
Les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine alimentent les craintes d’un possible découplage de leurs économies. Greg Bonnell s’entretient avec Haining Zha, vice-président et directeur, Gestion de Placements TD, des répercussions générales sur les marchés.
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Les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine alimentent les craintes d'un découplage entre les deux plus grandes économies du monde. Notre invité d'aujourd'hui estime que cela représente un risque majeur pour les marchés. Haining Zha de Gestion de placements TD, bonjour.
Bonjour, Greg.
Le découplage s'inscrit désormais dans le vocabulaire des marchés entre les États-Unis et la Chine dans un contexte de montée des tensions. Qu'est-ce que cela signifie, le découplage des deux plus grandes économies?
Pour beaucoup de gens qui s'intéressent aux marchés développés, l'inflation est le problème numéro un et c'est un problème quotidien. Mais pour le moyen et le long terme, le découplage entre la Chine et les États-Unis représente une menace plus importante. Situons. Songez aux quatre dernières décennies. Les deux plus grands pays, en général, se sont bien entendus, ce qui a créé deux formes de dividendes. Tout d'abord, un dividende économique pour les entreprises américaines qui peuvent s'approvisionner en main-d'œuvre et en matières premières meilleur marché et qui trouvent également un vaste marché. Les entreprises chinoises ont pu attirer des capitaux, développer leur base manufacturière et trouver un marché pour leurs produits finis. C'est une situation gagnant-gagnant. Ensuite il y a le deuxième dividende, le dividende de paix. Même s'il y a toujours quelques conflits en marge dans le monde, en général, ces conflits ne menacent pas les principaux intérêts économiques et ce pendant des périodes prolongées. Songez aux rendements du passé. Ces deux dividendes en sont la source principale. Nous ne pouvons supposer que nous allons pouvoir répéter l'histoire et répéter ce rendement.
Il y a beaucoup de tensions au niveau de la technologie. Les États-Unis s'inquiètent de la fuite des technologies vers la Chine, l'intelligence artificielle, les puces, mais dans la réalité, récemment, en Chine, on entend dire qu'il est interdit d'apporter son iPhone au travail.
Voilà, beaucoup de gens ne ressentent pas l'impact tangible des tensions géopolitiques, mais Apple est un exemple frappant. Tout juste avant l'annonce de ses nouveaux téléphones, le gouvernement central ordonne aux employés d'État de ne pas utiliser un iPhone pour des raisons de sécurité, ce qui a coïncidé avec la mise en service de leur nouveau téléphone, ce qui a entraîné un recul de 8 % de l'action d'Apple.
Dans les deux pays, la propriété intellectuelle de l'autre pays est présente sur le marché. Jusqu'à quel point ce combat pourrait-il aller?
Cela pourrait continuer longtemps à l'heure actuelle. Nous ne constatons aucun indice d'un apaisement des tensions géopolitiques dans le secteur de la technologie.
Si nous nous trouvons dans une situation où il n'y a pas d'apaisement, vous avez dit que la coopération des deux plus grandes économies du monde rapporte d'importants dividendes. Si elles sont en mésentente dans l'avenir, qu'est-ce que cela signifie pour les investisseurs?
Les investisseurs doivent être prêts à accepter un rendement beaucoup moins important et doivent être beaucoup plus agiles et repérer les événements inattendus. Il y en aura beaucoup.
Oui, les événements inattendus ou les cygnes noirs, comme on dit, on ne les voit pas avant qu'ils surviennent. Dans l'économie chinoise, il y a un certain nombre de difficultés. Au début de l'année, la deuxième économie du monde se déconfinait, tout allait reprendre, mais ce n'est pas ainsi que cela s'est produit. Il y a eu des décisions aujourd'hui même, je crois, qui ont été prises pour relancer l'économie.
Bon, il y a plusieurs secteurs. Il y a la politique monétaire, la politique budgétaire, il y a la politique dans le domaine immobilier, mais jusqu'ici, aucune des mesures qui ont été prises n'ont été suffisantes pour inspirer suffisamment de confiance aux investisseurs. Voilà pourquoi le marché est toujours dans le marasme.
Parlons-en; par exemple, dans la politique monétaire, le gouvernement central a réduit deux fois des taux d'intérêt clés, ce qui totalise 20 à 25 points de base. Le gouvernement central, en général, une fois qu'on réduit le taux directeur, cela se répercute naturellement sur le taux privilégié pour les prêts, les prêts aux entreprises et les prêts aux particuliers. Mais lorsque le taux de prêt a été réduit, il a été réduit sur un an mais pas sur dix ans, afin de protéger les bénéfices des banques. Cela montre à quel point il est délicat de procéder à un desserrement monétaire. Donc les mesures prises par l'État n'ont pas été à la hauteur des attentes des investisseurs, et dans l'avenir, il se pourrait que d'autres mesures doivent être prises.
Voilà pour la politique monétaire. Que dire de la politique budgétaire? Si vous voulez relancer une économie, traditionnellement, la politique monétaire joue un rôle, mais la relance budgétaire, c'est-à-dire mettre davantage d'argent entre les mains des gens afin qu'ils le réinjectent dans l'économie, c'est la coutume.
Il y a eu encore moins de nouvelles au niveau de la politique budgétaire. On murmure que le gouvernement chinois pourrait émettre 1 billion de renminbis de bons du Trésor pour alimenter les dépenses; cela ne s'est pas produit. Les investisseurs, comme vous l'avez dit, s'attendent à ce que le gouvernement verse des subventions directement aux ménages afin d'alimenter la consommation. Cela ne s'est pas produit. Le seul véritable progrès au niveau budgétaire, c'est que les collectivités locales vont tâcher de consolider leurs dettes dans les dettes provinciales. Pourquoi? Parce que pour les véhicules de financement des collectivités locales, le coût du financement est supérieur de 1 % aux obligations provinciales. Cela représente une épargne, mais beaucoup de provinces sont lourdement endettées. En consolidant les dettes des collectivités locales dans les dettes d'entités déjà très endettées, cela n'inspire pas davantage confiance.
Vous avez parlé de mesures pour inspirer la confiance. Est-ce qu'on pense que les pouvoirs publics vont intervenir davantage au niveau monétaire, budgétaire, où en est-on? La Chine sait bien que son économie va mal.
Tous les investisseurs sont dans l'attente. Typiquement, le gouvernement souhaite maintenir la stabilité, notamment au niveau des politiques. Il serait très inhabituel que les mesures prises dépassent tout à coup les attentes des investisseurs. Généralement, c'est la situation du marché qui va en empirant et qui leur force la main. À l'heure actuelle, le gouvernement...
Les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine alimentent les craintes d'un découplage entre les deux plus grandes économies du monde. Notre invité d'aujourd'hui estime que cela représente un risque majeur pour les marchés. Haining Zha de Gestion de placements TD, bonjour.
Bonjour, Greg.
Le découplage s'inscrit désormais dans le vocabulaire des marchés entre les États-Unis et la Chine dans un contexte de montée des tensions. Qu'est-ce que cela signifie, le découplage des deux plus grandes économies?
Pour beaucoup de gens qui s'intéressent aux marchés développés, l'inflation est le problème numéro un et c'est un problème quotidien. Mais pour le moyen et le long terme, le découplage entre la Chine et les États-Unis représente une menace plus importante. Situons. Songez aux quatre dernières décennies. Les deux plus grands pays, en général, se sont bien entendus, ce qui a créé deux formes de dividendes. Tout d'abord, un dividende économique pour les entreprises américaines qui peuvent s'approvisionner en main-d'œuvre et en matières premières meilleur marché et qui trouvent également un vaste marché. Les entreprises chinoises ont pu attirer des capitaux, développer leur base manufacturière et trouver un marché pour leurs produits finis. C'est une situation gagnant-gagnant. Ensuite il y a le deuxième dividende, le dividende de paix. Même s'il y a toujours quelques conflits en marge dans le monde, en général, ces conflits ne menacent pas les principaux intérêts économiques et ce pendant des périodes prolongées. Songez aux rendements du passé. Ces deux dividendes en sont la source principale. Nous ne pouvons supposer que nous allons pouvoir répéter l'histoire et répéter ce rendement.
Il y a beaucoup de tensions au niveau de la technologie. Les États-Unis s'inquiètent de la fuite des technologies vers la Chine, l'intelligence artificielle, les puces, mais dans la réalité, récemment, en Chine, on entend dire qu'il est interdit d'apporter son iPhone au travail.
Voilà, beaucoup de gens ne ressentent pas l'impact tangible des tensions géopolitiques, mais Apple est un exemple frappant. Tout juste avant l'annonce de ses nouveaux téléphones, le gouvernement central ordonne aux employés d'État de ne pas utiliser un iPhone pour des raisons de sécurité, ce qui a coïncidé avec la mise en service de leur nouveau téléphone, ce qui a entraîné un recul de 8 % de l'action d'Apple.
Dans les deux pays, la propriété intellectuelle de l'autre pays est présente sur le marché. Jusqu'à quel point ce combat pourrait-il aller?
Cela pourrait continuer longtemps à l'heure actuelle. Nous ne constatons aucun indice d'un apaisement des tensions géopolitiques dans le secteur de la technologie.
Si nous nous trouvons dans une situation où il n'y a pas d'apaisement, vous avez dit que la coopération des deux plus grandes économies du monde rapporte d'importants dividendes. Si elles sont en mésentente dans l'avenir, qu'est-ce que cela signifie pour les investisseurs?
Les investisseurs doivent être prêts à accepter un rendement beaucoup moins important et doivent être beaucoup plus agiles et repérer les événements inattendus. Il y en aura beaucoup.
Oui, les événements inattendus ou les cygnes noirs, comme on dit, on ne les voit pas avant qu'ils surviennent. Dans l'économie chinoise, il y a un certain nombre de difficultés. Au début de l'année, la deuxième économie du monde se déconfinait, tout allait reprendre, mais ce n'est pas ainsi que cela s'est produit. Il y a eu des décisions aujourd'hui même, je crois, qui ont été prises pour relancer l'économie.
Bon, il y a plusieurs secteurs. Il y a la politique monétaire, la politique budgétaire, il y a la politique dans le domaine immobilier, mais jusqu'ici, aucune des mesures qui ont été prises n'ont été suffisantes pour inspirer suffisamment de confiance aux investisseurs. Voilà pourquoi le marché est toujours dans le marasme.
Parlons-en; par exemple, dans la politique monétaire, le gouvernement central a réduit deux fois des taux d'intérêt clés, ce qui totalise 20 à 25 points de base. Le gouvernement central, en général, une fois qu'on réduit le taux directeur, cela se répercute naturellement sur le taux privilégié pour les prêts, les prêts aux entreprises et les prêts aux particuliers. Mais lorsque le taux de prêt a été réduit, il a été réduit sur un an mais pas sur dix ans, afin de protéger les bénéfices des banques. Cela montre à quel point il est délicat de procéder à un desserrement monétaire. Donc les mesures prises par l'État n'ont pas été à la hauteur des attentes des investisseurs, et dans l'avenir, il se pourrait que d'autres mesures doivent être prises.
Voilà pour la politique monétaire. Que dire de la politique budgétaire? Si vous voulez relancer une économie, traditionnellement, la politique monétaire joue un rôle, mais la relance budgétaire, c'est-à-dire mettre davantage d'argent entre les mains des gens afin qu'ils le réinjectent dans l'économie, c'est la coutume.
Il y a eu encore moins de nouvelles au niveau de la politique budgétaire. On murmure que le gouvernement chinois pourrait émettre 1 billion de renminbis de bons du Trésor pour alimenter les dépenses; cela ne s'est pas produit. Les investisseurs, comme vous l'avez dit, s'attendent à ce que le gouvernement verse des subventions directement aux ménages afin d'alimenter la consommation. Cela ne s'est pas produit. Le seul véritable progrès au niveau budgétaire, c'est que les collectivités locales vont tâcher de consolider leurs dettes dans les dettes provinciales. Pourquoi? Parce que pour les véhicules de financement des collectivités locales, le coût du financement est supérieur de 1 % aux obligations provinciales. Cela représente une épargne, mais beaucoup de provinces sont lourdement endettées. En consolidant les dettes des collectivités locales dans les dettes d'entités déjà très endettées, cela n'inspire pas davantage confiance.
Vous avez parlé de mesures pour inspirer la confiance. Est-ce qu'on pense que les pouvoirs publics vont intervenir davantage au niveau monétaire, budgétaire, où en est-on? La Chine sait bien que son économie va mal.
Tous les investisseurs sont dans l'attente. Typiquement, le gouvernement souhaite maintenir la stabilité, notamment au niveau des politiques. Il serait très inhabituel que les mesures prises dépassent tout à coup les attentes des investisseurs. Généralement, c'est la situation du marché qui va en empirant et qui leur force la main. À l'heure actuelle, le gouvernement...