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Les prix du pétrole ont subi des pressions récemment, atteignant leur plus bas niveau depuis trois mois. Anthony Okolie s’entretient avec Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD, pour savoir si la propagation du variant Delta continuera d’assombrir les perspectives pour la demande en essence.
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[MUSIQUE]
- Les prix du pétrole ont subi des pressions récemment. Ils ont atteint leur plus bas niveau depuis trois mois, quoiqu’on a assisté à un certain rebond aujourd’hui. Les négociateurs réagissent à la remontée des cas de COVID-19 et du dollar américain. Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD est avec nous aujourd’hui pour nous en parler. Bart, à votre avis, qu’est-ce qui se passe du côté des prix du pétrole en ce moment?
- Tout d’abord, j’aimerais dire je suis heureux d’être ici. Merci de m’avoir invité. Eh bien, je crois que la plus grande inquiétude continue d’être la COVID-19 et tout particulièrement le nouveau variant, le variant Delta, qui semble être partout. Le problème, c’est qu’on voit des données en Asie et de plus en plus en Amérique du Nord qui suggèrent que la demande à laquelle on s’attendait au troisième trimestre et probablement au début du quatrième trimestre pourrait ne pas se matérialiser dans la mesure à laquelle on s’attendait. Et cela signifie que ces marchés pourraient être beaucoup moins étroits que prévu.
- Et y a-t-il une forte corrélation entre les prix du pétrole et la COVID-19? Si le nombre de cas continue d’empirer à l’échelle mondiale, devrait-on s’attendre à de faibles cours du pétrole pendant une période prolongée?
- Je ne suis pas certain que ce serait pour une longue période. Mais je pense que la réaction en Chine, jusqu’à présent, a été très marquée. Il y a eu des confinements majeurs, et les données sur la mobilité suggèrent une baisse de la conduite automobile, ce qui signifie qu’il y a et qu’il continuera d’y avoir moins d’importations. Je crois que nous sommes mieux équipés pour faire face à la COVID-19 à présent. Donc non, on n’assistera pas au même type de confinement qu’il y a un an où tout était fermé et on restait à l’abri à l’intérieur. Je pense que, de façon marginale, on verra une réduction de la croissance de la demande.
En fait, on le voit déjà du côté de l’Agence internationale de l’énergie, qui a revu ses prédictions à la baisse. Et tout cela survient à un moment ou l’OPEP+ s’est engagée à augmenter l’offre de quelque 400 000 barils par jour. Et qui sait? Peut-être que l’Iran augmentera également son offre. Il y a donc beaucoup de facteurs qui nuisent aux prix du brut. De plus, plusieurs personnes sur les marchés gardent en tête la réduction des mesures d’assouplissement. Et le dollar américain pourrait aussi leur faire du tort. Il y a donc beaucoup de facteurs qui entrent en jeu ici.
- OK. La baisse des prix survient à un moment où les inventaires sont également réduits, et les réserves sont aussi limitées depuis des mois en raison du rebond économique. Mais on remet à présent tout cela en question. Donc, quelles sont vos perspectives par rapport aux inventaires?
- Nous pensons que les inventaires seront en bonne position malgré de possibles diminutions. On a vu le taux de diminution baisser la semaine dernière, ils sont encore plutôt bons. On remarque également des écarts somme toute adéquats entre les prix de l’essence et du brut. Le problème est que la pression se calmera certainement. À mesure que les gens retourneront à l’école avec la fin de l’été, ils conduiront moins, donc la conduite automobile de l’été diminuera progressivement. Je pense qu’on verra une certaine influence saisonnière sur ces inventaires, ou alors ils pourraient augmenter davantage. Et un problème avec les raffineurs pourrait survenir s’ils refusaient d’augmenter l’offre autant qu’on avait cru qu’ils le feraient, ce qui entraînerait une baisse de la demande pour les produits. Je crois que les choses vont encore bien parce que l’offre croît peu. Mais je pense que la dynamique des derniers mois changera.
- Et qu’en est-il des prix du pétrole dans l’ensemble? Quelle direction prendront-ils au quatrième trimestre?
- On pense qu’ils seront d’environ 66 ou 68 $, ou plus élevés même au début de 2022. C’est parce que l’on continue de s’attendre à ce que l’OPEP soit extrêmement disciplinée. Je ne l’imagine pas submerger le marché pour une période prolongée, et ce, même si son engagement de 400 000 barils par jour augmente d’un mois à l’autre. Selon moi, si l’OPEP voit que la demande s’essouffle, que les choses ne vont pas bien et qu’une chute des prix encore plus prononcée survient, elle apportera des changements. C’est certainement ce qu’elle a fait par le passé, et je m’attends tout à fait à ce qu’elle le refasse. Donc, on est encore optimistes que les prix ne baisseront pas davantage. Ils vont peut-être demeurer bas quelque temps. Mais on s’attend, à un certain point, à ce qu’ils remontent quelque peu.
- OK. Je veux rapidement passer au prix de l’or, qui demeure en deçà de 1 800 $ en raison de toute l’incertitude économique qui règne. Qu’est-ce qui se passera du côté de l’or, selon vous?
- Eh bien, nous aimons toujours l’or. En fait, on l’a vu aujourd’hui dépasser 1 800 $, à 1 803 $, je crois. Je pense qu’on pourrait atteindre environ 1 850 $ pour le moment. Le problème avec l’or, c’est que la réduction des mesures d’assouplissement pourrait se produire. Essentiellement, comme la Réserve fédérale américaine pourrait réduire la quantité de liquidités qu’elle injecte sur le marché, beaucoup de gens ont eu peur d’investir dans l’or. Mais le prix a connu une correction importante. On est à présent remontés de près de 100 $, je crois, du point le plus bas. Et je crois qu’il est très improbable que la Réserve fédérale réduise trop brusquement ses mesures d’assouplissement. Je continue de m’attendre à ce que les taux d’intérêt réels soient en territoire négatif pour la majorité de la courbe des taux.
Ce qui m’inquiète, c’est que l’économie ne rebondisse pas aussi rapidement qu’on l’espérait à cause du variant Delta qui frappe partout dans le monde, même dans les parties du monde où les gens sont vaccinés. Et donc je crois que l’or a encore un potentiel de croissance. Et je pense que l’idée selon laquelle les taux d’intérêt vont atteindre un sommet avant de redescendre un moment se matérialisera quand de mauvais résultats attribuables à la COVID-19 commenceront à se manifester dans les prochains mois.
N’oublions pas que la Réserve fédérale américaine a fait du plein emploi une priorité. Selon nos estimations, cela signifie qu’entre 340 000 et 360 000 nouveaux emplois devront être créés chaque mois pendant les 24 prochains mois. C’est un gros défi. Et il sera très difficile de resserrer la politique monétaire si elle souhaite accomplir cela. Je crois donc qu’elle fera preuve d’une grande prudence, ce qui sera bon pour l’or.
- Bart, merci beaucoup du temps que vous nous avez accordé.
- Avec plaisir. Merci pour l’invitation.
[MUSIQUE]
- Les prix du pétrole ont subi des pressions récemment. Ils ont atteint leur plus bas niveau depuis trois mois, quoiqu’on a assisté à un certain rebond aujourd’hui. Les négociateurs réagissent à la remontée des cas de COVID-19 et du dollar américain. Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD est avec nous aujourd’hui pour nous en parler. Bart, à votre avis, qu’est-ce qui se passe du côté des prix du pétrole en ce moment?
- Tout d’abord, j’aimerais dire je suis heureux d’être ici. Merci de m’avoir invité. Eh bien, je crois que la plus grande inquiétude continue d’être la COVID-19 et tout particulièrement le nouveau variant, le variant Delta, qui semble être partout. Le problème, c’est qu’on voit des données en Asie et de plus en plus en Amérique du Nord qui suggèrent que la demande à laquelle on s’attendait au troisième trimestre et probablement au début du quatrième trimestre pourrait ne pas se matérialiser dans la mesure à laquelle on s’attendait. Et cela signifie que ces marchés pourraient être beaucoup moins étroits que prévu.
- Et y a-t-il une forte corrélation entre les prix du pétrole et la COVID-19? Si le nombre de cas continue d’empirer à l’échelle mondiale, devrait-on s’attendre à de faibles cours du pétrole pendant une période prolongée?
- Je ne suis pas certain que ce serait pour une longue période. Mais je pense que la réaction en Chine, jusqu’à présent, a été très marquée. Il y a eu des confinements majeurs, et les données sur la mobilité suggèrent une baisse de la conduite automobile, ce qui signifie qu’il y a et qu’il continuera d’y avoir moins d’importations. Je crois que nous sommes mieux équipés pour faire face à la COVID-19 à présent. Donc non, on n’assistera pas au même type de confinement qu’il y a un an où tout était fermé et on restait à l’abri à l’intérieur. Je pense que, de façon marginale, on verra une réduction de la croissance de la demande.
En fait, on le voit déjà du côté de l’Agence internationale de l’énergie, qui a revu ses prédictions à la baisse. Et tout cela survient à un moment ou l’OPEP+ s’est engagée à augmenter l’offre de quelque 400 000 barils par jour. Et qui sait? Peut-être que l’Iran augmentera également son offre. Il y a donc beaucoup de facteurs qui nuisent aux prix du brut. De plus, plusieurs personnes sur les marchés gardent en tête la réduction des mesures d’assouplissement. Et le dollar américain pourrait aussi leur faire du tort. Il y a donc beaucoup de facteurs qui entrent en jeu ici.
- OK. La baisse des prix survient à un moment où les inventaires sont également réduits, et les réserves sont aussi limitées depuis des mois en raison du rebond économique. Mais on remet à présent tout cela en question. Donc, quelles sont vos perspectives par rapport aux inventaires?
- Nous pensons que les inventaires seront en bonne position malgré de possibles diminutions. On a vu le taux de diminution baisser la semaine dernière, ils sont encore plutôt bons. On remarque également des écarts somme toute adéquats entre les prix de l’essence et du brut. Le problème est que la pression se calmera certainement. À mesure que les gens retourneront à l’école avec la fin de l’été, ils conduiront moins, donc la conduite automobile de l’été diminuera progressivement. Je pense qu’on verra une certaine influence saisonnière sur ces inventaires, ou alors ils pourraient augmenter davantage. Et un problème avec les raffineurs pourrait survenir s’ils refusaient d’augmenter l’offre autant qu’on avait cru qu’ils le feraient, ce qui entraînerait une baisse de la demande pour les produits. Je crois que les choses vont encore bien parce que l’offre croît peu. Mais je pense que la dynamique des derniers mois changera.
- Et qu’en est-il des prix du pétrole dans l’ensemble? Quelle direction prendront-ils au quatrième trimestre?
- On pense qu’ils seront d’environ 66 ou 68 $, ou plus élevés même au début de 2022. C’est parce que l’on continue de s’attendre à ce que l’OPEP soit extrêmement disciplinée. Je ne l’imagine pas submerger le marché pour une période prolongée, et ce, même si son engagement de 400 000 barils par jour augmente d’un mois à l’autre. Selon moi, si l’OPEP voit que la demande s’essouffle, que les choses ne vont pas bien et qu’une chute des prix encore plus prononcée survient, elle apportera des changements. C’est certainement ce qu’elle a fait par le passé, et je m’attends tout à fait à ce qu’elle le refasse. Donc, on est encore optimistes que les prix ne baisseront pas davantage. Ils vont peut-être demeurer bas quelque temps. Mais on s’attend, à un certain point, à ce qu’ils remontent quelque peu.
- OK. Je veux rapidement passer au prix de l’or, qui demeure en deçà de 1 800 $ en raison de toute l’incertitude économique qui règne. Qu’est-ce qui se passera du côté de l’or, selon vous?
- Eh bien, nous aimons toujours l’or. En fait, on l’a vu aujourd’hui dépasser 1 800 $, à 1 803 $, je crois. Je pense qu’on pourrait atteindre environ 1 850 $ pour le moment. Le problème avec l’or, c’est que la réduction des mesures d’assouplissement pourrait se produire. Essentiellement, comme la Réserve fédérale américaine pourrait réduire la quantité de liquidités qu’elle injecte sur le marché, beaucoup de gens ont eu peur d’investir dans l’or. Mais le prix a connu une correction importante. On est à présent remontés de près de 100 $, je crois, du point le plus bas. Et je crois qu’il est très improbable que la Réserve fédérale réduise trop brusquement ses mesures d’assouplissement. Je continue de m’attendre à ce que les taux d’intérêt réels soient en territoire négatif pour la majorité de la courbe des taux.
Ce qui m’inquiète, c’est que l’économie ne rebondisse pas aussi rapidement qu’on l’espérait à cause du variant Delta qui frappe partout dans le monde, même dans les parties du monde où les gens sont vaccinés. Et donc je crois que l’or a encore un potentiel de croissance. Et je pense que l’idée selon laquelle les taux d’intérêt vont atteindre un sommet avant de redescendre un moment se matérialisera quand de mauvais résultats attribuables à la COVID-19 commenceront à se manifester dans les prochains mois.
N’oublions pas que la Réserve fédérale américaine a fait du plein emploi une priorité. Selon nos estimations, cela signifie qu’entre 340 000 et 360 000 nouveaux emplois devront être créés chaque mois pendant les 24 prochains mois. C’est un gros défi. Et il sera très difficile de resserrer la politique monétaire si elle souhaite accomplir cela. Je crois donc qu’elle fera preuve d’une grande prudence, ce qui sera bon pour l’or.
- Bart, merci beaucoup du temps que vous nous avez accordé.
- Avec plaisir. Merci pour l’invitation.
[MUSIQUE]