La récente volatilité des taux d’intérêt a rendu difficile le marché des actions privilégiées. James Hunter, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, évoque les perspectives pour cette catégorie d’actif et parle des raisons pour lesquelles il pourrait y avoir des occasions à l’avenir.
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Les conversations sur les marchés sont souvent dominées par les actions et les obligations. Il y a un domaine qui est négligé, celui des actions privilégiées. James Hunter de gestion de placement TD nous rejoint pour nous faire part de son point de vue. Bonjour, James. Bonjour, Greg. Ça me fait plaisir de passer à votre émission. Nous avons promis à notre auditoire de parler d'actions privilégiées. Pour quelqu'un qui connaît mal ce secteur, pourriez-vous nous rappeler brièvement en quoi consistent les actions privilégiées et quelle est leur place parmi les catégories d'actifs? Les actions privilégiées sont un type de valeurs mobilières émises typiquement par les banques et les compagnies d'assurances et qui rapportent des dividendes, comme les actions ordinaires. Ces dividendes font l'objet de crédits d'impôt au Canada. Les actions sont cotées en Bourse. Comme les obligations, elles occupent une place plus élevée dans la structure du capital. En contrepartie, elles ne participent pas à la croissance de la compagnie. Certaines de leurs caractéristiques ressemblent à celle des actions, d'autres à celles des obligations, c'est un placement hybride. Quand on parle des actions privilégiées, qui les émet, au juste? Eh bien, comme je le disais, au Canada, il s'agit d'un marché de 40 milliards de dollars. 60% sont attribuables à des institutions financières, banques, compagnies d'assurances, sociétés financières diversifiées. Encore 20% de compagnies de pipelines, 10% de services publics, et les 10% restants sont une gamme d'autres émetteurs. Il s'agit d'un marché quelque peu équilibré, mais tout de même dominé par les banques et les compagnies d'assurances. Il faut savoir qu'il y a trois types d'actions privilégiées. Il y a les actions à taux fixe qui représentent les trois quarts du marché. C'est-à-dire que vous avez un dividende fixe pour les cinq premières années qui est actualisé à intervalle de cinq ans. Il y a les actions à taux fixe perpétuel qui vous rapportent un dividende fixe indéfiniment, 20% du marché, et troisième type, les actions à taux variable, c'est là où le dividende augmente et diminue en raison de la politique de la banque centrale. Cela représente 5% du marché. Il y a donc trois types différents d'actions privilégiées. Où se situe l'activité sur le marché? Depuis un ou deux ans, je dirais... pour commencer, les actions privilégiées ont eu beaucoup de hauts et de bas depuis quelque temps. Vos spectateurs le savent sans doute. Ce qui a vraiment pris le marché par surprise, c'est la volatilité des taux d'intérêt. Avant la Covid, les taux d'intérêt étaient de près de 3%, puis ont été réduits à zéro pendant la pandémie, puis ils sont remontés jusqu'à 5% au Canada. Cette volatilité des taux d'intérêt s'est répercutée sur le marché des actions privilégiées. Depuis deux ans environ, les meilleurs résultats ont été obtenus avec les actions privilégiées à taux variable qui bénéficient des taux d'intérêt plus élevés, mais comme je l'ai dit, il s'agit du secteur le moins important du marché. Normalement, ce sont les actions à taux fixe, le plus actif... Il y a eu des hauts et des bas, mais depuis deux mois, ce marché se porte assez bien. Nos auditeurs qui apprennent l'existence des actions privilégiées se demandent peut-être pourquoi ils les choisiraient plutôt qu'une obligation. Qu'est-ce qui les distingue? Pourquoi certains investisseurs choisissent-ils d'acheter des actions privilégiées plutôt que des titres à revenu fixe? Le domaine principal dans lequel une action privilégiée peut aider votre portefeuille, c'est celui du revenu. Si vous songez au revenu que une action privilégiée, le rendement est environ 6%, nettement plus élevé que la plupart des autres segments du marché. La clé au Canada, c'est que c'est un revenu fiscalement avantageux. Vous bénéficiez d'un crédit d'impôt. Selon votre taux d'imposition marginale, vous pourriez bénéficier d'un rendement de 6% après impôts. C'est un élément très favorable du marché des actions privilégiées, plus favorable que les liquidités ou la plupart des obligations. En outre, les actions privilégiées sont cotées à 20% en deçà de la valeur nominale. Si le marché continue de revenir à la valeur nominale au Canada, c'est-à-dire 25$ l'action, il y a également une possibilité de réaliser un gain en capital. Parlons de la valeur nominale. Certains investisseurs pourraient songer que les banques centrales ayant maintenu leurs taux inchangés pendant plusieurs mois, est-ce que ce sont les mêmes conditions de marché dans lesquelles les actions privilégiées vont revenir la valeur nominale? Ce n'est pas exactement la même chose, mais je dirais que le thème, la cadence, sont semblables. Dans ce graphique, nous voyons le marché des actions privilégiées sur les 20 dernières années. J'ai converti l'indice à une moyenne pondérée par action. Comme je l'ai dit, la valeur nominale est de 25$. Vous voyez que depuis plusieurs années, il y a eu un certain nombre de baisses du marché. En revanche, la moyenne à long terme est autour de 22 dollars l'action. À l'heure actuelle, nous sommes largement en deçà de ce chiffre. Nous sommes près de 20$ l'action et c'est de là que découle le potentiel de gain en capital que j'ai évoqué. Pour répondre à votre question, je pense que les actions privilégiées peuvent remonter lorsque les taux d'intérêt diminueront. La clé sera que les taux d'intérêt diminuent, mais pas trop. S'il faut que les taux d'intérêt diminuent beaucoup, cela signifie sans doute que nous sommes en récession, ce qui ne serait pas très favorable pour le marché des actions privilégiées. Mais s'il y a suffisamment de coupures de taux pour indiquer que l'économie va s'en tirer après une période de faiblesse, ce serait bon pour le marché. Justement, quels sont les risques dans ce secteur pour les investisseurs qui envisagent des actions privilégiées? Vous venez d'en évoquer un, une récession affecte la plupart des catégories d'actifs, et les actions privilégiées ne seraient pas immunisées. D'autres risques pour ceux qui envisagent de détenir des actions privilégiées? Les deux risques principaux sont le risque de crédit et le risque de taux d'intérêt. Le risque de crédit porte sur la mesure dans laquelle les bénéfices de l'entreprise sont fiables et donc la mesure dans laquelle elle peut verser le dividende. Puisque les porteurs d'actions privilégiées participent à la croissance de la compagnie, il est important qu'ils touchent le revenu. On étudie toujours le risque de crédit. Il y a un segment du marché qui a une cote de crédit plus faible. C'est intéressant, on peut obtenir des prix intéressants. Il y a le risque de taux d'intérêt. Si vous songez aux trois quarts du marché qui sont actualisés à intervalle de cinq ans, il faut se demander quand l'actualisation aura lieu. Cela pourrait être cette année ou cela pourrait dans cinq ans. Un autre élément, quel est l'écart de ses actions? Certaines auront un écart de 100 points de base. Si les taux diminuaient beaucoup, il n'y a pas beaucoup de protection contre les taux d'intérêt, mais il y a d'autres actions qui ont 3 ou 400 points de base d'écart, qui seraient plus résilientes si les taux d'intérêt diminuent. Voilà ce que nous envisageons, le risque de crédit et le risque de taux d'intérêt. Cela m'a fait songer à la liquidité du marché. Est-ce que c'est une préoccupation? Est-ce un marché très liquide? Le marché s'est un peu rétréci depuis quelques années. Il n'y a pas eu de nouvelles émissions depuis 2022. Il y a eu un certain nombre de rétractations il y a quelques années, nous ne pouvons pas entrer dans le détail, mais à cause de ces remboursements, le marché a rétréci, mais il est resté stable depuis 12 mois, ce qui est favorable car la liquidité est parfois épisodique. Je dirais qu'il y a toujours 200 actions privilégiées en circulation au Canada. Ce sont des émetteurs de grande qualité, les banques, les compagnies d'assurances, les grandes compagnies d'oléoducs et de gazoducs, les services publics. Ce sont des actions de grande qualité. Il en reste environ 200.