Le mois de septembre a été difficile pour les investisseurs, qui ont été confrontés à de nombreux obstacles, dont l’incertitude économique, l’inflation persistante et la montée en flèche des taux obligataires. Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, explique pourquoi les obligations pourraient devenir plus intéressantes dans le marché actuel.
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[MUSIQUE]
Septembre a été un mois difficile pour les investisseurs, les marchés sont confrontés à de nombreux obstacles, notamment l’incertitude économique, l’inflation persistante et la montée en flèche des taux obligataires. Plus tôt, j’ai parlé à Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, et je lui ai demandé ce qu’il pense de l’état actuel des marchés.
Regardons les choses en face. Beaucoup de choses ont mal tourné cette année. Pourtant, le marché avait prévu que tout se passerait parfaitement bien.
Exactement.
Comme c’est… si quelque chose peut vous prendre au dépourvu, c’est bien ça. Et, généralement, quand tout est censé se passer à la perfection, c’est rarement le cas… C’est la loi de Murphy. Ça ne se passe pas toujours de la façon qu’on avait prévue. Je pense que pour nous, surtout, cette perfection s’appliquerait aux marchés boursiers. Et en fait, selon une grande partie de l’activité que nous avons observée, c’est du côté des titres à revenu fixe que la situation est difficile.
Oui, et pour ce qui est de la perfection, vous avez raison. On a vu les données économiques. On observe toujours une vigueur à laquelle beaucoup de gens ne s’attendaient pas. Mais on pourrait dire la même chose des taux. Et même la dette américaine a été revue à la baisse. Et tout cela, a priori, devrait causer plus de problèmes dans les marchés boursiers.
Oui, du côté des actions, et c’est assez bien documenté, les rendements boursiers depuis le début de l’année sont attribuables à sept à huit actions. Et, en particulier, si on examine l’indice S&P 500, et qu’on regarde le marché, c’est ce qu’on voit.
Ça, c’est la bonne nouvelle. Mais lorsqu’il s’agit des investisseurs, habituellement ils ne détiennent pas sept actions, n’est-ce pas? Donc si vous éliminez ces titres, l’expérience de l’investisseur moyen est très différente de ce qu’on voit dans les journaux. Et le fait d’en être conscient permet de changer un peu les choses, c’est certain.
Si on examine les titres à revenu fixe, cette année, on a évolué entre une surpondération maximale des titres et une surpondération des titres, c’est là qu’on se trouve actuellement. Et jusqu’ici, ça n’a pas été très confortable. C’est ce qui a constitué une grande partie de l’année.
Dites-m’en un peu plus à ce sujet. Êtes-vous toujours de cet avis?
Oui, on en revient à ce que vous avez dit, si on considère le début de cette année et tous les bouleversements qu’on a traversés et dû affronter, la réduction de l’inflation et la guerre en Ukraine, on vit tout ça. On regarde ça et on se dit qu’on va voir toutes les hausses de taux d’intérêt qu’on voit en ce moment.
On arrive au printemps et disons qu’on a une obligation du Trésor américain à 10 ans dont le taux se situait autour de 3,8 %. On pourrait penser que ça allait baisser, non? On augmente les taux d’intérêt à 5,25 %, ce qui ralentit les choses, et on voit tous les signes d’un ralentissement.
Et maintenant, on est en septembre, et de manière approximative, un taux des titres du Trésor à 10 ans se situe entre 4,25 % et 4,5 %, ce qui ne correspond pas vraiment à ce à quoi on pourrait s’attendre. J’appelle ça… un dos d’âne, mais on n’est pas encore face à un mur.
Vous avez apporté un graphique que j’aimerais qu’on regarde. Jetons-y un coup d’œil. Il s’agit des rendements depuis le début de l’année et depuis le début du trimestre. Dites-moi ce que vous regardez et ce qu’on regarde maintenant.
Eh bien, l’activité de mon équipe, c’est de mettre au point des portefeuilles de placement diversifiés pour les particuliers avec différents niveaux de risque. Et pour cette période, si vous regardez vos rendements si vous êtes un investisseur audacieux ou axé sur la croissance et principalement axé sur les marchés boursiers, l’année a été plutôt bonne.
Pour les clients plus prudents, qui sont plus susceptibles d’avoir plus de titres à revenu fixe, en 2022, on a eu l’une des corrections des marchés obligataires les plus importantes de l’histoire des marchés. C’est un événement vraiment rare. Avec une année comme celle-ci, on pense qu’il y aura une forte remontée et un rendement important.
Ce qu’on voit, c’est que pour un investisseur prudent, l’augmentation est d’environ 3 % cette année. On est à environ 3,5 %. Pour un revenu équilibré, on est à 4,5 %. C’est un bon début.
Mais ce que montrent les rendements trimestriels, en avril quand les taux d’intérêt ont soudainement recommencé à grimper, c’est une stagnation. On a même vu que certains de nos rendements diminuaient.
Et ce qui est important, c’est qu’on était toujours très à l’aise avec les titres à revenu fixe. Et on avait atteint une surpondération maximale. Maintenant, on affiche une surpondération. On est passé d’une surpondération maximale à une surpondération uniquement parce qu’on pensait qu’il y aurait une correction du marché boursier en cours de route. Il faut réunir des fonds pour se diriger vers ça.
Mais avec la situation des titres du Trésor à 10 ans, on pense que ce marché haussier des obligations est toujours bien en place et ça semble tout à fait logique. L’important, c’est qu’il vaut mieux arriver tôt qu’en retard ou ne pas arriver du tout.
Tout à fait, dites-moi si vous pensez que cette thèse reste d’actualité en ce qui concerne vos perspectives. Le débat porte sur un atterrissage brutal ou en douceur. Que constatez-vous?
Eh bien, c’est là que la situation devient vraiment difficile, n’est-ce pas? D’abord, si on revient à notre situation d’il y a neuf mois, on pourrait penser qu’une grande partie des commentaires et des discussions, même de notre part, à savoir si on allait commencer à voir le potentiel des taux d’intérêt… et cela remonte à janvier, février, lorsque les taux d’intérêt ont commencé à baisser et qu’on se rapprochait d’un environnement de récession. C’est ce à quoi on s’attend.
Au printemps de cette année, on a commencé à dire qu’on ne pensait pas que cela allait se produire, on ne pensait pas qu’il y aurait une récession. On ne pensait pas que les taux d’intérêt allaient reculer. Ça, c’était la bonne nouvelle.
Ensuite, on se dit qu’on va connaître un atterrissage en douceur général. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement? Vous voyez ce que je veux dire?
Il y a quelques semaines, je revenais de vacances, on est allés en Allemagne pendant 10 jours, je dirais que l’Allemagne connaît un atterrissage en douceur. Devinez quoi? C’est un peu comme une récession. Ils sont en récession manufacturière. Le secteur des services ralentit. Vous marchez dans la rue, vous voyez des panneaux À louer partout, etc.
L’atterrissage en douceur n’est pas forcément ce qu’on pense. Ce qu’il faut faire, c’est définir ce concept. À quoi cela ressemblerait?
Ça semble presque amusant. Exactement.
Mais, ça ne l’est pas.
Non, non, c’est exact. Un gestionnaire de portefeuille principal de mon équipe, Fred Wong, nous a demandé de définir ce contexte. À quoi cela ressemblerait?
On a sorti ce qui s’appelle la courbe de Beveridge.
D’accord, regardons cet autre graphique que vous avez apporté.
La courbe de Beveridge, ce n’est pas ce que vous pensez. [ILS RIENT]
J’étais pleine d’espoir. Mais ce n’est pas ça.
Ce n’est pas ça. C’est loin d’être aussi amusant. Si on remonte au milieu des années 50, c’est ce que les banques centrales utilisent pour analyser la santé de l’économie depuis.
Et pour que ce soit clair, ce qu’on examine, c’est le taux de chômage par rapport aux postes vacants.
Tout à fait.
Il y a beaucoup de lignes rouges, et il y a un avion.
[RIRES]
Et on n’a pas beaucoup de temps.
Oui, c’est vraiment passionnant! Vous voyez la petite ligne en pointillée noire qui passe au milieu? C’est la trajectoire moyenne d’une économie. Les lignes vertes représentent les fluctuations de cette économie. Et c’est là qu’est la relation entre le taux de postes vacants et le taux de chômage.
D’accord, et cette ligne rouge représente les données chaotiques qu’on a reçues?
Ce qu’on voit ici, c’est que pendant 70 ans, on pouvait suivre cette ligne pour les postes vacants et les emplois. Et le sommet là, c’est le pic de la COVID-19. Cette relation s’est brisée comme jamais auparavant.
Et donc lorsqu’on dit… ce qu’on répète tout le temps, qu’est-ce qu’il faut regarder? Eh bien, il faut regarder l’emploi. C’est le plus important. On surveille les consommateurs et l’emploi. Et on voit que les deux vont de pair. Ajoutez le logement et vous avez tout ce dont vous avez besoin de savoir ou ce qui déterminera l’avenir.
Donc, lorsque cette relation est rompue ou divisée…
Il y a un revirement de la situation.
Oui, au bout du compte, c’est ce qui va se passer. On voit ici que la vigueur du marché du travail ne cesse de surprendre tout le monde. Et on voit ici qu’elle commence à revenir à la normale.
Je vais demander à ce qu’on revienne en arrière pour voir. Oui, parce qu’on voit l’avion, comme vous l’avez dit, voler. Mais est-ce juillet 2023, c’est cette ligne rouge?
Oui, c’est là où nous en sommes. Et donc cet avion va atterrir et lorsqu’il atterrira, on répète constamment que personne ne peut prédire l’avenir. Ce qu’on sait, c’est qu’on va savoir s’il s’agira d’un atterrissage brutal ou en douceur, plus on se rapprochera de ces points verts, plus on sera prêt de l’atterrissage. On était très loin de ce point d’atterrissage.
Et cela va vraiment déterminer ce que nous réserve l’avenir. Entre-temps, ce qu’on sait, ce qui vous permettra d’y arriver, si l’on examine l’économie mondiale, on peut voir, à divers degrés, que ça ralentit, ça ralentit à différents niveaux et degrés.
Mais c’est l’une des choses les plus difficiles à comprendre pour la plupart des investisseurs, le fait que les banques centrales tentent de ralentir les choses. Et elles y arrivent très bien.
L’inflation était à 8,3 %. On est à 3,5, 4 % en ce moment. C’est une véritable réussite. Les temps sont durs. Elles continueront d’appliquer des pressions jusqu’à ce qu’on atteigne notre objectif.
Il ne me reste qu’environ deux minutes, Brad. J’aimerais vous interroger sur la détérioration de la situation. Une chose qu’on a remarquée, bien sûr, c’est la Chine, ce qui se passe là-bas et la désolidarisation en cours.
C’est presque comme une désolidarisation économique. Il y a une désolidarisation politique. C’est généralisé et c’est l’effet que cela pourrait avoir. Je pense que cela s’inscrit également dans votre thèse.
Oui, lors des 18 derniers mois, chaque trimestre, on a travaillé là-dessus dans notre stratégie de portefeuille, sur ce thème, le changement très important, voire capital, qu’on vit en ce moment, le genre de chose qu’on ne voit pas pendant des décennies. Revenons à ce que cela signifie en termes économiques et de placement, quand on a commencé l’année le 1 janvier, beaucoup de gens disaient que la pandémie en Chine était terminée. Qu’elle allait repartir et qu’on verrait une croissance de 5 à 6 %.
En fait, on observe une croissance d’environ 2 %. Et quand nos chefs des Services économiques TD et nous-mêmes regardons où nous en sommes, il s’agit de centaines de points de croissance à long terme. Et la raison, c’est qu’il y a beaucoup de difficultés.
En fait, je pense que la Chine nous donne la meilleure leçon qui soit en ce moment, on doit commencer à ajuster notre façon de penser et de voir les choses. Et beaucoup de clients investisseurs ont des portefeuilles conçus pour un environnement qui n’existe plus.
En faisant ces changements, en prenant le temps de regarder et de se demander quelles sont nos aspirations en matière de placement pour les cinq prochaines années et en élaborant un plan en fonction de cette nouvelle réalité, on se retrouve avec beaucoup d’occasions de placement. Mais il faut changer notre façon de voir les choses. Comme on le dit toujours avec la gestion des risques [INAUDIBLE], il faut s’adapter. C’est comme ça qu’il faut voir les choses. [MUSIQUE]
Septembre a été un mois difficile pour les investisseurs, les marchés sont confrontés à de nombreux obstacles, notamment l’incertitude économique, l’inflation persistante et la montée en flèche des taux obligataires. Plus tôt, j’ai parlé à Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, et je lui ai demandé ce qu’il pense de l’état actuel des marchés.
Regardons les choses en face. Beaucoup de choses ont mal tourné cette année. Pourtant, le marché avait prévu que tout se passerait parfaitement bien.
Exactement.
Comme c’est… si quelque chose peut vous prendre au dépourvu, c’est bien ça. Et, généralement, quand tout est censé se passer à la perfection, c’est rarement le cas… C’est la loi de Murphy. Ça ne se passe pas toujours de la façon qu’on avait prévue. Je pense que pour nous, surtout, cette perfection s’appliquerait aux marchés boursiers. Et en fait, selon une grande partie de l’activité que nous avons observée, c’est du côté des titres à revenu fixe que la situation est difficile.
Oui, et pour ce qui est de la perfection, vous avez raison. On a vu les données économiques. On observe toujours une vigueur à laquelle beaucoup de gens ne s’attendaient pas. Mais on pourrait dire la même chose des taux. Et même la dette américaine a été revue à la baisse. Et tout cela, a priori, devrait causer plus de problèmes dans les marchés boursiers.
Oui, du côté des actions, et c’est assez bien documenté, les rendements boursiers depuis le début de l’année sont attribuables à sept à huit actions. Et, en particulier, si on examine l’indice S&P 500, et qu’on regarde le marché, c’est ce qu’on voit.
Ça, c’est la bonne nouvelle. Mais lorsqu’il s’agit des investisseurs, habituellement ils ne détiennent pas sept actions, n’est-ce pas? Donc si vous éliminez ces titres, l’expérience de l’investisseur moyen est très différente de ce qu’on voit dans les journaux. Et le fait d’en être conscient permet de changer un peu les choses, c’est certain.
Si on examine les titres à revenu fixe, cette année, on a évolué entre une surpondération maximale des titres et une surpondération des titres, c’est là qu’on se trouve actuellement. Et jusqu’ici, ça n’a pas été très confortable. C’est ce qui a constitué une grande partie de l’année.
Dites-m’en un peu plus à ce sujet. Êtes-vous toujours de cet avis?
Oui, on en revient à ce que vous avez dit, si on considère le début de cette année et tous les bouleversements qu’on a traversés et dû affronter, la réduction de l’inflation et la guerre en Ukraine, on vit tout ça. On regarde ça et on se dit qu’on va voir toutes les hausses de taux d’intérêt qu’on voit en ce moment.
On arrive au printemps et disons qu’on a une obligation du Trésor américain à 10 ans dont le taux se situait autour de 3,8 %. On pourrait penser que ça allait baisser, non? On augmente les taux d’intérêt à 5,25 %, ce qui ralentit les choses, et on voit tous les signes d’un ralentissement.
Et maintenant, on est en septembre, et de manière approximative, un taux des titres du Trésor à 10 ans se situe entre 4,25 % et 4,5 %, ce qui ne correspond pas vraiment à ce à quoi on pourrait s’attendre. J’appelle ça… un dos d’âne, mais on n’est pas encore face à un mur.
Vous avez apporté un graphique que j’aimerais qu’on regarde. Jetons-y un coup d’œil. Il s’agit des rendements depuis le début de l’année et depuis le début du trimestre. Dites-moi ce que vous regardez et ce qu’on regarde maintenant.
Eh bien, l’activité de mon équipe, c’est de mettre au point des portefeuilles de placement diversifiés pour les particuliers avec différents niveaux de risque. Et pour cette période, si vous regardez vos rendements si vous êtes un investisseur audacieux ou axé sur la croissance et principalement axé sur les marchés boursiers, l’année a été plutôt bonne.
Pour les clients plus prudents, qui sont plus susceptibles d’avoir plus de titres à revenu fixe, en 2022, on a eu l’une des corrections des marchés obligataires les plus importantes de l’histoire des marchés. C’est un événement vraiment rare. Avec une année comme celle-ci, on pense qu’il y aura une forte remontée et un rendement important.
Ce qu’on voit, c’est que pour un investisseur prudent, l’augmentation est d’environ 3 % cette année. On est à environ 3,5 %. Pour un revenu équilibré, on est à 4,5 %. C’est un bon début.
Mais ce que montrent les rendements trimestriels, en avril quand les taux d’intérêt ont soudainement recommencé à grimper, c’est une stagnation. On a même vu que certains de nos rendements diminuaient.
Et ce qui est important, c’est qu’on était toujours très à l’aise avec les titres à revenu fixe. Et on avait atteint une surpondération maximale. Maintenant, on affiche une surpondération. On est passé d’une surpondération maximale à une surpondération uniquement parce qu’on pensait qu’il y aurait une correction du marché boursier en cours de route. Il faut réunir des fonds pour se diriger vers ça.
Mais avec la situation des titres du Trésor à 10 ans, on pense que ce marché haussier des obligations est toujours bien en place et ça semble tout à fait logique. L’important, c’est qu’il vaut mieux arriver tôt qu’en retard ou ne pas arriver du tout.
Tout à fait, dites-moi si vous pensez que cette thèse reste d’actualité en ce qui concerne vos perspectives. Le débat porte sur un atterrissage brutal ou en douceur. Que constatez-vous?
Eh bien, c’est là que la situation devient vraiment difficile, n’est-ce pas? D’abord, si on revient à notre situation d’il y a neuf mois, on pourrait penser qu’une grande partie des commentaires et des discussions, même de notre part, à savoir si on allait commencer à voir le potentiel des taux d’intérêt… et cela remonte à janvier, février, lorsque les taux d’intérêt ont commencé à baisser et qu’on se rapprochait d’un environnement de récession. C’est ce à quoi on s’attend.
Au printemps de cette année, on a commencé à dire qu’on ne pensait pas que cela allait se produire, on ne pensait pas qu’il y aurait une récession. On ne pensait pas que les taux d’intérêt allaient reculer. Ça, c’était la bonne nouvelle.
Ensuite, on se dit qu’on va connaître un atterrissage en douceur général. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement? Vous voyez ce que je veux dire?
Il y a quelques semaines, je revenais de vacances, on est allés en Allemagne pendant 10 jours, je dirais que l’Allemagne connaît un atterrissage en douceur. Devinez quoi? C’est un peu comme une récession. Ils sont en récession manufacturière. Le secteur des services ralentit. Vous marchez dans la rue, vous voyez des panneaux À louer partout, etc.
L’atterrissage en douceur n’est pas forcément ce qu’on pense. Ce qu’il faut faire, c’est définir ce concept. À quoi cela ressemblerait?
Ça semble presque amusant. Exactement.
Mais, ça ne l’est pas.
Non, non, c’est exact. Un gestionnaire de portefeuille principal de mon équipe, Fred Wong, nous a demandé de définir ce contexte. À quoi cela ressemblerait?
On a sorti ce qui s’appelle la courbe de Beveridge.
D’accord, regardons cet autre graphique que vous avez apporté.
La courbe de Beveridge, ce n’est pas ce que vous pensez. [ILS RIENT]
J’étais pleine d’espoir. Mais ce n’est pas ça.
Ce n’est pas ça. C’est loin d’être aussi amusant. Si on remonte au milieu des années 50, c’est ce que les banques centrales utilisent pour analyser la santé de l’économie depuis.
Et pour que ce soit clair, ce qu’on examine, c’est le taux de chômage par rapport aux postes vacants.
Tout à fait.
Il y a beaucoup de lignes rouges, et il y a un avion.
[RIRES]
Et on n’a pas beaucoup de temps.
Oui, c’est vraiment passionnant! Vous voyez la petite ligne en pointillée noire qui passe au milieu? C’est la trajectoire moyenne d’une économie. Les lignes vertes représentent les fluctuations de cette économie. Et c’est là qu’est la relation entre le taux de postes vacants et le taux de chômage.
D’accord, et cette ligne rouge représente les données chaotiques qu’on a reçues?
Ce qu’on voit ici, c’est que pendant 70 ans, on pouvait suivre cette ligne pour les postes vacants et les emplois. Et le sommet là, c’est le pic de la COVID-19. Cette relation s’est brisée comme jamais auparavant.
Et donc lorsqu’on dit… ce qu’on répète tout le temps, qu’est-ce qu’il faut regarder? Eh bien, il faut regarder l’emploi. C’est le plus important. On surveille les consommateurs et l’emploi. Et on voit que les deux vont de pair. Ajoutez le logement et vous avez tout ce dont vous avez besoin de savoir ou ce qui déterminera l’avenir.
Donc, lorsque cette relation est rompue ou divisée…
Il y a un revirement de la situation.
Oui, au bout du compte, c’est ce qui va se passer. On voit ici que la vigueur du marché du travail ne cesse de surprendre tout le monde. Et on voit ici qu’elle commence à revenir à la normale.
Je vais demander à ce qu’on revienne en arrière pour voir. Oui, parce qu’on voit l’avion, comme vous l’avez dit, voler. Mais est-ce juillet 2023, c’est cette ligne rouge?
Oui, c’est là où nous en sommes. Et donc cet avion va atterrir et lorsqu’il atterrira, on répète constamment que personne ne peut prédire l’avenir. Ce qu’on sait, c’est qu’on va savoir s’il s’agira d’un atterrissage brutal ou en douceur, plus on se rapprochera de ces points verts, plus on sera prêt de l’atterrissage. On était très loin de ce point d’atterrissage.
Et cela va vraiment déterminer ce que nous réserve l’avenir. Entre-temps, ce qu’on sait, ce qui vous permettra d’y arriver, si l’on examine l’économie mondiale, on peut voir, à divers degrés, que ça ralentit, ça ralentit à différents niveaux et degrés.
Mais c’est l’une des choses les plus difficiles à comprendre pour la plupart des investisseurs, le fait que les banques centrales tentent de ralentir les choses. Et elles y arrivent très bien.
L’inflation était à 8,3 %. On est à 3,5, 4 % en ce moment. C’est une véritable réussite. Les temps sont durs. Elles continueront d’appliquer des pressions jusqu’à ce qu’on atteigne notre objectif.
Il ne me reste qu’environ deux minutes, Brad. J’aimerais vous interroger sur la détérioration de la situation. Une chose qu’on a remarquée, bien sûr, c’est la Chine, ce qui se passe là-bas et la désolidarisation en cours.
C’est presque comme une désolidarisation économique. Il y a une désolidarisation politique. C’est généralisé et c’est l’effet que cela pourrait avoir. Je pense que cela s’inscrit également dans votre thèse.
Oui, lors des 18 derniers mois, chaque trimestre, on a travaillé là-dessus dans notre stratégie de portefeuille, sur ce thème, le changement très important, voire capital, qu’on vit en ce moment, le genre de chose qu’on ne voit pas pendant des décennies. Revenons à ce que cela signifie en termes économiques et de placement, quand on a commencé l’année le 1 janvier, beaucoup de gens disaient que la pandémie en Chine était terminée. Qu’elle allait repartir et qu’on verrait une croissance de 5 à 6 %.
En fait, on observe une croissance d’environ 2 %. Et quand nos chefs des Services économiques TD et nous-mêmes regardons où nous en sommes, il s’agit de centaines de points de croissance à long terme. Et la raison, c’est qu’il y a beaucoup de difficultés.
En fait, je pense que la Chine nous donne la meilleure leçon qui soit en ce moment, on doit commencer à ajuster notre façon de penser et de voir les choses. Et beaucoup de clients investisseurs ont des portefeuilles conçus pour un environnement qui n’existe plus.
En faisant ces changements, en prenant le temps de regarder et de se demander quelles sont nos aspirations en matière de placement pour les cinq prochaines années et en élaborant un plan en fonction de cette nouvelle réalité, on se retrouve avec beaucoup d’occasions de placement. Mais il faut changer notre façon de voir les choses. Comme on le dit toujours avec la gestion des risques [INAUDIBLE], il faut s’adapter. C’est comme ça qu’il faut voir les choses. [MUSIQUE]