Le mois de septembre a été très difficile pour les marchés boursiers. Ceux-ci retrouveront-ils leur vitalité cet automne? Les reprises sont-elles plutôt des pièges déguisés? Kim Parlee en discute avec Brad Simpson, stratège en chef à Gestion de patrimoine TD.
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[LOGO AUDIO] On pourrait peut-être commencer par dire que ce n’est pas seulement dans notre tête et que l’année 2022 a été difficile. Bonjour, je suis ravi d’être avec vous. J’aimerais essayer de… replacer ça dans le contexte des marchés et des marchés baissiers et haussiers, souvent ce ne sont que des termes, les gens investissent en fait leur argent dans leur portefeuille et ils l’envisagent comme un portefeuille. Je pense que c’est l’une des choses qui rendent cette année si difficile, les gens veulent constituer des portefeuilles de placement et beaucoup suivent un principe de diversification. Cette année a été difficile, dans l’histoire récente, même pour un investisseur diversifié. On doit remonter jusqu’en 1932 pour trouver une époque où le portefeuille traditionnel 60/40 a été aussi mauvais pendant les trois premiers trimestres de l’année. Et je pense que ça donne une vraiment bonne idée pour les investisseurs, pour expliquer à quel point c’est difficile. Donc de l’investisseur le plus prudent, avec tous les problèmes des taux d’intérêt à la hausse et ce qui s’est passé sur les marchés obligataires à l’investisseur le plus audacieux qui est entièrement dans les actions, les deux subissent des pertes. Avec les portefeuilles de référence traditionnels de tous les titres à revenu fixe ou de toutes les actions, les pertes se situent entre 10 % et 15 %; peu importe si un des investisseurs est conservateur et l’autre, beaucoup plus audacieux. Et ça montre à quel point la situation est difficile. C’est en partie dû à l’inflation, qui s’est rapidement redressée et a encore augmenté. Et on regarde chaque donnée, chaque IPC en ce moment pour comprendre où ça va et ce qui se passe en ce moment. Je peux nommer 16 éléments dans une journée qui indiquent que les choses évoluent dans des directions différentes. Mais doit-on se préparer à une nouvelle normalité et de quoi pourrait-il s’agir en ce qui a trait à l’inflation? Je suis tout à fait d’accord avec vous. Premièrement, en ce qui concerne l’inflation, on peut trouver presque toutes les données qu’on veut pour prouver ce qui, selon nous, va se passer. Et ça montre à quel point l’économie est volatile en ce moment. Je pense que c’est peut-être le point de départ. On assiste à une sorte de recul et l’une des choses sur lesquelles il faut faire très attention, c’est la récence. C’est-à-dire prendre ce qui se passe en ce moment et extrapoler en disant que ça va être la nouvelle normalité à partir de maintenant. Je pense que c’est vraiment intéressant de revenir 6 à 9 mois en arrière, quand on commençait à s’intéresser à l’inflation, on parlait surtout de l’offre, des biens de base, si on veut. Et l’un des chiffres qu’on entendait constamment, par exemple, c’était le prix des voitures d’occasion, leur prix et la difficulté à les trouver. La semaine dernière, le Carmax est sorti, une très bonne façon de constater la santé du marché des voitures d’occasion en ce moment. Presque toutes les mesures auxquelles on peut penser ont été manquées au deuxième trimestre. Et si vous lisez leurs notes, elles indiquent que la possibilité d’acheter une voiture d’occasion en ce moment, est très faible. Cela s’explique par le fait que les taux d’intérêt plus élevés et les dépenses liées aux revenus des ménages sont plus importantes et commencent à peser. On le voit dans beaucoup de domaines qui étaient à l’origine menacés par l’inflation. Ensuite, si on revient à la situation actuelle. L’un des facteurs les plus importants, c’est le loyer. Et les loyers ont une incidence spectaculaire sur l’inflation. Mais je pense qu’il faut faire attention à la façon dont certaines de ces choses sont mesurées. Et l’une des choses que fait la Réserve fédérale pour obtenir l’IPC et la composante de location, c’est téléphoner aux gens et leur demander : si vous deviez louer votre maison, est-ce que vous le feriez plutôt demain qu’aujourd’hui? Il faut être prudent. L’un des principaux piliers de notre philosophie est de comprendre le comportement humain. Or, les gens dans leur vie quotidienne voient que les prix augmentent. Les prix augmentent. Donc, bien sûr, si on leur demande s’ils veulent louer leur maison, ils vont dire oui. J’augmenterais les taux, le montant du loyer si je le pouvais. Mais si on monte et qu’on regarde l’indice de Zillow. L’indice Zillow est publié et examine les listes de logements locatifs et les tendances. Ces tendances commencent à ralentir et elles commencent même à faiblir maintenant. Il y a donc beaucoup de choses et on va devoir composer avec ces chiffres d’inflation. Mais il faut faire très attention de ne pas se retrouver dans la situation actuelle et d’extrapoler sur l’avenir. Parce qu’au début de la prochaine année, le scénario sera complètement différent, dans le sens que tout va beaucoup ralentir. Et l’inflation pourrait être terminée dans un an, on discutera alors de la façon de remettre les choses en marche. Il faut être prudent. Il ne me reste qu’environ une minute, Brad, j’adore le fait que vous m’avez dit qu’il ne fallait pas extrapoler et que je vais justement vous demander d’extrapoler. Dites-moi ce que vous prévoyez réellement pour l’avenir. Quand on pense à la politique monétaire, on revient en arrière, on voit une réaction aux données qui ont déjà été obtenues de façon agressive. Mais pour répondre à votre question, on pourrait souhaiter une certaine inflation dans un certain temps pour relancer les choses. Anticipez-vous un atterrissage en douceur ou brutal pour la récession? À quoi doit-on s’attendre au cours des 18 prochains mois? Oui. Il y a en effet plusieurs facteurs. D’abord et avant tout, je dirais qu’une bonne chose, une chose raisonnable, serait de s’attendre à une récession. Et la deuxième chose, c’est qu’un article de notre économiste en chef, Beata Caranci, a été publié il y a quelques jours, qui disait qu’on était dans un cours naturel du cycle économique. Il faut qu’on se rappelle de ne pas avoir peur de ça, c’est comme ça que les cycles fonctionnent. C’est notre façon d’établir les prix, et ça établit vraiment les prix des actifs de façon positive à l’avenir. Mais entre-temps, il faut penser à la possibilité d’un atterrissage plus dur, le marché négocie comme on s’y attend. Et je pense qu’il faut y penser en se disant que c’est ce que veulent les banques centrales. Elles veulent voir cette préoccupation et voir le marché commencer à réagir de cette façon, parce qu’elles ont passé l’été à dire qu’elles étaient sérieuses. Qu’elles voulaient réduire l’inflation, ralentir les choses, mais le marché n’était pas à l’écoute, ni ses participants. Je dirais donc oui à la récession. On ne sait pas encore si elle sera douce ou dure, mais on y est. Et une fois que vous aurez compris ça, ça devrait dicter la façon dont vous allez investir le capital à l’avenir. Et je pense que ça peut faire toute la différence. Parlons des actions, des titres à revenu fixe, des produits de base et de l’immobilier. Ça a été difficile. Entrevoyez-vous d’autres baisses en cours de route? Le vrai point de départ pour les actions, c’est qu’elles ne baisseront pas avant que les taux atteignent un sommet. Quand il y aura une nouvelle tendance à la hausse des obligations du Trésor américain à 10 ans, et cela sur plus de quelques jours, c’est-à-dire des fluctuations à court terme, ce sera le point de départ. L’une des choses qui se produisent dans un marché baissier c’est qu’il finit par démolir les gens qui disent qu’ils continuent d’acheter chaque fois que ça baisse. Et quand ça casse, vous en êtes habituellement là. Je pense que pour les actions, on pourrait voir les choses comme ceci : la prochaine étape consiste à voir ce que les entreprises vont faire. On sait que leur bénéfice par action commencera à diminuer et il y a des ajustements à faire. Si vous regardez l’indice S&P 500 en ce moment, il se négocie entre 16 et 17 fois, et vous vous dites : « OK. Que se passerait-t-il si les bénéfices estimatifs diminuaient de 5 % et que le multiple baisserait à environ 15 fois, ce qui ferait environ 3 300. Ça vous donne probablement une assez bonne idée de la position de S&P. La Bourse de Toronto est à 12 fois. Vous déduisez ces gains de 5 % par action des prévisions à l’avenir. Ça enlève un point. L’indice TSX se situe donc autour de 16,8. Ça donne la base pour nos marchés boursiers nord-américains. Et je pense que dans tout marché comme celui-ci, il est bon de connaître ses défauts. C’est certainement le cas. Encore une fois, on a vu les graphiques pendant que vous parliez. Et ces lignes sont en chute libre sur les graphiques en ce moment, les gens savent à quoi s’attendre. Pouvez-vous parler de votre point de vue des produits de base et de l’immobilier? À quoi devrait-on penser? Avec une demande moindre, les prix des produits de base ont tendance à baisser. Mais il y a aussi l’OPEP qui agit. Ça a tendance à faire augmenter le prix du pétrole, alors il se passe beaucoup de choses. Oui. Si vous avez lu certains des documents de l’OPEP aujourd’hui, elle veut réduire la production parce qu’elle veut aider à maintenir le prix élevé, afin d’aider à régler l’importante facture d’infrastructures plus tard. Je trouve ça assez drôle. En fin de compte, dans le marché actuel, est-ce que vous voyez des produits de base chuter en raison de votre travail pour ralentir l’économie? Toutes les contraintes qui existaient au niveau de la capacité réelle sont toujours là. Donc, pour nous, il y a encore une partie intrinsèque réelle de votre portefeuille. Même si les opérations à court terme seront très volatiles, on pense toujours que c’est très logique pour les portefeuilles à moyen et à long terme, de tout sûr. Ensuite, quand on parle de biens immobiliers, il faut les surveiller pour deux raisons. Premièrement, pour ce qui est de l’inflation, les deux choses à surveiller, d’une part, la question de savoir si l’économie va évoluer avec la main-d’œuvre d’un côté et le logement de l’autre. La main-d’œuvre, on commence à voir quelques fissures, ce qui est négatif et positif. Pour ce qui est du logement, je pense que la tendance qu’on a observée, pendant la majeure partie de la COVID-19, va probablement être réduite d’entre 40 % et 50 %. Et du sommet au creux, je pense qu’on a déjà vu une bonne partie du mouvement. Mais sur ce front, on en verra probablement encore. Mais le temps nous le dira. Alors, laissez-moi vous demander ce que vous envisagez, vous avez donné de bons résultats des marchés boursiers et des produits de base et de ce que vous voyez, mais changeons de point de vue. Si les gens vous parlent, je vais leur demander de faire leurs propres recherches ou de parler à quelqu’un comme vous ou de demander des conseils. Comment gérez-vous la volatilité au cours des prochaines années? Eh bien, je pense que le point de départ, c’est la façon dont je regarde le monde, c’est très intéressant en ce moment d’être un investisseur. Et la différence entre être un investisseur et quelqu’un qui ne fait que spéculer sur la façon dont un titre à revenu fixe ou un marché boursier se comporte peut tout changer. Et donc, selon notre point de vue, si vous êtes un investisseur, pourquoi investissez-vous? Eh bien, pour la plupart d’entre nous, je pense que nous investissons parce que nous avons des objectifs futurs. On veut avoir plus d’argent à investir pour atteindre ces objectifs. Et je pense que si vous regardez ça comme ça, vous devez examiner vos actifs de placement et y aller. Quand est-ce que je veux utiliser ces actifs, dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans? Ensuite, quels sont mes besoins immédiats? Répartissez en conséquence. Et si vous faites ça, les taux d’intérêt ont beaucoup augmenté. Il y a beaucoup d’occasions en termes de durée ou d’obligations d’État aujourd’hui. Je pense qu’il y a certainement un aspect où vous pourriez les intégrer à votre portefeuille. Quand on pense aux marchés boursiers, on pense à l’ampleur de leur repli. Si vous n’avez pas l’intention d’en profiter au cours des six prochains mois, il y a beaucoup d’occasions à exploiter. Et actuellement, avec les marchés boursiers, on est neutres, mais on commence à atteindre certains des niveaux dont j’ai parlé plus tôt. Je pense qu’on commencera à se développer à partir de là et à faire passer notre pondération en actions de la position neutre dans laquelle on se trouve aujourd’hui. Et je pense que le même point de vue s’applique aussi à l’immobilier. Donc mon message et ce que je dirais aux gens, c’est qu’à court terme, il y aura plus de volatilité. On vit actuellement une période de volatilité. En termes de placement, à bien des égards, l’environnement si vous pensez à long terme, est comme une entreprise, est en fait un très bon environnement. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]