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L’effondrement de la Silicon Valley Bank a suscité des craintes quant à une éventuelle contagion dans l’ensemble du système financier. Greg Bonnell discute avec James Hunter, analyste, Banques et Assurance, Gestion de Placements TD, des répercussions de la dernière crise sur les marchés financiers.
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Les marchés financiers se focalisent sur les développements rapides entourant la Silicon Valley Bank. James Hunter, analyste, Banques et Assurance, Gestion de Placements TD, se joint maintenant à nous pour mettre la situation en contexte. James, c’est toujours un plaisir de vous recevoir.
Merci beaucoup, Greg.
D’entrée de jeu, c’est une affaire importante, mais beaucoup de choses se sont passées en très peu de temps. Alors si vous pouviez nous expliquer exactement ce qui s’est produit et pourquoi, puis nous allons aborder certaines des conséquences, j’imagine.
Bien sûr. Vendredi, vers l’heure du dîner, les organismes de réglementation ont fermé la Silicon Valley Bank. C’est une banque assez importante en Californie. Elle se concentre sur les sociétés technologiques et de nombreuses entreprises en démarrage, et ce sera la deuxième plus importante faillite d’une banque de l’histoire des États-Unis. C’est donc un développement assez important, de toute évidence. Les organismes de réglementation ont aussi fermé une autre banque. On a appris ça dimanche. C’est à New York, une banque un peu plus petite. Les investisseurs sont donc sous le choc. Ça fait beaucoup fluctuer la valeur des actions, ce qui suscite beaucoup d’inquiétudes à l’échelle du secteur.
On va parler de ces préoccupations, parce qu’il est évident qu’avant les derniers jours, je pardonnerais à n’importe qui, qui ne surveille pas la situation aussi attentivement que nous, de ne pas savoir ce qu’était la Silicon Valley Bank. Et maintenant, toute la presse en parle. Mettons les choses en contexte : qu’est-ce qui lui est arrivé, qu’est-ce qui est arrivé à l’autre banque et qu’est-ce que ça signifie pour le système en général?
Oui, d’accord. Si on commence par les raisons pour lesquelles cela s’est produit, notamment à la Silicon Valley, il y a plusieurs motifs. La première concerne le passif du bilan en termes de dépôts. Silicon Valley n’avait que 3 % de sa base de dépôts de montants de moins de 250 000 $. Et c’est un chiffre magique, car c’est à ce niveau qu’entre en jeu l’assurance-dépôts de la FDIC. Et donc, ça signifie qu’elle n’avait pas beaucoup d’investisseurs particuliers ordinaires. Il y avait des propriétaires de PME. Beaucoup de ces fondateurs d’entreprises technologiques en démarrage y avaient quelques millions de dollars en banque. Et dès la première difficulté, ils ont commencé à retirer ces dépôts, et c’est précisément ce qui est arrivé. Encore une fois, je vais peut-être me répéter. 3 % de leurs dépôts étaient très petits, comparativement à la norme de 40 % du secteur. C’est donc une différence très importante. L’autre aspect concernait l’actif du bilan. Plus de la moitié des actifs était constituée de titres, ce qui est nettement supérieur à la norme de 20 %. Et ce qu’elle a fait avec ces titres, c’est qu’elle les a placés dans des obligations à long terme. Ces obligations à long terme ont perdu de la valeur à mesure que les taux d’intérêt ont augmenté, ce qui a créé cette disparité dans le bilan. Et c’est précisément ce qui a causé cette situation.
Donc certains facteurs qui sont clairement très liés et qui sont assez particuliers à la Silicon Valley Bank. En même temps, au cours de la fin de semaine, vous avez parlé des préoccupations du marché. On l’a vu à l’approche de la fin de semaine, alors les organismes de réglementation ont réagi. La Fed est intervenue. Un nouveau programme de prêts a été mis en place. Expliquez-nous ça un peu plus en détail et ce qu’ils tentaient de faire.
Oui, alors ce que les organismes de réglementation voulaient faire, c’était intervenir pour rétablir la confiance qu’il n’y aurait pas de panique généralisée. Donc, ce qu’ils ont convenu, c’est de s’assurer que tous les titulaires de dépôts allaient récupérer leur argent. Et peu importe que les dépôts soient au-dessus ou au-dessous du seuil de 250 000 $, donc c’est important. Cela signifie que les gens n’ont pas à se précipiter à leur propre banque demain matin, s’ils font affaire avec une banque régionale, et qu’ils n’ont pas à s’inquiéter. Donc ce qu’ils vont essayer de faire maintenant, c’est de vendre les titres qu’ils détenaient à la SVB à une autre institution financière, ce qu’il en reste. Ce serait excellent, mais on ne sait pas si ça va fonctionner. Les détenteurs d’actions actuels sont en quelque sorte exclus. On ne sait pas combien les porteurs d’obligations vont récupérer. Mais les détenteurs de dépôts n’ont aucune inquiétude à se faire, ce qui aide à endiguer la panique. L’autre chose qu’ils ont faite, c’est d’établir une sorte de programme de prêts pour toutes les banques du système bancaire. Et ce que ça va leur permettre de faire, c’est d’obtenir de l’argent directement de la SEC et du Trésor, et ils vont pouvoir échanger ces titres-là. Ils peuvent les donner en garantie, et à valeur nominale. Peu importe qu’ils aient 0,80 $ pour un dollar, 0,60 $ pour un dollar. La Fed va les accepter à leur valeur nominale, ce qui va grandement contribuer au problème de liquidités. Donc, comme les déposants ne sont pas touchés par les mesures qui ont été mises en place au cours des derniers jours, on observe en même temps une réaction du marché concernant les actions. Parlons de la thèse de placement des banques américaines et peut-être de l’évolution de cette dernière au cours des derniers jours, compte tenu de tous ces événements.
Oui, bien sûr. On avait une opinion favorable des banques l’an dernier. Et il y a eu des hauts et des bas au cours de l’année, mais en général, ça s’est bien passé, parce que les banques profitent de la hausse des taux d’intérêt. Au début de l’année, on pensait que les taux d’intérêt ralentissaient l’économie. Les préoccupations à l’égard du crédit vont s’accroître. On devenait donc un peu plus prudents à l’égard des banques. On n’avait aucune idée qu’une telle chose allait se produire. C’est un choc important, et je pense que c’est un problème pour le dossier des placements à court terme. Et c’est parce que les gens vont être préoccupés par la valeur des actions de ces banques-là. Ils doivent examiner les liquidités. Ils doivent examiner le financement. On repense aux horreurs... les souvenirs de la crise financière. Ça ne va pas se produire cette fois-ci. On est beaucoup plus forts. Je crois donc qu’il est difficile d’être trop négatif à l’égard des banques. Elles sont devenues assez bon marché. Les réactions au cours des actions ont été violentes, de sorte qu’il existe probablement des occasions parmi les banques de première qualité. Mais, de façon générale, c’est un peu préoccupant pour le secteur.
Je sais que les politiques de la Réserve fédérale américaine ne sont pas nécessairement votre priorité, mais il y a un rôle à jouer en ce qui concerne les fortes hausses de taux qu’on a observées au cours de la dernière année ou à peu près. En ce qui concerne les actifs bancaires, la Fed a certainement des solutions à envisager. Dans environ une semaine, elle va faire une autre annonce sur les taux.
Oui. Oui, et je pense que cela fera partie de la diversité des données économiques qu’elle examine et de l’évolution de l’économie. Mais ça serait surprenant qu’elle procède à une hausse de 50 points de base dans quelques semaines. Ça serait une surprise. Je pense qu’à l’heure actuelle, les gens s’attendent à 25 points de base. Mais il est aussi possible qu’elle prenne une autre direction. Et je pense que dans l’ensemble, c’est une de ces étapes du cycle des taux d’intérêt qui devrait marquer la fin du cycle haussier. C’est ce que je pense. Et comme vous l’avez mentionné, je pense qu’il va y avoir des répercussions sur l’ensemble du secteur. Dans un an ou deux, de nouveaux règlements pourraient être adoptés pour aider à prévenir ce genre de situation.
Oui, pour résumer ce qui s’est passé, parce que tant de choses se sont passées, et vous avez fait un excellent travail en décortiquant tout ça. Essentiellement, au cours de la fin de semaine, si quelqu’un ne prêtait pas attention, et on prêtait une attention toute particulière, à l’idée que les organismes de réglementation ont remarqué un problème. La Fed a vu un problème ou voulait vraiment le résoudre, et a en quelque sorte adhéré à ce qu’elle espère, je suppose, être une solution pour qu’on ne se retrouve pas avec une situation plus grave.
C’est exactement ça. Oui. Elle a pris des mesures décisives et rapides pour s’assurer que cet incident demeure isolé et ne se propage pas à l’ensemble du secteur. C’est donc encourageant ici et là, même si on ne le voit pas dans les réactions actuelles au cours des actions. Et je pense que cela témoigne d’une prise de conscience plus large de la situation de l’économie dans un an ou deux et des paramètres fondamentaux des banques dans un an ou deux. Je ne crois pas qu’elles vont être meilleures qu’elles ne le sont aujourd’hui. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]
Les marchés financiers se focalisent sur les développements rapides entourant la Silicon Valley Bank. James Hunter, analyste, Banques et Assurance, Gestion de Placements TD, se joint maintenant à nous pour mettre la situation en contexte. James, c’est toujours un plaisir de vous recevoir.
Merci beaucoup, Greg.
D’entrée de jeu, c’est une affaire importante, mais beaucoup de choses se sont passées en très peu de temps. Alors si vous pouviez nous expliquer exactement ce qui s’est produit et pourquoi, puis nous allons aborder certaines des conséquences, j’imagine.
Bien sûr. Vendredi, vers l’heure du dîner, les organismes de réglementation ont fermé la Silicon Valley Bank. C’est une banque assez importante en Californie. Elle se concentre sur les sociétés technologiques et de nombreuses entreprises en démarrage, et ce sera la deuxième plus importante faillite d’une banque de l’histoire des États-Unis. C’est donc un développement assez important, de toute évidence. Les organismes de réglementation ont aussi fermé une autre banque. On a appris ça dimanche. C’est à New York, une banque un peu plus petite. Les investisseurs sont donc sous le choc. Ça fait beaucoup fluctuer la valeur des actions, ce qui suscite beaucoup d’inquiétudes à l’échelle du secteur.
On va parler de ces préoccupations, parce qu’il est évident qu’avant les derniers jours, je pardonnerais à n’importe qui, qui ne surveille pas la situation aussi attentivement que nous, de ne pas savoir ce qu’était la Silicon Valley Bank. Et maintenant, toute la presse en parle. Mettons les choses en contexte : qu’est-ce qui lui est arrivé, qu’est-ce qui est arrivé à l’autre banque et qu’est-ce que ça signifie pour le système en général?
Oui, d’accord. Si on commence par les raisons pour lesquelles cela s’est produit, notamment à la Silicon Valley, il y a plusieurs motifs. La première concerne le passif du bilan en termes de dépôts. Silicon Valley n’avait que 3 % de sa base de dépôts de montants de moins de 250 000 $. Et c’est un chiffre magique, car c’est à ce niveau qu’entre en jeu l’assurance-dépôts de la FDIC. Et donc, ça signifie qu’elle n’avait pas beaucoup d’investisseurs particuliers ordinaires. Il y avait des propriétaires de PME. Beaucoup de ces fondateurs d’entreprises technologiques en démarrage y avaient quelques millions de dollars en banque. Et dès la première difficulté, ils ont commencé à retirer ces dépôts, et c’est précisément ce qui est arrivé. Encore une fois, je vais peut-être me répéter. 3 % de leurs dépôts étaient très petits, comparativement à la norme de 40 % du secteur. C’est donc une différence très importante. L’autre aspect concernait l’actif du bilan. Plus de la moitié des actifs était constituée de titres, ce qui est nettement supérieur à la norme de 20 %. Et ce qu’elle a fait avec ces titres, c’est qu’elle les a placés dans des obligations à long terme. Ces obligations à long terme ont perdu de la valeur à mesure que les taux d’intérêt ont augmenté, ce qui a créé cette disparité dans le bilan. Et c’est précisément ce qui a causé cette situation.
Donc certains facteurs qui sont clairement très liés et qui sont assez particuliers à la Silicon Valley Bank. En même temps, au cours de la fin de semaine, vous avez parlé des préoccupations du marché. On l’a vu à l’approche de la fin de semaine, alors les organismes de réglementation ont réagi. La Fed est intervenue. Un nouveau programme de prêts a été mis en place. Expliquez-nous ça un peu plus en détail et ce qu’ils tentaient de faire.
Oui, alors ce que les organismes de réglementation voulaient faire, c’était intervenir pour rétablir la confiance qu’il n’y aurait pas de panique généralisée. Donc, ce qu’ils ont convenu, c’est de s’assurer que tous les titulaires de dépôts allaient récupérer leur argent. Et peu importe que les dépôts soient au-dessus ou au-dessous du seuil de 250 000 $, donc c’est important. Cela signifie que les gens n’ont pas à se précipiter à leur propre banque demain matin, s’ils font affaire avec une banque régionale, et qu’ils n’ont pas à s’inquiéter. Donc ce qu’ils vont essayer de faire maintenant, c’est de vendre les titres qu’ils détenaient à la SVB à une autre institution financière, ce qu’il en reste. Ce serait excellent, mais on ne sait pas si ça va fonctionner. Les détenteurs d’actions actuels sont en quelque sorte exclus. On ne sait pas combien les porteurs d’obligations vont récupérer. Mais les détenteurs de dépôts n’ont aucune inquiétude à se faire, ce qui aide à endiguer la panique. L’autre chose qu’ils ont faite, c’est d’établir une sorte de programme de prêts pour toutes les banques du système bancaire. Et ce que ça va leur permettre de faire, c’est d’obtenir de l’argent directement de la SEC et du Trésor, et ils vont pouvoir échanger ces titres-là. Ils peuvent les donner en garantie, et à valeur nominale. Peu importe qu’ils aient 0,80 $ pour un dollar, 0,60 $ pour un dollar. La Fed va les accepter à leur valeur nominale, ce qui va grandement contribuer au problème de liquidités. Donc, comme les déposants ne sont pas touchés par les mesures qui ont été mises en place au cours des derniers jours, on observe en même temps une réaction du marché concernant les actions. Parlons de la thèse de placement des banques américaines et peut-être de l’évolution de cette dernière au cours des derniers jours, compte tenu de tous ces événements.
Oui, bien sûr. On avait une opinion favorable des banques l’an dernier. Et il y a eu des hauts et des bas au cours de l’année, mais en général, ça s’est bien passé, parce que les banques profitent de la hausse des taux d’intérêt. Au début de l’année, on pensait que les taux d’intérêt ralentissaient l’économie. Les préoccupations à l’égard du crédit vont s’accroître. On devenait donc un peu plus prudents à l’égard des banques. On n’avait aucune idée qu’une telle chose allait se produire. C’est un choc important, et je pense que c’est un problème pour le dossier des placements à court terme. Et c’est parce que les gens vont être préoccupés par la valeur des actions de ces banques-là. Ils doivent examiner les liquidités. Ils doivent examiner le financement. On repense aux horreurs... les souvenirs de la crise financière. Ça ne va pas se produire cette fois-ci. On est beaucoup plus forts. Je crois donc qu’il est difficile d’être trop négatif à l’égard des banques. Elles sont devenues assez bon marché. Les réactions au cours des actions ont été violentes, de sorte qu’il existe probablement des occasions parmi les banques de première qualité. Mais, de façon générale, c’est un peu préoccupant pour le secteur.
Je sais que les politiques de la Réserve fédérale américaine ne sont pas nécessairement votre priorité, mais il y a un rôle à jouer en ce qui concerne les fortes hausses de taux qu’on a observées au cours de la dernière année ou à peu près. En ce qui concerne les actifs bancaires, la Fed a certainement des solutions à envisager. Dans environ une semaine, elle va faire une autre annonce sur les taux.
Oui. Oui, et je pense que cela fera partie de la diversité des données économiques qu’elle examine et de l’évolution de l’économie. Mais ça serait surprenant qu’elle procède à une hausse de 50 points de base dans quelques semaines. Ça serait une surprise. Je pense qu’à l’heure actuelle, les gens s’attendent à 25 points de base. Mais il est aussi possible qu’elle prenne une autre direction. Et je pense que dans l’ensemble, c’est une de ces étapes du cycle des taux d’intérêt qui devrait marquer la fin du cycle haussier. C’est ce que je pense. Et comme vous l’avez mentionné, je pense qu’il va y avoir des répercussions sur l’ensemble du secteur. Dans un an ou deux, de nouveaux règlements pourraient être adoptés pour aider à prévenir ce genre de situation.
Oui, pour résumer ce qui s’est passé, parce que tant de choses se sont passées, et vous avez fait un excellent travail en décortiquant tout ça. Essentiellement, au cours de la fin de semaine, si quelqu’un ne prêtait pas attention, et on prêtait une attention toute particulière, à l’idée que les organismes de réglementation ont remarqué un problème. La Fed a vu un problème ou voulait vraiment le résoudre, et a en quelque sorte adhéré à ce qu’elle espère, je suppose, être une solution pour qu’on ne se retrouve pas avec une situation plus grave.
C’est exactement ça. Oui. Elle a pris des mesures décisives et rapides pour s’assurer que cet incident demeure isolé et ne se propage pas à l’ensemble du secteur. C’est donc encourageant ici et là, même si on ne le voit pas dans les réactions actuelles au cours des actions. Et je pense que cela témoigne d’une prise de conscience plus large de la situation de l’économie dans un an ou deux et des paramètres fondamentaux des banques dans un an ou deux. Je ne crois pas qu’elles vont être meilleures qu’elles ne le sont aujourd’hui. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]