La hausse des taux d’intérêt a durement ébranlé le marché obligataire cette année. Toutefois, à mesure que le cycle de hausse des taux se rapproche de la fin, pourrait-il y avoir une occasion générationnelle à l’égard des titres à revenu fixe? Kim Parlee s’entretient avec Anna Castro, gestionnaire de portefeuille principale, qui dirige l’équipe de gestion de portefeuilles multiactifs de Gestion de Placements TD.
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J’aimerais commencer par examiner le graphique que vous avez apporté, qui porte sur le taux du financement à un jour au Canada. Et peut-on savoir pourquoi les obligations ont connu un énorme succès? Expliquez-moi ce dont il est question ici.
Les taux de la Banque du Canada ont donc fortement augmenté, principalement parce que les banques centrales mettent beaucoup l’accent sur la lutte contre l’inflation, qu’elles considèrent comme très persistante. En raison de ces hausses rapides qu’on a connues au cours des 10 derniers mois, les obligations canadiennes et les obligations nord-américaines ont reculé en général de 10 % cette année. Mais comme le cycle de hausse tire à sa fin, on ne prévoit pas que cette hausse rapide va se reproduire l’an prochain.
Exact. Il y a donc un peu de lumière au bout du tunnel en ce moment en ce qui concerne les hausses de taux. Le côté positif de cette histoire, c’est que... et encore une fois, je vais utiliser ce mot, il y a une occasion « générationnelle » en ce moment pour les
titres à revenu fixe. Encore une fois, on a apporté un autre graphique pour vous expliquer ce que vous voyez. On va donc l’afficher. Expliquez-moi un peu ce qu’on voit, parce que, fondamentalement, les dommages qui ont été causés, eh bien on va maintenant voir le contraire de l’autre côté. N’est-ce pas?
Après un repli, on s’attend maintenant à une reprise ou à une stabilisation des taux. Ce qu’on a ici, ce sont les hypothèses sur les marchés financiers à long terme, les rendements prévus à long terme. Ce qui est intéressant, Kim, c’est qu’à la fin de 2021, les rendements prévus à long terme des titres à revenu fixe étaient d’environ moins de 2 %.
Oui.
Et maintenant, vers la fin de 2022, à l’approche de 2023, en raison du repli des titres à revenu fixe, les rendements se situent environ entre 4 % et 5 %. Et ce qui est le plus intéressant, c’est ce que vous voyez à l’extrême droite, dans la colonne, c’est que l’augmentation des rendements plus élevés a entraîné une augmentation des occasions de revenu. Pour un investisseur qui investit dans des titres à revenu fixe en ce moment, il est donc possible d’obtenir un revenu supplémentaire de 2 %. Et ce type d’occasion de rendement plus élevé n’a pas été observé au cours des 15 dernières années. C’est pourquoi on trouve les titres à revenu fixe à un point d’entrée très intéressant en
ce moment. Ne rien voir de tel pendant 15 ans, c’est long. N’est-ce pas?
Oui. Oui.
Mais ce qui est difficile pour bien des gens, selon moi, c’est qu’il y a une occasion concernant les obligations américaines et les obligations mondiales, mais pas toutes les obligations américaines et mondiales. Il faut être très sélectif.
Oui, parce qu’on est au début d’un ralentissement économique, et c’est encore difficile de déterminer combien de temps ça va durer et quelle ampleur il va prendre.
Et ça c’est une autre histoire. Alors comment savoir quel crédit est plus sûr que d’autres et comment le déterminer?
Au début d’un ralentissement économique, il est très important pour nous de mettre l’accent sur la qualité. Notre équipe Titres à revenu fixe examine donc de près les différents modèles d’affaires des sociétés et comment ils se comportent dans divers cycles économiques. Et l’important, c’est que ces modèles disposent de sources de flux de trésorerie résilientes qui leur permettent de résister à un ralentissement économique, peu importe sa durée, et de payer des taux d’intérêt plus élevés. C’est le type de résilience qu’il faut rechercher.
L’autre élément, c’est qu’on examine la dette publique. C’est devenu plus attrayant sur le plan du revenu. Mais en période de ralentissement économique, il y a une ruée vers les titres de qualité. Et donc la dette publique de grande qualité du Canada et des États-Unis, parce que les gens ne pensent pas qu’elles vont faire défaut. Elles sont très solides.
Et puis, vous auriez même une plus-value en capital ou un gain en capital, car lorsque les rendements baissent, à mesure que les attentes de croissance économique diminuent, de même que les attentes d’inflation, vous avez un revenu supplémentaire dans l’occasion de gain en capital. Et je dirais que les obligations d’État canadiennes et américaines seraient les titres à négocier pendant la récession. Les mauvaises nouvelles deviennent bonnes pour
elles. C’est vrai. Oui, et c’est l’élément générationnel. Ce n’est pas seulement le coupon, mais aussi la plus-value en capital qui vient avec.
Oui. Oui.
On va revenir sur ce graphique, parce que je pense qu’il contient des éléments dignes de mention. Il y a des éléments que je veux souligner ici : la colonne de droite, en jaune, ne montre pas seulement les titres à revenu fixe. On parle de titres à revenu fixe, mais ce qui est aussi notable, c’est le volet des actions, les actions canadiennes et les actions mondiales. Et la différence entre le rendement prévu à long terme et celui de 2023 est particulièrement notable. C’est pourquoi vous privilégiez un peu plus les titres à revenu fixe.
Oui. On aime toujours les actions. Tout va bien de ce côté-là concernant le rendement prévu à long terme. Mais c’est juste qu’à l’heure actuelle, les titres à revenu fixe, en raison du repli en cours, où on est dans le cycle économique, c’est plus intéressant en ce moment.
Dans le cas des actions, ça pourrait tout de même être acceptable à long terme. Leurs prévisions de bénéfices n’ont pas été rajustées à la baisse pour tenir compte d’une récession, et la récession pourrait être légère par rapport à une récession plus longue ou plus profonde. Donc, quand les prévisions de bénéfices vont diminuer encore plus, les actions pourraient tout de même reculer au cours de l’année prochaine. Donc c’est pourquoi on attend.
C’est une toute autre conversation sur ces prévisions de bénéfices et sur le temps qu’il faut pour qu’elles concordent avec ce qui se passe réellement. Mais c’est un autre sujet! On me pose constamment des questions sur l’achat de CPG.
Est-ce que ça équivaut actuellement à des obligations? Les gens se disent : « Pourquoi ne puis-je pas simplement acheter un CPG? »
Tout d’abord, non, mais tout dépend de votre tolérance au risque et de votre objectif de placement. Mais dans l’ensemble, comme je l’ai expliqué, les titres à revenu fixe à l’heure actuelle ont un coupon plus élevé, soit plus de 4 % à 5 %, même pour les titres à revenu fixe de qualité supérieure par rapport aux CPG. Et puis, il y a une occasion où, si les taux baissent, les prix peuvent augmenter, et les titres à revenu fixe pourraient enregistrer des rendements à deux chiffres au cours des deux prochaines années, ce qui n’est pas le cas pour les CPG.
En ce qui concerne les CPG, votre placement est aussi immobilisé, et vous n’avez pas la possibilité de vendre vos titres à revenu fixe et de passer aux actions, après un repli des actions, lorsqu’une récession est mieux prise en compte, dans les prévisions de bénéfices. Enfin, comme on n’a pas eu avant l’occasion d’acheter des titres à revenu fixe en deçà de la valeur nominale, à l’heure actuelle, les rendements futurs des titres à revenu fixe sont également avantageux sur le plan fiscal, en raison des gains en capital, mais on n’a pas ça avec les CPG.
Exact. C’est une foule de bonnes raisons à l’heure actuelle, qui soulignent cette occasion générationnelle. Ce que vous faites n’est pas simple. J’allais juste dire qu’il faut exercer une gestion active, et c’est ce que vous faites à temps plein pour les gens aussi. De quoi avez-vous besoin pour inclure efficacement les obligations dans votre
portefeuille? Tout d’abord, dans les titres à revenu fixe, il y a tellement d’éléments différents. On a parlé de la qualité. Ça pourrait être la durée, les devises, etc., mais ce n’est qu’une composante de l’actif, une catégorie d’actif dans le portefeuille.
On a une équipe Titres à revenu fixe. On a une équipe des actions et une équipe des placements alternatifs, et l’attention de leur équipe de répartition des actifs se porte vraiment sur... c’est un peu comme si chaque catégorie d’actif était une balle avec laquelle on essaierait de jongler, et notre objectif est de jongler avec, compte tenu de tous les différents risques et de toutes les conditions du marché et occasions différentes. Mais l’essentiel, c’est de s’assurer que tout cela contribue à l’atteinte d’un objectif à long terme.
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J’aimerais commencer par examiner le graphique que vous avez apporté, qui porte sur le taux du financement à un jour au Canada. Et peut-on savoir pourquoi les obligations ont connu un énorme succès? Expliquez-moi ce dont il est question ici.
Les taux de la Banque du Canada ont donc fortement augmenté, principalement parce que les banques centrales mettent beaucoup l’accent sur la lutte contre l’inflation, qu’elles considèrent comme très persistante. En raison de ces hausses rapides qu’on a connues au cours des 10 derniers mois, les obligations canadiennes et les obligations nord-américaines ont reculé en général de 10 % cette année. Mais comme le cycle de hausse tire à sa fin, on ne prévoit pas que cette hausse rapide va se reproduire l’an prochain.
Exact. Il y a donc un peu de lumière au bout du tunnel en ce moment en ce qui concerne les hausses de taux. Le côté positif de cette histoire, c’est que... et encore une fois, je vais utiliser ce mot, il y a une occasion « générationnelle » en ce moment pour les
titres à revenu fixe. Encore une fois, on a apporté un autre graphique pour vous expliquer ce que vous voyez. On va donc l’afficher. Expliquez-moi un peu ce qu’on voit, parce que, fondamentalement, les dommages qui ont été causés, eh bien on va maintenant voir le contraire de l’autre côté. N’est-ce pas?
Après un repli, on s’attend maintenant à une reprise ou à une stabilisation des taux. Ce qu’on a ici, ce sont les hypothèses sur les marchés financiers à long terme, les rendements prévus à long terme. Ce qui est intéressant, Kim, c’est qu’à la fin de 2021, les rendements prévus à long terme des titres à revenu fixe étaient d’environ moins de 2 %.
Oui.
Et maintenant, vers la fin de 2022, à l’approche de 2023, en raison du repli des titres à revenu fixe, les rendements se situent environ entre 4 % et 5 %. Et ce qui est le plus intéressant, c’est ce que vous voyez à l’extrême droite, dans la colonne, c’est que l’augmentation des rendements plus élevés a entraîné une augmentation des occasions de revenu. Pour un investisseur qui investit dans des titres à revenu fixe en ce moment, il est donc possible d’obtenir un revenu supplémentaire de 2 %. Et ce type d’occasion de rendement plus élevé n’a pas été observé au cours des 15 dernières années. C’est pourquoi on trouve les titres à revenu fixe à un point d’entrée très intéressant en
ce moment. Ne rien voir de tel pendant 15 ans, c’est long. N’est-ce pas?
Oui. Oui.
Mais ce qui est difficile pour bien des gens, selon moi, c’est qu’il y a une occasion concernant les obligations américaines et les obligations mondiales, mais pas toutes les obligations américaines et mondiales. Il faut être très sélectif.
Oui, parce qu’on est au début d’un ralentissement économique, et c’est encore difficile de déterminer combien de temps ça va durer et quelle ampleur il va prendre.
Et ça c’est une autre histoire. Alors comment savoir quel crédit est plus sûr que d’autres et comment le déterminer?
Au début d’un ralentissement économique, il est très important pour nous de mettre l’accent sur la qualité. Notre équipe Titres à revenu fixe examine donc de près les différents modèles d’affaires des sociétés et comment ils se comportent dans divers cycles économiques. Et l’important, c’est que ces modèles disposent de sources de flux de trésorerie résilientes qui leur permettent de résister à un ralentissement économique, peu importe sa durée, et de payer des taux d’intérêt plus élevés. C’est le type de résilience qu’il faut rechercher.
L’autre élément, c’est qu’on examine la dette publique. C’est devenu plus attrayant sur le plan du revenu. Mais en période de ralentissement économique, il y a une ruée vers les titres de qualité. Et donc la dette publique de grande qualité du Canada et des États-Unis, parce que les gens ne pensent pas qu’elles vont faire défaut. Elles sont très solides.
Et puis, vous auriez même une plus-value en capital ou un gain en capital, car lorsque les rendements baissent, à mesure que les attentes de croissance économique diminuent, de même que les attentes d’inflation, vous avez un revenu supplémentaire dans l’occasion de gain en capital. Et je dirais que les obligations d’État canadiennes et américaines seraient les titres à négocier pendant la récession. Les mauvaises nouvelles deviennent bonnes pour
elles. C’est vrai. Oui, et c’est l’élément générationnel. Ce n’est pas seulement le coupon, mais aussi la plus-value en capital qui vient avec.
Oui. Oui.
On va revenir sur ce graphique, parce que je pense qu’il contient des éléments dignes de mention. Il y a des éléments que je veux souligner ici : la colonne de droite, en jaune, ne montre pas seulement les titres à revenu fixe. On parle de titres à revenu fixe, mais ce qui est aussi notable, c’est le volet des actions, les actions canadiennes et les actions mondiales. Et la différence entre le rendement prévu à long terme et celui de 2023 est particulièrement notable. C’est pourquoi vous privilégiez un peu plus les titres à revenu fixe.
Oui. On aime toujours les actions. Tout va bien de ce côté-là concernant le rendement prévu à long terme. Mais c’est juste qu’à l’heure actuelle, les titres à revenu fixe, en raison du repli en cours, où on est dans le cycle économique, c’est plus intéressant en ce moment.
Dans le cas des actions, ça pourrait tout de même être acceptable à long terme. Leurs prévisions de bénéfices n’ont pas été rajustées à la baisse pour tenir compte d’une récession, et la récession pourrait être légère par rapport à une récession plus longue ou plus profonde. Donc, quand les prévisions de bénéfices vont diminuer encore plus, les actions pourraient tout de même reculer au cours de l’année prochaine. Donc c’est pourquoi on attend.
C’est une toute autre conversation sur ces prévisions de bénéfices et sur le temps qu’il faut pour qu’elles concordent avec ce qui se passe réellement. Mais c’est un autre sujet! On me pose constamment des questions sur l’achat de CPG.
Est-ce que ça équivaut actuellement à des obligations? Les gens se disent : « Pourquoi ne puis-je pas simplement acheter un CPG? »
Tout d’abord, non, mais tout dépend de votre tolérance au risque et de votre objectif de placement. Mais dans l’ensemble, comme je l’ai expliqué, les titres à revenu fixe à l’heure actuelle ont un coupon plus élevé, soit plus de 4 % à 5 %, même pour les titres à revenu fixe de qualité supérieure par rapport aux CPG. Et puis, il y a une occasion où, si les taux baissent, les prix peuvent augmenter, et les titres à revenu fixe pourraient enregistrer des rendements à deux chiffres au cours des deux prochaines années, ce qui n’est pas le cas pour les CPG.
En ce qui concerne les CPG, votre placement est aussi immobilisé, et vous n’avez pas la possibilité de vendre vos titres à revenu fixe et de passer aux actions, après un repli des actions, lorsqu’une récession est mieux prise en compte, dans les prévisions de bénéfices. Enfin, comme on n’a pas eu avant l’occasion d’acheter des titres à revenu fixe en deçà de la valeur nominale, à l’heure actuelle, les rendements futurs des titres à revenu fixe sont également avantageux sur le plan fiscal, en raison des gains en capital, mais on n’a pas ça avec les CPG.
Exact. C’est une foule de bonnes raisons à l’heure actuelle, qui soulignent cette occasion générationnelle. Ce que vous faites n’est pas simple. J’allais juste dire qu’il faut exercer une gestion active, et c’est ce que vous faites à temps plein pour les gens aussi. De quoi avez-vous besoin pour inclure efficacement les obligations dans votre
portefeuille? Tout d’abord, dans les titres à revenu fixe, il y a tellement d’éléments différents. On a parlé de la qualité. Ça pourrait être la durée, les devises, etc., mais ce n’est qu’une composante de l’actif, une catégorie d’actif dans le portefeuille.
On a une équipe Titres à revenu fixe. On a une équipe des actions et une équipe des placements alternatifs, et l’attention de leur équipe de répartition des actifs se porte vraiment sur... c’est un peu comme si chaque catégorie d’actif était une balle avec laquelle on essaierait de jongler, et notre objectif est de jongler avec, compte tenu de tous les différents risques et de toutes les conditions du marché et occasions différentes. Mais l’essentiel, c’est de s’assurer que tout cela contribue à l’atteinte d’un objectif à long terme.
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