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JPMorgan Chase a accepté d’acheter le prêteur en faillite, First Republic Bank, dans le cadre d’une entente dirigée par le gouvernement. Michael Craig, chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD, discute avec Greg Bonnell de l’état du secteur bancaire et des effets sur les marchés.
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Le mois commence fort pour les investisseurs, les organismes de réglementation ont forcé la vente d’une autre banque régionale américaine en difficulté à une grande banque. Notre invité nous donne son point de vue sur l’orientation future des marchés, j’accueille Michael Craig, chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD.
Michael, c’est un plaisir de vous accueillir à nouveau.
Je suis ravi d’être ici, Greg.
On a la chance de vous voir à chaque fois qu’un événement important se produit au sud de la frontière, cette fois encore une banque régionale américaine a été saisie par les organismes de réglementation. Quel est votre point de vue sur la situation? Les marchés sont plutôt calmes en ce moment.
Oui, c’est le 1er mai en Europe. Les échanges commerciaux avec l’Europe sont donc assez limités aujourd’hui. Je pense que le rachat de la First Republic permet de retirer une source de risque du marché. JPMorgan a acheté la banque pour environ 10 milliards de dollars… à la FDIC. Les obligations et les actions se négocient toutes à 0. Elles se négociaient à environ 150 ou 120 il y a environ deux ans et ont chuté brusquement, la reprise est maintenant pratiquement nulle. Mais cela élimine une source de stress sur le marché. Ça ne sera probablement pas la dernière victime de ce cycle de hausse. Mais ce phénomène est pratiquement derrière nous.
Oui, Jamie Dimon, dans son commentaire d’aujourd’hui, semble dire que cette partie de la crise est terminée. Il n’exclut pas qu’une autre petite banque régionale se retrouve dans la même situation. Mais il ne voit pas ça comme un problème pour l’ensemble du système bancaire. Qu’en pensez-vous?
La banque n’était pas considérée comme une banque systématique. Elle était importante, très spécialisée et ciblait une clientèle à valeur nette élevée, très riche. JPMorgan, elle a un financement garanti. Ses conditions sont raisonnablement intéressantes. Mais il s’agit d’une acquisition assez modeste pour elle à l’avenir. On a travaillé sur le sujet. Quand on regarde les cycles de hausse de la Fed, on voit qu’il y a toujours des ruptures. Et les modèles d’affaires plus faibles ont tendance à subir beaucoup de pressions. On en verra plus au cours de la deuxième moitié de l’année et on maintient des taux d’intérêt très restrictifs.
Parlons des taux d’intérêt, car, bien sûr, au cœur de ce phénomène, il y a les répercussions sur certaines de ces petites institutions, sur la façon dont elles structuraient les dépôts et où elles les plaçaient. Ça n’a pas bien fonctionné lorsque les taux ont fortement augmenté. Au cours de l’année, on prévoit que la Fed… procède à une nouvelle hausse des taux. La Fed surveille la situation. Mais elle ne semble pas trop préoccupée.
Oui, je pense toujours que leur priorité absolue est de réduire l’inflation. Et cette dernière s’est avérée persistante. Je pense que ça sera plus long que ce à quoi les gens s’attendent. Et je pense qu’elle a les outils, ou du moins elle pense les avoir pour pouvoir faire face à de tels événements. Beaucoup d’argent a été investi à escompte en mars. Le bilan de la Fed s’est élargi momentanément et a commencé à se contracter depuis. Elle pense avoir les outils nécessaires pour faire face à ce genre de flambée boursière. Mais elle ne va pas reculer tant qu’elle ne voit pas l’inflation baisser. Or, l’inflation s’est en partie estompée. Les prix des biens se sont repliés. Toutefois, la croissance des salaires et de l’emploi demeure solide et le volet des services de l’inflation est encore assez élevé. Je m’attends donc… Je pense donc que ce sera la dernière hausse. Peut-être une autre en juin… mais la question est de savoir pendant combien de temps on maintiendra les restrictions. Car, plus les restrictions durent, plus l’économie est empoisonnée. Cela freine vraiment l’activité commerciale et ce sera le cas au cours des prochains trimestres.
Certaines parties du marché parient que la Fed, même si on devrait, selon les probabilités cette semaine, voir une autre hausse… procéder à une baisse dès l’été. Il me semble que c’est un revirement assez rapide, j’ose même employer le mot virage.
C’est la confusion qu’on a sur le marché. Et la Fed ne s’est pas rendue service en donnant son avis sur la situation et sur le fait que le marché est beaucoup trop audacieux, en fait ce que le marché nous dit, c’est qu’il s’agit vraiment d’un ensemble de probabilités. La trajectoire n’a aucun sens en soi. Mais voilà, soit il ne se passe rien, soit on entre dans une grave récession, et elle réduira de 300 points, ce qui est généralement ce qu’elle a fait par le passé. Et donc cette petite… Donc on aura autre hausse, puis 300, 150 ou 100 points de base de baisse pour la fin de l’année. Il est très peu probable que ce soit 100 points de base. Soit on n’aura rien du tout, soit on aura 300 ou 400 points en cas d’atterrissage brutal. C’est ce que l’on doit retirer de… la courbe du SOFR, la probabilité d’un résultat binaire. Le FMI a parlé le mois dernier d’une chance sur sept de contraction mondiale significative cette année. Encore une fois, ça ne sert pas à grand-chose de prédire ce qui va se passer, il faut tenir compte des probabilités et de l’état du monde. Les investisseurs doivent en être très conscients cette année.
OK. Avec toutes ces forces en jeu, on est en pleine période de publication de bénéfices. De ce qu’on a vu, les bénéfices commencent à peine à se redresser cette semaine. Certains acteurs importants ont déjà déclaré des pertes aux États-Unis. Qu’est-ce qu’on voit avec ces bénéfices?
De façon générale, les résultats sont meilleurs que prévu, avec une certaine faiblesse dans les secteurs de l’économie réelle. Le secteur des technologies fait meilleure figure que prévu. On a vu une très forte remontée des actions du secteur des technologies cette année. Je ne me… Je ne me réjouirais pas trop. Amazon a émis un avertissement sur l’infonuagique. Et cela a entraîné une forte baisse de ses actions. C’est mieux que prévu, mais on observe un ralentissement. Encore une fois, je ne m’attends pas à ce que les bénéfices commencent à grimper de sitôt. On continuera de les voir peiner à surpasser ceux de l’an dernier le reste de cette année.
Du point de vue de la répartition des actifs, étant donné ce que l’on observe avec les bénéfices et compte tenu des difficultés de la Fed cette semaine et des tensions dans les banques régionales américaines, comment résumer tout cela? À quoi devraient penser les investisseurs pour faire fructifier leur argent sur les marchés, en matière de répartition des liquidités?
Pour nous en ce moment, le mot clé, c’est la patience. Notre positionnement est assez défensif. On détient toujours des actions. On est passés à des segments du marché de plus grande qualité, des survivants, des sociétés dotées de modèles d’affaires qui auront tendance à prospérer pendant cette période, car leurs homologues plus faibles succombent aux tensions causées par le ralentissement de l’économie. Comme on l’a fait par le passé, on continue de privilégier les titres à revenu fixe. On peut obtenir une pondération défensive de 5 % du côté du revenu avec eux. En ce qui concerne les rendements en dividendes, à l’extérieur des États-Unis, ils sont très attrayants partout dans le monde. C’est une période où il faut réduire les erreurs au minimum. On est à la troisième évaluation de l’année. Le secteur des technologies est remonté vigoureusement, il était très faible l’an dernier. Je pense que c’est en grande partie parce que beaucoup d’investisseurs se retrouvent pris de court, sous-pondérés,etc. Il y a donc eu un certain rattrapage. C’est toujours l’analogie avec les marchés baissiers, l’idée que si vous essayez de faire quelque chose ou d’être intelligent, vous vous faites mal. Il s’agit vraiment d’être patient et constant en ce moment, d’attendre que les occasions se présentent.
En attendant, y a-t-il des signes positifs à surveiller pour voir que peut-être notre patience commence à porter ses fruits?
Les deux choses qui, selon moi, n’ont pas encore été réglées, c’est d’abord l’alignement des évaluations sur les taux obligataires. À mon avis, les évaluations, en particulier sur le marché américain, sont trop élevées. La deuxième chose, c’est qu’on commence vraiment à assister à une rupture de l’inflation. Il faudra que l’inflation diminue dans le secteur de l’habitation, les loyers, etc., ainsi que des services. Les services de base, ou ce qu’on appelle les super-services… à l’exclusion de l’habitation, aux États-Unis. Il faut que ces deux secteurs baissent. Tant que l’on ne l’aura pas constaté, on continuera d’avoir des politiques restrictives. Et comme je l’ai dit plus tôt, d’autres crises surviendront. Donc, il faudrait voir ces deux aspects s’améliorer considérablement pendant l’année avant de s’enthousiasmer. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
Le mois commence fort pour les investisseurs, les organismes de réglementation ont forcé la vente d’une autre banque régionale américaine en difficulté à une grande banque. Notre invité nous donne son point de vue sur l’orientation future des marchés, j’accueille Michael Craig, chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD.
Michael, c’est un plaisir de vous accueillir à nouveau.
Je suis ravi d’être ici, Greg.
On a la chance de vous voir à chaque fois qu’un événement important se produit au sud de la frontière, cette fois encore une banque régionale américaine a été saisie par les organismes de réglementation. Quel est votre point de vue sur la situation? Les marchés sont plutôt calmes en ce moment.
Oui, c’est le 1er mai en Europe. Les échanges commerciaux avec l’Europe sont donc assez limités aujourd’hui. Je pense que le rachat de la First Republic permet de retirer une source de risque du marché. JPMorgan a acheté la banque pour environ 10 milliards de dollars… à la FDIC. Les obligations et les actions se négocient toutes à 0. Elles se négociaient à environ 150 ou 120 il y a environ deux ans et ont chuté brusquement, la reprise est maintenant pratiquement nulle. Mais cela élimine une source de stress sur le marché. Ça ne sera probablement pas la dernière victime de ce cycle de hausse. Mais ce phénomène est pratiquement derrière nous.
Oui, Jamie Dimon, dans son commentaire d’aujourd’hui, semble dire que cette partie de la crise est terminée. Il n’exclut pas qu’une autre petite banque régionale se retrouve dans la même situation. Mais il ne voit pas ça comme un problème pour l’ensemble du système bancaire. Qu’en pensez-vous?
La banque n’était pas considérée comme une banque systématique. Elle était importante, très spécialisée et ciblait une clientèle à valeur nette élevée, très riche. JPMorgan, elle a un financement garanti. Ses conditions sont raisonnablement intéressantes. Mais il s’agit d’une acquisition assez modeste pour elle à l’avenir. On a travaillé sur le sujet. Quand on regarde les cycles de hausse de la Fed, on voit qu’il y a toujours des ruptures. Et les modèles d’affaires plus faibles ont tendance à subir beaucoup de pressions. On en verra plus au cours de la deuxième moitié de l’année et on maintient des taux d’intérêt très restrictifs.
Parlons des taux d’intérêt, car, bien sûr, au cœur de ce phénomène, il y a les répercussions sur certaines de ces petites institutions, sur la façon dont elles structuraient les dépôts et où elles les plaçaient. Ça n’a pas bien fonctionné lorsque les taux ont fortement augmenté. Au cours de l’année, on prévoit que la Fed… procède à une nouvelle hausse des taux. La Fed surveille la situation. Mais elle ne semble pas trop préoccupée.
Oui, je pense toujours que leur priorité absolue est de réduire l’inflation. Et cette dernière s’est avérée persistante. Je pense que ça sera plus long que ce à quoi les gens s’attendent. Et je pense qu’elle a les outils, ou du moins elle pense les avoir pour pouvoir faire face à de tels événements. Beaucoup d’argent a été investi à escompte en mars. Le bilan de la Fed s’est élargi momentanément et a commencé à se contracter depuis. Elle pense avoir les outils nécessaires pour faire face à ce genre de flambée boursière. Mais elle ne va pas reculer tant qu’elle ne voit pas l’inflation baisser. Or, l’inflation s’est en partie estompée. Les prix des biens se sont repliés. Toutefois, la croissance des salaires et de l’emploi demeure solide et le volet des services de l’inflation est encore assez élevé. Je m’attends donc… Je pense donc que ce sera la dernière hausse. Peut-être une autre en juin… mais la question est de savoir pendant combien de temps on maintiendra les restrictions. Car, plus les restrictions durent, plus l’économie est empoisonnée. Cela freine vraiment l’activité commerciale et ce sera le cas au cours des prochains trimestres.
Certaines parties du marché parient que la Fed, même si on devrait, selon les probabilités cette semaine, voir une autre hausse… procéder à une baisse dès l’été. Il me semble que c’est un revirement assez rapide, j’ose même employer le mot virage.
C’est la confusion qu’on a sur le marché. Et la Fed ne s’est pas rendue service en donnant son avis sur la situation et sur le fait que le marché est beaucoup trop audacieux, en fait ce que le marché nous dit, c’est qu’il s’agit vraiment d’un ensemble de probabilités. La trajectoire n’a aucun sens en soi. Mais voilà, soit il ne se passe rien, soit on entre dans une grave récession, et elle réduira de 300 points, ce qui est généralement ce qu’elle a fait par le passé. Et donc cette petite… Donc on aura autre hausse, puis 300, 150 ou 100 points de base de baisse pour la fin de l’année. Il est très peu probable que ce soit 100 points de base. Soit on n’aura rien du tout, soit on aura 300 ou 400 points en cas d’atterrissage brutal. C’est ce que l’on doit retirer de… la courbe du SOFR, la probabilité d’un résultat binaire. Le FMI a parlé le mois dernier d’une chance sur sept de contraction mondiale significative cette année. Encore une fois, ça ne sert pas à grand-chose de prédire ce qui va se passer, il faut tenir compte des probabilités et de l’état du monde. Les investisseurs doivent en être très conscients cette année.
OK. Avec toutes ces forces en jeu, on est en pleine période de publication de bénéfices. De ce qu’on a vu, les bénéfices commencent à peine à se redresser cette semaine. Certains acteurs importants ont déjà déclaré des pertes aux États-Unis. Qu’est-ce qu’on voit avec ces bénéfices?
De façon générale, les résultats sont meilleurs que prévu, avec une certaine faiblesse dans les secteurs de l’économie réelle. Le secteur des technologies fait meilleure figure que prévu. On a vu une très forte remontée des actions du secteur des technologies cette année. Je ne me… Je ne me réjouirais pas trop. Amazon a émis un avertissement sur l’infonuagique. Et cela a entraîné une forte baisse de ses actions. C’est mieux que prévu, mais on observe un ralentissement. Encore une fois, je ne m’attends pas à ce que les bénéfices commencent à grimper de sitôt. On continuera de les voir peiner à surpasser ceux de l’an dernier le reste de cette année.
Du point de vue de la répartition des actifs, étant donné ce que l’on observe avec les bénéfices et compte tenu des difficultés de la Fed cette semaine et des tensions dans les banques régionales américaines, comment résumer tout cela? À quoi devraient penser les investisseurs pour faire fructifier leur argent sur les marchés, en matière de répartition des liquidités?
Pour nous en ce moment, le mot clé, c’est la patience. Notre positionnement est assez défensif. On détient toujours des actions. On est passés à des segments du marché de plus grande qualité, des survivants, des sociétés dotées de modèles d’affaires qui auront tendance à prospérer pendant cette période, car leurs homologues plus faibles succombent aux tensions causées par le ralentissement de l’économie. Comme on l’a fait par le passé, on continue de privilégier les titres à revenu fixe. On peut obtenir une pondération défensive de 5 % du côté du revenu avec eux. En ce qui concerne les rendements en dividendes, à l’extérieur des États-Unis, ils sont très attrayants partout dans le monde. C’est une période où il faut réduire les erreurs au minimum. On est à la troisième évaluation de l’année. Le secteur des technologies est remonté vigoureusement, il était très faible l’an dernier. Je pense que c’est en grande partie parce que beaucoup d’investisseurs se retrouvent pris de court, sous-pondérés,etc. Il y a donc eu un certain rattrapage. C’est toujours l’analogie avec les marchés baissiers, l’idée que si vous essayez de faire quelque chose ou d’être intelligent, vous vous faites mal. Il s’agit vraiment d’être patient et constant en ce moment, d’attendre que les occasions se présentent.
En attendant, y a-t-il des signes positifs à surveiller pour voir que peut-être notre patience commence à porter ses fruits?
Les deux choses qui, selon moi, n’ont pas encore été réglées, c’est d’abord l’alignement des évaluations sur les taux obligataires. À mon avis, les évaluations, en particulier sur le marché américain, sont trop élevées. La deuxième chose, c’est qu’on commence vraiment à assister à une rupture de l’inflation. Il faudra que l’inflation diminue dans le secteur de l’habitation, les loyers, etc., ainsi que des services. Les services de base, ou ce qu’on appelle les super-services… à l’exclusion de l’habitation, aux États-Unis. Il faut que ces deux secteurs baissent. Tant que l’on ne l’aura pas constaté, on continuera d’avoir des politiques restrictives. Et comme je l’ai dit plus tôt, d’autres crises surviendront. Donc, il faudrait voir ces deux aspects s’améliorer considérablement pendant l’année avant de s’enthousiasmer. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]