La Réserve fédérale américaine a indiqué qu’une baisse des taux d’intérêt pourrait ne pas arriver aussi tôt que certains l’avaient prévu. Sam Chai, vice-président, Gestion active des portefeuilles de titres à revenu fixe, Gestion de Placements TD discute du moment possible d’une baisse des taux par la Fed et des conséquences pour les titres à revenu fixe avec Greg Bonnell de MoneyTalk.
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Les marchés assimilent la dernière décision de la Fed sur les taux d'intérêt. Le président Powell ayant laissé entendre que les baisses de taux pourraient ne pas être aussi rapides que les investisseurs l'auraient pensé. Sam Chai de gestion de placements TD nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Sam.
Bonjour, Greg.
La décision était intéressante. Le fait qu'il n'y ait pas eu de décision, c'était prévu, mais les tiraillements entre ce que les marchés attendent de la Fed et des banques centrales cette année et ce que les banques centrales nous disent qu'elles vont faire. Passez cela en revue pour nous si vous le voulez bien. Qu'est-ce que Jerome Powell a dit qui a autant inquiété les marchés?
Bien sûr. La décision de la Fed hier... Tout d'abord la Fed a maintenu les taux d'intérêt inchangés en maintenant une cible de 5,25 et 5,5%, ce qui est conforme aux attentes des marchés. Ce qui est plus notable, la Fed a modifié ses orientations futures qui sont désormais neutres et non pas ouvertement biaisées en faveur des hausses. La Fed a également ajouté à sa déclaration une phrase prévoyant qu'elle ne pense pas nécessairement pouvoir réduire les taux d'intérêt avant d'avoir davantage confiance que l'inflation se rapproche considérablement de sa cible de 2%. Globalement, la déclaration de la banque est conforme aux attentes des marchés quand on considère la situation macro-économique américaine. Depuis quelques semaines, le marché du travail se porte bien, les données sur l'activité sont plus résilientes que prévu. L'inflation en revanche a diminué plus que prévu. Les indices des dépenses de consommation personnelle, l'indice préféré de la Fed, l'indice sur six mois est en deçà de 2%. La Fed a donc six mois de données probantes sur l'inflation, mais elle veut en avoir davantage.
La Fed a ramené son orientation future d'un biais en faveur des hausses à la neutralité afin de jeter les bases de coupures futures dans l'avenir. Les marchés boursiers ont semblé encaisser ce message que Jerome Powell fait passer depuis toujours. Laissons l'inflation revenir à 2%. Les marchés boursiers ont dégringolé, le marché obligataire s'est maintenu et les obligations semblent remonter à l'heure actuelle. Est-ce que les marchés boursiers se sont un peu emballés dans les pronostics quant aux décisions de la Fed?
Justement, la différence entre les deux marchés est intéressante. Sur le marché des taux, après la parution de la déclaration, le taux aux États-Unis a augmenté de quelques points de base momentanément. Les marchés ont interprété cette décision comme étant plutôt favorable. Mais après la conférence de presse, il y a eu pas mal de volatilité sur les taux à un jour pendant la conférence de presse. Mais après la conférence de presse, les taux d'intérêts américains ont remonté notablement d'ici la fin de la journée, donc 10 points de base de moins sur les taux à 10 ans pour les obligations des États-Unis, ce qui est positif pour le marché obligataire. Pour le marché boursier, l'on prévoyait peut-être des coupures de taux plus imminentes. Puisque cela ne semble pas à escompter à court terme, cela a engendré une baisse d'environ 1% de l'indice S&P 500 depuis le début jusqu'à la fin de la conférence de presse.
Nous avons eu un peu de temps pour réfléchir, les marchés se sont calmés, ont assimilé ce qu'a déclaré Jerome Powell et ce que cela pourrait signifier pour l'avenir. Qu'en est-il à présent des coupures de taux? À un moment donné, le mois de mars semblait être possible. Ce n'est plus le cas, je crois.
Fort heureusement, Jerome Powell a donné de bonnes orientations sur ce point particulier. Je dirais d'abord que la Fed a franchi un pas important en transformant son orientation future des biais en faveur des hausses à la neutralité. Cela a jeté les bases de coupures de taux ultérieurement. Toutes les réunions futures sont susceptibles d'engendrer des baisses de taux. Mon scénario de base, je prévoirais qu'une baisse de taux se concrétise au deuxième trimestre de cette année. Après l'orientation donnée par Powell sur la probabilité d'une réduction à la réunion de mars les marchés envisagent une probabilité de 30% d'une coupure au mois de mars, je pense qu'il s'agit d'une évaluation raisonnable. Quant à la possibilité que les premières coupures interviennent au deuxième trimestre, cela serait conditionné par la publication de nouvelles données positives sur l'inflation. Il existe un risque, naturellement. D'une part... les données de l'indice de la consommation personnelle ont été très positives depuis quelques mois. Peut-être y aura-t-il un dernier sursaut, un blocage juste avant l'arrivée. La Fed sera peut-être obligée donc de retarder les coupures jusqu'au deuxième semestre. En revanche les progrès dans la lutte contre l'inflation pourraient s'accélérer ou le marché du travail pourrait se détériorer un peu plus rapidement que prévu. Si cela se réalise, la Fed devra réduire davantage et plus vite. Il y aura donc beaucoup d'importance qui sera attachée aux statistiques.
Alors qu'est-ce que ça signifie pour le marché obligataire en 2024? Comment devrions-nous songer à ce secteur?
Je dirais qu'il y a deux volets. Tout d'abord, à l'extrémité à court terme de la courbe des taux d'intérêt, les marchés prévoient que la première coupure de taux interviendra au deuxième trimestre. Mais combien de coupures? Les marchés prévoient que la Fed en réalisera cette année presque six. Selon mon point de vue macro-économique global, je pense que c'est légèrement excessif. Même si je reconnais que le risque dans mon scénario macro-économique est légèrement à la baisse. Lorsque le marché du travail atteint un point de bascule, et que le chômage commencera à augmenter, cela pourrait arriver beaucoup plus rapidement que prévu et le taux de chômage pourrait augmenter plus que prévu, ce qui n'est pas rare, cela s'est vu dans les cycles précédents. Si ce scénario se réalise, la Fed devra réduire les taux davantage et plus tôt, le nombre total de taux cette année sera nettement au-delà des six que le marché escompte. Et cela engendrerait une remontée des obligations, s'il y a une réduction notable du taux des fonds de la Fed, on surveille et on attend. Si on songe à l'extrémité à plus long terme de la courbe de taux d'intérêt, le marché des swaps d'indices à un jour, le taux moyen à long terme prévu sur ce marché est d'environ 3,5%, ce qui est nettement plus élevé que le taux neutre à long terme que la Fed pronostique qui est de 2,5%. Il semble y avoir une marge pour que le taux à long terme diminue, ce qui va contribuer positivement aux bons du trésor américain à long terme. En outre, la prime de ses obligations est actuellement relativement élevée par rapport à ce qu'elle a été depuis quelques années. Nous pensons qu'il s'agit d'un facteur positif qui va contribuer à des rendements supérieurs aux prévisions.
Bonjour, Greg.
La décision était intéressante. Le fait qu'il n'y ait pas eu de décision, c'était prévu, mais les tiraillements entre ce que les marchés attendent de la Fed et des banques centrales cette année et ce que les banques centrales nous disent qu'elles vont faire. Passez cela en revue pour nous si vous le voulez bien. Qu'est-ce que Jerome Powell a dit qui a autant inquiété les marchés?
Bien sûr. La décision de la Fed hier... Tout d'abord la Fed a maintenu les taux d'intérêt inchangés en maintenant une cible de 5,25 et 5,5%, ce qui est conforme aux attentes des marchés. Ce qui est plus notable, la Fed a modifié ses orientations futures qui sont désormais neutres et non pas ouvertement biaisées en faveur des hausses. La Fed a également ajouté à sa déclaration une phrase prévoyant qu'elle ne pense pas nécessairement pouvoir réduire les taux d'intérêt avant d'avoir davantage confiance que l'inflation se rapproche considérablement de sa cible de 2%. Globalement, la déclaration de la banque est conforme aux attentes des marchés quand on considère la situation macro-économique américaine. Depuis quelques semaines, le marché du travail se porte bien, les données sur l'activité sont plus résilientes que prévu. L'inflation en revanche a diminué plus que prévu. Les indices des dépenses de consommation personnelle, l'indice préféré de la Fed, l'indice sur six mois est en deçà de 2%. La Fed a donc six mois de données probantes sur l'inflation, mais elle veut en avoir davantage.
La Fed a ramené son orientation future d'un biais en faveur des hausses à la neutralité afin de jeter les bases de coupures futures dans l'avenir. Les marchés boursiers ont semblé encaisser ce message que Jerome Powell fait passer depuis toujours. Laissons l'inflation revenir à 2%. Les marchés boursiers ont dégringolé, le marché obligataire s'est maintenu et les obligations semblent remonter à l'heure actuelle. Est-ce que les marchés boursiers se sont un peu emballés dans les pronostics quant aux décisions de la Fed?
Justement, la différence entre les deux marchés est intéressante. Sur le marché des taux, après la parution de la déclaration, le taux aux États-Unis a augmenté de quelques points de base momentanément. Les marchés ont interprété cette décision comme étant plutôt favorable. Mais après la conférence de presse, il y a eu pas mal de volatilité sur les taux à un jour pendant la conférence de presse. Mais après la conférence de presse, les taux d'intérêts américains ont remonté notablement d'ici la fin de la journée, donc 10 points de base de moins sur les taux à 10 ans pour les obligations des États-Unis, ce qui est positif pour le marché obligataire. Pour le marché boursier, l'on prévoyait peut-être des coupures de taux plus imminentes. Puisque cela ne semble pas à escompter à court terme, cela a engendré une baisse d'environ 1% de l'indice S&P 500 depuis le début jusqu'à la fin de la conférence de presse.
Nous avons eu un peu de temps pour réfléchir, les marchés se sont calmés, ont assimilé ce qu'a déclaré Jerome Powell et ce que cela pourrait signifier pour l'avenir. Qu'en est-il à présent des coupures de taux? À un moment donné, le mois de mars semblait être possible. Ce n'est plus le cas, je crois.
Fort heureusement, Jerome Powell a donné de bonnes orientations sur ce point particulier. Je dirais d'abord que la Fed a franchi un pas important en transformant son orientation future des biais en faveur des hausses à la neutralité. Cela a jeté les bases de coupures de taux ultérieurement. Toutes les réunions futures sont susceptibles d'engendrer des baisses de taux. Mon scénario de base, je prévoirais qu'une baisse de taux se concrétise au deuxième trimestre de cette année. Après l'orientation donnée par Powell sur la probabilité d'une réduction à la réunion de mars les marchés envisagent une probabilité de 30% d'une coupure au mois de mars, je pense qu'il s'agit d'une évaluation raisonnable. Quant à la possibilité que les premières coupures interviennent au deuxième trimestre, cela serait conditionné par la publication de nouvelles données positives sur l'inflation. Il existe un risque, naturellement. D'une part... les données de l'indice de la consommation personnelle ont été très positives depuis quelques mois. Peut-être y aura-t-il un dernier sursaut, un blocage juste avant l'arrivée. La Fed sera peut-être obligée donc de retarder les coupures jusqu'au deuxième semestre. En revanche les progrès dans la lutte contre l'inflation pourraient s'accélérer ou le marché du travail pourrait se détériorer un peu plus rapidement que prévu. Si cela se réalise, la Fed devra réduire davantage et plus vite. Il y aura donc beaucoup d'importance qui sera attachée aux statistiques.
Alors qu'est-ce que ça signifie pour le marché obligataire en 2024? Comment devrions-nous songer à ce secteur?
Je dirais qu'il y a deux volets. Tout d'abord, à l'extrémité à court terme de la courbe des taux d'intérêt, les marchés prévoient que la première coupure de taux interviendra au deuxième trimestre. Mais combien de coupures? Les marchés prévoient que la Fed en réalisera cette année presque six. Selon mon point de vue macro-économique global, je pense que c'est légèrement excessif. Même si je reconnais que le risque dans mon scénario macro-économique est légèrement à la baisse. Lorsque le marché du travail atteint un point de bascule, et que le chômage commencera à augmenter, cela pourrait arriver beaucoup plus rapidement que prévu et le taux de chômage pourrait augmenter plus que prévu, ce qui n'est pas rare, cela s'est vu dans les cycles précédents. Si ce scénario se réalise, la Fed devra réduire les taux davantage et plus tôt, le nombre total de taux cette année sera nettement au-delà des six que le marché escompte. Et cela engendrerait une remontée des obligations, s'il y a une réduction notable du taux des fonds de la Fed, on surveille et on attend. Si on songe à l'extrémité à plus long terme de la courbe de taux d'intérêt, le marché des swaps d'indices à un jour, le taux moyen à long terme prévu sur ce marché est d'environ 3,5%, ce qui est nettement plus élevé que le taux neutre à long terme que la Fed pronostique qui est de 2,5%. Il semble y avoir une marge pour que le taux à long terme diminue, ce qui va contribuer positivement aux bons du trésor américain à long terme. En outre, la prime de ses obligations est actuellement relativement élevée par rapport à ce qu'elle a été depuis quelques années. Nous pensons qu'il s'agit d'un facteur positif qui va contribuer à des rendements supérieurs aux prévisions.