La Réserve fédérale a laissé son taux directeur inchangé pour la troisième fois, mais a indiqué que l’inflation avait diminué plus rapidement que prévu, ce qui laisse entrevoir de multiples baisses en 2024. Anthony Okolie discute avec Derek Burleton, économiste en chef adjoint de la TD, de la dernière décision de la Fed en matière de taux.
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Comme prévu, la Fed a laissé son taux directeur inchangé, mais a adopté un ton plus conciliant lors de sa dernière réunion de l’année. Derek, qu’est-ce qui vous a marqué aujourd’hui?
Oui, c’est comme si le père Noël était arrivé un peu plus tôt cette année. L’annonce, les changements dans les prévisions, ce sont des choses qui m’ont marqué. Tout d’abord, lorsqu’elle a parlé du degré selon lequel un resserrement supplémentaire pourrait être nécessaire, ça a certainement été un pas vers un ton plus conciliant.
Je pense aussi que les changements dans les prévisions... on parle ici d’un scénario idéal. La Fed prévoit un taux d’inflation nettement inférieur aux attentes jusqu’en 2024, s’approchant de 2 % d’ici la fin de l’année prochaine. Ça a été noté. Elle a affiché une croissance plus forte qu’en septembre.
Et oui, alors je pense que ces deux choses, bien sûr, ont suggéré que la Fed se sent plus à l’aise à l’égard de l’économie et de l’inflation. Mais j’ai été surpris. Je pensais qu’elle se serait montrée plus prudente. Et j’ai remarqué, en écoutant Powell lors de la conférence de presse, que son ton n’avait pas beaucoup changé.
Je considère donc qu’il s’agit d’un changement de ton vers le bas, d’un revirement, d’un changement de ton plus conciliant. Mais je ne vois pas de revirement à 180 degrés ici. Je vois toujours une banque centrale qui n’a pas encore parlé de sortir le champagne. La voie est claire vers les réductions de taux. Je pense qu’on ne sait toujours pas quand les taux seront abaissés.
D’accord, alors compte tenu de ce ton plus conciliant, pensez-vous qu’il y a un risque que les conditions financières s’assouplissent encore plus après la réunion d’aujourd’hui?
Eh bien, en fait, tout de suite après, on le voit, et je pense qu’on se demandait tous si elle allait essayer de rapprocher les marchés de son point de vue dominant. Ou va-t-elle se rapprocher des marchés lorsque la réaction sera immédiate? Elle s’est rapprochée des marchés, mais ceux-ci ont encore fluctué, ce qui a rendu les conditions financières encore plus souples.
Maintenant, en ce qui concerne les contrats à terme sur fonds fédéraux, la probabilité d’une baisse dès mars dépasse 60 %. Et si vous comparez ses prévisions dans le graphique à points, elle a considérablement abaissé ce taux en fin d’année... le taux d’intérêt prévu comme médiane du graphique à points. Mais cela ne tient compte que de 80 points de base d’assouplissement. Mais le marché parle maintenant environ de 135 points. Cet écart continue donc de s’élargir, et c’est un peu préoccupant, car en raison de l’assouplissement des conditions, il sera plus difficile pour la Fed de voir le type de prévisions d’inflation qu’elle a dans ses prévisions mises à jour.
D’accord, alors dans ce contexte, quels sont certains des indicateurs clés que vous allez surveiller tandis que la Fed envisage sa prochaine intervention?
Eh bien, l’indicateur le plus important, c’est l’inflation. Je pense qu’elle a en quelque sorte laissé entendre que la croissance... je pense qu’elle met moins l’accent sur le côté croissance de l’équation, l’idée qu’il faut infliger des souffrances pour atteindre une inflation de 2 %. Je pense certainement qu’elle a atténué ce point de vue. Powell, encore une fois, a fait référence à l’amélioration de la chaîne d’approvisionnement qu’on observe, c’est-à-dire qu’on peut obtenir ce genre de déflation immaculée sans que la croissance ralentisse de façon spectaculaire.
C’est une chose. Je pense que ça se résume en grande partie à l’inflation. Je pense qu’elle a sa mesure préférée, de même que l’IPC. Nous ne sommes pas aussi optimistes que la Fed en matière d’inflation.
Je pense qu’on tient davantage compte du risque qu’il y ait un peu de turbulences à la suite d’une inflation de 3 %, où nous en sommes maintenant, à une inflation de 2 %. Et dans ce contexte, je crois que le marché obligataire pourrait connaître une certaine volatilité à l’avenir. En fin de compte, les données doivent correspondre au point de vue de la Fed, sinon le marché devra modifier sa position.
Vous avez dit que le marché obligataire était très volatil. On a aussi observé des fluctuations sur le marché des changes. À votre avis, comment le dollar américain va-t-il se comporter à court terme?
Eh bien, avant, le dollar américain était pour moi synonyme de vigueur. Mais on parle d’un certain changement par rapport aux prévisions et à l’annonce faite. Le dollar américain pourrait perdre du terrain à court terme. On verra. D’autres grandes banques centrales se réunissent cette semaine : la BCE et la Banque d’Angleterre. Et ils peuvent changer un peu la dynamique du marché des changes.
Toutefois, à court terme, on pourrait observer une faiblesse du dollar américain. Mais, encore une fois, à mon avis, au début de l’année prochaine, le dollar américain va s’apprécier. L’économie américaine sera la plus performante. Il y a un effet macho : les investisseurs se tournent vers l’économie la plus performante, mais je ne vois pas de faiblesse importante du dollar américain.
En fait, il y aurait un certain retour à la normale. Et ça se traduira probablement par un affaiblissement du dollar canadien à très court terme, où on pourrait voir une lueur d’espoir.
Derek, merci beaucoup pour votre temps.
Merci beaucoup. [MUSIQUE]
Comme prévu, la Fed a laissé son taux directeur inchangé, mais a adopté un ton plus conciliant lors de sa dernière réunion de l’année. Derek, qu’est-ce qui vous a marqué aujourd’hui?
Oui, c’est comme si le père Noël était arrivé un peu plus tôt cette année. L’annonce, les changements dans les prévisions, ce sont des choses qui m’ont marqué. Tout d’abord, lorsqu’elle a parlé du degré selon lequel un resserrement supplémentaire pourrait être nécessaire, ça a certainement été un pas vers un ton plus conciliant.
Je pense aussi que les changements dans les prévisions... on parle ici d’un scénario idéal. La Fed prévoit un taux d’inflation nettement inférieur aux attentes jusqu’en 2024, s’approchant de 2 % d’ici la fin de l’année prochaine. Ça a été noté. Elle a affiché une croissance plus forte qu’en septembre.
Et oui, alors je pense que ces deux choses, bien sûr, ont suggéré que la Fed se sent plus à l’aise à l’égard de l’économie et de l’inflation. Mais j’ai été surpris. Je pensais qu’elle se serait montrée plus prudente. Et j’ai remarqué, en écoutant Powell lors de la conférence de presse, que son ton n’avait pas beaucoup changé.
Je considère donc qu’il s’agit d’un changement de ton vers le bas, d’un revirement, d’un changement de ton plus conciliant. Mais je ne vois pas de revirement à 180 degrés ici. Je vois toujours une banque centrale qui n’a pas encore parlé de sortir le champagne. La voie est claire vers les réductions de taux. Je pense qu’on ne sait toujours pas quand les taux seront abaissés.
D’accord, alors compte tenu de ce ton plus conciliant, pensez-vous qu’il y a un risque que les conditions financières s’assouplissent encore plus après la réunion d’aujourd’hui?
Eh bien, en fait, tout de suite après, on le voit, et je pense qu’on se demandait tous si elle allait essayer de rapprocher les marchés de son point de vue dominant. Ou va-t-elle se rapprocher des marchés lorsque la réaction sera immédiate? Elle s’est rapprochée des marchés, mais ceux-ci ont encore fluctué, ce qui a rendu les conditions financières encore plus souples.
Maintenant, en ce qui concerne les contrats à terme sur fonds fédéraux, la probabilité d’une baisse dès mars dépasse 60 %. Et si vous comparez ses prévisions dans le graphique à points, elle a considérablement abaissé ce taux en fin d’année... le taux d’intérêt prévu comme médiane du graphique à points. Mais cela ne tient compte que de 80 points de base d’assouplissement. Mais le marché parle maintenant environ de 135 points. Cet écart continue donc de s’élargir, et c’est un peu préoccupant, car en raison de l’assouplissement des conditions, il sera plus difficile pour la Fed de voir le type de prévisions d’inflation qu’elle a dans ses prévisions mises à jour.
D’accord, alors dans ce contexte, quels sont certains des indicateurs clés que vous allez surveiller tandis que la Fed envisage sa prochaine intervention?
Eh bien, l’indicateur le plus important, c’est l’inflation. Je pense qu’elle a en quelque sorte laissé entendre que la croissance... je pense qu’elle met moins l’accent sur le côté croissance de l’équation, l’idée qu’il faut infliger des souffrances pour atteindre une inflation de 2 %. Je pense certainement qu’elle a atténué ce point de vue. Powell, encore une fois, a fait référence à l’amélioration de la chaîne d’approvisionnement qu’on observe, c’est-à-dire qu’on peut obtenir ce genre de déflation immaculée sans que la croissance ralentisse de façon spectaculaire.
C’est une chose. Je pense que ça se résume en grande partie à l’inflation. Je pense qu’elle a sa mesure préférée, de même que l’IPC. Nous ne sommes pas aussi optimistes que la Fed en matière d’inflation.
Je pense qu’on tient davantage compte du risque qu’il y ait un peu de turbulences à la suite d’une inflation de 3 %, où nous en sommes maintenant, à une inflation de 2 %. Et dans ce contexte, je crois que le marché obligataire pourrait connaître une certaine volatilité à l’avenir. En fin de compte, les données doivent correspondre au point de vue de la Fed, sinon le marché devra modifier sa position.
Vous avez dit que le marché obligataire était très volatil. On a aussi observé des fluctuations sur le marché des changes. À votre avis, comment le dollar américain va-t-il se comporter à court terme?
Eh bien, avant, le dollar américain était pour moi synonyme de vigueur. Mais on parle d’un certain changement par rapport aux prévisions et à l’annonce faite. Le dollar américain pourrait perdre du terrain à court terme. On verra. D’autres grandes banques centrales se réunissent cette semaine : la BCE et la Banque d’Angleterre. Et ils peuvent changer un peu la dynamique du marché des changes.
Toutefois, à court terme, on pourrait observer une faiblesse du dollar américain. Mais, encore une fois, à mon avis, au début de l’année prochaine, le dollar américain va s’apprécier. L’économie américaine sera la plus performante. Il y a un effet macho : les investisseurs se tournent vers l’économie la plus performante, mais je ne vois pas de faiblesse importante du dollar américain.
En fait, il y aurait un certain retour à la normale. Et ça se traduira probablement par un affaiblissement du dollar canadien à très court terme, où on pourrait voir une lueur d’espoir.
Derek, merci beaucoup pour votre temps.
Merci beaucoup. [MUSIQUE]