Les prix à la consommation aux États-Unis ont augmenté en juillet, mais moins que ce à quoi les analystes s’attendaient. Greg Bonnell, de MoneyTalk, discute de ce que cela signifie pour les taux d’intérêt avec Chris Whelan, stratège principal, Taux, Canada, à Valeurs Mobilières TD.
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Les prix à la consommation aux États-Unis ont légèrement augmenté en juillet. La hausse a été moins importante que ce qu'attendaient les milieux financiers. Qu'est-ce que cela signifie pour la Fed? Va-t-elle maintenir ses taux? Chris Whelan, stratège à Valeurs Mobilières TD, en discute. Bonjour, Greg. Alors, c'étaient des statistiques intéressantes. Il y a eu une légère hausse, mais les milieux financiers la prévoyaient. Je crois que rien n'a changé finalement. C'est le genre de statistique qui n'inquiète personne. Les marchés n'y réagissent pas tellement. C'était prévu. Il n'y a pas vraiment de conclusions à en tirer. Nous en avons parlé autrefois, nous sommes dans l'attentisme. Les décisions seront basées sur les données. Nous sommes en récession du secteur manufacturier au niveau mondial et on attend que le secteur des services bascule en récession, ce qui ne tardera pas. Mais cela ne s'est pas encore produit. À mon avis, c'est le plus important au cours des mois à venir. On ne prévoit pas de nouvelles hausses de taux au Canada ni aux États-Unis. Nous sommes convaincus que cette situation durera pendant encore un mois ou deux. Par la suite, il faudrait qu'il y ait des données étonnantes - un regain de l'activité économique à l'automne et à l'hiver, par exemple - pour nous faire changer de position quant à l'hypothèse que les banques centrales ont mis fin à leur série de hausses de taux. Mais le secteur manufacturier se porte mal. Vous avez dit une récession du secteur manufacturier. Vous attendez que le secteur des services bascule. Les banques centrales ont déclaré qu'une fois parvenues à leur objectif au niveau des taux, elles les y maintiendraient longtemps. Mais si le secteur manufacturier demeure aussi faible, que cela se propage au secteur des services, combien de temps cela peut-il durer? Quand les banques centrales déclarent qu'elles veulent maintenir les taux à un niveau élevé pendant longtemps, elles prennent garde à ne pas laisser entendre qu'elles vont réduire les taux d'intérêt trop bas, ce qui impulserait le comportement des consommateurs, lesquels, pensant que les taux allaient baisser l'an prochain, pourraient dépenser en conséquence. Les banques veulent adopter une attitude énergique à l'égard de l'inflation. Il s'agit d'une attitude, mais en définitive, le marché obligataire s'est refusé à renoncer d'envisager des coupures de taux début 2023. Le cycle se répète. Les marchés obligataires anticipent des réductions de taux qui ne se réalisent pas. Cette fois-ci, à mon avis, cela me paraît plus permanent. Nous sommes davantage convaincus que le taux maximum a été atteint. Il existe encore un risque, certes, mais nous sommes favorables à l'idée que la série de hausses de taux a pris fin en Amérique du Nord, plutôt qu'à celle qu'il y en aura d'autres. Mais on ne peut pas être certains, bien sûr. Nous sommes de plus en plus convaincus que cette hypothèse est juste. La Fed va prendre une décision le mois prochain au niveau des taux d'intérêt, mais il y a la conférence de Jackson Hole d'ici quelques semaines. On en parlait dans les milieux financiers comme étant une conférence plus ou moins futile, mais l'an dernier, Jerome Powell a fait un discours bref très énergique qui a beaucoup déplu aux marchés. Est-ce que vous prévoyez qu'il y aura des surprises à Jackson Hole? L'an dernier, la série de hausses de taux venait de commencer, et leur effet est décalé. Il fallait qu'un message fort fut transmis à Jackson Hole. Cette année, en règle générale, on peut envisager un décalage de 18 mois entre une hausse de taux et son impact sur les marchés. Nous en sommes au 9e ou 10e mois. Nous ne sommes pas encore à la fin de cette période de décalage. Donc à la conférence de Jackson Hole, il sera très délicat de faire passer un message approprié. Cette année, je pense que la Fed transmettra une position plutôt neutre. S'il y a une surprise à Jackson Hole, elle va certainement influencer les marchés. Les marchés vont prévoir moins de surprises et ne seront pas prêts s'il y en a. Je pense qu'il n'y aura pas eu suffisamment de données publiées pour qu'il y ait une annonce de réduction de taux. Et il y a un faible risque que la banque laisse entendre qu'il y aura de nouvelles hausses de taux. Donc, les statistiques de l'emploi ont paru aux États-Unis. J'étais en vacances, mais j'essaye de suivre les actualités. Il y a eu création d'emplois, mais moins que prévu? Effectivement. Au Canada, l'emploi fléchit un peu. Aux États-Unis également. En définitive, oui, il y a des licenciements. De grandes entreprises annoncent des licenciements. Et c'est une question de temps avant que cela ne se répercute sur les données. Il y a peu d'entreprises qui annoncent-- Il n'y a pas d'entreprises qui annoncent d'importants recrutements. Il y a un retour à l'équilibre au niveau de l'offre et de la demande sur le marché des salaires. Nous y parvenons. En définitive, il y a un phénomène qui se produit. La croissance du chiffre d'affaires est élevée, mais la croissance des bénéfices est médiocre. Qu'est-ce que cela signifie? Ça signifie que les entreprises - même si les entreprises semblent répercuter les hausses de prix, espérant qu'elles seront acceptées - en fait, elles ne sont pas en mesure de transmettre l'intégralité de la hausse de leurs prix de revient. Quand vous ne pouvez pas augmenter les bénéfices, mais que votre chiffre d'affaires augmente, vous avez un problème de dépenses. Ce sont des pressions qui s'exercent en faveur de licenciements. Mais ces mesures-là font sentir leur effet après un certain décalage. Il y a donc un double décalage. Les données sur l'emploi ne prennent pas une tendance favorable. On annonce beaucoup de licenciements et l'écart entre la croissance du chiffre d'affaires et la croissance des bénéfices... cet écart ne représente pas une donnée fondamentale positive pour les salaires dans l'avenir. On en revient à l'argument du décalage. Les dégâts et le recul entraînés par les hausses de taux approchent. Nous sommes en phase d'attente. Nous avons dépassé la mi-chemin de la période de décalage. Nous approchons de la période où les coupures de taux seront envisagées. Le temps nous l'apprendra. Le seul risque serait que l'économie connaisse un regain à l'automne, ce qui serait une surprise.