Les craintes d’un ralentissement économique ont pesé sur la demande dans le secteur industriel. Juliana Faircloth, analyste des produits industriels à Gestion de Placements TD, affirme à Greg Bonnell qu’une série de soi-disant mégaprojets pourrait bientôt donner un élan au secteur.
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* Dans un contexte d’inquiétude de ralentissement économique, il y a eu un ralentissement de la demande industrielle. Mais selon notre futur invité aujourd’hui, le secteur pourrait bientôt connaître une remontée. Dépenses et projets prévus qui commencent. Pour en parler, accueillons Juliana Faircloth, analyste des produits industriels à Gestion de Placements TD. Juliana, c’est un plaisir de vous ravoir avec nous à l’émission. Merci de m’avoir invitée. OK. Il y a donc des rumeurs de mégaprojets, d’usines de véhicules électriques, de transition verte. Quelle est l’ampleur de tout cela? * Vous avez raison. Il y a eu beaucoup de discussions à propos des mégaprojets. De quoi s’agit-il? Ça semble plutôt inquiétant. Les mégaprojets sont des projets impliquant au moins 1 milliard de dollars de dépenses en immobilisations. Des projets d’envergure dans l’économie. Des estimations courent, disant qu’un total de 600 G$ en mégaprojets a été annoncé au cours des deux dernières années et demie, depuis janvier 2021. Comme la période après la crise de la COVID-19. 600 milliards en projets, c’est environ trois fois plus que le taux d’exécution normal. Beaucoup d’occasions liées aux capitaux qui se présentent. * Selon moi, il est important de réfléchir à ce qui explique cette situation. Plusieurs choses. La première c’est les dépenses budgétaires. Il y a eu l’IRA. Il y a eu la loi sur les semi-conducteurs, la loi sur les investissements en infrastructures et l’emploi. Tout ça est très favorable pour certains de ces projets massifs. La transition verte dont on parle tout le temps, ça va demander d’importants investissements dans des projets liés à l’énergie et à l’infrastructure pour amener notre économie au prochain niveau relativement aux combustibles de production. Je crois qu’il y a un aspect géopolitique aussi. Pensons aux événements politiques qui ont eu lieu ces dernières années, c’est assez favorable à cette tendance à la délocalisation. Nous avons vu le secteur des semi-conducteurs se tourne vers les placements en Amérique du Nord. Ce sont des projets massifs. Tous ces facteurs, collectivement, créent des perspectives de bon contexte de dépenses en immobilisations à moyen terme. * Certains grands thèmes sont à l’origine de cette situation. Évidemment, certaines décisions politiques des paliers de gouvernement. Ici et maintenant, évidemment, on s’inquiète du ralentissement de l’économie. On examine l’indice des directeurs d’achats manufacturier, les directeurs d’achats, les indices, la baisse de nouvelles demandes. Quel est l’impact sur l’engagement? C’est beaucoup d’argent, quand vous parliez des mégas, vous avez dit un milliard et plus. * Oui. C’est une excellente question, et je pense que c’est un peu l’essentiel de l’enjeu auquel les investisseurs industriels réfléchissent. Vous avez raison, on a l’indice des directeurs d’achats du secteur manufacturier est en contraction. Le nombre a été déclaré la semaine dernière pour le mois de juin. Il y a eu une baisse d’un mois à l’autre. On est à 46 sur cet indice. Tout ce qui est inférieur à 50 suggère une contraction. C’est ce qui ressort dans ce qu’on commence à entendre des sociétés industrielles. Beaucoup d’entreprises disent que leurs commandes sont au ralenti ou que leurs commandes sont dans le négatif. Mais en même temps, on commence lentement à entendre ce commentaire à propos des mégaprojets et des dépenses qui surviennent dans cette situation, et qui s’enregistrent lentement dans les arriérés des sociétés industrielles. C’est donc un peu un équilibre délicat qu’on cherche à atteindre avec des opportunités de croissance à long terme et équilibrées avec l’occasion cyclique. Et c’est ce sur quoi on a mis l’accent pour les investisseurs du secteur industriel dernièrement. * Quand je pense à ce genre de gros investissement, est-ce que c’est le cas de sociétés du secteur à court terme? Oui, on voit ça, mais à long terme c’est là qu’on doit aller. * Exactement. En général, c’est les commentaires qu’on a entendus des sociétés tout au long de la dernière période de production des rapports. Je m’attends à ce que cette tendance se poursuive dans la période de production des rapports à venir dans les prochaines semaines qu’on voit un léger ralentissement à court terme. Mais le carnet de produit et l’intérêt pour certains de ces produits et biens industriels commence lentement à s’accumuler et il faudra voir comment ça évolue à court terme. * Le secteur industriel est important. Si on observe ce type d’essor des investissements et mégaprojets, les types de noms industriels seront les plus profitables? * En un mot, je crois qu’il y a beaucoup d’occasions pour le bénéfice de nombreuses sociétés industrielles. Mais, quand on pense à créer des occasions dans ce secteur. Les dépenses en immobilisations et en capitaux sont généralement favorables pour la portion des biens d’équipement du secteur industriel, naturellement. Si on pense à ce qu’un mégaprojet peut comprendre, la première étape pourrait être l’embauche d’une société d’ingénierie et de construction qui sera votre concepteur, votre gestionnaire de projet, pour mener à bien un mégaprojet. Vous pourriez avoir des sociétés de machinerie vendant de l’équipement de construction une fois que les pelles commencent à creuser. Si on pense à électrifier toute l’économie, les fournisseurs d’équipement électrique devraient avoir un avantage, car le contenu électrique de tous nos immeubles, nos maisons et nos infrastructures électriques est en hausse. Si on regarde la délocalisation de plus près, et certains de ces mégaprojets liés à la construction davantage de fabrication localisée. Cela devrait favoriser les sociétés d’automatisation, les sociétés qui vendent du matériel aux usines. C’est assez vaste. Je pense que ça fait partie, des avantages d’être investisseur à long terme. On a l’occasion de réfléchir aux secteurs de profit économique des mégaprojets et recueillir des fonds pour jouer un rôle d’investisseur. * Il y a une société qui, selon moi, mérite qu’on s’y intéresse et qui en quelque sorte est représentative de cet espace, son nom est Eaton. Dites-nous-en plus. * Oui. Eaton, je crois que c’est un bon exemple de ce qui se produit, c’est un exemple simple auquel vous pouvez penser. Eaton est une société qui vend du matériel électrique. Ils desservent de nombreux marchés finaux. Ils desservent les services publics, les centres de données, les immeubles, les projets de construction commerciaux et résidentiels. Ils vendent le matériel électrique pour construit cette infrastructure. Cette société a accru ses ventes internes devançant ses homologues multiindustriels pour ces derniers trimestres. Et ils ont déclaré récemment pour leur plus récent trimestre qu’ils voient leur croissance boursière finale est deux fois plus importante qu’avant la COVID. Une forte hausse des occasions qu’ils voient à l’avenir, et qui encore une fois va lentement se diriger vers leur carnet de produit et de leur point de vue, se traduira en une forte croissance interne sur le moyen terme. * Il existe donc certains catalyseurs positifs pour ce nom. Y a-t-il un risque pour un nom comme Eaton ou est-ce qu’il y a quelqu’un d’autre dans le secteur en ce moment? * Certainement. Je pense qu’il y a toujours un risque lié à l’exécution. Un grand moteur de ces mégaprojets sont les dépenses budgétaires. Nous savons que les choses peuvent bouger par l’intermédiaire du gouvernement à un rythme lent parfois, et parfois elles peuvent ne pas bouger du tout. C’est donc un peu risqué et quelque chose à garder en tête. * Évidemment, si on voit ce boom des placements, ces mégaprojets profiteront du secteur industriel. Et vous avez bien expliqué le cycle de vie de ces projets. Qu’en est-il de l’ensemble du marché, vont-ils voir des avantages? * Je dirais que dans un important investissement et une capacité, comme on s’attend peut-être à moyen terme devrait généralement avoir un effet positif sur le marché général. Si on investit dans la capacité en Amérique du Nord, ça serait favorable à la croissance économique, positive pour le PIB et, en fin de compte, positif pour les bénéfices des sociétés. En même temps, les dépenses en capital sont une dépense qui a un impact direct sur la production de flux de trésorerie pour les sociétés. Comme toujours, on garde le cap pour déterminer les sociétés de qualité qui une feuille de route de répartition de capitaux solides pour tenter de choisir où les équipes de direction seront capables de déployer des capitaux et de générer le meilleur rendement pour les investisseurs et le marché général.