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La Banque du Canada a de nouveau relevé son taux directeur de 25 points de base, et s’élève maintenant à 5 %, mais elle indique que la tendance baissière de l’inflation pourrait stagner. Anthony Okolie discute avec Sam Chai, gestionnaire, Recherche de portefeuilles, Gestion de Placements TD, de la dernière décision et des perspectives à l’égard des taux.
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[MUSIQUE]
Comme prévu, la Banque du Canada a relevé son taux du financement à un jour de 25 points de base, pour le porter à 5 %. Sam Chai est avec moi aujourd’hui pour discuter de la dernière annonce. Il est gestionnaire, Recherche de portefeuilles à Gestion de Placements TD. Sam, y a-t-il quelque chose qui vous a marqué aujourd’hui?
Il faudrait peut-être d’abord mettre les choses en contexte, n’est-ce pas? Avant cette réunion, le marché estimait que la probabilité d’une hausse était d’environ deux tiers. Pour nous, ce n’est pas très différent du point de vue du marché, parce qu’on pense que la hausse est aussi beaucoup plus probable qu’une pause,
si on considère que depuis la dernière réunion, il y a eu l’inflation de mai, qui a été essentiellement été très forte. L’inflation de base, en particulier, est supérieure à 3,5 % et montre également certains signes de persistance. Nos données sur les ventes au détail sont aussi très impressionnantes. Le PIB a également dépassé les prévisions de la Banque du Canada en avril.
Enfin, la semaine dernière, on a aussi reçu l’excellent rapport sur l’emploi, qui a fait tripler les attentes du marché. Et donc, je pense que tous ces éléments ont contribué à cimenter la hausse de la Banque.
Et vous avez mentionné l’impressionnant rapport sur l’emploi qu’on a reçu la semaine dernière. Croyez-vous que la Banque du Canada a terminé d’imposer des hausses pour le reste de l’année?
Je m’attends à ce que le taux maximal soit de 5 % pour ce cycle de hausse. Toutefois, je dirais que le risque est que la Banque du Canada doive intervenir davantage. Dans sa dernière déclaration aujourd’hui, elle indique qu’elle ne s’attend pas à ce que l’inflation revienne à sa cible avant 2025. Elle s’attend donc à ce que l’inflation demeure nettement supérieure à sa cible d’ici la fin de l’année prochaine.
Donc, les taux doivent rester plus élevés pendant plus longtemps. Et si l’inflation est plus vertigineuse que prévu ou si le marché de l’emploi est plus résilient, il est probable que la Banque doive effectuer un nouveau resserrement.
Et quelle a été la réaction du marché jusqu’à maintenant? De quoi les marchés monétaires tiennent-ils compte en matière de fluctuations du taux du financement à un jour de la Banque du Canada?
Oui. Donc, d’ici la fin de l’année, on tient compte d’une probabilité de hausse de deux tiers environ. Et puis, évidemment, il n’y aura pas de baisse. On tient compte du fait que la première baisse aurait lieu au premier semestre de l’année prochaine. Et au total, on tient compte d’environ deux ou trois baisses en 2024.
D’accord. Bien sûr, plus tard ce mois-ci, la Fed va annoncer son taux directeur. Et aujourd’hui, on a eu les dernières données sur l’inflation aux États-Unis. Quel impact ce rapport a-t-il sur la décision de la Fed à l’égard des taux?
Oui. L’inflation de base et l’inflation globale aux États-Unis ont affiché des baisses imprévues aujourd’hui. Je pense que c’est une bonne nouvelle pour la Fed. Cela dit, je pense qu’il faut mettre les choses en contexte : sur 12 mois, l’inflation de base demeure autour de 5 %. C’est nettement au-dessus de la cible de la Fed. Donc je ne pense pas que les données sur l’inflation d’aujourd’hui vont dissuader la Fed de procéder à une nouvelle hausse plus tard ce mois-ci.
Cela dit, à mon avis, si on considère qu’à partir du mois d’août, l’indicateur avancé montre que l’inflation de base pourrait ralentir au cours des prochains mois, la question n’est probablement pas de savoir si, mais dans quelle mesure, l’inflation de base va ralentir. Je pense donc que l’ampleur de ce resserrement va déterminer si la Fed doit procéder à un nouveau resserrement à compter d’août.
D’accord. Revenons au Canada.
Bien sûr.
Je vais parler un peu de la croissance de notre population et de son impact sur la politique monétaire. Parce qu’on sait qu’on a accueilli plus d’un million de nouvelles personnes au Canada, ce qui a un impact sur les dépenses. Donc quel impact cela aura-t-il sur les efforts de la Banque du Canada pour contenir l’inflation?
Je pense qu’il y a plusieurs facteurs à prendre en considération. Une croissance plus forte de la population est certainement bénéfique sur le plan de la croissance. En revanche, ça contribue également à corriger le déséquilibre de l’offre de main-d’œuvre. Par exemple, la semaine dernière, le taux de chômage a augmenté pour s’établir à 5,4 %, ce qui s’explique également par l’augmentation de la population active.
De plus en plus de gens entrent sur le marché du travail.
Exactement. Et je pense qu’il s’agit essentiellement d’un facteur d’équilibre. De plus, compte tenu de la croissance démographique, les prix des logements se retrouvent dans un contexte plus haussier. Je pense donc que différents facteurs entrent en jeu. Au bout du compte, je pense que la Banque du Canada devrait probablement pencher en faveur d’un resserrement un peu plus élevé que pas du tout.
Et quels sont les indicateurs que vous allez surveiller de près alors que la Banque du Canada va songer à sa prochaine décision?
Oui. Je pense que la Banque du Canada a été très claire quant à ce qu’elle surveille, et je vais classer ça en trois catégories. La première chose, c’est l’inflation, en particulier l’inflation de base. C’est très important, et pas seulement sur 12 mois, mais aussi de façon séquentielle chaque mois. Est-ce qu’on observe un ralentissement séquentiel d’un mois à l’autre? C’est un signal très important à surveiller.
La croissance des salaires est évidemment aussi un aspect très important à surveiller. Dans les dernières données, on a vu un ralentissement de la croissance des salaires. Mais cette tendance devrait-elle se poursuivre? C’est aussi très important.
Pour ce qui est de la croissance, on examine le PIB et les ventes au détail, qui montrent ce qui est sain et la composante de la consommation dans l’économie. Il y a aussi les indices des directeurs d’achats, qui sont un indicateur avancé montrant quelles pourraient être les perspectives de croissance. Enfin, en ce qui concerne le marché de l’emploi, on veut savoir s’il devrait encore fléchir et si le taux de chômage devrait encore augmenter... ce qui est aussi un facteur clé pour la Banque du Canada.
D’accord. Enfin, que pensez-vous de l’évolution du dollar canadien?
Oui. Après l’annonce d’aujourd’hui, la valeur du dollar américain par rapport au dollar canadien a diminué. Parce que la hausse de taux actuelle de la Banque du Canada n’est pas entièrement prise en compte par le marché. Et donc, je pense que c’est intuitif de penser que le dollar canadien a quelque peu dégringolé. De plus, les données actuelles sur l’inflation sont faibles. Le dollar canadien a donc perdu un peu plus de terrain.
Mais je crois que mon opinion sur le dollar canadien se limite à une fourchette. Parce que je crois que la Fed devrait aussi resserrer davantage ses politiques plus tard ce mois-ci. Il va donc toujours y avoir une divergence de taux. Le taux directeur de la Fed va donc être nettement plus élevé que celui de la Banque du Canada. Et c’est un facteur favorable pour le dollar canadien.
Un autre facteur à prendre en considération, c’est que si les économies... les États-Unis et le Canada, ralentissent considérablement, ça devrait également avantager le dollar américain, en lui donnant simplement le statut de valeur refuge. Juste quelque chose à considérer.
Sam, merci beaucoup de vous être joint à nous.
Merci beaucoup également. [MUSIQUE]
Comme prévu, la Banque du Canada a relevé son taux du financement à un jour de 25 points de base, pour le porter à 5 %. Sam Chai est avec moi aujourd’hui pour discuter de la dernière annonce. Il est gestionnaire, Recherche de portefeuilles à Gestion de Placements TD. Sam, y a-t-il quelque chose qui vous a marqué aujourd’hui?
Il faudrait peut-être d’abord mettre les choses en contexte, n’est-ce pas? Avant cette réunion, le marché estimait que la probabilité d’une hausse était d’environ deux tiers. Pour nous, ce n’est pas très différent du point de vue du marché, parce qu’on pense que la hausse est aussi beaucoup plus probable qu’une pause,
si on considère que depuis la dernière réunion, il y a eu l’inflation de mai, qui a été essentiellement été très forte. L’inflation de base, en particulier, est supérieure à 3,5 % et montre également certains signes de persistance. Nos données sur les ventes au détail sont aussi très impressionnantes. Le PIB a également dépassé les prévisions de la Banque du Canada en avril.
Enfin, la semaine dernière, on a aussi reçu l’excellent rapport sur l’emploi, qui a fait tripler les attentes du marché. Et donc, je pense que tous ces éléments ont contribué à cimenter la hausse de la Banque.
Et vous avez mentionné l’impressionnant rapport sur l’emploi qu’on a reçu la semaine dernière. Croyez-vous que la Banque du Canada a terminé d’imposer des hausses pour le reste de l’année?
Je m’attends à ce que le taux maximal soit de 5 % pour ce cycle de hausse. Toutefois, je dirais que le risque est que la Banque du Canada doive intervenir davantage. Dans sa dernière déclaration aujourd’hui, elle indique qu’elle ne s’attend pas à ce que l’inflation revienne à sa cible avant 2025. Elle s’attend donc à ce que l’inflation demeure nettement supérieure à sa cible d’ici la fin de l’année prochaine.
Donc, les taux doivent rester plus élevés pendant plus longtemps. Et si l’inflation est plus vertigineuse que prévu ou si le marché de l’emploi est plus résilient, il est probable que la Banque doive effectuer un nouveau resserrement.
Et quelle a été la réaction du marché jusqu’à maintenant? De quoi les marchés monétaires tiennent-ils compte en matière de fluctuations du taux du financement à un jour de la Banque du Canada?
Oui. Donc, d’ici la fin de l’année, on tient compte d’une probabilité de hausse de deux tiers environ. Et puis, évidemment, il n’y aura pas de baisse. On tient compte du fait que la première baisse aurait lieu au premier semestre de l’année prochaine. Et au total, on tient compte d’environ deux ou trois baisses en 2024.
D’accord. Bien sûr, plus tard ce mois-ci, la Fed va annoncer son taux directeur. Et aujourd’hui, on a eu les dernières données sur l’inflation aux États-Unis. Quel impact ce rapport a-t-il sur la décision de la Fed à l’égard des taux?
Oui. L’inflation de base et l’inflation globale aux États-Unis ont affiché des baisses imprévues aujourd’hui. Je pense que c’est une bonne nouvelle pour la Fed. Cela dit, je pense qu’il faut mettre les choses en contexte : sur 12 mois, l’inflation de base demeure autour de 5 %. C’est nettement au-dessus de la cible de la Fed. Donc je ne pense pas que les données sur l’inflation d’aujourd’hui vont dissuader la Fed de procéder à une nouvelle hausse plus tard ce mois-ci.
Cela dit, à mon avis, si on considère qu’à partir du mois d’août, l’indicateur avancé montre que l’inflation de base pourrait ralentir au cours des prochains mois, la question n’est probablement pas de savoir si, mais dans quelle mesure, l’inflation de base va ralentir. Je pense donc que l’ampleur de ce resserrement va déterminer si la Fed doit procéder à un nouveau resserrement à compter d’août.
D’accord. Revenons au Canada.
Bien sûr.
Je vais parler un peu de la croissance de notre population et de son impact sur la politique monétaire. Parce qu’on sait qu’on a accueilli plus d’un million de nouvelles personnes au Canada, ce qui a un impact sur les dépenses. Donc quel impact cela aura-t-il sur les efforts de la Banque du Canada pour contenir l’inflation?
Je pense qu’il y a plusieurs facteurs à prendre en considération. Une croissance plus forte de la population est certainement bénéfique sur le plan de la croissance. En revanche, ça contribue également à corriger le déséquilibre de l’offre de main-d’œuvre. Par exemple, la semaine dernière, le taux de chômage a augmenté pour s’établir à 5,4 %, ce qui s’explique également par l’augmentation de la population active.
De plus en plus de gens entrent sur le marché du travail.
Exactement. Et je pense qu’il s’agit essentiellement d’un facteur d’équilibre. De plus, compte tenu de la croissance démographique, les prix des logements se retrouvent dans un contexte plus haussier. Je pense donc que différents facteurs entrent en jeu. Au bout du compte, je pense que la Banque du Canada devrait probablement pencher en faveur d’un resserrement un peu plus élevé que pas du tout.
Et quels sont les indicateurs que vous allez surveiller de près alors que la Banque du Canada va songer à sa prochaine décision?
Oui. Je pense que la Banque du Canada a été très claire quant à ce qu’elle surveille, et je vais classer ça en trois catégories. La première chose, c’est l’inflation, en particulier l’inflation de base. C’est très important, et pas seulement sur 12 mois, mais aussi de façon séquentielle chaque mois. Est-ce qu’on observe un ralentissement séquentiel d’un mois à l’autre? C’est un signal très important à surveiller.
La croissance des salaires est évidemment aussi un aspect très important à surveiller. Dans les dernières données, on a vu un ralentissement de la croissance des salaires. Mais cette tendance devrait-elle se poursuivre? C’est aussi très important.
Pour ce qui est de la croissance, on examine le PIB et les ventes au détail, qui montrent ce qui est sain et la composante de la consommation dans l’économie. Il y a aussi les indices des directeurs d’achats, qui sont un indicateur avancé montrant quelles pourraient être les perspectives de croissance. Enfin, en ce qui concerne le marché de l’emploi, on veut savoir s’il devrait encore fléchir et si le taux de chômage devrait encore augmenter... ce qui est aussi un facteur clé pour la Banque du Canada.
D’accord. Enfin, que pensez-vous de l’évolution du dollar canadien?
Oui. Après l’annonce d’aujourd’hui, la valeur du dollar américain par rapport au dollar canadien a diminué. Parce que la hausse de taux actuelle de la Banque du Canada n’est pas entièrement prise en compte par le marché. Et donc, je pense que c’est intuitif de penser que le dollar canadien a quelque peu dégringolé. De plus, les données actuelles sur l’inflation sont faibles. Le dollar canadien a donc perdu un peu plus de terrain.
Mais je crois que mon opinion sur le dollar canadien se limite à une fourchette. Parce que je crois que la Fed devrait aussi resserrer davantage ses politiques plus tard ce mois-ci. Il va donc toujours y avoir une divergence de taux. Le taux directeur de la Fed va donc être nettement plus élevé que celui de la Banque du Canada. Et c’est un facteur favorable pour le dollar canadien.
Un autre facteur à prendre en considération, c’est que si les économies... les États-Unis et le Canada, ralentissent considérablement, ça devrait également avantager le dollar américain, en lui donnant simplement le statut de valeur refuge. Juste quelque chose à considérer.
Sam, merci beaucoup de vous être joint à nous.
Merci beaucoup également. [MUSIQUE]