panique et pensent que c’est la fin du monde, mais ça n’arrivera pas. Je ne sais tout simplement pas quand ces difficultés vont prendre fin. La semaine dernière a été excellente, mais... Deux jours, ça ne suffit pas pour tracer une tendance. Mais je pense que les gens vont commencer à se détendre et à se concentrer de nouveau sur les bénéfices plutôt que sur tout le reste. L’année a été difficile pour les gestionnaires, parce que les sociétés... Les bénéfices des sociétés ne sont pas importants. Tout dépend de la Fed et de la situation macroéconomique. Mais on va revenir aux principes de base un de ces jours.
Revenir aux principes de base, cela m’amène à croire qu’on a été gâtés en tant qu’investisseurs, en tant que consommateurs, pendant longtemps, en raison du coût de financement et des coûts d’emprunt très faibles. Mais revenons à un point. Pourrait-on revenir à un point où l’on dirait simplement que c’est le prix à payer pour emprunter de l’argent? C’est normal. Et une économie peut composer avec ce type de coût.
Oui, tout à fait. Et c’est là que la situation de l’emploi est très importante. Il y a 10 millions d’emplois disponibles en Amérique du Nord en ce moment. Donc, en 2008, des gens perdaient leur emploi, ils étaient submergés par leurs paiements hypothécaires et remettaient simplement la clé à la banque; l’offre de la banque était donc excédentaire, et les prix des maisons s’effondraient. Donc, si vous avez un emploi en ce moment, vous allez continuer à payer votre prêt hypothécaire. Oui, vous aurez 1 000 $ de moins par mois si vous avez un prêt hypothécaire à taux variable. Mais emprunter de l’argent, ça coûte de l’argent. Et on a eu la vie facile, et c’est pourquoi on a connu une forte hausse. On revient à la normale, maintenant. De nombreuses sociétés dont les titres se négociaient à 50 à 60 fois les ventes, elles n’existeront plus. Il y a des sociétés qui affichent des flux de trésorerie négatifs. Il faut les surveiller. Mais il y a des sociétés qui ont beaucoup de liquidités et de flux de trésorerie élevés à des évaluations bon marché et vous n’avez qu’à acheter des actions qui vont être là dans deux ans, parce que je pense que ça va changer dans deux ans. On va revenir à la normale, et on va peut-être connaître un marché haussier un de ces jours. Personne ne s’attend à ça. Mais vous savez quoi? Ça ne va pas durer éternellement. Assurez-vous simplement que vos actions sont là quand la fête va commencer. Selon moi, il ne s’agit pas seulement d’atténuer les émotions dans une certaine mesure. Et cette année a été très chargée en émotions. Ça fait quelques années que c’est chargé en émotions, compte tenu de tout ce qui se passe dans le monde, mais c’est aussi une thèse à long terme. Et si vous vous appuyez sur cette thèse à long terme, vous vous y tenez, parce que c’est au jour le jour et qu’on peut aussi en être victime. On devient un peu émotif à propos de ce qui se passe et on se rend compte qu’on doit prendre du recul et se dire : « Un instant, pourquoi est-ce que j’ai fait ces choses-là au départ, et c’était quoi, l’objectif ultime? »
Absolument. Et puis, ce qui nous aide un peu, c’est que chaque jour, si on est propriétaire d’une entreprise rentable, elle a plus d’argent aujourd’hui qu’elle n’en avait hier. Et la plupart des sociétés exercent leurs activités 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Donc, même les fins de semaine, vous avez trois jours de plus d’argent aujourd’hui que vous en aviez vendredi. Et si le titre baisse, votre ratio risque-rendement ne cesse de s’améliorer, parce que le cours de l’action est moins élevé et que vous avez plus de liquidités. Tôt ou tard, les gens vont se rendre compte que tout va bien pour la plupart des entreprises. Bien sûr, comme toujours, certaines entreprises vont avoir des problèmes, mais, comme toujours, certaines vont tout simplement afficher un excellent rendement. Et c’est ce qu’on recherche.
À court et à moyen terme, évidemment, on peut résoudre la situation, comme vous l’avez dit, et il y a probablement beaucoup plus de volatilité qui s’en vient. Même ce dont j’ai parlé pendant une bonne partie de la fin de semaine... on a entendu M. Waller parler de la politique de la Fed, et la vice-présidente Brainard s’est exprimée aujourd’hui. Et on est encore en train de lire des feuilles de thé, si on peut dire. Ça semble être une situation où on tente de lire ces feuilles de thé et d’attendre chaque rapport sur l’inflation et chaque rapport sur l’emploi, pour voir s’il pourrait encore y avoir de vives fluctuations à l’avenir.
Tout à fait. Pour l’instant, on ne profite pas encore pleinement de vents favorables. Mais si je reviens en arrière, peut-être au cours de la dernière décennie, quand j’étais gestionnaire de portefeuille, je ne me rappelle pas avoir observé l’inflation pendant 15 ans. Je ne m’en souciais pas. Personne ne s’en souciait. Les gens se souciaient des emplois et des bénéfices des sociétés. Maintenant, on a une nouvelle source de préoccupation. Mais à mesure que cette tendance se résorbe, à moins que beaucoup de gens se disent : « Oh, on va se retrouver dans un scénario d’inflation astronomique, comme au Venezuela. » Si vous adhérez à cette idée, alors vous ne devriez rien détenir, bien sûr. Mais je pense qu’on va revenir à une situation normale. Peut-être qu’il n’y aura pas d’inflation à 9 %, ça va peut-être atteindre 5 ou 6 %, les taux augmentent, l’économie ralentit et tout le monde s’ajuste à ça. Il y aura certainement des jours volatils à venir, mais, historiquement, il faut être là les bons jours. Il fallait être là jeudi dernier. Il faut être là pour obtenir un rendement à long terme. Si vous passez à côté des 20 meilleurs jours du marché en 10 ans, vous perdez presque de l’argent. Il faut être présent ces jours-là.
On a un auditoire engagé qui écoute notre conversation, et quelqu’un envoie une question. Je vais attendre la question. Je pense que c’est lié à ce dont on parle. Voici ce que nous dit un auditeur : « D’accord, vous parlez d’une économie solide, mais j’ai l’impression qu’il y a une inflation naturelle, que la pandémie mondiale a en quelque sorte changé les règles. Les règles normales ont-elles disparu, compte tenu de ce que nous vivons depuis le printemps 2020? »
Eh bien, on parle beaucoup de la façon dont la mondialisation va s’estomper en raison de ce qui est arrivé aux chaînes d’approvisionnement. Et cela pourrait entraîner des pressions inflationnistes supplémentaires, étant donné que tout le monde y est pour quelque chose. Il y avait assurément une pénurie de main-d’œuvre quand tout le monde était malade, il y avait des problèmes de production, il y avait des usines de semi-conducteurs qui fermaient leurs portes. Alors oui, il y a eu des répercussions à court terme. Et la question est la suivante : alors que le monde revient à la normale, comment est-ce que ça change? Et c’est peut-être ce que la Fed et les banques centrales ne font pas correctement. Elles tentent de freiner la demande, tandis que dans la réalité, il faut augmenter l’offre, encore une fois, c’est l’économie de base 101. Tant qu’il y a un problème d’offre, les prix subissent des pressions. Mais, encore une fois, l’appât du gain est une excellente solution, car les entreprises vont le comprendre. Elles vont augmenter leur capacité intérieure et les prix vont diminuer, à mesure que la demande va augmenter, parce qu’elles ne veulent pas que le problème de la mondialisation entraîne des problèmes, comme ça a été le cas lors de la pandémie et de la guerre. Il y va donc y avoir beaucoup de changements, mais ça ne signifie pas nécessairement que les choses vont aller mal. Vous savez, lorsqu’une société augmente sa production pour répondre à la demande, elle se porte assez bien. Puis, naturellement, les prix se stabilisent.
Si une légère récession, qui semble faire partie des prévisions de la plupart des gens, se transforme en une profonde récession, combien de temps faudra-t-il encore avant que la thèse de retour à la normale dans le monde se réalise? Que l’économie revienne à la normale?
Oui. Je crois que c’est une situation où plus la récession est profonde, plus vite elle va changer; plus la récession est profonde, plus il y aura un problème de déflation plutôt qu’un problème d’inflation. Mais du point de vue du marché boursier, je pense que les investisseurs s’attendent à ce que la récession ne soit pas si grave. C’est difficile à dire, parce que le marché a été tellement mauvais dans certains domaines. Mais je pense que le thème commun est le suivant : l’inflation sera maîtrisée. Tôt ou tard, les taux vont atteindre un sommet et les bénéfices des sociétés vont diminuer, mais pas tant que ça. Et c’est la grande variable. À l’heure actuelle, la plupart des analystes s’attendent à ce que les bénéfices augmentent l’an prochain, sur 12 mois. Ça pourrait changer. Et ça pourrait être une année de volatilité boursière. Mais, comme vous le savez, le marché est tourné vers l’avenir. Peut-être que si c’est dans un an, il va dire en quelque sorte qu’il est temps d’acheter dans six mois. On pourrait avoir six mois de difficultés de plus, peut-être neuf mois, si les choses se corsent vraiment. Mais, encore une fois, si vous êtes un investisseur à long terme, ce que vous devriez être, neuf mois, ce n’est rien du tout. Ce serait plus cinq ans, dix ans. Et tout ça va n’être qu’une petite anomalie dont on va parler plus tard. Et je suis vraiment convaincu que dans cinq ans, beaucoup d’investisseurs vont se dire : « Wow, ce titre-là était bon marché. » Et, vous savez, ils vont aussi se dire : « Pourquoi je n’en ai pas acheté plus à ce moment-là? » Mais c’est difficile de combattre cette émotion-là et de combattre la tendance. Et le mouvement négatif, vous savez, continue de s’alimenter de lui-même. Il faut donc se sortir de là.