
Selon le dernier indice des prix aux États-Unis, les prix ont connu leur plus forte hausse depuis plus d’un an, principalement en raison de l’augmentation des prix de l’essence. Scott Colbourne, directeur général et chef, Titres à revenu fixe à gestion active à Gestion de Placements TD, aborde la réaction des marchés et leurs implications sur la politique monétaire.
Print Transcript
L'inflation aux États-Unis a augmenté au mois d'août à cause de la hausse des prix de l'essence, et ce une semaine avant la prochaine décision de la Réserve fédérale sur les taux d'intérêt. Scott Colbourne de Gestion de Placements TD nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Scott.
Bonjour, Greg.
Alors, c'est intéressant que ce soit le marché boursier. Le marché obligataire, le marché d'échanges, n'a pas tellement réagi à la hausse de l'inflation. Que tirez-vous comme conclusion à partir de ces chiffres?
Les chiffres représentent une légère surprise à la hausse, mais comme vous l'avez noté, les marchés ont réagi de façon très stable. La Fed a déjà essentiellement annoncé qu'elle allait maintenir les taux inchangés et n'allait pas annoncer de hausse la semaine prochaine.
Les grandes tendances de l'inflation évoluent systématiquement dans la bonne direction. Par exemple, l'inflation annualisée de base sur trois mois est en baisse à 2,4%. Six mois, 3,7, un peu plus élevé. Donc, les banques centrales et ce qu'elles ont annoncé au niveau de leur politique, nous avons fait beaucoup de chemin dans la lutte contre l'inflation et nous avons fait beaucoup de chemin dans la politique monétaire. Le dernier kilomètre à franchir entre le niveau qu'a atteint l'inflation aujourd'hui et le milieu de l'an prochain, c'est un chemin plus long, plus ardu, mais la direction est la bonne.
Au niveau des surprises, que détestent les marchés, il n'y en avait pas tellement dans les chiffres parus aujourd'hui. De légères interprétations d'une façon ou d'une autre ont pu être faites, mais c'est conforme aux grandes orientations des décideurs.
Bon, la banque n'a jamais dit qu'il y aurait une descente directe de 8 à 9% à 2 %. La Banque du Canada a émis la même mise en garde. Nous savons, il n'est pas nécessaire d'être économiste pour voir que ça coûte plus cher de faire le plein à la station-service. Cela pourrait faire augmenter l'inflation encore plus au Canada qu'aux États-Unis, d'ici quelques mois.
Oui, il y a certains risques, mais les banques centrales savent faire preuve de patience et laisser s'apaiser les fluctuations dans les prix de l'énergie, par exemple. Les banques centrales vont surveiller l'évolution des salaires et du marché du travail. Il y a potentiellement des grèves aux États-Unis qui s'annoncent. Les banques centrales vont faire preuve de patience, scruter les données. Il n'est pas nécessaire de donner un coup d'accélérateur à la politique monétaire, puisqu'il y a eu beaucoup de hausses de taux d'emblée. Ce cycle de resserrement a été très rapide. Il s'agit d'attendre le temps que l'effet décalé se fasse sentir et voir comment les choses évolueront d'ici trois à six mois.
Même si les banques centrales sont en pause, elles nous ont mis en garde, et plutôt deux fois qu'une, que les taux vont demeurer élevés pendant quelque temps. À votre avis, est-ce que c'est le plan à long terme? On ne peut pas lire dans leurs pensées, mais ou s'il faut dire cela aux marchés afin de continuer à faire baisser l'inflation?
Il y a beaucoup d'incertitudes à l'heure actuelle. Tout le monde scrute les données qui paraissent. Globalement, quand vous considérez les marchés des titres à revenu fixe, il y a trois facteurs importants: la croissance, l'inflation et la liquidité. L'inflation évolue dans la bonne direction. La réaction des marchés aujourd'hui montre bien finalement qu'ils ne réagissent plus à l'inflation. Les marchés savent que les banques centrales nous ont dit de faire preuve de patience, jusqu'à ce que la trajectoire de l'inflation se poursuive. Donc, c'est la croissance, le marché du travail et les salaires qui sont plutôt scrutés.
Il y a eu beaucoup de surprises à cet égard cet été. Entre la mi-juillet et le mois d'août, il y a eu un recul des taux de 50 points de base. Je pense que cela a représenté un choc de croissance aux États-Unis. Et bien sûr, il y a beaucoup plus d'offre sur le marché, d'obligations d'État et d'entreprises. Donc, les banques centrales se satisfont d'annoncer qu'elles vont rester en veille, surtout à l'égard du marché du travail et de l'emploi, et de la croissance d'ici quelque temps, resteront dans l'expectative aussi longtemps que possible.
Certes, la Fed a préfiguré une réduction de taux l'an prochain. Nous verrons comment les choses se passeront. La semaine prochaine, la Fed va annoncer ses prévisions économiques. La Fed a également dit qu'elle se réservait la possibilité de procéder à une nouvelle augmentation, mais le tout étant fondé sur les statistiques, sur les données. Essentiellement, la Fed navigue en se repérant sur les étoiles, mais le temps est nuageux. Donc, les décisions seront fondées sur les données. La tendance est bonne, mais l'inflation est plus persistante que prévu.
Quand on considère ce que la Fed essaye de faire depuis le début, c'est-à-dire refroidir l'économie, elle avait bien dit qu'il y aurait des dégâts, mais vous dites que le marché se porte bien. Le consommateur ralentit peut-être un peu, mais dépense toujours encore. Peut-être parviendrons-nous, disent certains, à un atterrissage en douceur. Peut-être est-il possible de maîtriser l'inflation et de s'en tirer sans trop de dégâts, sans trop de plaies à panser.
Je suis toujours un peu sceptique. Ça fait longtemps que j'étudie les marchés. Il n'y a pas eu beaucoup d'atterrissages en douceur. C'est très difficile à réussir. Remémorez-vous ce que nous avons vécu. Le choc de la pandémie, et la réaction de politique monétaire a été vraiment sans précédent. Penser que la politique monétaire va réussir l'atterrissage d'un paquebot, moi, je suis un peu sceptique, avec toutes ces mesures de politique monétaire qui ont été prises. Je ne pense pas qu'on va y parvenir. Je pense personnellement qu'il y aura une légère récession, mais je voudrais avoir tort. C'est une façon très, très difficile de naviguer à vue. Si la politique monétaire demeure inchangée, je pense qu'il y aura les conséquences décalées qui se feront sentir en 2024. Moi, je pense qu'il y a une récession légère, si récession il y a, parce que les ménages et les entreprises ont abordé la pandémie en bien meilleure situation que dans le passé. Ce sera donc une récession légère, mais les politiques monétaires auront leurs effets et les politiques budgétaires cesseront d'être un facteur positif.
Bon, pour le marché des titres à revenu fixe, il y a des rendements qu'on n'a pas vus depuis très longtemps, mais le marché pensait peut-être qu'il y aurait eu des réductions de taux à l'heure qu'il est.
Je pense qu'en définitive... il y aura peut-être une ou deux coupures de taux l'an prochain aux États-Unis. C'est mon scénario de base. Au minimum, l'inflation va continuer de baisser. Les marchés s'attendent à ce que l'inflation se situe à environ 2,5%, 2,6% pour l'inflation globale en juin à septembre de l'an prochain. Si la Fed ne modifie pas les taux d'intérêt, ce qui va se produire, c'est que les taux réels vont continuer d'augmenter. C'est-à-dire que le resserrement, le processus de resserrement, se poursuivra avec la trajectoire d'inflation à la baisse. Donc, je pense que la Fed pourra recalibrer modestement les taux d'intérêt en faisant preuve de discipline, en maintenant les taux élevés plus longtemps, mais au net, c'est un niveau très intéressant pour ajouter des titres à revenu fixe dans un portefeuille. Les rendements absolus sont très intéressants sur une base historique. C'est toujours positif à mon avis.
L'inflation aux États-Unis a augmenté au mois d'août à cause de la hausse des prix de l'essence, et ce une semaine avant la prochaine décision de la Réserve fédérale sur les taux d'intérêt. Scott Colbourne de Gestion de Placements TD nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Scott.
Bonjour, Greg.
Alors, c'est intéressant que ce soit le marché boursier. Le marché obligataire, le marché d'échanges, n'a pas tellement réagi à la hausse de l'inflation. Que tirez-vous comme conclusion à partir de ces chiffres?
Les chiffres représentent une légère surprise à la hausse, mais comme vous l'avez noté, les marchés ont réagi de façon très stable. La Fed a déjà essentiellement annoncé qu'elle allait maintenir les taux inchangés et n'allait pas annoncer de hausse la semaine prochaine.
Les grandes tendances de l'inflation évoluent systématiquement dans la bonne direction. Par exemple, l'inflation annualisée de base sur trois mois est en baisse à 2,4%. Six mois, 3,7, un peu plus élevé. Donc, les banques centrales et ce qu'elles ont annoncé au niveau de leur politique, nous avons fait beaucoup de chemin dans la lutte contre l'inflation et nous avons fait beaucoup de chemin dans la politique monétaire. Le dernier kilomètre à franchir entre le niveau qu'a atteint l'inflation aujourd'hui et le milieu de l'an prochain, c'est un chemin plus long, plus ardu, mais la direction est la bonne.
Au niveau des surprises, que détestent les marchés, il n'y en avait pas tellement dans les chiffres parus aujourd'hui. De légères interprétations d'une façon ou d'une autre ont pu être faites, mais c'est conforme aux grandes orientations des décideurs.
Bon, la banque n'a jamais dit qu'il y aurait une descente directe de 8 à 9% à 2 %. La Banque du Canada a émis la même mise en garde. Nous savons, il n'est pas nécessaire d'être économiste pour voir que ça coûte plus cher de faire le plein à la station-service. Cela pourrait faire augmenter l'inflation encore plus au Canada qu'aux États-Unis, d'ici quelques mois.
Oui, il y a certains risques, mais les banques centrales savent faire preuve de patience et laisser s'apaiser les fluctuations dans les prix de l'énergie, par exemple. Les banques centrales vont surveiller l'évolution des salaires et du marché du travail. Il y a potentiellement des grèves aux États-Unis qui s'annoncent. Les banques centrales vont faire preuve de patience, scruter les données. Il n'est pas nécessaire de donner un coup d'accélérateur à la politique monétaire, puisqu'il y a eu beaucoup de hausses de taux d'emblée. Ce cycle de resserrement a été très rapide. Il s'agit d'attendre le temps que l'effet décalé se fasse sentir et voir comment les choses évolueront d'ici trois à six mois.
Même si les banques centrales sont en pause, elles nous ont mis en garde, et plutôt deux fois qu'une, que les taux vont demeurer élevés pendant quelque temps. À votre avis, est-ce que c'est le plan à long terme? On ne peut pas lire dans leurs pensées, mais ou s'il faut dire cela aux marchés afin de continuer à faire baisser l'inflation?
Il y a beaucoup d'incertitudes à l'heure actuelle. Tout le monde scrute les données qui paraissent. Globalement, quand vous considérez les marchés des titres à revenu fixe, il y a trois facteurs importants: la croissance, l'inflation et la liquidité. L'inflation évolue dans la bonne direction. La réaction des marchés aujourd'hui montre bien finalement qu'ils ne réagissent plus à l'inflation. Les marchés savent que les banques centrales nous ont dit de faire preuve de patience, jusqu'à ce que la trajectoire de l'inflation se poursuive. Donc, c'est la croissance, le marché du travail et les salaires qui sont plutôt scrutés.
Il y a eu beaucoup de surprises à cet égard cet été. Entre la mi-juillet et le mois d'août, il y a eu un recul des taux de 50 points de base. Je pense que cela a représenté un choc de croissance aux États-Unis. Et bien sûr, il y a beaucoup plus d'offre sur le marché, d'obligations d'État et d'entreprises. Donc, les banques centrales se satisfont d'annoncer qu'elles vont rester en veille, surtout à l'égard du marché du travail et de l'emploi, et de la croissance d'ici quelque temps, resteront dans l'expectative aussi longtemps que possible.
Certes, la Fed a préfiguré une réduction de taux l'an prochain. Nous verrons comment les choses se passeront. La semaine prochaine, la Fed va annoncer ses prévisions économiques. La Fed a également dit qu'elle se réservait la possibilité de procéder à une nouvelle augmentation, mais le tout étant fondé sur les statistiques, sur les données. Essentiellement, la Fed navigue en se repérant sur les étoiles, mais le temps est nuageux. Donc, les décisions seront fondées sur les données. La tendance est bonne, mais l'inflation est plus persistante que prévu.
Quand on considère ce que la Fed essaye de faire depuis le début, c'est-à-dire refroidir l'économie, elle avait bien dit qu'il y aurait des dégâts, mais vous dites que le marché se porte bien. Le consommateur ralentit peut-être un peu, mais dépense toujours encore. Peut-être parviendrons-nous, disent certains, à un atterrissage en douceur. Peut-être est-il possible de maîtriser l'inflation et de s'en tirer sans trop de dégâts, sans trop de plaies à panser.
Je suis toujours un peu sceptique. Ça fait longtemps que j'étudie les marchés. Il n'y a pas eu beaucoup d'atterrissages en douceur. C'est très difficile à réussir. Remémorez-vous ce que nous avons vécu. Le choc de la pandémie, et la réaction de politique monétaire a été vraiment sans précédent. Penser que la politique monétaire va réussir l'atterrissage d'un paquebot, moi, je suis un peu sceptique, avec toutes ces mesures de politique monétaire qui ont été prises. Je ne pense pas qu'on va y parvenir. Je pense personnellement qu'il y aura une légère récession, mais je voudrais avoir tort. C'est une façon très, très difficile de naviguer à vue. Si la politique monétaire demeure inchangée, je pense qu'il y aura les conséquences décalées qui se feront sentir en 2024. Moi, je pense qu'il y a une récession légère, si récession il y a, parce que les ménages et les entreprises ont abordé la pandémie en bien meilleure situation que dans le passé. Ce sera donc une récession légère, mais les politiques monétaires auront leurs effets et les politiques budgétaires cesseront d'être un facteur positif.
Bon, pour le marché des titres à revenu fixe, il y a des rendements qu'on n'a pas vus depuis très longtemps, mais le marché pensait peut-être qu'il y aurait eu des réductions de taux à l'heure qu'il est.
Je pense qu'en définitive... il y aura peut-être une ou deux coupures de taux l'an prochain aux États-Unis. C'est mon scénario de base. Au minimum, l'inflation va continuer de baisser. Les marchés s'attendent à ce que l'inflation se situe à environ 2,5%, 2,6% pour l'inflation globale en juin à septembre de l'an prochain. Si la Fed ne modifie pas les taux d'intérêt, ce qui va se produire, c'est que les taux réels vont continuer d'augmenter. C'est-à-dire que le resserrement, le processus de resserrement, se poursuivra avec la trajectoire d'inflation à la baisse. Donc, je pense que la Fed pourra recalibrer modestement les taux d'intérêt en faisant preuve de discipline, en maintenant les taux élevés plus longtemps, mais au net, c'est un niveau très intéressant pour ajouter des titres à revenu fixe dans un portefeuille. Les rendements absolus sont très intéressants sur une base historique. C'est toujours positif à mon avis.