
La Réserve fédérale américaine tiendra une réunion cette semaine. Du côté des marchés, tous les regards sont tournés vers les taux d’intérêt et l’inflation. Mike MacBain, chef de la direction et chef des placements, East Coast Fund Management, discute de la stratégie potentielle de la Réserve fédérale américaine et de ses répercussions sur les titres à revenu fixe.
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Les coûts d'emprunt sont au centre des préoccupations des investisseurs cette semaine, alors que la Réserve fédérale se réunit pour prendre une nouvelle décision. Avec la hausse des prix de l'essence qui fait grimper l'inflation globale, à quoi peut-on s'attendre de la part de la Fed dans sa lutte contre l'inflation? Mike MacBain, chef des placements et chef de la direction de East Coast Fund Management. Ça me fait très plaisir de participer à votre émission. Parlons du grand problème, cela fait un an et demi que les investisseurs sont obnubilés par l'inflation, par les politiques relatives aux taux d'intérêt et l'inflation semble progresser légèrement. Que pensez-vous que la Fed va faire cette semaine? La Fed, à mon avis, n'agira pas cette semaine. Elle a annoncé très clairement ses objectifs : baisse de l'inflation, hausse du chômage. Les statistiques qui paraissent montrent que l'inflation recule légèrement et qu'elle peut sans doute se permettre d'attendre. Je ne suis pas convaincu qu'elle ait fini de relever les taux, mais pour ce mois, je pense qu'il n'y a pas eu suffisamment de statistiques pour justifier une hausse. Quand on parle de l'inflation globale, ce n'est pas bien sûr le repère principal pour les banques centrales, elles s'intéressent à l'inflation de base, qui exclut des éléments plus volatils, car le cours de l'essence est volatil, le cours du brut est volatil. Est-ce que c'est ce que nous recherchons, compte tenu de l'activité en ce qui concerne les taux d'intérêt, l'idée de faire abstraction de certaines de ces péripéties? Oui, l'inflation a reflué considérablement, comme la plupart des gens s'y attendaient, mais on assiste à un nivellement de la courbe. Les chiffres de l'IPC le mois dernier étaient un peu plus élevés dans les segments de base sur lesquels les banques centrales se concentrent. Les banques centrales n'ont pas encore recueilli suffisamment d'informations pour justifier une hausse des taux à cette réunion, selon moi. Une pause cette semaine, mais vous n'excluez pas qu'il y ait une autre hausse des taux d'ici la fin de l'année. Qu'est-ce qui justifierait une telle hausse de taux? Volatilité des prix de l'essence… Il y a certains éléments dont il sera fait abstraction. Qu'est-ce qui convaincrait la Fed que sa mission n'est pas accomplie? Les deux grands facteurs pour la Fed seront le chômage et l'inflation. Jerome Powell l'a dit très clairement. Il croit fermement que l'économie ne ralentira pas suffisamment, à moins que les chiffres de l'emploi ne commencent à évoluer. Comme je l'ai dit, l'inflation a diminué, la baisse a connu un certain nivellement depuis peu. Si l'emploi continue de bien se porter et que l'inflation ne diminue pas davantage, à mon avis, c'est le mois prochain que la décision sera prise. Est-ce que cela a du bon sens quand on prend du recul et qu'on songe aux mesures très fermes, voire agressives, prises par la Banque du Canada, les banques centrales occidentales, pour relever le coût des emprunts afin de maîtriser l'inflation? Au début, on nous a avertis, il y aura beaucoup de dégâts, or, l'économie a été tellement résiliente. Comment concilier ces éléments? Oui, l'économie a été très résiliente et le marché du travail en particulier. En ce qui concerne les données sur les postes à pourvoir. Il y a eu un pic à 12 millions d'emplois et depuis lors, un recul considérable. Jerome Powell, le président de la Fed, en a parlé il y a 10 à 12 mois. Il s'agissait de créer un certain flottement dans les postes à pourvoir. C'est le scénario Boucle d'or. Ce sont des postes qui existent, qu'ils soient pourvus ou non, cela ne retire un emploi à personne, c'est merveilleux. Mais il y a toujours 150 000 ou 200 000 nouveaux emplois créés chaque mois, c'est trop, selon Powell. Par conséquent, en définitive, à moins qu'il n'y ait une diminution considérable de l'inflation, ce sera le facteur décisif. L'autre donnée de cette équation, les banques prennent des mesures énergiques pour rehausser les coûts d'emprunt. Peut-être que cela n'est pas fini, mais une fois la série terminée, les banques annoncent qu'elles se tiendront à ce niveau élevé pendant longtemps. À certaines époques de l'année, le marché obligataire a choisi de ne pas croire les banques centrales au pied de la lettre. Où en sommes-nous? Que pense le marché obligataire sur les perspectives d'action de la Fed? Rappelez-vous, il y a deux ou trois ans, les banques centrales ont maintenu les taux à un niveau bas pendant ce qui semblait être une éternité. Les banques disaient qu'elles ne pensaient même pas à penser à réduire les taux, or, un an plus tard, elles ont commencé à relever les taux avec une rapidité sans précédent. Il faut prendre ces commentaires avec un grain de sel. Les banques centrales sont obligées de dire cela car c'est ce qu'elles pensent aujourd'hui mais comme nous le savons, le monde change rapidement parfois, si les banques centrales décident que les taux doivent baisser parce que nous sommes entrés en récession et que les chiffres du chômage montent en flèche, eh bien les taux vont baisser. Ce n'est pas ce que je prévois, je crois que nous allons nous trouver dans une période où rien d'important ne va se produire sur le marché des taux, peut-être une légère hausse des taux au fil du temps, ce sera ce que nous réserve l'avenir. Je pense qu'il y aura des taux d'intérêt qui vont rester relativement inchangés d'ici 12 mois. Mais, le simple fait que la banque affirme quelque chose, l'histoire nous apprend que bien des fois, cela correspond uniquement à son opinion d'aujourd'hui. Oui et l'avenir pourrait changer. Vous avez eu une discussion très intéressante avec l'un de nos collègues à Valeurs Mobilières TD, Andres Rincon, et j'ai trouvé passionnant de vous entendre parler que dans un portefeuille 60/40, on pense être diversifié, mais puisque le monde entier est concentré exclusivement sur les taux d'intérêt et les mesures des banques centrales, la diversification n'est peut-être pas aussi grande qu'on le croit. Eh bien, un portefeuille diversifié 60/40 a toujours existé parce que généralement, lorsque les taux d'intérêt augmentent, les actions se portent bien, il y a une bonne diversification et l'inverse est également vrai, et ce, systématiquement sur une longue période. Or, les actions sont en difficulté et les taux d'intérêt baissent. Cet avantage tiré de la diversification selon le comportement des taux d'intérêt a été très utile. Depuis que les banques centrales ont essentiellement pris le contrôle de l'économie et cela fait assez longtemps, au moins par intermittence, depuis 10 ans, les banques centrales commandent le marché boursier, lorsque les banques centrales diminuent les taux d'intérêt, c'est considéré comme étant positif, comme les bourses qui remontent. Or, lorsque les taux d'intérêt diminuent, le rendement des obligations augmentent et puis on en arrive à un point où les taux d'intérêt sont essentiellement à zéro, ils ne peuvent que remonter et lorsqu'ils remontent c'est défavorable pour les marchés boursiers. Donc, nous nous sommes retrouvés avec une corrélation très positive entre le marché boursier et le marché obligataire. Si vous avez 60 % d'obligations et 40 % d'actions et que les actions baissent et que les obligations baissent, vous n'avez pas de diversification. Et cela procède des ingérences, le mot est peut-être fort.