Alors que la Réserve fédérale américaine annonce d’autres hausses de taux d’intérêt, Greg Bonnell de Parlons Argent discute de ce que cela signifie pour l’économie avec Chris Whelan, stratège principal, Taux Canada à Valeurs Mobilières TD.
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La Réserve fédérale américaine a adopté un ton plus ferme, haussant les taux à leur plus haut niveau depuis 15 ans, et d’autres hausses sont à venir. On écoute maintenant la réaction de Chris Whelan, stratège principal, Taux Canada à Valeurs Mobilières TD. Chris, c’est un plaisir de vous accueillir. Parlons de ce que la Fed nous a communiqué. On dirait qu’ils se préparaient à dire adieu à 2022. La Banque centrale a en quelque sorte continué sur la même lancée depuis un certain temps. Oui, je pense qu’on en a tous assez du même discours qu’on entend cette année. Resserrement du marché du travail et inflation persistante. On doit augmenter les taux. Je pense à la réaction passée du marché obligataire et du marché boursier, ça nous indique que ces hausses de taux vont être difficile à absorber pour l’économie. Je pense qu’on vit dans un monde très endetté, et je pense qu’on est très sensibles aux taux d’intérêt. Je pense donc que les marchés se préparent à ce qui ne sera probablement pas une excellente année 2023 sur le plan économique. De notre côté, on pense que la Fed pourrait encore augmenter les taux de 1 % à partir de maintenant son taux effectif. Encore plus de difficultés à prévoir, disons, jusqu’à ce que les choses se règlent et que les données sur l’inflation diminuent et que le marché de l’emploi s’assouplisse un peu plus. Ce qui m’a un peu surpris dans tout ça, c’est que le message qu’on a reçu hier n’est pas si loin de ce qui avait été dit à Jackson Hole, quand Jerome Powell a semblé vouloir dire : on prend cette lutte contre l’inflation très au sérieux. Vous devez écouter ce qu’on dit. Mais entre les deux, les marchés disent en quelque sorte : Bon, ils sont probablement sur le point d’arrêter. Et cet optimisme s’installe. Je veux dire, quelle est la dynamique ici, où le marché continue de dire, peut-être qu’on ne vous croit pas avant que vous reveniez, et là on va vous croire encore? Je pense que le marché commence à avoir une bonne idée de ce que les taux finaux vont être. Je pense qu’ils sont à l’aise de se retrouver dans une fourchette de 4,75 % à 5 %, ou un peu plus que ça. Mais je pense que le marché commence à avoir une fourchette plus étroite quant à savoir où ils voient le cheminement du taux final. Je pense que ça clarifie un peu les choses pour le marché obligataire, et je pense que ça procure une certaine stabilité au marché obligataire à long terme sur la courbe. Je pense que vous avez raison, quand vous dites qu’on fait des allers-retours, est-ce qu’ils vont faire une pause? Y aura-t-il une pause? Est-ce qu’on va changer de cap? Et on alterne un peu. Je pense que le marché se prépare maintenant à un revirement et à une pause, mais pas ici. Une pause s’impose maintenant. Il y a donc un léger changement de ton, on pensait qu’ils allaient très bientôt faire une pause, ou qu’ils allaient changer de cap très bientôt On pense maintenant faire une pause d’au moins 50 points, d’au moins un demi pour cent de plus que le taux actuel du financement à un jour. Le régime actuel est un peu différent, selon moi. Et je pense que le marché agit ainsi, comme si on avait une certaine clarté et un certain consensus sur le taux du financement à un jour. Je pense qu’on sait qu’on ne peut pas aller jusqu’à 10 %. Je crois qu’on n’y survivrait pas. Je pense qu’on commence à se sentir à l’aise avec ce chiffre d’environ 5 sur le taux effectif aux États-Unis. Qu’en est-il de cette idée – et on a aussi obtenu de nouvelles projections économiques. Et la Fed semble convaincue que même si elle continue de relever les taux d’intérêt pour tenter de réduire l’inflation et ralentir l’économie, ils ne vont pas jeter l’économie par-dessus bord, qu’elle va trouver l’endroit idéal où elle peut faire monter les coûts de consommation et l’inflation, sans causer trop de dommages économiques, même des Dommages minimes au marché du travail. Est-ce possible? Je pense qu’il y a certainement lieu de soutenir que nous pouvons le faire parce que les données, l’économie, il y a des éléments des données économiques qui résistent bien. Tout dépend de l’évolution du marché de l’emploi. On a observé un roulement du personnel et une dynamique dans le secteur des technologies. On va voir comment tout ça se déroulera et comment se déroulera l’année 2023. On sait qu’il y a un effet à retardement sur la hausse des taux d’intérêt. Tout dépend vraiment de la façon dont ça se concrétise. Et je pense que personne n’est vraiment à l’aise avec ce qu’il sait. De notre côté, on pense qu’un atterrissage en douceur serait très difficile l’année prochaine. Mais pour le moment, les données pourraient malheureusement attendre un peu trop longtemps pour les inciter à grimper un peu trop pour nous causer un peu plus de tort que nous l’aurions souhaité. On va voir comment les choses progressent. Mais je veux dire, le scénario d’atterrissage en douceur est tellement difficile quand on augmente l’ampleur de la hausse, on maintient le niveau d’endettement actuel. Je pense donc que l’ingénierie de l’atterrissage en douceur est moins probable. Croyez-vous que les banques agissent avec une dose supplémentaire d’humilité maintenant? Il y a un an, les banques centrales… D’accord, on sait que les prix à la consommation s’éloignent de ce qu’on veut voir, mais rassurez-vous. Tout ça est temporaire. Une fois qu’on aura surmonté ces perturbations, tout ira bien. À un moment donné, ils ont dû admettre que tout n’irait pas bien. Y a-t-il plus d’humilité dans leur travail en ce moment? Je pense qu’ils font preuve d’une certaine humilité dans leur travail. Mais, je pense qu’on est… Je suis surpris qu’on ne reconnaisse pas les risques de baisse autant qu’on le fait. On a en quelque sorte délaissé l’idée que c’est temporaire, c’est temporaire, ce qui nous a fait prendre du retard. On aurait dû relever le taux plus tôt cette année. On est maintenant en rattrapage. Et puis, maintenant, on maintient au moins des augmentations de 50 points chaque fois, ce qui reste un rythme notable. Pour aller de l’avant, je suis surpris qu’on n’ait pas d’humilité face au risque de baisse que ça pose et qu’on devient tellement convaincus qu’on doit continuer et que c’est la voie à suivre. Je ne suis donc pas certain que l’humilité soit là. Je pense qu’on est presque passés de, c’est temporaire, à ça va continuer, à d’accord, peut-être que ça ne va pas continuer. Je ne suis donc pas certain que l’humilité soit là, mais je pense qu’il y a sûrement une certaine humilité, car cet épisode temporaire n’était pas le meilleur choix. Est-ce que c’est entre autres pour ça que les marchés ne semblent croire fermement, entre les rapports sur l’inflation et entre les annonces de la Fed et d’autres banques centrales ce qu’on leur annonce? Ils semblent le croire aujourd’hui, dans la foulée de la Fed. Mais, parfois, les participants aux marchés prennent du recul et disent-ils : vous vous êtes trompé il y a un an? Vous vous êtes trompé à quelques reprises. Pourquoi est-ce qu’on devrait vous faire confiance cette fois-ci? C’est vrai. Je pense qu’à l’heure actuelle, le marché obligataire dit… Je pense qu’une partie de la réaction du marché obligataire est que les taux baissent ou, à tout le moins, il y a un aplatissement… On peut soutenir que c’est un aspect que le marché ne croit pas. Ou vous pourriez, en revanche, le marché leur fait confiance et sait que ça va causer des difficultés. Quoi qu’il en soit, le marché vous dit que les taux d’intérêt à long terme ne sont pas au niveau où ils termineront ce cycle. Je crois qu’on l’a déjà dit. Je pense qu’on en a déjà parlé. Il s’agit davantage d’un rajustement. En fait, on dépasse les attentes, on coupe l’herbe sous le pied des investisseurs et on surveille de nouveau la situation. Et puis, on verra ce qu’on peut faire pour gérer les dommages quand on sera de retour. Mais au moins, on ne lutte pas contre un problème d’inflation. Je pense qu’on se répète. Il s’agit simplement de lutter contre l’inflation au détriment de tout le reste, et c’est ce qui semble être la motivation et le cadre général.
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