
La relative stabilité des prix à la consommation aux États-Unis en octobre laisse penser que la Réserve fédérale américaine pourrait en avoir fini avec les hausses de taux. Selon Scott Colbourne, directeur général et chef, Titres à revenu fixe à gestion active, Gestion de Placements TD ces résultats pourraient être de bon augure pour les marchés, car il pense qu’ils sont le signe que l’économie entre dans une phase de croissance vigoureuse.
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Il y a quelques semaines seulement, le rendement des bons du trésor américain à 10 ans crevait le plafond des 5 %. Mais il a beaucoup reflué, car les dernières statistiques sur l'inflation aux États-Unis montrent que les prêts à la consommation sont restés stables au mois d'octobre. Comment cela se traduit-t-il sur le marché obligataire pour l'avenir? Scott Colbourne de Gestion de placements TD nous rejoint pour en parler. Bonjour Scott. Ça me fait toujours plaisir de vous inviter. Les statistiques sur l'inflation, ce sont celles qu'on attendait depuis longtemps. Tout à fait, une journée de bonnes nouvelles pour tous les investisseurs. Que ce soit en bourse ou sur le marché obligataire, cela renforce le scénario Boucle d'or. Croissance modeste, inflation faible, donc un gros soupir de soulagement. Les marchés s'attendaient à ce que l'inflation soit plus élevée. En fait, on prévoyait 0,3 à 0,4 % sur le mois précédent. C'est établi à 0,2. Ce soulagement se répercute sous forme d'une énorme remontée de tous les secteurs. Du point de vue de l'inflation, cela soulage la pression en vue d'une hausse imminente des taux par la Fed. Nous verrons comment la croissance évoluera d'ici un trimestre environ, mais à court terme, il s'agit d'un facteur très favorable pour le marché des actifs. Quand on prend connaissance de statistiques, on constate souvent qu'il y a des éléments... en arrière-plan dont il faut tenir compte. Est-ce qu'il y a des éléments en arrière-plan qui sont préoccupants ou est-ce que les hausses de taux semblent faire leur effet et réduire l'inflation? Les banques centrales vont finir par préciser que si les nouvelles sont positives, même dans le détail, même le logement qui avait beaucoup progressé le mois dernier, a reculé, l'inflation de base fondamentale est un peu plus élevée que prévu, pour couper les cheveux en quatre, ce qui ramène à l'importance attachée au marché du travail. La banque du Canada et la Fed veulent davantage de preuves que la progression des salaires ralentit. Il y aura un discours quelque peu contradictoire de la part des banques centrales. Elles n'ont aucun intérêt à augmenter les taux. Elles seront patientes, elles vont attendre l'évolution des statistiques. Comme le président de la Fed l'a dit, nous sommes prêts à continuer à serrer la vis, même d'un tour de trop, plutôt que de renoncer trop tôt. Il s'agira d'un dilemme. Comment le marché tiendra-t-il compte des coupures de taux? Est-ce que l'on commence à supposer que ce sera au deuxième trimestre de l'an prochain, ou plutôt au deuxième semestre? Pour l'instant, on commence à escompter que les coupures de taux interviendront au deuxième trimestre, c'est peut-être là que le déphasage interviendra entre les marchés et les banques centrales. Je pense que la série est terminée. Pour l'instant, c'est vraiment l'équilibre parfait. L'inflation a baissé, la croissance se porte bien. Mais si la croissance diminue et que l'inflation continue de baisser, là, ce sera un petit peu plus préoccupant pour les marchés des actifs. Le dilemme de la Fed, et peut-être même de la Banque du Canada dans l'avenir, ne réside-t-il pas tellement dans les données proprement dites, mais dans la réaction des marchés et la réaction des consommateurs? Je vous rappelle qu'au printemps, la Banque du Canada a dit qu'elle n'allait pas relever les taux et les marchés se sont emballés, et la consommation aussi, et la banque a tout de suite donné un coup de frein. Est-ce là le souci de la banque? Oui, les attentes, c'est très important. Les attentes relatives à l'inflation qui ont paru la semaine dernière dans les résultats de l'enquête du Michigan était plus élevées que le marché ne l'aurait escompté. Il s'agit de gérer les attentes, que le marché du travail ralentisse. Les dernières statistiques sur les emplois salariés non agricoles étaient moins élevées que prévues. Il faut que la tendance se poursuive, il faut que le marché du travail continue de mollir. La hausse des demandes d'indemnisation d'assurance-chômage se poursuit. Le marché de travail ralentit donc, mais ne présente pas encore un véritable mollissement. Laissons aux banques centrales la possibilité d'attendre et les marchés devront gérer ce discours dialectique de la part des banques centrales. Une manchette intéressante que j'ai vue défiler il y a quelques instants... L'enchère d'obligations aux États-Unis... Il y avait eu quelques inquiétudes à cet égard et la situation est un peu moins claire que prévu. L'offre est assez abondante sur les marchés obligataires. Il y a une inversion. Les taux à court terme sont plus élevés qu'à long terme. Tandis que la Fed se maintient dans l'expectative, il y aura un retour à la normale. Les taux à long terme redeviendront plus élevés qu'à court terme, mais il y a la question de l'offre. L'an dernier, il y a eu trois enchères... 3 ans, 10 ans et 30 ans. Les deux premières se sont bien passées, celle de 30 ans s'est très mal passée. Il y a eu donc un mollissement des taux à long terme, cela va concourir à la... ... à l'évolution de la courbe des taux. Ça va avoir un impact sur les marchés obligataires. Les dépenses budgétaires ne disparaîtront pas. Il faut donc émettre beaucoup de dettes. Justement, les dépenses budgétaires ne vont pas disparaître. Les agences de notation sont peu satisfaites de ce qui se passe au sein du gouvernement américain. Moody's, je crois, a rétrogradé les perspectives de la dette américaine. Moody's a rétrogradé les perspectives, mais pas la note de la dette elle-même. Il s'agit d'un autre coup de semonce, et les marchés y mettent du leur, en exigeant une prime de risque plus élevée lorsqu'ils achètent à plus long terme à cause de l'excès d'offres. Donc oui, il s'agit d'un énorme problème. Il ne va pas disparaître. Depuis la COVID, les élus ont pris l'habitude et le goût de dépenser. Ils vont peut-être s'apaiser un petit peu, mais je crois que cela va entraîner une difficulté à faire évoluer l'extrémité longue de la courbe. L'année 2022 a été difficile. Nous n'avons pas vécu l'année 2022 que nous aurions voulue. Est-ce que nous avons tourné le coin? Je crois que oui. Nous avons tourné le coin, mais mon enthousiasme est mesuré. Les taux à long terme, les taux à 10 ans aux États-Unis ont peut-être convergé vers 4 ou 4,25 %. Je crois que les taux directeurs à court terme ne vont pas rapidement revenir...à 0 à 2 %, la fourchette que nous avons connue avant la COVID. Il s'agit d'un enthousiasme plus mesuré, mais je crois que nous avons vaincu le défi de l'inflation et il nous faudra encore quelque temps pour ramener le marché du travail à l'équilibre et rabattre les attentes en matière de salaire, mais il y a la démondialisation, la démographie vieillissante, les dépenses excédentaires. Il y a donc des facteurs négatifs qui vont limiter la mesure dans laquelle les marchés sont susceptibles de remonter. Je suis enthousiaste pour le moment et je pense qu'il y aura une bonne remontée des actifs à risque d'ici la fin d'année avec une baisse des rendements obligataires et sans doute de bons rendements sur les actifs à risque et nous verrons comment 2024 se présentera.