
Depuis le début de l’année, le secteur canadien des services publics a surpassé l’indice composé S&P/TSX. Marisa Jones, analyste de crédit, Services publics à Gestion de Placements TD, explique à Greg Bonnell pourquoi elle croit que certains facteurs favorables au marché pourraient aider à maintenir cette dynamique au cours des prochains trimestres.
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[MUSIQUE] * Bien que la domination des grandes sociétés technologiques américaines ait accaparé l’attention, les services publics canadiens ont tranquillement fait meilleure figure de ce côté-ci de la frontière. Marisa Jones, analyste de crédit, Services publics à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour en discuter. Marisa, c’est un plaisir de vous revoir à l’émission. * Merci de m’avoir invitée. Merci. * C’était intéressant lorsque vous avez soulevé ce point hier, lors de notre discussion, mais j’aimerais qu’on en parle pendant l’émission... je regardais les services publics, et ils ont en effet surpassé l’indice composé TSX. Que se passe-t-il dans ce secteur? * Eh bien, il y a plusieurs facteurs. Si on regarde le premier trimestre, le secteur canadien des services publics a été un peu à la traîne au quatrième trimestre de l’année dernière, de sorte qu’au début de ce trimestre-ci, il y avait un peu d’activités commerciales axées sur la sûreté et la sécurité, que les services publics offrent, bien sûr. * Deuxièmement, je dirais qu’un certain nombre de services publics qui avaient tiré de l’arrière au quatrième trimestre ont inscrit des rendements supérieurs au cours du trimestre en raison de situations particulières. * D’accord, c’est ce qui explique cette situation. Bien sûr, cela inquiète aussi les investisseurs. Qu’est-ce qu’on a devant nous, qu’est-ce qui nous attend? Comment le secteur des services publics va-t-il évoluer pour le reste de l’année? * Bien sûr. Je pense que les services publics sont bien placés pour continuer à afficher un solide rendement, de sorte que nos perspectives en matière d’inflation continuent d’être défavorables pour la plupart des sociétés au Canada. En Amérique du Nord, en général, les services publics offrent un rendement réel. * Ce que je veux dire par là, c’est que les taux d’inflation répercutent le coût du capital et les dépenses des services publics sur le contribuable final, ce qui offre une certaine protection à l’investisseur contre les effets négatifs de l’inflation, ce à quoi on continue de s’attendre. * De plus, je pense qu’il y a beaucoup de facteurs favorables à moyen et à long terme dans ce secteur, et on peut en parler si vous voulez, notamment les politiques de soutien et les règlements qui favorisent l’écologisation du réseau pour l’augmentation de la demande d’électricité et le soutien du système ici au Canada. * Maintenant, le budget fédéral canadien, et cela semble remonter à loin, bien que ça fasse seulement quelques semaines. En même temps, toutefois, les mesures contenues dans le budget peuvent évidemment avoir des effets sur divers secteurs à l’avenir. Alors que les médias mettent de moins en moins l’accent sur le budget fédéral, on voit encore des éléments liés aux services publics. Quels sont-ils? * Eh bien, c’était très intéressant, car j’ai vu le budget fédéral canadien comme une réaction à ce qui s’est passé l’été dernier aux États-Unis. C’était la Loi sur la réduction de l’inflation. Donc, dans cette loi aux États-Unis, il y a eu beaucoup de choses... bien sûr, ils ont tenté de composer avec l’inflation et les emplois, mais ce projet de loi contient beaucoup d’éléments aux États-Unis qui soutiennent les énergies renouvelables, la production d’énergie propre et le développement sur le territoire national, ce qui ramène la chaîne d’approvisionnement aux États-Unis. * Donc au Canada, pour suivre le rythme, le budget fédéral canadien comprenait également différentes mesures fiscales, des crédits d’impôt pour la fabrication d’énergie propre, afin que toute la chaîne d’approvisionnement de l’énergie propre puisse recevoir des crédits d’impôt à l’avenir. C’est donc très favorable. * Il existe également différents mécanismes de soutien pour les investissements en ce qui a trait à la production d’énergies renouvelables, ce qui représente un important soutien fiscal. Il s’agit de l’ensemble de l’offre d’énergie, donc plus de la production d’électricité que des services publics réglementés, selon moi. Donc pas autant pour la distribution et la transmission. * Mais, bien sûr, si vous avez une composante pour soutenir la production d’électricité, les services publics réglementés que je couvre en grande partie... * Il faut générer de l’électricité, puis trouver... * Il faut... * Il faut la distribuer aux gens. La fournir... * La distribuer, oui, et je pense que c’est très favorable. * Je voulais vous parler de l’inflation, parce que la dernière fois qu’on s’est rencontrés, on en a parlé. Vous en avez parlé brièvement et, bien sûr, vous avez parlé de la capacité des services publics réglementés de surmonter ces pressions inflationnistes et, en fin de compte, on les supporte en tant qu’utilisateurs de ces services publics. Y a-t-il un risque politique dans ce contexte, lorsque le gouvernement dit qu’il veut atténuer les conséquences de ces coûts plus élevés, et que les gens se demandent : « Qu’en est-il de ma facture d’énergie? » * Très bon point, et c’est quelque chose qu’on surveille très attentivement. Il y a donc un équilibre entre les investissements en capitaux nécessaires pour les services publics à bien des égards. L’effet de l’inflation sur les coûts, puis l’équilibre entre l’abordabilité. Et c’est la même chose pour les clients. * Les services publics réglementés ont la responsabilité de servir le territoire où ils sont situés. C’est une obligation et, pour les sociétés réglementées, on s’attend à ce qu’elles obtiennent un juste taux de rendement. C’est ainsi que fonctionne le secteur des services publics ici au Canada et à l’échelle mondiale. * Donc, lorsque l’inflation augmente, on craint qu’ils soient autorisés à profiter de la hausse et à la répercuter sur le contribuable final, mais s’ils ne peuvent pas se le permettre, il y a un risque élevé d’interférence politique. * Ce qu’on a beaucoup vu en Amérique du Nord, c’est que le gouvernement avait déclaré dans différentes régions qu’il était conscient que c’était un problème, donc, le gouvernement, dans certains États, est intervenu et a commencé à offrir des programmes d’aide aux clients qui ne peuvent pas se permettre cette hausse des coûts sur leurs factures. * Je surveille pour voir s’il y a de l’interférence politique. En règle générale, il n’y a aucune répercussion sur les services publics réglementés, mais on en a vu un exemple en Nouvelle-Écosse à l’automne, ce qui a entraîné certains... on a vu [INAUDIBLE] le cours de l’action diminuer, les agences de notation ont pris des mesures punitives contre Nova Scotia Power. * En fin de compte, l’impact en dollars pour ce service public n’était pas si important, mais le fait qu’il y ait eu une interférence politique a été considéré comme un risque et un effet négatif. * J’imagine que beaucoup de nos auditeurs vont regarder le secteur des services publics aujourd’hui dans une perspective boursière. Bien sûr, vous êtes analyste de crédit. Est-ce que les investisseurs boursiers et les personnes comme vous qui examinent le crédit recherchent les mêmes choses chez une entreprise? Quand vous commencez à faire vos devoirs et à examiner le bilan, cherchez-vous en quelque sorte les mêmes choses? * Tout à fait, et je dirais en particulier maintenant, alors que les coûts augmentent, comme vous l’avez mentionné. On surveille les répercussions sur les flux de trésorerie. Et en ce qui concerne les services publics en particulier, et dans une certaine mesure, les sociétés intermédiaires du secteur des pipelines également, l’impact sur la capacité de verser un dividende pourrait être affecté si la cote de crédit est à risque d’être abaissée. La capacité de croissance pourrait également être touchée. Du point de vue du crédit, je suis prudente quant au risque de baisse, mais en ce moment, je pense que nos intérêts cadrent tout à fait avec la façon dont les investisseurs boursiers examinent eux aussi les sociétés. [MUSIQUE]