
Alors que certains acteurs du marché spéculent sur les prochaines fluctuations des taux d’intérêt de la Fed, d’autres se concentrent sur le moment où le cycle de réduction pourrait commencer. Michael Craig, chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD, discute des conséquences possibles pour les investisseurs.
Print Transcript
[MUSIQUE] * Les marchés ont progressé, les investisseurs se demandant si la Fed a terminé son cycle de hausse des taux. Mais cette dynamique positive peut-elle se poursuivre? Michael Craig, directeur général et chef, Répartition des actifs. Gestion de Placements TD se joint à nous pour en discuter. * Michael, c’est toujours un plaisir de vous compter parmi nous. Parlons de ce qui s’est passé récemment sur les marchés. Novembre a la réputation d’être un bon mois pour les actions, donc, il n’a pas déçu la semaine dernière. Et les investisseurs se demandent s’il est trop tôt pour dire dans quelle direction on va? Et comment on doit interpréter ça? * Oui, alors les titres saisonniers à court terme entreront probablement en jeu, et on verra une belle remontée en fin d’année. Cela ne résout pas les énormes problèmes fondamentaux de l’économie. Mais je pense que l’histoire va se définir davantage en 2024, comme on approche la fin de l’année. Beaucoup de données publiées la semaine dernière montrent un ralentissement de l’emploi. * Je crois que les taux d’intérêt ont atteint leur sommet. Le marché en tient compte. Il y a donc eu un certain répit. Il y a donc une fenêtre et une perspective plus tactique, mais je pense qu’au fond, il faut quand même s’inquiéter de ce qui s’en vient l’an prochain. Il y aura sûrement un ralentissement, voire une récession, dans diverses régions du monde. * C’est toujours l’inquiétude qu’on a, et qui me gagne aussi. J’accepte… je prendrai bien ces derniers jours et tout le mouvement qu’on a vu. Examinons quelques-unes de ces préoccupations. * Eh bien, pour commencer, en Europe, il y a une situation où ils ont clairement indiqué qu’ils avaient terminé leur ascension. Mais l’inflation demeure assez élevée. Et leurs calculs d’inflation sont fondés sur le pétrole, qui a été beaucoup plus élevé. L’Europe est donc dans la pire situation en ce moment. De toute façon, ils n’ont pas vraiment de politiques favorables aux entreprises, ce qui crée un contexte difficile pour la croissance. * L’autre extrême serait probablement le marché américain, qui serait le plus positif. Beaucoup d’argent circule dans la « Rust Belt ». Il y a eu beaucoup de projets de relocalisation. Et l’économie demeure assez solide, même s’il existe certains indicateurs de ralentissent, probablement au meilleur endroit. * Et le Canada se situe quelque part entre les deux, où on va vers les produits de base, ce qui a été utile. Mais on a ce risque global lié à l’endettement des ménages qui montre également un certain degré… qui commence à montrer que les consommateurs commencent à ralentir leurs achats, ce qui pèse sur la croissance. Alors les États-Unis sont probablement dans la meilleure position, l’Europe dans la pire, et le Canada se situe quelque part entre les deux. * La Fed nous en a parlé la semaine dernière. Je voulais savoir ce que vous en pensez, la venue de Jerome Powell. Ils se sont réunis une deuxième fois de suite. Ça explique en partie, et c’est compréhensible, l’enthousiasme du marché, qui se demande s’ils ont terminé à ce stade. Qu’est-ce qui vous a vraiment marqué de Jerome Powell? À ce stade, il ne peut pas dire que tout est clair. Ce serait une erreur tactique, selon moi. * Ils veulent certainement garder l’option de relever de nouveau. Mais je crois, d’après la plupart de ses commentaires, et certainement d’après les négociations sur les marchés par la suite, que le marché a pris ça et en a déduit que le cycle des hausses était terminé. Historiquement, lorsque la Fed cesse d’augmenter, ce qui tend à être un contexte très haussier pour les taux obligataires. * Et la semaine dernière n’a pas fait exception, les taux se sont redressés, ils ont diminué. Les prix augmentent. Et je pense que c’est maintenant… maintenant, la question n’est pas de savoir s’il y aura d’autres hausses. Il s’agit de savoir quand ils commenceront à effectuer des réductions. Et c’est là que le marché a progressé cette année. * Exactement. * Dans tous les secteurs. Personne n’en a vraiment confiance. Et à notre avis, ce n’est probablement rien. Et lorsqu’ils commenceront à effectuer des réductions, elles ne seront pas petites. Ça sera solide. Je pense donc qu’il faudra attendre pendant un certain temps, suivi d’une zone où je ne serais pas surpris de voir des réductions de 200 à 300 points de base. Il est difficile de dire si c’est en juin de cette année ou en juin 2025. Mais c’est là que… le prochain point sur lequel le marché devra se concentrer pour savoir quand cela se produira. * Je suis fasciné par l’idée qu’ils peuvent être très audacieux jusqu’à un certain point. Cela n’aurait aucune répercussion sur le marché. Est-ce que ce serait simplement une reconnaissance du fait que le niveau d’inflation sera à deux ou reviendra à deux? On n’a pas besoin d’être restrictifs, on peut simplement appliquer les taux? * Eh bien, ils ont clairement indiqué qu’ils étaient terrifiés à l’idée d’une réduction et d’une nouvelle accélération de l’inflation. Ils veulent donc que l’inflation disparaisse. Je dirais simplement, en examinant les données de la déflation, je m’attends à une forte accélération de l’inflation au cours des six prochains mois, de toute façon, Toute l’inflation cyclique, toute l’inflation axée sur les biens, s’est évaporée. Le marché de l’emploi commence à fléchir, alors on pense que les pressions sur les salaires commenceront à s’atténuer. Et puis il y a la question des loyers. * Encore une fois, il s’agit de séries qui bougent très lentement. Mais une fois qu’elles commencent à bouger, c’est comme un train de marchandises. Quand elles vont vers un creux, elles continuent sur cette voie pendant un certain temps. Je pense que ce n’est qu’une question de temps. * La Fed ne veut tout simplement pas agir trop vite et voir une accélération de l’embauche et des salaires, des pressions salariales. Il s’agit donc d’un échange. Mais tout cela évolue rapidement. Je pense qu’au cours des six prochains mois, il sera clair qu’il s’agit d’une croissance. Le défi, et non l’inflation. * Comment cela nous positionne-t-il du côté des actions? C’est une chose de dire, d’accord, on est à la fin du cycle de hausse des taux. C’était difficile pour les marchés boursiers et les marchés obligataires. Mais si la prochaine étape est une économie molle, comment sera le rendement des actions? * Tout dépend de l’assouplissement qu’on a du côté des titres à revenu fixe. Il suffit de regarder le haut du marché américain. Tout semble bien aller cette année. Quand on regarde sous le capot, c’est juste une poignée d’actions qui ont affiché un rendement incroyablement court, NVIDIA plus tôt, a contribué à la situation. Et la plupart des actions n’ont généralement pas fait beaucoup cette année. * Environ 280 actions américaines ont inscrit des rendements inférieurs à ceux du marché. En fait, environ 250 sont en baisse au cours de l’année. Si vous éliminez cette tranche de croissance à grande capitalisation, à mégacapitalisation, tout le reste, les évaluations, en fait, ne sont pas si mauvaises. Donc en dehors d’un scénario systématique comme en 2008, ce qui ne se produira probablement pas, les actions ne semblent pas trop mauvaises. Je crois qu’on sera un peu dans l’indigestion durant la première moitié de l’année. * Et cela vous prépare à une meilleure deuxième moitié. Dans un an, le marché devrait avoir progressé. Mais il y aura une trajectoire qui est un peu… ce sera une trajectoire négociable, à la baisse et à la hausse. Je pense que c’est ce à quoi les investisseurs doivent réfléchir à l’approche de 2024. * J’ai une dernière question pour vous. J’aimerais vous poser une question sur les obligations. Il y a quelques semaines à peine, on observait que le taux des obligations américaines à 10 ans frôle 5. Monte au-dessus et redescend. Je crois que la dernière fois que vous étiez ici, vous disiez ne pas avoir de prédiction, mais le taux des obligations à 10 ans pourrait dépasser 5 dans ce contexte. Ce sera un peu cahoteux. Est-ce que cette baisse pourrait-elle se reproduire, ou avons-nous observé le pire? * Ugh. C’est de la folie d’essayer de vous raconter qu’il n’y aura pas de problème. Il suffit d’une impression de données pour que le marché décroche de nouveau. J’ai l’impression qu’avec les titres à revenu fixe, ce n’est pas comme acheter une action où vous espérez qu’un élément déclencheur pousse à la hausse. Quand on achète des titres à revenu fixe en ce moment, on a des taux assez intéressants, et le terme est sur une longue période. * Pour tout type d’investisseur prudent, quand au Canada, les banques affichent un taux de 5 % à 6 %. Les taux globaux des fonds d’obligations de 5,5 à 6. Le contexte est assez attrayant pour les investisseurs axés sur le revenu. Alors, si vous pouvez tolérer un peu de volatilité des cours, ça n’aura pas d’effet sur votre flux de revenus. C’est un contexte assez intéressant pour les investisseurs de cette partie du marché. * Et je dirais que parmi toutes les choses qui semblent intéressantes en ce moment, c’est un aspect qui ressort, car on a procédé à une réévaluation. Et une grande partie de ce taux maintenant, ce sont les titres à revenu fixe, les gens pensent que c’est l’inflation. En fait, c’est surtout au-dessus. Il s’agit de la prime au-dessus de l’inflation. * Le marché ne prévoit qu’une inflation de 2 à 2,25 au cours des 10 prochaines années. Alors quand les titres du Trésor se négocient à 4 ou 5 au Canada ou aux États-Unis, c’est surtout dû au taux qui dépasse les attentes d’inflation. C’est négatif depuis environ 15 ans. Il se situe entre -2 et 0, et il dépasse maintenant 2 %. Il s’agit d’une période très intéressante pour les investisseurs en titres à revenu fixe. [MUSIQUE]