En juin, le taux de l’inflation au Canada a chuté dans la fourchette cible de 1 % à 3 % de la Banque du Canada. Toutefois, les prix de base, y compris l’épicerie et les frais hypothécaires, demeurent élevés. Robert Both, stratège, Macroéconomie, Valeurs Mobilières TD, discute des conséquences pour les taux d’intérêt.
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Nous venons de recevoir ce matin les derniers chiffres d'inflation au Canada. Qu'en pensez-vous? Il est assez rare que l'inflation globale et l'inflation de base sont étonnantes, mais dans des directions différentes. L'inflation globale était plus élevée que prévu, mais l'inflation de base était bien moins élevée que prévu, à 2,8%. C'est la première fois que l'inflation réintègre sa fourchette depuis plus de deux ans. Il ne faut pas en tirer des conclusions trop rassurantes avant que davantage de progrès ne soit affiché dans les mesures de base. Parlez-nous des coûts des intérêts hypothécaires et de l'influence considérable sur l'inflation globale. Bien sûr! C'est l'une des question que l'on nous pose souvent depuis quelques mois. L'importance croissante du coût des intérêts hypothécaires comme facteur dans l'inflation globale. Les coûts des intérêts hypothécaires tournent autour de 30% de hausse sur un an, au mois de juin, ce qui contribue 0,8% à l'inflation... même si le taux de changement est inchangé par rapport à mai. Cela représente une part importante de l'augmentation globale sur 12 mois. Toutefois, nous pensons que l'exclusion des coûts des intérêts hypothécaires, puisque la Banque du Canada les affecte par la voie des hausses de taux, serait une approche erronée. Il serait dangereux de choisir arbitrairement quels éléments inclure et exclure. La Banque du Canada a ses propres outils pour faire abstraction des changements plus volatiles dans la corbeille de facteurs. Ces facteurs parviennent à exclure les fluctuations qui sont peut-être d'une amplitude différente de celle du reste de la corbeille. La Banque du Canada s'intéresse énormément à ces mesures d'inflation globale à cause de la volatilité des changements dans l'ensemble de la corbeille, mais comme nous l'avons dit, les mesures d'inflation globale sont en progression. Il y a d'autres facteurs, outre les intérêts hypothécaires, qui alimentent cette progression. Quel sera l'impact des données sur l'inflation publiées aujourd'hui sur la politique monétaire de la Banque du Canada? Pensez-vous que la Banque a fini de relever ses taux cette année? La Banque du Canada est en mode d'attente après la décision prise au mois de juillet. En général, lorsque l'inflation de base et l'inflation globale affichent des trajectoires différentes et surprenantes, dans cet environnement, la Banque du Canada voudra avoir davantage de données quant à l'évolution d'ici quelques mois avant de s'engager sur une trajectoire en matière de politique monétaire future. La dégringolade de l'inflation globale et la persistance de l'inflation de base sont attribuables à certains facteurs ponctuels qui ont plombé l'IPC au mois de juin, notamment les communications des ménages. Ce facteur pèse sur l'indice depuis plusieurs années, mais les ventes de téléphones cellulaires ont beaucoup chuté en juin par rapport à mai selon Statistique Canada. Cela est attribuable à certains événements promotionnels d'un grand télécommunicateur. Cela ne va pas continuer de décliner à raison de 5% sur un mois dans l'avenir. De la même façon, il y a eu une évolution en ce qui concerne le prix des déplacements, les prix commençant à se normaliser après l'explosion des voyages post-pandémie. La présence de ces fluctuations ponctuelles importantes souligne l'importance de calculer l'inflation de base, laquelle demeure persistante, et cela devrait préoccuper la Banque du Canada et allonger sa liste déjà longue de préoccupations. Mais le mois de septembre est encore loin. L'inflation globale a réintégré la fourchette. Nous devrons donc attendre pour voir comment cela se déroulera. Nous savons que le mois de septembre est encore loin, mais quels sont les indicateurs que vous surveillerez lorsque la Banque du Canada envisagera sa prochaine action? La banque a exposé les facteurs qu'elle surveillera, alors qu'approche la décision de politique monétaire au mois de septembre. L'évolution de la demande excédentaire... l'évolution du comportement des entreprises en matière d'établissement de prix, les attentes à l'égard de l'inflation et la croissance salariale. Or, la dynamique de ces facteurs est mitigée depuis quelques mois. La croissance des salaires a diminué, certains progrès ont été accomplis en matière des attentes relatives à l'inflation. Mais les salaires et les attentes relatives à l'inflation demeurent trop élevés pour que la Banque s'en satisfasse, étant largement au-delà des normes pré-COVID. Nous devrons réunir davantage d'éléments probants montrant que ces tendances se poursuivent dans leur baisse à l'automne. Le comportement des entreprises en matière d'établissement des prix est un peu plus opaque pour ceux qui ne l'étudient pas d'aussi près. Je pense que nous allons devoir croire la Banque sur parole. Nous verrons lorsque l'inflation refluera, mais nous nous concentrons surtout sur les indicateurs de croissance salariale et l'évolution des chiffres de l'inflation de base. (musique)