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À l’échelle mondiale, les produits de base continuent d’être sujets à une volatilité accrue dans un contexte de resserrement de l’offre et de potentiel ralentissement économique. Jennifer Nowski, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, discute de la situation sur les marchés de l’énergie, du cuivre et de l’or.
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[LOGO AUDIO] Alors que les investisseurs évaluent le risque d’une récession, le marché des produits de base a été en quelque sorte un bras de fer entre les inquiétudes suscitées par le ralentissement et les préoccupations à l’égard de la croissance par rapport à l’offre restreinte de pétrole et de métaux. J’accueille maintenant Jennifer Nowski, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD. Jennifer, c’est un plaisir de vous avoir avec nous aujourd’hui. Bienvenue. Merci. Eh bien, entrons maintenant dans le vif du sujet. Parlons du thème qui nous préoccupe. On parle d’une offre restreinte et d’un équilibre en raison des préoccupations liées à la croissance. Que voyez-vous de ce côté-là? En général, sur le plan physique, les marchés des produits de base restent généralement très équilibrés. En ce qui concerne l’offre, il y a eu des années de sous-investissement, de sorte que la croissance de l’offre à court terme est très limitée dans de nombreux secteurs. Les exportations de la Russie demeurent une source de risques et d’incertitudes. Les stocks sont très faibles. Plus récemment, en raison des prix très élevés de l’électricité et du gaz naturel, une partie de la production a été mise hors service. L’offre était certainement au centre des préoccupations au début de l’année. Et c’est une des raisons pour lesquelles de nombreux produits de base ont commencé à atteindre des sommets qu’on n’avait pas vus depuis près de dix ans. Pour revenir à ce que vous disiez, les prix ont un peu reculé. Cela s’explique en partie par les préoccupations croissantes à l’égard de la demande et le ralentissement de la croissance macroéconomique. Il y a donc beaucoup d’inquiétudes à cet égard-là. Bien sûr, l’inflation a aussi été un thème important pour les investisseurs depuis le début de l’année. Qu’est-ce que cela signifie pour les entreprises du secteur des produits de base? L’inflation élevée est attribuable en partie à la vigueur des prix des produits de base. C’est bon pour le revenu des producteurs. Toutefois, comme tout le monde, ils ressentent les répercussions que cela a sur leur prix de base. Au cours des derniers trimestres, les frais d’exploitation des producteurs ont commencé à augmenter. La hausse des prix des produits de base se traduit également par des paiements de redevance plus élevés, des impôts potentiellement plus élevés et une demande accrue de redevances. Les dépenses en immobilisations ont aussi été victimes de l’inflation, et ont également subi un impact. Mais si on prend du recul et qu’on examine de façon plus générale les paramètres fondamentaux des producteurs, ils sont dans une très bonne situation financière en ce moment. Les producteurs ont donc passé les dernières années, lorsque les prix des produits de base étaient à la baisse... ils ont vraiment réduit leurs dépenses, ils ont réduit leurs dépenses en immobilisations, ils ont été beaucoup plus rigoureux à l’égard des fusions et acquisitions. Et, ce qui est important, c’est qu’ils se sont désendettés et qu’ils sont maintenant en excellente santé financière. L’endettement est très faible. Et aux prix actuels, les rendements des flux de trésorerie disponibles sont très élevés. Donc cela varie d’une entreprise à l’autre, mais parmi les producteurs d’énergie, on peut voir des rendements des flux de trésorerie disponibles se situant dans une fourchette de 20 % aux prix actuels. Les titres de diverses sociétés minières afficheraient également des rendements à deux chiffres. Bien sûr, le risque auquel sont exposées ces données sur les flux de trésorerie disponibles, c’est la baisse des prix ou la hausse des dépenses en immobilisations. Très bien. Vous avez mentionné le secteur du pétrole et du gaz. Je sais que le secteur des produits de base est vaste. Vous surveillez beaucoup de produits. Parlons de certains des produits de base que vous surveillez. Et parlons de ce qui se passe avec le pétrole, parce que c’est un parcours cahoteux d’un jour à l’autre. Oui. Le marché du pétrole est donc assez bien équilibré. La volatilité des prix observée ces derniers mois s’explique en partie par la préoccupation croissante à l’égard de la demande et de l’affaiblissement de la croissance économique. Toutefois, l’offre est assez limitée. Donc, si on examine la capacité de réserve efficace de l’OPEP, ce qu’elle peut facilement mettre en marché, elle se tient à de faibles niveaux. Les États-Unis ont augmenté leur production. À ce jour, la demande a été suffisamment robuste pour l’absorber. Mais il y a aussi des perturbations ailleurs. Il y en a en Libye, en raison d’événements géopolitiques, et aussi en Russie. À l’approche de la fin de l’année, on s’attend à ce que l’UE réduise ses importations de pétrole russe, et il reste à voir si la Russie peut continuer à écouler la quantité de barils qu’elle place sur le marché. L’une des plus grandes préoccupations à court terme a été la reprise des négociations avec l’Iran. On ne sait toujours pas exactement quelle sera l’issue de cette situation. Toutefois, certains signes indiquent que l’OPEP serait prête à ajuster sa production pour remettre les barils iraniens sur le marché. Ce qui est fascinant à propos des produits de base, c’est qu’ils peuvent nous en dire tellement sur la géopolitique. Ils peuvent en dire long sur les perspectives et les craintes d’un ralentissement économique. On a donc parlé du ralentissement de la croissance et des craintes à cet égard-là. Qu’est-ce que ça signifie pour le cuivre? Le cuivre est un produit de base qui est utilisé dans de nombreuses applications industrielles et manufacturières et infrastructures de transport d’électricité. Parce que son utilisation est très élargie, il est considéré comme un indicateur de la croissance économique mondiale, d’où le nom qu’on lui donne parfois, Docteur Cuivre. Son prix a donc fléchi également en raison des préoccupations à court terme à l’égard de la demande. Et en particulier pour le cuivre, la Chine est un secteur à surveiller. La Chine est un important consommateur de métaux. Elle représente environ la moitié de la demande de cuivre. Donc, pour le reste de l’année, en ce qui concerne la Chine, il faut tenir compte de ses politiques relatives à la COVID, de la façon dont elle gère sa situation foncière et de la possibilité que certaines des mesures de relance qu’elle commence à mettre en place aient un effet positif sur la croissance économique. Du côté de l’offre de cuivre, on observe une certaine croissance de l’offre cette année. Quelques nouvelles mines prennent de l’essor... l’expansion de Grasberg, de Kamoa-Kakula et de Quellaveco, pour n’en nommer que quelques-unes. Mais cet essor est parfois effacé par des perturbations. L’absentéisme lié à la COVID a nui à certaines mines. Il y a parfois des grèves. Mais à long terme, le cuivre pourrait devenir plus intéressant. À long terme, le cuivre présente l’un des profils de demande les plus solides. Et c’est grâce à la demande d’électrification. Il est utilisé dans le transport et les infrastructures : les véhicules électriques, les bornes de recharge pour véhicules électriques, les énergies renouvelables et tous les secteurs de croissance. De plus, d’ici quelques années, les nouvelles sources d’approvisionnement en cuivre vont devenir moins évidentes. Ce qui me fascine, et il fut un temps où je croyais comprendre pourquoi l’or agissait comme il agissait dans différentes conditions. Quelles sont les perspectives pour l’or? Que se passe-t-il avec l’or? L’or est un peu différent, parce que c’est à la fois un produit de base et un actif financier. Son prix repose donc sur trois éléments principaux : les rendements réels, le dollar américain et la demande de valeurs refuges. Et si on pense à l’or, il a tendance à évoluer dans une fourchette étroite, depuis un peu plus d’un an. Et c’est parce que les perspectives à l’égard de ces trois facteurs ont été plus mitigées. À commencer par un facteur favorable qu’on a observé... et c’est toute cette incertitude, l’incertitude géopolitique, ainsi que l’incertitude causée par une inflation vraiment élevée, ce que sera la prochaine décision de la Fed. Ça favorise une certaine demande pour l’or en tant que couverture ou valeur refuge. Et j’ai l’impression qu’on a un peu vu ça cette année. Si on passe au deuxième point, le dollar américain, il existe, la plupart du temps, une corrélation négative entre le dollar américain et l’or. Toutefois, en période de tension, ils profitent tous les deux de cette ruée vers les valeurs refuges. Et on l’a vu tout de suite après l’invasion russe. Toutefois, ces derniers temps, le dollar américain est demeuré très vigoureux et le prix de l’or a été plutôt médiocre. Donc je pense que c’est davantage un obstacle. Le troisième point, ce sont les rendements réels. Et la raison pour laquelle c’est important, c’est que l’or ne génère aucun revenu. Le coût d’opportunité d’un placement aurifère correspond à ce que vous pourriez gagner ailleurs. Le rendement réel des obligations à 10 ans du Trésor américain était donc d’environ -1 % au début de l’année. Il est maintenant d’environ 56 points de base. Donc, 56 points de base de plus, c’est une très forte hausse pour les titres à revenu fixe. Et c’est un frein pour l’or. Et si, disons, une partie de l’incertitude dans le monde devait s’estomper un peu et que le marché devait se recentrer sur le rendement réel, cela pourrait encore nuire au prix de l’or. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]