
Alors que le nombre de cas de COVID-19 continue d’augmenter, beaucoup de gens craignent que la quatrième vague s’accompagne d’un nouveau confinement au Canada. Kim Parlee et Tarik Aeta, analyste du secteur des soins de santé, Gestion de Placements TD, discutent des plus récents développements concernant le variant Delta, les doses de rappel et la vaccination à venir des 12 ans et moins.
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Eh bien, le nombre de cas de COVID-19 augmente au Canada tout comme dans plusieurs parties du monde, et c’est majoritairement attribuable au variant Delta, qui est très contagieux. Beaucoup de personnes se demandent actuellement ce qui se produira lors d’une quatrième vague et ce qui pourrait arriver. Tarik Aeta est analyste des soins de santé à Gestion de Placements TD. Il est ici pour nous faire part de ses perspectives en tant qu’observateur, et il observe ces choses depuis très longtemps.
Tarik, c’est un plaisir de vous accueillir.
Je vais entrer dans le vif du sujet. Pouvez-vous nous donner les dernières nouvelles de ce que vous savez sur le variant Delta au Canada et ailleurs dans le monde? Oui. D’abord, merci, Kim, de me recevoir. Donc, si on recule et qu’on examine la situation dans son ensemble, à l’échelle mondiale, le nombre de cas a recommencé à augmenter dans les deux derniers mois. Et cette augmentation est largement attribuable au variant Delta, à la fois dans les marchés développés et émergents. Il s’agit maintenant de la souche dominante dans le monde.
Et si on regarde le monde entier, c’est comme s’il y avait deux pandémies distinctes qui se produisaient en parallèle.
Dans la majorité des pays du monde développé, étant donné que les vaccins sont très accessibles, on a surtout une pandémie des personnes non vaccinées. Ces personnes comptent maintenant pour la très grande majorité des hospitalisations. Elles ont 16 fois plus de risque d’être hospitalisées, et le sud des États-Unis est l’exemple parfait de cette situation. Au Texas et en Floride, par exemple, 90 % des lits des soins intensifs sont occupés.
Dans la plupart des pays des marchés émergents, au contraire, la distribution des vaccins vient tout juste de commencer à prendre de la vitesse. Comme ils n’en sont qu’au début de la distribution, le variant Delta les a durement touchés.
Ici, au Canada, le variant Delta représente 90 % des cas, mais on est au Canada. On est en bonne posture ici puisque 72 % des Canadiens ont reçu au moins une dose de vaccin, ce qui est mieux que la plupart des pays. Donc, même si le nombre de cas augmente au Canada, grâce au taux élevé de vaccination et au fait que la plupart des Canadiens ont été vaccinés plutôt récemment, l’immunité collective est assez bonne, ce qui réduira la gravité d’une quatrième vague. Donc, dans l’ensemble, je m’attends à ce qu’une quatrième vague ne touche pas aussi durement le Canada que les deux vagues précédentes cette année.
Eh bien, parlant de taux de vaccination élevé, vous le savez, on a appris que le vaccin de Pfizer vient de recevoir l’approbation de la Food and Drug Administration ou FDA aux États-Unis. Je pense qu’il s’agit en fait du premier vaccin à être approuvé par la FDA. On a également entendu le gouvernement américain demander si des doses de rappel seraient disponibles dans huit mois, et il vient de raccourcir cette période à cinq mois.
Qu’est-ce qui se produira selon vous quant aux doses de rappel, à la fois au Canada et dans le reste du monde? Enfin, il faut aussi tenir compte de cette pandémie parallèle et du fait que, comme vous le disiez, certains pays n’ont pas encore fait leur première campagne de vaccination.
Oui. Ici, au Canada, le Comité consultatif national de l’immunisation est encore en train d’évaluer les doses de rappel. Ceci dit, plusieurs provinces n’ont pas attendu de réponse de sa part et ont déjà émis leurs propres recommandations. L’Ontario, par exemple, a recommandé une troisième dose aux populations vulnérables, ce qui inclut les personnes immunosupprimées et celles résidant dans des centres de soin de longue durée.
Pour le public en général, la plupart des agences de santé publique attendent d’avoir plus de données sur la durabilité des deux premières doses. Actuellement, les données qui nous viennent d’Israël, un des premiers pays à avoir vacciné la majorité de sa population, suggèrent que le vaccin de Pfizer commence à perdre de son efficacité après cinq mois.
Et il est possible que ces données exagèrent un peu la vitesse à laquelle le vaccin perd en efficacité étant donné que le premier groupe à l’avoir reçu était composé d’adultes âgés, mais je crois que l’orientation des conclusions scientifiques est exacte. Donc, si les données de santé publique qui viennent des autres pays commencent à confirmer les données israéliennes, je m’attendrais à ce que la dose de rappel soit approuvée au Canada pour le public en général probablement quelque part cet automne.
Tarik, il ne nous reste que quelques minutes, mais je veux aborder ce qui se passera en septembre. Je sais qu’aux États-Unis, les enfants sont déjà de retour à l’école, et ce sera également le cas au Canada très bientôt. Qu’est-ce que vous entendez au sujet des enfants de 12 ans et moins? Parce qu’il est possible que le retour à l’école crée une plus ou moins petite vague.
Oui. Pfizer et Moderna ont commencé en mars leurs essais de vaccins pédiatriques pour les enfants de 6 mois à 12 ans. Si on se fie aux protocoles de ces essais, des données devraient être disponibles d’ici la fin septembre. Donc, je ne serais pas étonné que quelque part en octobre, Pfizer et Moderna publient des données à ce sujet. Ils demanderaient une approbation réglementaire peu après.
Somme toute, cette progression des choses correspond à leurs commentaires passés sur l’approbation d’un vaccin pour les enfants, qu’ils visent pour l’automne 2021. Donc, on attend et on verra. Dans les prochains mois, on devrait avoir plus de données à ce sujet.
Tarik, je vais vous poser une toute dernière question. On parle de la COVID-19. Il y avait l’Alpha, et maintenant le Delta, et je suis certaine qu’on a manqué des mutations entre les deux.
Oui.
Qu’est-ce que vous pensez que l’avenir nous réserve en termes de mutations? Qu’est-ce que vous entendez et, selon vous, qu’est-ce qui est significatif et qu’est-ce qui l’est moins?
Oui. Donc, oui, malheureusement, la COVID-19 continue et continuera de muter, mais c’est tout à fait normal pour un virus. La grande question demeure : le virus mutera-t-il tellement qu’il rendra les vaccins inefficaces? Jusqu’à présent, on constate que les mutations demeurent suffisamment petites, et donc la protéine de spicule de la COVID-19 reste largement inchangée, ce qui signifie que l’efficacité du vaccin est encore plutôt bonne.
Ceci dit, si une des mutations commençait à avoir un effet sur l’efficacité du vaccin, la bonne nouvelle, c’est que grâce à la technologie de l’ARNm, on pourrait rapidement créer un nouveau vaccin en remplaçant simplement le code d’ARNm par un nouveau code. Donc, dans l’ensemble, ces variants ne m’inquiètent pas tellement puisque nous avons les outils pour y réagir collectivement s’ils commençaient à poser problème. Et je continue à passer en revue les données au fur et à mesure de leur publication pour voir s’il y aurait des mutations suffisamment importantes pour m’inquiéter.
Tarik, c’est toujours un plaisir.
Merci beaucoup.
Merci, Kim.
[MUSIQUE]
Tarik, c’est un plaisir de vous accueillir.
Je vais entrer dans le vif du sujet. Pouvez-vous nous donner les dernières nouvelles de ce que vous savez sur le variant Delta au Canada et ailleurs dans le monde? Oui. D’abord, merci, Kim, de me recevoir. Donc, si on recule et qu’on examine la situation dans son ensemble, à l’échelle mondiale, le nombre de cas a recommencé à augmenter dans les deux derniers mois. Et cette augmentation est largement attribuable au variant Delta, à la fois dans les marchés développés et émergents. Il s’agit maintenant de la souche dominante dans le monde.
Et si on regarde le monde entier, c’est comme s’il y avait deux pandémies distinctes qui se produisaient en parallèle.
Dans la majorité des pays du monde développé, étant donné que les vaccins sont très accessibles, on a surtout une pandémie des personnes non vaccinées. Ces personnes comptent maintenant pour la très grande majorité des hospitalisations. Elles ont 16 fois plus de risque d’être hospitalisées, et le sud des États-Unis est l’exemple parfait de cette situation. Au Texas et en Floride, par exemple, 90 % des lits des soins intensifs sont occupés.
Dans la plupart des pays des marchés émergents, au contraire, la distribution des vaccins vient tout juste de commencer à prendre de la vitesse. Comme ils n’en sont qu’au début de la distribution, le variant Delta les a durement touchés.
Ici, au Canada, le variant Delta représente 90 % des cas, mais on est au Canada. On est en bonne posture ici puisque 72 % des Canadiens ont reçu au moins une dose de vaccin, ce qui est mieux que la plupart des pays. Donc, même si le nombre de cas augmente au Canada, grâce au taux élevé de vaccination et au fait que la plupart des Canadiens ont été vaccinés plutôt récemment, l’immunité collective est assez bonne, ce qui réduira la gravité d’une quatrième vague. Donc, dans l’ensemble, je m’attends à ce qu’une quatrième vague ne touche pas aussi durement le Canada que les deux vagues précédentes cette année.
Eh bien, parlant de taux de vaccination élevé, vous le savez, on a appris que le vaccin de Pfizer vient de recevoir l’approbation de la Food and Drug Administration ou FDA aux États-Unis. Je pense qu’il s’agit en fait du premier vaccin à être approuvé par la FDA. On a également entendu le gouvernement américain demander si des doses de rappel seraient disponibles dans huit mois, et il vient de raccourcir cette période à cinq mois.
Qu’est-ce qui se produira selon vous quant aux doses de rappel, à la fois au Canada et dans le reste du monde? Enfin, il faut aussi tenir compte de cette pandémie parallèle et du fait que, comme vous le disiez, certains pays n’ont pas encore fait leur première campagne de vaccination.
Oui. Ici, au Canada, le Comité consultatif national de l’immunisation est encore en train d’évaluer les doses de rappel. Ceci dit, plusieurs provinces n’ont pas attendu de réponse de sa part et ont déjà émis leurs propres recommandations. L’Ontario, par exemple, a recommandé une troisième dose aux populations vulnérables, ce qui inclut les personnes immunosupprimées et celles résidant dans des centres de soin de longue durée.
Pour le public en général, la plupart des agences de santé publique attendent d’avoir plus de données sur la durabilité des deux premières doses. Actuellement, les données qui nous viennent d’Israël, un des premiers pays à avoir vacciné la majorité de sa population, suggèrent que le vaccin de Pfizer commence à perdre de son efficacité après cinq mois.
Et il est possible que ces données exagèrent un peu la vitesse à laquelle le vaccin perd en efficacité étant donné que le premier groupe à l’avoir reçu était composé d’adultes âgés, mais je crois que l’orientation des conclusions scientifiques est exacte. Donc, si les données de santé publique qui viennent des autres pays commencent à confirmer les données israéliennes, je m’attendrais à ce que la dose de rappel soit approuvée au Canada pour le public en général probablement quelque part cet automne.
Tarik, il ne nous reste que quelques minutes, mais je veux aborder ce qui se passera en septembre. Je sais qu’aux États-Unis, les enfants sont déjà de retour à l’école, et ce sera également le cas au Canada très bientôt. Qu’est-ce que vous entendez au sujet des enfants de 12 ans et moins? Parce qu’il est possible que le retour à l’école crée une plus ou moins petite vague.
Oui. Pfizer et Moderna ont commencé en mars leurs essais de vaccins pédiatriques pour les enfants de 6 mois à 12 ans. Si on se fie aux protocoles de ces essais, des données devraient être disponibles d’ici la fin septembre. Donc, je ne serais pas étonné que quelque part en octobre, Pfizer et Moderna publient des données à ce sujet. Ils demanderaient une approbation réglementaire peu après.
Somme toute, cette progression des choses correspond à leurs commentaires passés sur l’approbation d’un vaccin pour les enfants, qu’ils visent pour l’automne 2021. Donc, on attend et on verra. Dans les prochains mois, on devrait avoir plus de données à ce sujet.
Tarik, je vais vous poser une toute dernière question. On parle de la COVID-19. Il y avait l’Alpha, et maintenant le Delta, et je suis certaine qu’on a manqué des mutations entre les deux.
Oui.
Qu’est-ce que vous pensez que l’avenir nous réserve en termes de mutations? Qu’est-ce que vous entendez et, selon vous, qu’est-ce qui est significatif et qu’est-ce qui l’est moins?
Oui. Donc, oui, malheureusement, la COVID-19 continue et continuera de muter, mais c’est tout à fait normal pour un virus. La grande question demeure : le virus mutera-t-il tellement qu’il rendra les vaccins inefficaces? Jusqu’à présent, on constate que les mutations demeurent suffisamment petites, et donc la protéine de spicule de la COVID-19 reste largement inchangée, ce qui signifie que l’efficacité du vaccin est encore plutôt bonne.
Ceci dit, si une des mutations commençait à avoir un effet sur l’efficacité du vaccin, la bonne nouvelle, c’est que grâce à la technologie de l’ARNm, on pourrait rapidement créer un nouveau vaccin en remplaçant simplement le code d’ARNm par un nouveau code. Donc, dans l’ensemble, ces variants ne m’inquiètent pas tellement puisque nous avons les outils pour y réagir collectivement s’ils commençaient à poser problème. Et je continue à passer en revue les données au fur et à mesure de leur publication pour voir s’il y aurait des mutations suffisamment importantes pour m’inquiéter.
Tarik, c’est toujours un plaisir.
Merci beaucoup.
Merci, Kim.
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