Les fortes hausses de taux de la Réserve fédérale américaine ont affecté toutes les catégories d’actif, y compris les placements alternatifs. Jeff Tripp, chef, Placements alternatifs à Gestion de Placements TD, discute avec Kim Parlee des répercussions et des occasions potentielles dans un contexte de taux d’intérêt élevés.
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[MUSIQUE]
Les efforts de la Fed pour lutter contre l’inflation commencent peut-être à porter fruit. Les chiffres de l’IPC d’avril indiquent que l’inflation s’est modérée un peu plus que prévu. Les fortes hausses de taux de la Fed ont affecté toutes les catégories d’actif, y compris les placements alternatifs comme l’immobilier. Quelles sont les perspectives pour ce secteur? Pour en savoir plus, j’accueille Jeff Tripp, chef, Placements alternatifs à Gestion de Placements TD. C’est un plaisir de voir en personne.
Ravi d’être avec vous.
Pendant la COVID, on se parlait toujours par Webex ou écrans interposés. La dernière fois qu’on s’est parlé, les taux commençaient tout juste à monter. Les taux ont énormément augmenté depuis notre dernier entretien, il y a environ six mois. Quelles répercussions constate-t-on aujourd’hui sur les marchés privés, sur les placements alternatifs?
Oui, la hausse des taux pour maîtriser l’inflation, le ralentissement économique qui en résulte, tout cela était prévisible. Tous ces facteurs qui influent sur les marchés publics, les actions, les titres à revenu fixe, ont aussi un impact sur les actifs réels. Certains actifs réels aident à se prémunir contre l’inflation, mais il ne fait aucun doute qu’il y a des difficultés liées à la hausse des taux d’intérêt. Il y a un impact sur les évaluations, par exemple. On le constate dans toutes les catégories d’actif. Il y a des variations selon les marchés et les types d’actifs, et on pourra certainement en discuter, mais c’est bien sûr défavorable.
Intéressant. On va y revenir, car c’est fascinant. J’avais entendu dire - vous me direz si c’est vrai – que les hausses de taux, ou du moins les changements de taux, se reflètent plus vite sur les marchés publics. Sur les marchés privés, la détermination des prix prend plus de temps. Pouvez-vous expliquer ce phénomène, car la plupart des gens qui nous regardent connaissent bien mieux les marchés publics.
Oui. Les marchés publics réagissent très différemment et rapidement. Il est important de préciser que l’on peut avoir des placements alternatifs sur les marchés privés ou les marchés publics, comme les FPI. Ces produits se négocient sur les diverses places boursières. Sur le marché des placements privés alternatifs, les évaluations sont moins fréquentes. Et les évaluateurs se fondent sur les opérations. Ils observent les échanges d’actifs au fil du temps, et ils s’appuient sur ces données pour établir les évaluations. Avec la hausse rapide des taux d’intérêt et l’inflation qui s’est muée en ralentissement macroéconomique, les marchés ont vraiment reculé. Il n’y a pas eu beaucoup d’opérations. L’obtention des données qui permettent d’établir les évaluations –
Il y en avait moins.
- s’est révélée un peu compliquée. Il a fallu un certain temps. On commence tout juste à y voir un peu plus clair, mais il y a des différences selon les régions du monde. En Asie, les évaluations ont été établies un peu plus tôt. En Europe et au Royaume-Uni – les évaluations reflètent des difficultés aux États-Unis, ce qui se manifeste ici aussi, au Canada. Chaque région est différente.
Concentrons-nous sur un aspect. Vous avez parlé des différences selon les régions et selon les secteurs. Mais j’aimerais parler de l’immobilier, et surtout de l’immobilier commercial, car les gens semblent s’y intéresser en ce moment. Ce segment pose-t-il toujours des difficultés?
Oui. On est attentifs à plusieurs facteurs pour l’immobilier et les placements alternatifs, mais surtout pour l’immobilier. Il faut avoir une vision à long terme. Ce sont des actifs multigénérationnels que l’on détient sur une longue période. Il faut lutter contre la tendance à se concentrer sur le court terme et penser plutôt à long terme. Deuxièmement, les difficultés dans le secteur des immeubles commerciaux de bureaux ne concernent pas nécessairement toutes les catégories d’actifs. L’immobilier résidentiel et l’immobilier industriel se portent toujours très bien, mais les immeubles de bureaux sont nettement en difficulté. Cet écart souligne vraiment l’importance de la diversification quand on investit dans l’immobilier.
Pensez-vous que ces difficultés vont persister dans le secteur des immeubles de bureau?
Oui. On voit une délimitation entre le Canada et les États-Unis. C’est plus difficile dans certaines grandes villes carrefours des États-Unis. À Los Angeles, à Manhattan et à San Francisco, les taux d’inoccupation ont explosé. Toronto et Vancouver connaissent des difficultés similaires, mais les taux d’inoccupation sont moins élevés. Le déroulement du retour au bureau et l’avenir du travail au bureau restent encore à écrire. Le travail hybride recouvre différentes réalités d’un marché à l’autre. Prenons le cas de l’Asie, de Singapour et Tokyo, par exemple. Les gens sont revenus à un modèle proche d’avant la COVID. L’Europe et le Royaume-Uni sont un peu entre deux chaises. En Amérique du Nord, aux États-Unis et au Canada, le modèle hybride prédomine encore. L’offre de nouveaux bureaux pèse dans la balance. En fin de compte, les bureaux bien situés et de haute qualité qui permettent d’attirer et de retenir les talents sont plus faciles d’accès. Ce sont des environnements de travail agréable qui, à long terme, produiront de meilleurs résultats que les autres.
C’est fascinant de voir comme les choses évoluent différemment partout dans le monde. Et la conjonction d’une récession et du retour au bureau va créer sa propre dynamique, à mesure que l’on avance dans le temps. Qu’en est-il du crédit privé, au vu des prêts hypothécaires, du type de marché et du niveau actuel des taux?
Oui, les médias ont parlé de difficultés dans certains segments du marché du crédit privé. Dans le contexte de notre approche des actifs alternatifs ou réels, on pense à la qualité, à la construction et à la diversification du portefeuille. On est très optimistes à l’égard du crédit privé à terme fixe de qualité investissement. Dans le domaine des prêts hypothécaires, on diversifie entre disons la dette de construction, c’est-à-dire les prêts à taux variable, et les créances à terme. Les taux variables permettent un ajustement très rapide à la hausse des taux d’intérêt. Comme on l’a vu, pour les emprunteurs, c’est bien sûr inconfortable. Mais les prêteurs peuvent s’ajuster assez rapidement aux conditions du marché. Du côté des créances à taux fixe, les taux d’intérêt ont bien sûr augmenté. Je pense que le marché recherche une certaine stabilité des taux. Les emprunteurs veulent que les taux d’intérêt se stabilisent. Ils veulent savoir où l’on se dirige du point de vue macroéconomique. Le volume des opérations a légèrement baissé. Dans certains cas, il a fortement baissé en raison de la hausse des taux d’intérêt et du contexte macroéconomique. C’est donc mitigé. Mais pour les titres de grande qualité, pour le crédit privé et les prêts hypothécaires, nous sommes très optimistes.
D’accord. J’aurais aimé vous avoir deux heures de plus, mais il ne me reste qu’une minute. Les infrastructures. Dans les domaines de l’énergie et des transports, mais aussi des infrastructures et des marchés internationaux, qu’est-ce qui ressort?
Alors que l’immobilier connaît plus de difficultés, les infrastructures résistent très bien. Il y a plusieurs raisons à cela. Parmi les plus importantes, je citerais le volume de capitaux que l’on cherche à déployer dans les infrastructures et certains thèmes au long cours, comme la transition des énergies conventionnelles ou traditionnelles vers les énergies renouvelables. Ces thèmes émergent partout dans le monde. Le vieillissement des infrastructures, au Canada. On a toujours besoin de capitaux. Les partenariats public-privé, sont un excellent moyen de réaliser de grands projets. Par exemple, des hôpitaux. On a toujours besoin d’infrastructures. Et on note une évolution de la demande des investisseurs qui veulent être plus exposés au secteur des infrastructures.
Je crois que – pardon, il ne me reste que 30 secondes. Dans le secteur des infrastructures, la demande est très forte et durable. Je suis sûre que beaucoup d’investisseurs sont en compétition. Où en sont les évaluations? Je sais que ça dépend des régions. Oui, ça dépend. Le secteur est assez résilient. Quand les taux d’intérêt augmentent, il y a des répercussions sur l’évaluation. C’est un peu défavorable. Mais les infrastructures offrent une protection partielle contre l’inflation. On peut répercuter des hausses de coûts, comme les coûts de l’énergie, de production...
Le loyer
Le loyer, par exemple. Il y a un effet de compensation. L’évaluation est assez stable. Mais vous avez raison. Tout dépend de la région et de la catégorie d’actif. [MUSIQUE]
Les efforts de la Fed pour lutter contre l’inflation commencent peut-être à porter fruit. Les chiffres de l’IPC d’avril indiquent que l’inflation s’est modérée un peu plus que prévu. Les fortes hausses de taux de la Fed ont affecté toutes les catégories d’actif, y compris les placements alternatifs comme l’immobilier. Quelles sont les perspectives pour ce secteur? Pour en savoir plus, j’accueille Jeff Tripp, chef, Placements alternatifs à Gestion de Placements TD. C’est un plaisir de voir en personne.
Ravi d’être avec vous.
Pendant la COVID, on se parlait toujours par Webex ou écrans interposés. La dernière fois qu’on s’est parlé, les taux commençaient tout juste à monter. Les taux ont énormément augmenté depuis notre dernier entretien, il y a environ six mois. Quelles répercussions constate-t-on aujourd’hui sur les marchés privés, sur les placements alternatifs?
Oui, la hausse des taux pour maîtriser l’inflation, le ralentissement économique qui en résulte, tout cela était prévisible. Tous ces facteurs qui influent sur les marchés publics, les actions, les titres à revenu fixe, ont aussi un impact sur les actifs réels. Certains actifs réels aident à se prémunir contre l’inflation, mais il ne fait aucun doute qu’il y a des difficultés liées à la hausse des taux d’intérêt. Il y a un impact sur les évaluations, par exemple. On le constate dans toutes les catégories d’actif. Il y a des variations selon les marchés et les types d’actifs, et on pourra certainement en discuter, mais c’est bien sûr défavorable.
Intéressant. On va y revenir, car c’est fascinant. J’avais entendu dire - vous me direz si c’est vrai – que les hausses de taux, ou du moins les changements de taux, se reflètent plus vite sur les marchés publics. Sur les marchés privés, la détermination des prix prend plus de temps. Pouvez-vous expliquer ce phénomène, car la plupart des gens qui nous regardent connaissent bien mieux les marchés publics.
Oui. Les marchés publics réagissent très différemment et rapidement. Il est important de préciser que l’on peut avoir des placements alternatifs sur les marchés privés ou les marchés publics, comme les FPI. Ces produits se négocient sur les diverses places boursières. Sur le marché des placements privés alternatifs, les évaluations sont moins fréquentes. Et les évaluateurs se fondent sur les opérations. Ils observent les échanges d’actifs au fil du temps, et ils s’appuient sur ces données pour établir les évaluations. Avec la hausse rapide des taux d’intérêt et l’inflation qui s’est muée en ralentissement macroéconomique, les marchés ont vraiment reculé. Il n’y a pas eu beaucoup d’opérations. L’obtention des données qui permettent d’établir les évaluations –
Il y en avait moins.
- s’est révélée un peu compliquée. Il a fallu un certain temps. On commence tout juste à y voir un peu plus clair, mais il y a des différences selon les régions du monde. En Asie, les évaluations ont été établies un peu plus tôt. En Europe et au Royaume-Uni – les évaluations reflètent des difficultés aux États-Unis, ce qui se manifeste ici aussi, au Canada. Chaque région est différente.
Concentrons-nous sur un aspect. Vous avez parlé des différences selon les régions et selon les secteurs. Mais j’aimerais parler de l’immobilier, et surtout de l’immobilier commercial, car les gens semblent s’y intéresser en ce moment. Ce segment pose-t-il toujours des difficultés?
Oui. On est attentifs à plusieurs facteurs pour l’immobilier et les placements alternatifs, mais surtout pour l’immobilier. Il faut avoir une vision à long terme. Ce sont des actifs multigénérationnels que l’on détient sur une longue période. Il faut lutter contre la tendance à se concentrer sur le court terme et penser plutôt à long terme. Deuxièmement, les difficultés dans le secteur des immeubles commerciaux de bureaux ne concernent pas nécessairement toutes les catégories d’actifs. L’immobilier résidentiel et l’immobilier industriel se portent toujours très bien, mais les immeubles de bureaux sont nettement en difficulté. Cet écart souligne vraiment l’importance de la diversification quand on investit dans l’immobilier.
Pensez-vous que ces difficultés vont persister dans le secteur des immeubles de bureau?
Oui. On voit une délimitation entre le Canada et les États-Unis. C’est plus difficile dans certaines grandes villes carrefours des États-Unis. À Los Angeles, à Manhattan et à San Francisco, les taux d’inoccupation ont explosé. Toronto et Vancouver connaissent des difficultés similaires, mais les taux d’inoccupation sont moins élevés. Le déroulement du retour au bureau et l’avenir du travail au bureau restent encore à écrire. Le travail hybride recouvre différentes réalités d’un marché à l’autre. Prenons le cas de l’Asie, de Singapour et Tokyo, par exemple. Les gens sont revenus à un modèle proche d’avant la COVID. L’Europe et le Royaume-Uni sont un peu entre deux chaises. En Amérique du Nord, aux États-Unis et au Canada, le modèle hybride prédomine encore. L’offre de nouveaux bureaux pèse dans la balance. En fin de compte, les bureaux bien situés et de haute qualité qui permettent d’attirer et de retenir les talents sont plus faciles d’accès. Ce sont des environnements de travail agréable qui, à long terme, produiront de meilleurs résultats que les autres.
C’est fascinant de voir comme les choses évoluent différemment partout dans le monde. Et la conjonction d’une récession et du retour au bureau va créer sa propre dynamique, à mesure que l’on avance dans le temps. Qu’en est-il du crédit privé, au vu des prêts hypothécaires, du type de marché et du niveau actuel des taux?
Oui, les médias ont parlé de difficultés dans certains segments du marché du crédit privé. Dans le contexte de notre approche des actifs alternatifs ou réels, on pense à la qualité, à la construction et à la diversification du portefeuille. On est très optimistes à l’égard du crédit privé à terme fixe de qualité investissement. Dans le domaine des prêts hypothécaires, on diversifie entre disons la dette de construction, c’est-à-dire les prêts à taux variable, et les créances à terme. Les taux variables permettent un ajustement très rapide à la hausse des taux d’intérêt. Comme on l’a vu, pour les emprunteurs, c’est bien sûr inconfortable. Mais les prêteurs peuvent s’ajuster assez rapidement aux conditions du marché. Du côté des créances à taux fixe, les taux d’intérêt ont bien sûr augmenté. Je pense que le marché recherche une certaine stabilité des taux. Les emprunteurs veulent que les taux d’intérêt se stabilisent. Ils veulent savoir où l’on se dirige du point de vue macroéconomique. Le volume des opérations a légèrement baissé. Dans certains cas, il a fortement baissé en raison de la hausse des taux d’intérêt et du contexte macroéconomique. C’est donc mitigé. Mais pour les titres de grande qualité, pour le crédit privé et les prêts hypothécaires, nous sommes très optimistes.
D’accord. J’aurais aimé vous avoir deux heures de plus, mais il ne me reste qu’une minute. Les infrastructures. Dans les domaines de l’énergie et des transports, mais aussi des infrastructures et des marchés internationaux, qu’est-ce qui ressort?
Alors que l’immobilier connaît plus de difficultés, les infrastructures résistent très bien. Il y a plusieurs raisons à cela. Parmi les plus importantes, je citerais le volume de capitaux que l’on cherche à déployer dans les infrastructures et certains thèmes au long cours, comme la transition des énergies conventionnelles ou traditionnelles vers les énergies renouvelables. Ces thèmes émergent partout dans le monde. Le vieillissement des infrastructures, au Canada. On a toujours besoin de capitaux. Les partenariats public-privé, sont un excellent moyen de réaliser de grands projets. Par exemple, des hôpitaux. On a toujours besoin d’infrastructures. Et on note une évolution de la demande des investisseurs qui veulent être plus exposés au secteur des infrastructures.
Je crois que – pardon, il ne me reste que 30 secondes. Dans le secteur des infrastructures, la demande est très forte et durable. Je suis sûre que beaucoup d’investisseurs sont en compétition. Où en sont les évaluations? Je sais que ça dépend des régions. Oui, ça dépend. Le secteur est assez résilient. Quand les taux d’intérêt augmentent, il y a des répercussions sur l’évaluation. C’est un peu défavorable. Mais les infrastructures offrent une protection partielle contre l’inflation. On peut répercuter des hausses de coûts, comme les coûts de l’énergie, de production...
Le loyer
Le loyer, par exemple. Il y a un effet de compensation. L’évaluation est assez stable. Mais vous avez raison. Tout dépend de la région et de la catégorie d’actif. [MUSIQUE]