2021 a été une année record pour Tesla, sur le plan des bénéfices et des livraisons. Mais est-ce que l’accent mis sur les livraisons plutôt que sur les nouveaux modèles en 2022 pourrait nuire à son cours boursier? Anthony Okolie discute avec Jacky He, analyste, Automobiles et matériaux à l’échelle mondiale, Gestion de Placements TD, des scénarios haussier et baissier pour Tesla.
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2021 a été une année record pour Tesla en termes de bénéfices et de livraisons, mais l’accent qu’elle a mis sur les livraisons plutôt que sur la production de nouveaux modèles en 2022 pourrait-il peser sur le cours de son action? Aujourd’hui, nous discutons avec Jacky He, analyste, Automobiles et matériaux à l’échelle mondiale, Gestion de Placements TD, des scénarios haussier et baissier pour Tesla. Regardons le scénario haussier pour Tesla. Jacky, Tesla est très rentable.
Oui. Merci de m’avoir invité, Anthony. Vous avez soulevé un excellent point. Tesla a enregistré un bénéfice record l’an dernier. Et s’il est difficile de construire un véhicule électrique, il est encore plus difficile de le rendre rentable. Tesla est un cas unique. C’est une société à mégacapitalisation qui continue de faire croître son chiffre d’affaires de 20 % ou 30 %, et dont les liquidités sont positives. Pourquoi? C’est une société très rentable. Pensez à toutes les voitures que Tesla vend. Elle réalise en moyenne une marge de profit brute d’environ 15 000 $ US. Mais grâce à son processus de fabrication, à sa batterie moins chère et à sa gestion de la chaîne d’approvisionnement, ça ne s’arrête pas là. À l’avenir, elle pourrait avoir un potentiel beaucoup plus élevé si elle peut comptabiliser des revenus de logiciel plus récurrents. Toutes ces années, elle a accumulé beaucoup de données sur les conducteurs, ce qui contribue à rendre son logiciel plus intelligent. Ça l’a donc très bien positionnée pour la transition aux véhicules autonomes.
D’accord, et si on parlait de l’approche de Tesla en matière d’offre?
Oui, c’est important, Anthony. Je pense que tout le secteur est aux prises avec une pénurie de puces et une offre restreinte. Des sociétés comme Tesla et Toyota ont surpassé le secteur l’an dernier. C’est notamment en raison de leur modèle d’affaires différencié. Vous avez dit que le iPhone utilise environ 700 à 800 composantes. Une voiture typique peut comporter des milliers ou des dizaines de milliers de pièces, et une pièce manquante peut retarder sa production, et aussi la vente. Le modèle différencié de Tesla est verticalement intégré, de sorte qu’il a un meilleur contrôle sur les activités en amont. Ça lui permet de mieux contenir les coûts et, surtout, de mieux protéger les fournitures. Et à l’avenir, quand la production devient plus concurrentielle. Tesla peut être très agile. Si elle veut améliorer certaines fonctions pour être plus concurrentielle, elle n’a pas besoin de s’adresser plusieurs fois aux fournisseurs pour trouver les pièces qui conviennent le mieux au logiciel. Elle peut tout simplement intégrer son matériel à son logiciel très rapidement. Plus tard au cours du trimestre, Tesla va probablement équiper son modèle Y de son plus récent élément de batterie 4680, ce qui peut être un plus.
D’accord. Et votre dernier scénario haussier, la valeur de la marque.
Oui, c’est le dernier scénario, mais je pense que c’est probablement un scénario plus important pour Tesla. On sait tous que Tesla a une bonne direction et un leadership visionnaire. Son produit est très amusant à conduire et son design est élégant. Tous ces facteurs-là contribuent à la valeur de marque de Tesla. Ce que ça signifie, c’est que si un consommateur, comme moi, songe à acheter un véhicule électrique, Tesla va être la première marque qui lui vient à l’esprit. C’est pourquoi, l’an dernier, sur quatre véhicules électriques vendus, un venait de Tesla. Et comme tout le secteur est en transition, Tesla a encore beaucoup d’années devant elle pour croître.
D’accord, ce sont donc de solides facteurs qui expliquent l’optimisme de Tesla. Examinons maintenant le scénario baissier. On va commencer par Tesla. Les actions sont assez chères en ce moment.
Oui, en effet. Anthony, elles sont chères, et on a beaucoup de difficulté avec l’évaluation de Tesla. Même aujourd’hui, toute la capitalisation boursière du secteur de la fabrication automobile est comme les marchés en continu, et Tesla en représente le tiers. Et elle triple la deuxième plus grande capitalisation boursière de Toyota, avec seulement un dixième du volume de ventes. Est-ce juste? Eh bien, certains soutiennent que Tesla représente l’avenir. On ne peut pas regarder le marché actuel. Oui, on peut regarder vers l’avenir. Le marché prévoit une croissance d’environ 40 % du bénéfice net d’ici 2025.
Si vous faites le calcul, d’ici 2025, chaque tranche de 100 $ dans laquelle on investit aujourd’hui va revenir à 2 $. Est-ce que ce taux de rendement de 2 % est intéressant quand on pourrait trouver deux taux différents pour les obligations d’État à cinq ans?
D’accord, on va maintenant parler du fait que Tesla est confrontée à une concurrence croissante.
Oui, c’est un autre obstacle pour nous. Tesla a été la seule option pour les consommateurs et les investisseurs pendant de nombreuses années. Mais depuis l’an dernier, beaucoup de gros joueurs qui disposent de beaucoup de ressources ont commencé eux aussi à s’engager pleinement à l’égard des véhicules électriques. Ça peut être des projets de développement, ou de regroupement. Et je ne parle pas seulement de Toyota, de GM ou de Volkswagen. Je parle plus de géants technologiques comme Amazon, Google ou Apple, qui s’intéressent aussi à ce domaine-là. Donc, à compter de cette année, et pour les prochaines années, des centaines de nouveaux modèles de véhicules électriques vont être lancés sur le marché. Ça va rendre le marché de plus en plus concurrentiel. Et beaucoup de ces nouveaux modèles ont un rendement comparable, de sorte que ça pourrait poser problème sur le plan de la concurrence.
D’accord, et votre dernier scénario baissier, le momentum ralentit.
Oui, Tesla est une société dont les actions sont axées sur le momentum. Ça s’explique en partie par le fait que la moitié des investisseurs sont des particuliers. Les actions ont tendance à être plus touchées par le momentum. Le problème, c’est que Tesla perd de son élan. L’an dernier, comme vous venez de le mentionner, Tesla a doublé, son volume a presque doublé par rapport à l’année précédente. Ça s’explique par la production accélérée des usines de Shanghai. C’est quelque chose qui ne peut pas se reproduire. Cette année, on va compter davantage sur l’intégration et les usines d’Austin. On ne prévoit pas une croissance au même rythme et on a déjà constaté un retard. Il faut donc surveiller ça de près.
Ce sont des scénarios haussier et baissier très solides pour Tesla. Quelles sont vos dernières réflexions sur le titre?
Oui, Anthony. En résumé, Tesla est une société bien gérée qui bénéficie de facteurs favorables à long terme. Donc, avec le récent repli, on pense que ce titre peut trouver une place dans un portefeuille diversifié. Mais jusqu’à cette année, on est devenus plus prudents par rapport à ce titre-là, simplement parce qu’on est confrontés à un cycle de resserrement. Cela signifie que toutes les sociétés à flux de trésorerie à long terme comme Tesla vont probablement subir plus de pressions qu’auparavant. Dans l’ensemble, la concurrence reprend. Tesla n’est plus la seule option pour les consommateurs ou les investisseurs, et les constructeurs automobiles traditionnels pourraient rattraper leur retard en une année.
Jacky, merci beaucoup de vous être joint à nous.
Merci, Anthony.
Oui. Merci de m’avoir invité, Anthony. Vous avez soulevé un excellent point. Tesla a enregistré un bénéfice record l’an dernier. Et s’il est difficile de construire un véhicule électrique, il est encore plus difficile de le rendre rentable. Tesla est un cas unique. C’est une société à mégacapitalisation qui continue de faire croître son chiffre d’affaires de 20 % ou 30 %, et dont les liquidités sont positives. Pourquoi? C’est une société très rentable. Pensez à toutes les voitures que Tesla vend. Elle réalise en moyenne une marge de profit brute d’environ 15 000 $ US. Mais grâce à son processus de fabrication, à sa batterie moins chère et à sa gestion de la chaîne d’approvisionnement, ça ne s’arrête pas là. À l’avenir, elle pourrait avoir un potentiel beaucoup plus élevé si elle peut comptabiliser des revenus de logiciel plus récurrents. Toutes ces années, elle a accumulé beaucoup de données sur les conducteurs, ce qui contribue à rendre son logiciel plus intelligent. Ça l’a donc très bien positionnée pour la transition aux véhicules autonomes.
D’accord, et si on parlait de l’approche de Tesla en matière d’offre?
Oui, c’est important, Anthony. Je pense que tout le secteur est aux prises avec une pénurie de puces et une offre restreinte. Des sociétés comme Tesla et Toyota ont surpassé le secteur l’an dernier. C’est notamment en raison de leur modèle d’affaires différencié. Vous avez dit que le iPhone utilise environ 700 à 800 composantes. Une voiture typique peut comporter des milliers ou des dizaines de milliers de pièces, et une pièce manquante peut retarder sa production, et aussi la vente. Le modèle différencié de Tesla est verticalement intégré, de sorte qu’il a un meilleur contrôle sur les activités en amont. Ça lui permet de mieux contenir les coûts et, surtout, de mieux protéger les fournitures. Et à l’avenir, quand la production devient plus concurrentielle. Tesla peut être très agile. Si elle veut améliorer certaines fonctions pour être plus concurrentielle, elle n’a pas besoin de s’adresser plusieurs fois aux fournisseurs pour trouver les pièces qui conviennent le mieux au logiciel. Elle peut tout simplement intégrer son matériel à son logiciel très rapidement. Plus tard au cours du trimestre, Tesla va probablement équiper son modèle Y de son plus récent élément de batterie 4680, ce qui peut être un plus.
D’accord. Et votre dernier scénario haussier, la valeur de la marque.
Oui, c’est le dernier scénario, mais je pense que c’est probablement un scénario plus important pour Tesla. On sait tous que Tesla a une bonne direction et un leadership visionnaire. Son produit est très amusant à conduire et son design est élégant. Tous ces facteurs-là contribuent à la valeur de marque de Tesla. Ce que ça signifie, c’est que si un consommateur, comme moi, songe à acheter un véhicule électrique, Tesla va être la première marque qui lui vient à l’esprit. C’est pourquoi, l’an dernier, sur quatre véhicules électriques vendus, un venait de Tesla. Et comme tout le secteur est en transition, Tesla a encore beaucoup d’années devant elle pour croître.
D’accord, ce sont donc de solides facteurs qui expliquent l’optimisme de Tesla. Examinons maintenant le scénario baissier. On va commencer par Tesla. Les actions sont assez chères en ce moment.
Oui, en effet. Anthony, elles sont chères, et on a beaucoup de difficulté avec l’évaluation de Tesla. Même aujourd’hui, toute la capitalisation boursière du secteur de la fabrication automobile est comme les marchés en continu, et Tesla en représente le tiers. Et elle triple la deuxième plus grande capitalisation boursière de Toyota, avec seulement un dixième du volume de ventes. Est-ce juste? Eh bien, certains soutiennent que Tesla représente l’avenir. On ne peut pas regarder le marché actuel. Oui, on peut regarder vers l’avenir. Le marché prévoit une croissance d’environ 40 % du bénéfice net d’ici 2025.
Si vous faites le calcul, d’ici 2025, chaque tranche de 100 $ dans laquelle on investit aujourd’hui va revenir à 2 $. Est-ce que ce taux de rendement de 2 % est intéressant quand on pourrait trouver deux taux différents pour les obligations d’État à cinq ans?
D’accord, on va maintenant parler du fait que Tesla est confrontée à une concurrence croissante.
Oui, c’est un autre obstacle pour nous. Tesla a été la seule option pour les consommateurs et les investisseurs pendant de nombreuses années. Mais depuis l’an dernier, beaucoup de gros joueurs qui disposent de beaucoup de ressources ont commencé eux aussi à s’engager pleinement à l’égard des véhicules électriques. Ça peut être des projets de développement, ou de regroupement. Et je ne parle pas seulement de Toyota, de GM ou de Volkswagen. Je parle plus de géants technologiques comme Amazon, Google ou Apple, qui s’intéressent aussi à ce domaine-là. Donc, à compter de cette année, et pour les prochaines années, des centaines de nouveaux modèles de véhicules électriques vont être lancés sur le marché. Ça va rendre le marché de plus en plus concurrentiel. Et beaucoup de ces nouveaux modèles ont un rendement comparable, de sorte que ça pourrait poser problème sur le plan de la concurrence.
D’accord, et votre dernier scénario baissier, le momentum ralentit.
Oui, Tesla est une société dont les actions sont axées sur le momentum. Ça s’explique en partie par le fait que la moitié des investisseurs sont des particuliers. Les actions ont tendance à être plus touchées par le momentum. Le problème, c’est que Tesla perd de son élan. L’an dernier, comme vous venez de le mentionner, Tesla a doublé, son volume a presque doublé par rapport à l’année précédente. Ça s’explique par la production accélérée des usines de Shanghai. C’est quelque chose qui ne peut pas se reproduire. Cette année, on va compter davantage sur l’intégration et les usines d’Austin. On ne prévoit pas une croissance au même rythme et on a déjà constaté un retard. Il faut donc surveiller ça de près.
Ce sont des scénarios haussier et baissier très solides pour Tesla. Quelles sont vos dernières réflexions sur le titre?
Oui, Anthony. En résumé, Tesla est une société bien gérée qui bénéficie de facteurs favorables à long terme. Donc, avec le récent repli, on pense que ce titre peut trouver une place dans un portefeuille diversifié. Mais jusqu’à cette année, on est devenus plus prudents par rapport à ce titre-là, simplement parce qu’on est confrontés à un cycle de resserrement. Cela signifie que toutes les sociétés à flux de trésorerie à long terme comme Tesla vont probablement subir plus de pressions qu’auparavant. Dans l’ensemble, la concurrence reprend. Tesla n’est plus la seule option pour les consommateurs ou les investisseurs, et les constructeurs automobiles traditionnels pourraient rattraper leur retard en une année.
Jacky, merci beaucoup de vous être joint à nous.
Merci, Anthony.