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Même si l’économie américaine fait preuve de résilience, d’autres économies mondiales commencent à fléchir sous la pression des taux d’intérêt élevés. Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, discute des conséquences de la croissance divergente de l’économie mondiale sur les placements.
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Parlons, Brad Simpson de votre stratégie de portefeuille trimestriel dont le titre en anglais, c'est "We", c'est-à-dire "Nous". Qu'est-ce que cela signifie pour les investisseurs? De plus en plus, nous entendons dire que nous vivons une période de profonds changements... ce qui peut entraîner une certaine lassitude. Mais quand on se projette 20 à 30 ans en avance, je pense que les historiens... vont juger que les années 2020 ont représenté un moment charnière. Songez aux entretiens que nous avons au sujet de l'économie mondiale. L'inflation mondiale, les taux d'intérêt mondiaux, les marchés mondiaux. Si on remontait à l'origine de ce phénomène, cela a commencé pendant l'administration Clinton, au début des années 90. Les États-Unis ont adopté l'idée qu'il convenait de libéraliser les échanges... ... de s'adapter à la mondialisation, de répandre la démocratie dans le monde. C'est un projet, une ambition qui s'étend sur 30 années. Malheureusement, nous vivons une période de démondialisation, c'est une nouvelle tendance lourde. Nous avons commencé d'évoquer cela dans notre stratégie de portefeuille trimestriel au printemps 2021. C'est une tendance qui est regrettable, mais quand on songe à l'investissement, il faut prendre garde aux termes que nous employons, car ils orientent nos réflexions. Songeons non pas à nous, à la manière dont nous nous portons, mais plutôt... à l'opportunité d'analyser le monde sous forme de régions différentes, sous forme de blocs. Quand on considère le monde d'aujourd'hui, on se trouve face à des pays qui fonctionnent de façon très asynchrone. Et je pense que cet asynchronisme va avoir des conséquences pour la répartition des capitaux. Oui, vous avez un graphique, car nous en avons parlé depuis quelques années, l'idée des cycles économiques, si nous ne parlons plus d'un monde qui est synchronisé... Oui, justement. Où en sommes-nous dans le cycle et comment répartir les actifs? Il faudra nous demander justement à quel stade nous sommes parvenus dans le cycle. Nous ne sommes pas nécessairement à un stade donné du cycle, mais nous sommes... ... dans une situation où il faut distinguer les nations. À l'extrême gauche, la Chine. La Chine est à un stade précoce de l'économie. Cela affecte les investissements qui vont y être faits. Quand on considère la Chine, il faut songer au stade du cycle économique à laquelle elle est parvenue. Elle est au neuvième mois de déconfinement, c'est la dernière nation à être sortie du confinement de la Covid. Jusqu'en 2020, on s'habituait à parler d'une croissance de 7 à 8 % en Chine. On pensait que la Chine allait renouer avec cette croissance après son déconfinement, or, la croissance, depuis le déconfinement, se limite à 4 à 5 % et le pays est en difficulté. Ensuite, il y a le Japon qui est à la crête de son cycle économique. Depuis cinq ans, personne ne parlait du Japon, mais depuis un an et demi ou deux ans que dure le changement du cycle de taux d'intérêt et est revenu l'inflation, le Japon est de nouveau pertinent. Où le Japon en est-il dans son cycle économique? À notre avis, il est en pointe. Ensuite le Canada, je reviendrai vers les États-Unis, Le Canada aborde un stade tardif. Malheureusement, au bord d'une récession, certains estiment que nous ne sommes pas loin d'une récession technique, mais en tout cas, c'est un ralentissement. Et puis il y a la zone euro... ... laquelle, aussi bien dans le secteur des services que dans le secteur manufacturier, se trouve en contraction. L'Europe se porte mal. Un investisseur qui souhaite investir dans la zone euro parce que c'est bon marché... c'est effectivement très, très bon marché, si on veut acheter un indice, il n'y a pas énormément de croissance pour les entreprises au cours du trimestre à venir. Il faut donc bien réfléchir à la proportion d'un portefeuille que l'on affecte à cette région. Si vous commencez à envisager le monde sous cet aspect, il y aura beaucoup de changements dans la manière dont vous allez répartir les capitaux. Il ne faut pas supposer que le monde évolue de concert comme une seule et même économie. C'est bien le contraire et cette tendance, à notre avis, se poursuivra. Comme je le soutiens dans l'article que je viens de publier, j'ai analysé les flux commerciaux internationaux depuis 18 mois, or ces échanges ont plongé. Il s'agit d'une réalité cyclique. Mais cela m'inquiète à l'idée qu'il pourrait s'agir d'une tendance plutôt à long terme que cyclique. Quand on revient à ce graphique, on a passé en revue ce qu'il y avait à l'écran, mais le dernier élément, ce qui intrigue, c'est l'atterrissage. Il y a l'atterrissage en douceur, il y a un scénario intermédiaire, et un atterrissage brutal. Ça, c'est l'inconnue sur laquelle s'interrogent beaucoup d'investisseurs. Tout à fait. Et tout d'abord, personne ne sait comment l'économie évoluera, mais il faut se demander... quelle est la partie la plus saine du marché. Si on disait: Bon, quelle est votre possibilité plus élevée d'un atterrissage brutal, vous placeriez l'Europe dans cette catégorie. Ce n'est pas un pronostic, mais c'est une trajectoire, du moins. Lorsque l'Allemagne, qui est le moteur de l'économie européenne, qui a ses propres difficultés au niveau manufacturier, mais également... l'Allemagne a vécu la même montée en puissance du secteur de l'immobilier qu'en Amérique du Nord, mais... les prix de l'immobilier ne sont pas encore ajustés. Ensuite, les États-Unis. Nous n'en avons pas parlé tout à l'heure, mais les États-Unis, c'est positif. En effet... si on remontait en arrière d'un an, nous dirions: Les États-Unis vont ralentir, il est possible qu'il y ait une récession aux États-Unis d'ici la fin 2023. Or nous sommes très loin d'une telle situation et nous nous rapprochons de la fin de 2023. L'un de nos principes en ce qui concerne les investissements, c'est l'idée de notre philosophie prioritaire de gestion de risque. C'est comme des personnes qui prennent une décision et qui n'en démordent jamais. Les États-Unis... quand on considère la mesure dans laquelle l'économie se porte bien au niveau de la consommation, au niveau manufacturier, les indices ISM ont paru aujourd'hui à 49... et aujourd'hui 47,2 ou 3. À ce stade, si nous étions face à un atterrissage brutal, nous assisterions à un effondrement du secteur manufacturier. Et puis le secteur des services aux États-Unis... est de plus en plus affecté par l'idée qu'il pourrait y avoir un atterrissage en douceur. Un article de Beata Caranci, l'économiste en chef de la banque, parle de notre secteur étoile, la croissance réelle d'une économie. Je vous recommande chaleureusement cet excellent article. La base, en définitive, c'est que la réserve fédérale envisageait de fixer des taux d'intérêt pour ralentir les choses. Or, à cause du changement à l'intérieur de l'économie, les mesures qui sont prises ne ralentissent pas aussi rapidement que prévu. C'est en particulier à cause des instruments de mesure et des indicateurs. Les banques centrales pensaient engendrer un peu plus de ralentissement, c'était peut-être un peu moins, mais elles ont atténué la force de l'instrument, peut-être que les États-Unis commencent à se rapprocher d'un stade précoce. Il y a beaucoup d'indicateurs économiques qui commenceraient à nous le faire envisager. C'est super intéressant, mais ce qui est encore plus intéressant, c'est que cela donne à notre équipe, notre comité de répartition d'actifs, notre comité des politiques, pour mission de commencer à réfléchir à la répartition dans une conjoncture qui commence à changer. Vous dîtes que vous devez être agiles, vous devez évoluer, alors à quoi pensez-vous au niveau de la répartition d'actifs? Il y a un ou deux éléments. Tout d'abord, si on devait passer en revue les trois ou quatre dernières fois que je suis passé à cette émission, on a beaucoup parlé de titres à revenu fixe et je dois en reparler, car en définitive, fondamentalement, à la fin de la semaine dernière, le rendement des bons du trésor américain est monté jusqu'à 4,09 %.