
Les marchés boursiers ont connu une excellente année jusqu’à présent, l’indice S&P 500 ayant progressé de 17 % et l’indice composé Nasdaq, de plus de 30 % cette année. David Sekera, stratège en chef du marché américain pour Morningstar Research, examine certains des principaux facteurs et se demande si les actions peuvent continuer à progresser.
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L'été a été agité pour les marchés boursiers. Le S&P 500 a encore progressé de près de 16 % grâce à quelques actions de méga technologie.
David Sekera est stratège en chef du marché américain chez Morningstar. Bonjour, David. L'été est passé; au moins, les vacances d'été. Il a été agité, mais les marchés boursiers ont quand même bien progressé.
Bonjour, Greg, cela me fait plaisir de vous revoir. Oui, l'année s'est bien passée, avec quelque peu de volatilité depuis deux semaines, mais jusqu'à hier soir, l'indice Morningstar général est en hausse de 17,4 %. Bien sûr, c'est après des niveaux très sous-valorisés en début d'année. À ce stade, nous pensons que le marché américain demeure légèrement sous-évalué, mais je mets les investisseurs en garde: les rendements pour le reste de cette année seront beaucoup moins élevés. Je suis également préoccupé à l'idée qu'une volatilité pourrait se présenter fin septembre début octobre, ou du moins cet automne. En effet, l'économie américaine s'est beaucoup mieux portée que prévu cette année. Nos estimations, quoique supérieures au consensus, étaient encore trop faibles, mais le resserrement de la politique monétaire va prélever son tribut. Notre scénario de base prévoit que la croissance économique aux États-Unis commencera à ralentir au quatrième trimestre. Ce qui me préoccupe, c'est que lorsque les équipes de direction commenceront à annoncer les bénéfices du troisième trimestre et prévoir ceux du quatrième trimestre ou même de 2024, les marchés pourraient être déçus.
Donc un peu de perturbation dans l'avenir. Ce qui nous a fait parvenir jusqu'ici, malgré les perturbations des quelques dernières semaines, ce sont les sept magnifiques. On en a beaucoup parlé, ce n'est pas rare d'évoquer l'absence de largeur du marché. Parlons des sept magnifiques et de leur hausse.
Oui. Jusqu'à la fin du mois d'août, ces sept actions qui représentent plus de 60 % des gains totaux du marché en cumul annuel. Selon nos valorisations, six des sept magnifiques étaient très nettement sous-évaluées en début d'année. Toutes ont beaucoup progressé depuis lors. À ce stade, l'une de celles-là est toujours sous-valorisée, mais les cinq autres ont atteint ce que nous appelons leur juste valeur. L'une d'elle a trop progressé selon nous et est largement surévaluée à l'heure actuelle.
Ces grands titres de la technologie, les sept magnifiques, peuvent faire évoluer l'indice total du S&P 500 et du Nasdaq. Que dire de la largeur du marché, de l'étendue du marché? Si les investisseurs ont privilégié les sept magnifiques presque exclusivement, le marché est-il appelé à s'élargir?
Oui, nous le croyons. Nous en avons parlé dans notre bulletin boursier du mois de juin. Pour que le marché continue de monter, il faut que cette remontée s'élargisse. Au niveau de la valorisation, quand on considère les sept magnifiques, la plupart de ces actions, en fait, ont achevé leur course. Quand je considère les graphiques, bon nombre de ces actions s'essoufflent à l'heure actuelle. Je pense que l'étendue du marché va s'accroître à l'avenir.
Parlons-en, une plus grande étendue du marché. Certains secteurs pourraient être sous-valorisés et peut-être négligés à cause de l'attrait exercé par NVIDIA, Apple et autres.
Oui, les actions axées sur la valeur qui sont à la traîne sur le marché jusqu'ici selon nous, c'est là où l'on retrouve les possibilités les plus attrayantes pour les investisseurs aujourd'hui. Nous pensons également que le secteur des petites et moyennes capitalisations offre une valeur intéressante. Ce sont deux secteurs qui sont à la traîne encore une fois cette année. Ceux qui cherchent à investir dans des secteurs spécifiques, je signalerais les communications, l'immobilier, le secteur financier. Selon nous, tous ces secteurs demeurent sous-valorisés. Un autre secteur, celui des services publics. Les services publics ont été durement touchés l'an dernier avec la hausse des taux d'intérêt et c'est un secteur qui à mon avis est suffisamment décrié pour présenter un attrait considérable. Le revers de la médaille, la technologie. Il s'agit d'un secteur qui selon nous est légèrement surévalué à ce stade. Le moment est propice pour les investisseurs de faire le tour de leur portefeuille en recherchant les actions qui sont surévaluées et dont le cours est gonflé. Le moment est propice pour verrouiller les bénéfices. Le secteur de l'industrie et de l'énergie est très surévalué à l'heure actuelle ou du moins intégralement valorisé et pourrait être en difficulté s'il y a une baisse au quatrième trimestre tandis que l'économie commence à ralentir.
Vous avez parlé de l'énergie. C'est intéressant parce que ce secteur a décollé depuis quelque temps. Il semble qu'il a beaucoup rattrapé de terrain en très peu de temps.
Oui, dans le secteur de l'énergie, il faut mettre de côté l'évolution du cours du pétrole à court terme et songer à l'évolution de celui-ci sur l'intégralité d'un cycle économique. Nous sommes d'accord avec les participants sur le marché que l'offre de pétrole est serrée, ce qui va maintenir les cours à un niveau élevé à court terme. D'ici 5, 7, 10 ans, nous pensons que le cours du pétrole va baisser vers la fin de cette décennie, avec la généralisation des véhicules électriques, qui représenteront une proportion croissante des ventes de véhicules neufs ainsi que du nombre de véhicules en circulation. Nous prévoyons, dis-je, que d'ici la fin de cette décennie, la demande de pétrole diminuera et que l'offre de pétrole augmentera. Beaucoup d'entreprises ont trop consacré au rendement des actionnaires en dividendes, en rachat d'actions. Je crois qu'elles vont commencer à se tourner plutôt vers la croissance, à explorer et produire davantage d'ici quelques années.
Vous avez parlé des perturbations qui sont à attendre en cours d'automne et vers l'hiver. Parlons du troisième trimestre. Quelles sont vos attentes à cet égard?
Les bénéfices du troisième trimestre vont être assez positifs. L'économie se maintient beaucoup mieux que quiconque, nous compris, l'avait prévu. De fait, notre équipe de services économiques vient de rehausser les estimations pour le PIB au troisième trimestre; le risque, cet automne, ne sera pas que les entreprises déçoivent à la baisse au niveau de leurs bénéfices, mais plutôt les orientations données par les équipes de direction et la tonalité à l'approche de 2024. Est-ce le facteur principal? C'est une chose de dire que les trois derniers mois se sont soldés par des résultats supérieurs aux attentes du marché, selon la compagnie, mais pour l'avenir, nous ne sommes plus trop certains.
Nous vivons cela depuis quelque temps. Les entreprises ne cessent d'anticiper sur une récession qui ne s'est pas encore présentée.
Oui, et cela fait évoluer notre pronostic. En début d'année, nous ne sommes pas partisans de l'approche d'une récession, nous pensons qu'il y aura un atterrissage en douceur depuis la fin de l'an dernier, mais quand on commence à songer à ce qui se produit sur le terrain, les taux d'intérêt sont élevés, les plus élevés depuis la crise financière mondiale, les banques réduisent leurs prêts; tout cela va se combiner pour entraîner un recul de l'économie plus tard cette année. Nous pensons qu'il y aura trois trimestres successifs de recul économique, les trois prochains trimestres, jusqu'au deuxième semestre 2024. C'est à ce moment-là que nous prévoyons que l'économie parvienne presque au décrochage, mais sans décrocher absolument. Ce ne sera qu'au deuxième semestre de 2024 qu'il y aura un revirement et un nouveau décollage de l'économie. Ceci dit, notre pronostic de PIB pour 2024 n'est que de 1,4 %.
Si c'est la conjoncture macro-économique et que l'économie est vouée au ralentissement, que va faire la Fed avec cette information? Quand les banques centrales vont-elles commencer à réduire les taux?
Nous pensons que la Fed a terminé d'augmenter les taux. Nous le croyons depuis deux mois. Nous pensons que sa mission est accomplie. La Fed a suffisamment relevé les taux d'intérêt. Ces hausses vont commencer à se répercuter sur l'économie. Nous pensons que l'inflation va continuer de reculer d'ici la fin de cette année et qu'en début d'année prochaine, la Fed aura maîtrisé l'inflation et l'aura fait redescendre à sa cible de 2 %. Pour l'ensemble de 2024, notre équipe de services économiques prévoit que l'inflation moyenne cette année sera légèrement inférieure à la cible de 2 %. Je pense que cette combinaison de ralentissement économique et de maîtrise de l'inflation qui continuera à refluer va amener la Fed non seulement à ne plus augmenter les taux d'ici environ deux mois, mais à envisager pendant le premier trimestre de l'an prochain à commencer de réduire les taux.
L'été a été agité pour les marchés boursiers. Le S&P 500 a encore progressé de près de 16 % grâce à quelques actions de méga technologie.
David Sekera est stratège en chef du marché américain chez Morningstar. Bonjour, David. L'été est passé; au moins, les vacances d'été. Il a été agité, mais les marchés boursiers ont quand même bien progressé.
Bonjour, Greg, cela me fait plaisir de vous revoir. Oui, l'année s'est bien passée, avec quelque peu de volatilité depuis deux semaines, mais jusqu'à hier soir, l'indice Morningstar général est en hausse de 17,4 %. Bien sûr, c'est après des niveaux très sous-valorisés en début d'année. À ce stade, nous pensons que le marché américain demeure légèrement sous-évalué, mais je mets les investisseurs en garde: les rendements pour le reste de cette année seront beaucoup moins élevés. Je suis également préoccupé à l'idée qu'une volatilité pourrait se présenter fin septembre début octobre, ou du moins cet automne. En effet, l'économie américaine s'est beaucoup mieux portée que prévu cette année. Nos estimations, quoique supérieures au consensus, étaient encore trop faibles, mais le resserrement de la politique monétaire va prélever son tribut. Notre scénario de base prévoit que la croissance économique aux États-Unis commencera à ralentir au quatrième trimestre. Ce qui me préoccupe, c'est que lorsque les équipes de direction commenceront à annoncer les bénéfices du troisième trimestre et prévoir ceux du quatrième trimestre ou même de 2024, les marchés pourraient être déçus.
Donc un peu de perturbation dans l'avenir. Ce qui nous a fait parvenir jusqu'ici, malgré les perturbations des quelques dernières semaines, ce sont les sept magnifiques. On en a beaucoup parlé, ce n'est pas rare d'évoquer l'absence de largeur du marché. Parlons des sept magnifiques et de leur hausse.
Oui. Jusqu'à la fin du mois d'août, ces sept actions qui représentent plus de 60 % des gains totaux du marché en cumul annuel. Selon nos valorisations, six des sept magnifiques étaient très nettement sous-évaluées en début d'année. Toutes ont beaucoup progressé depuis lors. À ce stade, l'une de celles-là est toujours sous-valorisée, mais les cinq autres ont atteint ce que nous appelons leur juste valeur. L'une d'elle a trop progressé selon nous et est largement surévaluée à l'heure actuelle.
Ces grands titres de la technologie, les sept magnifiques, peuvent faire évoluer l'indice total du S&P 500 et du Nasdaq. Que dire de la largeur du marché, de l'étendue du marché? Si les investisseurs ont privilégié les sept magnifiques presque exclusivement, le marché est-il appelé à s'élargir?
Oui, nous le croyons. Nous en avons parlé dans notre bulletin boursier du mois de juin. Pour que le marché continue de monter, il faut que cette remontée s'élargisse. Au niveau de la valorisation, quand on considère les sept magnifiques, la plupart de ces actions, en fait, ont achevé leur course. Quand je considère les graphiques, bon nombre de ces actions s'essoufflent à l'heure actuelle. Je pense que l'étendue du marché va s'accroître à l'avenir.
Parlons-en, une plus grande étendue du marché. Certains secteurs pourraient être sous-valorisés et peut-être négligés à cause de l'attrait exercé par NVIDIA, Apple et autres.
Oui, les actions axées sur la valeur qui sont à la traîne sur le marché jusqu'ici selon nous, c'est là où l'on retrouve les possibilités les plus attrayantes pour les investisseurs aujourd'hui. Nous pensons également que le secteur des petites et moyennes capitalisations offre une valeur intéressante. Ce sont deux secteurs qui sont à la traîne encore une fois cette année. Ceux qui cherchent à investir dans des secteurs spécifiques, je signalerais les communications, l'immobilier, le secteur financier. Selon nous, tous ces secteurs demeurent sous-valorisés. Un autre secteur, celui des services publics. Les services publics ont été durement touchés l'an dernier avec la hausse des taux d'intérêt et c'est un secteur qui à mon avis est suffisamment décrié pour présenter un attrait considérable. Le revers de la médaille, la technologie. Il s'agit d'un secteur qui selon nous est légèrement surévalué à ce stade. Le moment est propice pour les investisseurs de faire le tour de leur portefeuille en recherchant les actions qui sont surévaluées et dont le cours est gonflé. Le moment est propice pour verrouiller les bénéfices. Le secteur de l'industrie et de l'énergie est très surévalué à l'heure actuelle ou du moins intégralement valorisé et pourrait être en difficulté s'il y a une baisse au quatrième trimestre tandis que l'économie commence à ralentir.
Vous avez parlé de l'énergie. C'est intéressant parce que ce secteur a décollé depuis quelque temps. Il semble qu'il a beaucoup rattrapé de terrain en très peu de temps.
Oui, dans le secteur de l'énergie, il faut mettre de côté l'évolution du cours du pétrole à court terme et songer à l'évolution de celui-ci sur l'intégralité d'un cycle économique. Nous sommes d'accord avec les participants sur le marché que l'offre de pétrole est serrée, ce qui va maintenir les cours à un niveau élevé à court terme. D'ici 5, 7, 10 ans, nous pensons que le cours du pétrole va baisser vers la fin de cette décennie, avec la généralisation des véhicules électriques, qui représenteront une proportion croissante des ventes de véhicules neufs ainsi que du nombre de véhicules en circulation. Nous prévoyons, dis-je, que d'ici la fin de cette décennie, la demande de pétrole diminuera et que l'offre de pétrole augmentera. Beaucoup d'entreprises ont trop consacré au rendement des actionnaires en dividendes, en rachat d'actions. Je crois qu'elles vont commencer à se tourner plutôt vers la croissance, à explorer et produire davantage d'ici quelques années.
Vous avez parlé des perturbations qui sont à attendre en cours d'automne et vers l'hiver. Parlons du troisième trimestre. Quelles sont vos attentes à cet égard?
Les bénéfices du troisième trimestre vont être assez positifs. L'économie se maintient beaucoup mieux que quiconque, nous compris, l'avait prévu. De fait, notre équipe de services économiques vient de rehausser les estimations pour le PIB au troisième trimestre; le risque, cet automne, ne sera pas que les entreprises déçoivent à la baisse au niveau de leurs bénéfices, mais plutôt les orientations données par les équipes de direction et la tonalité à l'approche de 2024. Est-ce le facteur principal? C'est une chose de dire que les trois derniers mois se sont soldés par des résultats supérieurs aux attentes du marché, selon la compagnie, mais pour l'avenir, nous ne sommes plus trop certains.
Nous vivons cela depuis quelque temps. Les entreprises ne cessent d'anticiper sur une récession qui ne s'est pas encore présentée.
Oui, et cela fait évoluer notre pronostic. En début d'année, nous ne sommes pas partisans de l'approche d'une récession, nous pensons qu'il y aura un atterrissage en douceur depuis la fin de l'an dernier, mais quand on commence à songer à ce qui se produit sur le terrain, les taux d'intérêt sont élevés, les plus élevés depuis la crise financière mondiale, les banques réduisent leurs prêts; tout cela va se combiner pour entraîner un recul de l'économie plus tard cette année. Nous pensons qu'il y aura trois trimestres successifs de recul économique, les trois prochains trimestres, jusqu'au deuxième semestre 2024. C'est à ce moment-là que nous prévoyons que l'économie parvienne presque au décrochage, mais sans décrocher absolument. Ce ne sera qu'au deuxième semestre de 2024 qu'il y aura un revirement et un nouveau décollage de l'économie. Ceci dit, notre pronostic de PIB pour 2024 n'est que de 1,4 %.
Si c'est la conjoncture macro-économique et que l'économie est vouée au ralentissement, que va faire la Fed avec cette information? Quand les banques centrales vont-elles commencer à réduire les taux?
Nous pensons que la Fed a terminé d'augmenter les taux. Nous le croyons depuis deux mois. Nous pensons que sa mission est accomplie. La Fed a suffisamment relevé les taux d'intérêt. Ces hausses vont commencer à se répercuter sur l'économie. Nous pensons que l'inflation va continuer de reculer d'ici la fin de cette année et qu'en début d'année prochaine, la Fed aura maîtrisé l'inflation et l'aura fait redescendre à sa cible de 2 %. Pour l'ensemble de 2024, notre équipe de services économiques prévoit que l'inflation moyenne cette année sera légèrement inférieure à la cible de 2 %. Je pense que cette combinaison de ralentissement économique et de maîtrise de l'inflation qui continuera à refluer va amener la Fed non seulement à ne plus augmenter les taux d'ici environ deux mois, mais à envisager pendant le premier trimestre de l'an prochain à commencer de réduire les taux.