Les compagnies aériennes ont profité d’une hausse de la demande avec la fin de la pandémie. Mais une possible récession entraînera-t-elle le ralentissement des actions du transport aérien? David Mau, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, discute des perspectives des compagnies aériennes avec Greg Bonnell.
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Les compagnies aériennes commencent enfin à tirer leur épingle du jeu grâce à l’abolition de la plupart des restrictions de voyage liées à la COVID-19. Le chaos observé dans de nombreux aéroports cet été s’atténue. Mais est-ce qu’une possible récession à l’horizon pourrait nuire à la reprise? David Mau, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD se joint à nous. On est heureux de vous revoir, David.
Je suis ravi d’être ici, Greg.
GREG BONNELL : Très bien, commençons. Le secteur du transport aérien a été très durement touché durant la pandémie. On a vu une explosion de la demande cet été. Le chaos dans les aéroports. Tout semble bien aller pour le moment. À quoi doit-on faire attention à l’avenir?
Oui, vous avez raison. Le transport aérien est très robuste depuis le début de l’année. Le printemps a été excellent. L’été a été encore meilleur. Le troisième trimestre, qui vient de se terminer, fin septembre, semble avoir été assez solide aussi. D’après les chiffres qu’on voit et ce que les compagnies aériennes nous disent, le quatrième trimestre et la période des fêtes devraient aussi être très robustes.
Les réservations, tant pour les loisirs que pour le travail, sont en train d’augmenter. Et on sait que le prix des billets d’avion est plus élevé qu’il n’était avant la pandémie. Dans l’ensemble, les compagnies aériennes enregistrent une bonne année. Les perspectives semblent assez bonnes. Ce qui est incertain, c’est ce qui nous attend en 2023 en cas de récession. Si cette première vague de demandes de voyage est maintenant derrière nous, qu’est-ce que cela signifie pour l’année prochaine?
La bonne nouvelle, c’est que l’IATA, l’association du transport aérien, prévoit que 2022 sera la première année depuis le début de la pandémie où les compagnies aériennes seront rentables. Cela fait donc trois ans que les compagnies aériennes n’ont pas réalisé de profits. Et il semble que cette année, elles seront enfin en mesure de le faire.
Et en matière de reprise des voyages cette année, il semble que les voyages de loisirs aient été les premiers à se rétablir. Les gens se sont dit qu’il n’y avait plus de restrictions. Qu’ils pouvaient prendre l’avion pour aller à tel endroit. Qu’ils pouvaient faire telle ou telle chose. Qu’ils n’étaient allés nulle part depuis longtemps donc qu’ils allaient le faire. Les entreprises ont été plus lentes. Mais d’après ce que vous dites, les entreprises reprennent du poil de la bête. Comment est-ce que ces deux segments différents, les loisirs ou le professionnel, réagissent-ils à la mauvaise conjoncture économique? Les sociétés ont-elles procédé à des réductions importantes?
Les entreprises réduisent leurs dépenses de manière drastique. Cela dit, pour ce qui est des voyages de loisirs, par exemple, si vous perdez votre emploi ou vous travaillez moins d’heures et vous faites face à une inflation élevée… Donc les prix d’autres produits augmentent. Les voyages de loisirs sont l’une des premières choses auxquelles vous allez renoncer. Donc ça va évidemment avoir un impact. Pour ce qui est des entreprises, en ce moment, on voit beaucoup de sociétés envisager des mises à pied ou des mesures de réduction des coûts. Cela pourrait avoir des répercussions plus importantes pour les compagnies aériennes parce que les voyages ne représentent qu’une petite partie de l’ensemble des passagers. Mais c’est une part importante des bénéfices de la compagnie aérienne.
Soit dit en passant, j’ai entendu dire que, compte tenu de la demande actuelle, on pourrait manquer de sièges. Et on dit aux gens : « Ne vous inquiétez pas, si vous ne prenez pas ce vol, vous pourrez en prendre un autre plus tard. On va vous donner de l’argent. Cela pourrait être avantageux de proposer plus de sièges en ligne, mais c’est une proposition risquée compte tenu de l’incertitude actuelle.
Oui, et en général, les compagnies aériennes nord-américaines et européennes ont réduit leur capacité par rapport à la période prépandémie. Dans la plupart des cas, les compagnies aériennes opèrent 5 % à 10 % moins de vols qu’auparavant. Mais ces vols sont pleins. Ils sont pleins à plus de 100 %. Comme vous venez de le mentionner, les vols sont survendus. S’il y a 300 sièges disponibles dans un avion, la compagnie aérienne vendra 310 sièges en espérant que 10 personnes ne se présenteront pas.
Mais ce qu’on constate, c’est que les 310 personnes se présentent. Et il y a 10 personnes malchanceuses qui ont payé leur vol, mais qui n’iront pas là où elles voulaient aller. Comme les compagnies aériennes maintiennent cette capacité inférieure par rapport au passé, elles peuvent exercer leurs activités avec moins de personnel. Et on sait tous que les compagnies aériennes manquent de personnel dans les avions et sur terre.
Beaucoup des pilotes qui sont partis au cours des deux ou trois dernières années ne sont pas revenus dans le secteur. Certains sont à la retraite. Certains ont changé de carrière. Et il faut beaucoup de temps pour former un nouveau pilote. On assiste donc à une pénurie de pilotes. Donc, si les compagnies aériennes sont en mesure de gérer leur capacité actuelle tout en faisant de l’argent et en opérant des vols à pleine capacité, elles continueront probablement de le faire pendant un certain temps.
Est-ce que cela les placerait en meilleure position en cas de récession? Eh bien, les banques centrales ont bien expliqué ce qu’elles essayaient de faire. Et les gens qui font des prédictions économiques l’ont bien expliqué aussi, on ne peut pas éviter une récession si la Fed… notre banque centrale et les autres veulent vraiment réduire l’inflation. Mais quand vous avez cet avertissement, est-il possible, pour le secteur, de se préparer? Je pense à la pandémie et à la façon dont tout le monde, y compris les compagnies aériennes, a été pris de court.
De toute évidence, tout le monde a été pris au dépourvu. Je pense que grâce à ces niveaux de capacité inférieurs, au moment du ralentissement, les compagnies aériennes auront moins à faire pour réduire encore leur capacité. Donc pour l’instant, c’est probablement une bonne chose.
Les coûts du carburant, en période de pandémie, pour les compagnies aériennes, étaient inquiétants… c’est un coût énorme pour elles. Il y a aussi eu beaucoup de volatilité dans ce segment. Hier, Justin Flowerday a participé à l’émission et il a dit : je peux envisager le pétrole à 60 $ et même un prix supérieur à 100 $. Comment le secteur du transport aérien compose-t-il avec cela?
DAVID MAU : Beaucoup de compagnies aériennes ont des programmes de couverture des matières premières en place pour se protéger du prix du pétrole. Mais tout le monde ne le fait pas. Tout le monde ne protège pas la totalité de son exposition au pétrole, car, comme vous l’avez dit, le prix du pétrole pourrait augmenter ou diminuer. Elles veulent donc rester entre les deux. Elles ne veulent pas complètement se protéger pour ne pas rater un potentiel de hausse si les prix du pétrole baissent. Donc en fonction de leur programme, certaines compagnies aériennes seront plus ou moins touchées par la volatilité des prix du pétrole.
GREG BONNELL : Vous étiez en voyage en Europe récemment. De toute évidence, les régions souffrent différemment en période de récession selon ce qui se passe sur le plan géopolitique. Bien sûr, la situation en Europe est assez unique en raison de la crise en Ukraine.
Les entreprises européennes font face aux mêmes défis que les sociétés nord-américaines en ce moment… une inflation élevée, des prix plus élevés et des taux d’intérêt plus élevés. Le facteur défavorable supplémentaire qu’elles ont maintenant, c’est qu’elles dépendent de la Russie pour le gaz naturel. Et le gaz naturel représente une grande partie de ce qu’elles utilisent pour le chauffage et l’exploitation des usines.
Et, avec les sanctions imposées à la Russie en ce moment, et le fait que la Russie ne fournit pas la même quantité de… le même volume de gaz qu’elle fournit normalement en Europe et en Allemagne en particulier, cela crée des problèmes supplémentaires et beaucoup d’incertitude pour les entreprises, mais également pour les ménages qui se demandent comment ils vont se chauffer cet hiver.
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Les compagnies aériennes commencent enfin à tirer leur épingle du jeu grâce à l’abolition de la plupart des restrictions de voyage liées à la COVID-19. Le chaos observé dans de nombreux aéroports cet été s’atténue. Mais est-ce qu’une possible récession à l’horizon pourrait nuire à la reprise? David Mau, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD se joint à nous. On est heureux de vous revoir, David.
Je suis ravi d’être ici, Greg.
GREG BONNELL : Très bien, commençons. Le secteur du transport aérien a été très durement touché durant la pandémie. On a vu une explosion de la demande cet été. Le chaos dans les aéroports. Tout semble bien aller pour le moment. À quoi doit-on faire attention à l’avenir?
Oui, vous avez raison. Le transport aérien est très robuste depuis le début de l’année. Le printemps a été excellent. L’été a été encore meilleur. Le troisième trimestre, qui vient de se terminer, fin septembre, semble avoir été assez solide aussi. D’après les chiffres qu’on voit et ce que les compagnies aériennes nous disent, le quatrième trimestre et la période des fêtes devraient aussi être très robustes.
Les réservations, tant pour les loisirs que pour le travail, sont en train d’augmenter. Et on sait que le prix des billets d’avion est plus élevé qu’il n’était avant la pandémie. Dans l’ensemble, les compagnies aériennes enregistrent une bonne année. Les perspectives semblent assez bonnes. Ce qui est incertain, c’est ce qui nous attend en 2023 en cas de récession. Si cette première vague de demandes de voyage est maintenant derrière nous, qu’est-ce que cela signifie pour l’année prochaine?
La bonne nouvelle, c’est que l’IATA, l’association du transport aérien, prévoit que 2022 sera la première année depuis le début de la pandémie où les compagnies aériennes seront rentables. Cela fait donc trois ans que les compagnies aériennes n’ont pas réalisé de profits. Et il semble que cette année, elles seront enfin en mesure de le faire.
Et en matière de reprise des voyages cette année, il semble que les voyages de loisirs aient été les premiers à se rétablir. Les gens se sont dit qu’il n’y avait plus de restrictions. Qu’ils pouvaient prendre l’avion pour aller à tel endroit. Qu’ils pouvaient faire telle ou telle chose. Qu’ils n’étaient allés nulle part depuis longtemps donc qu’ils allaient le faire. Les entreprises ont été plus lentes. Mais d’après ce que vous dites, les entreprises reprennent du poil de la bête. Comment est-ce que ces deux segments différents, les loisirs ou le professionnel, réagissent-ils à la mauvaise conjoncture économique? Les sociétés ont-elles procédé à des réductions importantes?
Les entreprises réduisent leurs dépenses de manière drastique. Cela dit, pour ce qui est des voyages de loisirs, par exemple, si vous perdez votre emploi ou vous travaillez moins d’heures et vous faites face à une inflation élevée… Donc les prix d’autres produits augmentent. Les voyages de loisirs sont l’une des premières choses auxquelles vous allez renoncer. Donc ça va évidemment avoir un impact. Pour ce qui est des entreprises, en ce moment, on voit beaucoup de sociétés envisager des mises à pied ou des mesures de réduction des coûts. Cela pourrait avoir des répercussions plus importantes pour les compagnies aériennes parce que les voyages ne représentent qu’une petite partie de l’ensemble des passagers. Mais c’est une part importante des bénéfices de la compagnie aérienne.
Soit dit en passant, j’ai entendu dire que, compte tenu de la demande actuelle, on pourrait manquer de sièges. Et on dit aux gens : « Ne vous inquiétez pas, si vous ne prenez pas ce vol, vous pourrez en prendre un autre plus tard. On va vous donner de l’argent. Cela pourrait être avantageux de proposer plus de sièges en ligne, mais c’est une proposition risquée compte tenu de l’incertitude actuelle.
Oui, et en général, les compagnies aériennes nord-américaines et européennes ont réduit leur capacité par rapport à la période prépandémie. Dans la plupart des cas, les compagnies aériennes opèrent 5 % à 10 % moins de vols qu’auparavant. Mais ces vols sont pleins. Ils sont pleins à plus de 100 %. Comme vous venez de le mentionner, les vols sont survendus. S’il y a 300 sièges disponibles dans un avion, la compagnie aérienne vendra 310 sièges en espérant que 10 personnes ne se présenteront pas.
Mais ce qu’on constate, c’est que les 310 personnes se présentent. Et il y a 10 personnes malchanceuses qui ont payé leur vol, mais qui n’iront pas là où elles voulaient aller. Comme les compagnies aériennes maintiennent cette capacité inférieure par rapport au passé, elles peuvent exercer leurs activités avec moins de personnel. Et on sait tous que les compagnies aériennes manquent de personnel dans les avions et sur terre.
Beaucoup des pilotes qui sont partis au cours des deux ou trois dernières années ne sont pas revenus dans le secteur. Certains sont à la retraite. Certains ont changé de carrière. Et il faut beaucoup de temps pour former un nouveau pilote. On assiste donc à une pénurie de pilotes. Donc, si les compagnies aériennes sont en mesure de gérer leur capacité actuelle tout en faisant de l’argent et en opérant des vols à pleine capacité, elles continueront probablement de le faire pendant un certain temps.
Est-ce que cela les placerait en meilleure position en cas de récession? Eh bien, les banques centrales ont bien expliqué ce qu’elles essayaient de faire. Et les gens qui font des prédictions économiques l’ont bien expliqué aussi, on ne peut pas éviter une récession si la Fed… notre banque centrale et les autres veulent vraiment réduire l’inflation. Mais quand vous avez cet avertissement, est-il possible, pour le secteur, de se préparer? Je pense à la pandémie et à la façon dont tout le monde, y compris les compagnies aériennes, a été pris de court.
De toute évidence, tout le monde a été pris au dépourvu. Je pense que grâce à ces niveaux de capacité inférieurs, au moment du ralentissement, les compagnies aériennes auront moins à faire pour réduire encore leur capacité. Donc pour l’instant, c’est probablement une bonne chose.
Les coûts du carburant, en période de pandémie, pour les compagnies aériennes, étaient inquiétants… c’est un coût énorme pour elles. Il y a aussi eu beaucoup de volatilité dans ce segment. Hier, Justin Flowerday a participé à l’émission et il a dit : je peux envisager le pétrole à 60 $ et même un prix supérieur à 100 $. Comment le secteur du transport aérien compose-t-il avec cela?
DAVID MAU : Beaucoup de compagnies aériennes ont des programmes de couverture des matières premières en place pour se protéger du prix du pétrole. Mais tout le monde ne le fait pas. Tout le monde ne protège pas la totalité de son exposition au pétrole, car, comme vous l’avez dit, le prix du pétrole pourrait augmenter ou diminuer. Elles veulent donc rester entre les deux. Elles ne veulent pas complètement se protéger pour ne pas rater un potentiel de hausse si les prix du pétrole baissent. Donc en fonction de leur programme, certaines compagnies aériennes seront plus ou moins touchées par la volatilité des prix du pétrole.
GREG BONNELL : Vous étiez en voyage en Europe récemment. De toute évidence, les régions souffrent différemment en période de récession selon ce qui se passe sur le plan géopolitique. Bien sûr, la situation en Europe est assez unique en raison de la crise en Ukraine.
Les entreprises européennes font face aux mêmes défis que les sociétés nord-américaines en ce moment… une inflation élevée, des prix plus élevés et des taux d’intérêt plus élevés. Le facteur défavorable supplémentaire qu’elles ont maintenant, c’est qu’elles dépendent de la Russie pour le gaz naturel. Et le gaz naturel représente une grande partie de ce qu’elles utilisent pour le chauffage et l’exploitation des usines.
Et, avec les sanctions imposées à la Russie en ce moment, et le fait que la Russie ne fournit pas la même quantité de… le même volume de gaz qu’elle fournit normalement en Europe et en Allemagne en particulier, cela crée des problèmes supplémentaires et beaucoup d’incertitude pour les entreprises, mais également pour les ménages qui se demandent comment ils vont se chauffer cet hiver.
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