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Les prix de l’énergie, dont celui du pétrole et du gaz naturel, augmentent fortement en raison des mesures prises par la Chine pour accumuler à tout prix des réserves pour l’hiver. Anthony Okolie et Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD, discutent des conséquences potentielles sur l’approvisionnement mondial.
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[LOGO DE SON]
ANTHONY OKOLIE : Bart, il se passe beaucoup de choses sur les marchés des produits de base. Commençons par la nouvelle selon laquelle la Chine a ordonné à ses principales sociétés du secteur de l’énergie d’assurer à tout prix l’approvisionnement en énergie. Qu’est-ce que cela va changer pour les prix du gaz naturel?
BART MELEK : Eh bien, de façon marginale, il est certain que ça va resserrer ce marché qui est déjà assez serré. Lorsqu’on parle d’assurer la production de gaz naturel, on parle probablement du GNL, ou gaz naturel liquéfié. Cela signifie que les exportations de GNL des États-Unis et d’autres pays seront probablement plus limitées. Les prix demeurent extrêmement élevés. En fin de compte, cela signifie probablement que la demande de produits pétroliers devrait aussi augmenter en raison des pénuries sur le marché du gaz naturel.
ANTHONY OKOLIE : Et, bien sûr, les prix du gaz naturel suscitent aussi beaucoup d’anxiété. Et si l’hiver est froid, en particulier en Europe et en Asie, dans quelle mesure cela va-t-il pouvoir influer sur les prix futurs du gaz naturel?
BART MELEK : Oh, je pense que ça pourrait être assez important. On observe une accumulation d’événements qui ont fait grimper les prix à un niveau astronomique sur les marchés du Royaume-Uni et de l’Europe. Bien sûr, il y a la COVID. Mais nous avons privilégié les biens durables, qui consomment plus d’énergie que beaucoup de services. On reprend le transport aérien vers les États-Unis. La demande pour les avions à réaction a augmenté. La demande a aussi augmenté pour d’autres produits.
En même temps, on observe une rareté du côté de l’offre, où les tendances éoliennes ne produisent pas autant d’électricité que prévu. En Europe, on observe une réduction de la capacité de certaines centrales nucléaires et au charbon. Par conséquent, les stocks sont en baisse. La demande a été élevée au cours de l’été, certainement en Amérique du Nord, en raison de la chaleur massive. Même si on a un hiver normal, les stocks sont faibles et il y a un manque d’investissements dans le gaz de schiste, qui est un sous-produit du gaz naturel. La situation pourrait se resserrer et les prix pourraient encore augmenter par rapport à leur niveau actuel.
ANTHONY OKOLIE : Et qu’en est-il du pétrole? Bien sûr, l’OPEP+ a déjà atteint des sommets inégalés depuis près de trois ans. Prévoyez-vous une hausse des prix du pétrole?
BART MELEK : Je pense que c’est certainement possible. À l’heure actuelle, le Brent, l’indice de référence mondial, se situe autour de 80 $. Le marché n’est toujours pas à l’aise de dépasser ce seuil, mais on peut certainement envisager une situation. L’OPEP vient d’affirmer qu’elle s’engagerait à augmenter sa production de 400 000 barils par jour chaque mois. Si, de plus en plus, le gaz naturel est remplacé par des produits de distillat; en fait, la Saudi Arabian Oil Company affirme déjà que l’impact pourrait atteindre un demi-million de barils supplémentaires par jour de demande, le prix pourrait facilement dépasser 80 $, et, qui sait? Le prix pourrait même atteindre les centaines de dollars.
ANTHONY OKOLIE : Oh! D’accord, changeons de sujet. Parlons de l’or, qui se négocie à environ 17,50 $ US. Mais il est encore loin du niveau où il se situait au début de juin. Qu’est-ce qui explique la faiblesse de l’or? Et quelles sont vos perspectives?
BART MELEK : Eh bien, l’or ne s’est pas très bien comporté. Mais j’ai une petite réserve là-dessus. Il se comporte probablement un peu mieux que ce que la plupart des gens croyaient. Aujourd’hui a été une bonne journée pour l’or.
Et qu’est-ce qui motive ça? Eh bien, la Réserve fédérale, lors de la dernière réunion du FOMC, et ses conférences de presse, ont essentiellement déclaré qu’ils sont plus susceptibles de réduire les mesures monétaires le plus tôt possible. Le marché pense donc que ce pourrait bien être en novembre. En fait, il est très probable que ce soit en novembre. En même temps, elle a ajusté sa courbe en pointillé générée par divers membres, qui indique de nouveau une hausse de taux plus rapide que prévu.
En fin de compte, cela a fait grimper les taux sur l’ensemble de la courbe, des années 10, 20 à 30, l’indice de référence sur 10 ans passant à environ 150 points de base. Cela a eu pour effet de pousser les gens à délaisser l’or. De plus, les spéculateurs ont réduit leurs positions acheteur et augmenté leur exposition aux positions vendeur. En même temps, chaque fois que les taux américains augmentent par rapport à ceux d’autres pays, les écarts de taux font en sorte que le dollar américain augmente. Et le dollar américain a été assez robuste.
Mais je crois que ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui. Mais, en général, la tendance se maintient, et on croit que le dollar américain va se raffermir. Et il existe une très forte relation inverse entre le dollar américain et l’or. Plus le dollar américain est faible, plus l’or est robuste. Et, bien sûr, le contraire est aussi possible, ce qui est le cas depuis quelque temps.
Le raffermissement du dollar entraîne une baisse de l’or. En fin de compte, on pense que l’or se porte bien, parce qu’en fin de compte, on croit que la Réserve fédérale va demeurer très expansionniste dans un avenir prévisible, bien au-delà de 2023.
ANTHONY OKOLIE : Et qu’en est-il de l’autre métal précieux, l’argent? Vous avez parlé du dollar américain. L’argent a chuté. Que pensez-vous de l’argent?
BART MELEK : Eh bien, l’argent, pour l’instant, je pense, fait face à une certaine faiblesse. Il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte. L’un d’eux, bien sûr, c’est le ralentissement plus important que prévu de l’activité manufacturière en Chine. Il y a une faiblesse à ce niveau-là. Et, bien sûr, il pourrait y avoir des répercussions négatives sur son système financier en raison du défaut de paiement potentiel de la dette étrangère de sa société immobilière.
La demande d’argent industriel n’est donc pas particulièrement robuste. Et il y a un ralentissement en Chine. Comme on vient de le mentionner, il y a un problème d’énergie en Asie et en Europe. Cela devrait probablement contribuer à réduire l’activité du côté industriel. De plus, sur le marché des micropuces, dans lequel les véhicules, et certains produits électroniques, qui utilisent beaucoup d’argent, l’argent n’est pas utilisé en raison de problèmes de chaîne d’approvisionnement qui nuisent au marché.
L’argent est touché par deux facteurs. Premièrement, le contexte a fléchi pour l’or en raison de la réduction des mesures monétaires, des taux d’intérêt plus élevés et du raffermissement du dollar américain. Et il y a les effets négatifs du côté industriel qui, selon moi, lui nuisent en ce moment.
ANTHONY OKOLIE : Bart, merci beaucoup pour vos explications.
BART MELEK : Ça m’a fait plaisir.
[LOGO DE SON]
[MUSIQUE]
ANTHONY OKOLIE : Bart, il se passe beaucoup de choses sur les marchés des produits de base. Commençons par la nouvelle selon laquelle la Chine a ordonné à ses principales sociétés du secteur de l’énergie d’assurer à tout prix l’approvisionnement en énergie. Qu’est-ce que cela va changer pour les prix du gaz naturel?
BART MELEK : Eh bien, de façon marginale, il est certain que ça va resserrer ce marché qui est déjà assez serré. Lorsqu’on parle d’assurer la production de gaz naturel, on parle probablement du GNL, ou gaz naturel liquéfié. Cela signifie que les exportations de GNL des États-Unis et d’autres pays seront probablement plus limitées. Les prix demeurent extrêmement élevés. En fin de compte, cela signifie probablement que la demande de produits pétroliers devrait aussi augmenter en raison des pénuries sur le marché du gaz naturel.
ANTHONY OKOLIE : Et, bien sûr, les prix du gaz naturel suscitent aussi beaucoup d’anxiété. Et si l’hiver est froid, en particulier en Europe et en Asie, dans quelle mesure cela va-t-il pouvoir influer sur les prix futurs du gaz naturel?
BART MELEK : Oh, je pense que ça pourrait être assez important. On observe une accumulation d’événements qui ont fait grimper les prix à un niveau astronomique sur les marchés du Royaume-Uni et de l’Europe. Bien sûr, il y a la COVID. Mais nous avons privilégié les biens durables, qui consomment plus d’énergie que beaucoup de services. On reprend le transport aérien vers les États-Unis. La demande pour les avions à réaction a augmenté. La demande a aussi augmenté pour d’autres produits.
En même temps, on observe une rareté du côté de l’offre, où les tendances éoliennes ne produisent pas autant d’électricité que prévu. En Europe, on observe une réduction de la capacité de certaines centrales nucléaires et au charbon. Par conséquent, les stocks sont en baisse. La demande a été élevée au cours de l’été, certainement en Amérique du Nord, en raison de la chaleur massive. Même si on a un hiver normal, les stocks sont faibles et il y a un manque d’investissements dans le gaz de schiste, qui est un sous-produit du gaz naturel. La situation pourrait se resserrer et les prix pourraient encore augmenter par rapport à leur niveau actuel.
ANTHONY OKOLIE : Et qu’en est-il du pétrole? Bien sûr, l’OPEP+ a déjà atteint des sommets inégalés depuis près de trois ans. Prévoyez-vous une hausse des prix du pétrole?
BART MELEK : Je pense que c’est certainement possible. À l’heure actuelle, le Brent, l’indice de référence mondial, se situe autour de 80 $. Le marché n’est toujours pas à l’aise de dépasser ce seuil, mais on peut certainement envisager une situation. L’OPEP vient d’affirmer qu’elle s’engagerait à augmenter sa production de 400 000 barils par jour chaque mois. Si, de plus en plus, le gaz naturel est remplacé par des produits de distillat; en fait, la Saudi Arabian Oil Company affirme déjà que l’impact pourrait atteindre un demi-million de barils supplémentaires par jour de demande, le prix pourrait facilement dépasser 80 $, et, qui sait? Le prix pourrait même atteindre les centaines de dollars.
ANTHONY OKOLIE : Oh! D’accord, changeons de sujet. Parlons de l’or, qui se négocie à environ 17,50 $ US. Mais il est encore loin du niveau où il se situait au début de juin. Qu’est-ce qui explique la faiblesse de l’or? Et quelles sont vos perspectives?
BART MELEK : Eh bien, l’or ne s’est pas très bien comporté. Mais j’ai une petite réserve là-dessus. Il se comporte probablement un peu mieux que ce que la plupart des gens croyaient. Aujourd’hui a été une bonne journée pour l’or.
Et qu’est-ce qui motive ça? Eh bien, la Réserve fédérale, lors de la dernière réunion du FOMC, et ses conférences de presse, ont essentiellement déclaré qu’ils sont plus susceptibles de réduire les mesures monétaires le plus tôt possible. Le marché pense donc que ce pourrait bien être en novembre. En fait, il est très probable que ce soit en novembre. En même temps, elle a ajusté sa courbe en pointillé générée par divers membres, qui indique de nouveau une hausse de taux plus rapide que prévu.
En fin de compte, cela a fait grimper les taux sur l’ensemble de la courbe, des années 10, 20 à 30, l’indice de référence sur 10 ans passant à environ 150 points de base. Cela a eu pour effet de pousser les gens à délaisser l’or. De plus, les spéculateurs ont réduit leurs positions acheteur et augmenté leur exposition aux positions vendeur. En même temps, chaque fois que les taux américains augmentent par rapport à ceux d’autres pays, les écarts de taux font en sorte que le dollar américain augmente. Et le dollar américain a été assez robuste.
Mais je crois que ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui. Mais, en général, la tendance se maintient, et on croit que le dollar américain va se raffermir. Et il existe une très forte relation inverse entre le dollar américain et l’or. Plus le dollar américain est faible, plus l’or est robuste. Et, bien sûr, le contraire est aussi possible, ce qui est le cas depuis quelque temps.
Le raffermissement du dollar entraîne une baisse de l’or. En fin de compte, on pense que l’or se porte bien, parce qu’en fin de compte, on croit que la Réserve fédérale va demeurer très expansionniste dans un avenir prévisible, bien au-delà de 2023.
ANTHONY OKOLIE : Et qu’en est-il de l’autre métal précieux, l’argent? Vous avez parlé du dollar américain. L’argent a chuté. Que pensez-vous de l’argent?
BART MELEK : Eh bien, l’argent, pour l’instant, je pense, fait face à une certaine faiblesse. Il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte. L’un d’eux, bien sûr, c’est le ralentissement plus important que prévu de l’activité manufacturière en Chine. Il y a une faiblesse à ce niveau-là. Et, bien sûr, il pourrait y avoir des répercussions négatives sur son système financier en raison du défaut de paiement potentiel de la dette étrangère de sa société immobilière.
La demande d’argent industriel n’est donc pas particulièrement robuste. Et il y a un ralentissement en Chine. Comme on vient de le mentionner, il y a un problème d’énergie en Asie et en Europe. Cela devrait probablement contribuer à réduire l’activité du côté industriel. De plus, sur le marché des micropuces, dans lequel les véhicules, et certains produits électroniques, qui utilisent beaucoup d’argent, l’argent n’est pas utilisé en raison de problèmes de chaîne d’approvisionnement qui nuisent au marché.
L’argent est touché par deux facteurs. Premièrement, le contexte a fléchi pour l’or en raison de la réduction des mesures monétaires, des taux d’intérêt plus élevés et du raffermissement du dollar américain. Et il y a les effets négatifs du côté industriel qui, selon moi, lui nuisent en ce moment.
ANTHONY OKOLIE : Bart, merci beaucoup pour vos explications.
BART MELEK : Ça m’a fait plaisir.
[LOGO DE SON]
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