Certaines des plus grandes sociétés technologiques figurent parmi les actions qui ont été emportées par la volatilité des marchés en 2022. Est-ce que ce sera différent cette année? Greg Bonnell discute avec Vitali Mossounov, analyste des technologies mondiales, Gestion de Placements TD, des principaux thèmes entourant les actions technologiques en 2023.
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[MUSIQUE DE GÉNÉRIQUE] Après plusieurs années de vigueur, les actions technologiques ont récemment été reléguées au second plan. Quels obstacles devront-elles surmonter pour retrouver un certain leadership sur le marché? Vitali Mossounov, analyste des technologies mondiales, Gestion de Placements TD, se joint maintenant à nous pour nous en dire davantage. Vitali, c’est toujours un plaisir de vous recevoir.
C’est toujours un plaisir de discuter avec vous, Greg.
Parlons de ces titres technologiques. De toute évidence, il y a eu beaucoup de segments décevants sur le marché l’an dernier, dont celui des technologies. Qu’est-ce qui pourrait arriver cette année?
C’est comme une régularité. N’oubliez pas qu’en 2017, 2018, 2019 et 2020, les titres technologiques ont surpassé le marché. On pourrait donc faire ce pari. Vous pourriez régler votre montre par rapport à ça, et ça va se produire. En 2021, les choses ont commencé à changer. Vous vous souvenez de l’histoire des semestres, n’est-ce pas? Au premier semestre de 2021, le secteur des technologies avait encore enregistré un solide rendement supérieur. Au deuxième semestre de 2022, c’est à partir de là qu’on a commencé à parler de l’inflation. C’est là que les taux ont commencé à augmenter. Et donc en 2021, au deuxième semestre, ça a été plus faible. En 2022, les choses ont mal tourné.
Le secteur des technologies s’est effondré, comme vous l’avez dit... une contre-performance de 10 points de pourcentage. Et 2023, pour moi, c’est vraiment une année où ça va passer ou casser. C’est l’année du test décisif pour le secteur des technologies.
Très bien. Donc si c’est un test décisif, ça donne à penser qu’il pourrait y avoir des indices de référence. Si vous effectuez un test, quelles en sont les normes?
Les tests doivent être assortis de normes, et on va en établir quelques-unes. Premièrement, on va surveiller si ces entreprises dominent, en particulier les grandes sociétés technologiques. On ne va donc pas y faire référence quand il est question de technologie. Mais est-ce qu’elles peuvent continuer de croître à un taux supérieur à celui du PIB? Est-ce qu’elles peuvent continuer de croître plus rapidement que les autres sociétés de l’indice S&P 500? C’est quelque chose qu’on tient pour acquis année après année. Et, soit dit en passant, cela fait partie de leurs évaluations. Même après une mauvaise année, ces actions se négocient toujours à une prime de 20 % par rapport à l’indice S&P 500. Elles doivent donc livrer des résultats. Et il y a une certaine incrédulité en ce moment. Parce que, souvenez-vous, qu’est-ce que 2017, 2018 et 2019 ont eu en commun pendant toutes ces années? Ça a été des années expansionnistes. Comment ces actions vont-elles se comporter en cas de récession? Tout d’abord, on surveille les chiffres d’affaires pour déterminer s’ils sont en position défensive. Les chiffres d’affaires, c’est la première chose, ce qui donne à penser qu’il y a un deuxième point. Je ne veux pas anticiper votre réponse, mais je crois que certaines de ces sociétés ont pris des engagements au sujet du deuxième point?
Eh bien, elles font des commentaires à ce sujet. Et elles vont nous dire que ce ne sont pas des engagements, mais des commentaires. Et on va le découvrir sous peu. L’annonce des bénéfices commence la semaine prochaine. On va voir si c’est des commentaires, des engagements ou autre chose. Et la nature de leurs commentaires va avoir un impact sur les actions. Et le deuxième point, évidemment, c’est le contrôle des coûts.
Je vais insister là-dessus, mais au cours de ces années parfaites où les économies étaient en expansion et où les sociétés technologiques prenaient des parts de marché des autres secteurs de l’économie, les coûts n’avaient pas d’importance. Tout le monde misait sur la croissance, et à juste titre à ce moment-là. Mais quand tout le monde a privilégié la croissance, les sociétés sont devenues un peu... disons « indisciplinées ». Elles ont tenu pour acquis qu’elles pouvaient dépenser ce million ou ce milliard supplémentaire, dans leur cas, pour un projet fantaisiste qui n’était peut-être pas aussi nécessaire. Et donc, les investisseurs essaient d’envoyer un message clair : « Montrez-nous que vous contrôlez les coûts. » Parce que, bien sûr, ce n’est tout simplement pas le cas depuis quelques trimestres. Bien sûr, le contrôle des coûts peut souvent entraîner des mises à pied. Et il y a eu quelques annonces concernant certaines des grandes sociétés technologiques. Au-delà des mises à pied, que peuvent-elles faire d’autre pour contrôler les coûts? Eh bien, en fait, les mises à pied, ça sera leur principale façon d’y arriver. On regarde Meta, par exemple, qui nous ramène aux résultats du troisième trimestre. Elle déclare et annonce toutes sortes de dépenses, y compris sur le métavers, bien sûr. C’est leur projet. Elle mise parfois sur toute l’entreprise. Mais elle a déclaré : « Écoutez, la situation est difficile dans le domaine de la publicité. Mais on va continuer avec les plans de dépenses en immobilisations. On va continuer avec les dépenses d’exploitation. Il faut simplement qu’on le fasse. » Et le marché, vous vous en souvenez peut-être, l’a sévèrement punie. Le titre a reculé de plus de 20 % le jour suivant l’annonce des bénéfices. Et peu de temps après, les pressions des investisseurs ont peut-être entraîné un changement d’attitude chez le fondateur.
Parce qu’au début de novembre, Mark Zuckerberg a déclaré que les coûts allaient être maîtrisés. Et malheureusement, mais c’est ainsi que fonctionnent les modèles d’affaires, elle va licencier 11 000 employés. Pour une société de 87 000 employés, c’est beaucoup. Ce chiffre-là correspond aux employés. C’est une entreprise de travailleurs.
Il semble que dans cet exemple, Facebook ait compris le message du marché. Selon vous, les autres grandes sociétés technologiques comprennent-elles le message du marché en ce qui a trait au contrôle des coûts?
On verra. Encore une fois, il n’y a pas d’engagements fermes. Elles émettent des commentaires, parce qu’elles ont été sévèrement punies après les résultats du troisième trimestre. Mais je dirais que, dans l’ensemble, chacune des grandes sociétés technologiques a déclaré qu’elle se rangeait du côté de l’actionnaire, ce qui est encourageant. Amazon en est un bon exemple. Elle a aussi parlé de la discipline d’exploitation et de la capacité d’absorber et de contrôler les coûts. Avant, c’était toujours au niveau du commerce de détail. Mais maintenant, certains signes indiquent que même au niveau de l’entreprise, elle va être disposée à réduire son effectif.
Microsoft fait sans doute les déclarations les plus fortes du groupe; elle affirme qu’elle va être en mesure de maintenir un nombre d’employés plus ou moins stable tout au long de l’année. C’est après une année de croissance de 20 % au cours de l’exercice 2022. Et je suppose que la dernière, mais non la moindre, c’est Apple. Pour moi, c’est une question en suspens.
Apple a été plus résiliente par rapport au chiffre d’affaires tout au long de l’année dernière. Et je trouve que les investisseurs accordent moins d’importance à ses coûts qu’à ceux des autres entreprises. Alors je me demande donc si elle va comprendre le message, même si Apple a émis des commentaires encourageants, et, bien sûr, on a vu Tim Cook réduire son salaire de façon assez importante pour le ramener, je crois, à seulement 49 millions de dollars pour l’année à venir.
Ça va être difficile à joindre les deux bouts avec seulement 49 millions de dollars. Mais je peux bien essayer. En ce qui concerne les ventes et les profits de l’ensemble du secteur, je crois que vous avez un graphique qui illustre l’évolution des tendances. On va le montrer à l’auditoire, et si vous pouviez nous expliquer ce qu’on voit ici et ce que ça pourrait suggérer à l’avenir.
Oui. Et c’est un graphique simple, mais il brosse le portrait complet de la situation. Et c’est cette ligne qu’on voit en haut qui représente la croissance des revenus au cours des derniers trimestres. Et on peut le voir. On a vu les répercussions du ralentissement de l’économie et de la pandémie dans certains cas. La croissance des revenus ralentit. Et la situation se normalise dans une fourchette de 5 %, 6 %, 7 %, n’est-ce pas? Comme je l’ai dit, c’est à un niveau supérieur au PIB. C’est correct. Dans ce contexte-là, les gens vont prendre le 7 % quand la situation va devenir très difficile. Le problème, c’est qu’il y a une croissance des revenus de 7 %. Mais la société dit : « Oui, mais je ne vais pas vous donner une croissance des revenus de 7 %. En fait, je vais vous donner, et c’est l’essentiel, une baisse de 20 % des bénéfices. » Donc vous vous faites voler en tant qu’actionnaire, parce que tout cet argent supplémentaire sert à payer la différence, que ce soit des serveurs ou, habituellement, comme on l’a dit, des employés. Et c’est ce qui doit changer, soit les coûts et les marges. Il faut vraiment que ça augmente, car c’est inacceptable pour les investisseurs que les niveaux de dépenses soient si effrénés, si on veut. [MUSIQUE DE GÉNÉRIQUE]
C’est toujours un plaisir de discuter avec vous, Greg.
Parlons de ces titres technologiques. De toute évidence, il y a eu beaucoup de segments décevants sur le marché l’an dernier, dont celui des technologies. Qu’est-ce qui pourrait arriver cette année?
C’est comme une régularité. N’oubliez pas qu’en 2017, 2018, 2019 et 2020, les titres technologiques ont surpassé le marché. On pourrait donc faire ce pari. Vous pourriez régler votre montre par rapport à ça, et ça va se produire. En 2021, les choses ont commencé à changer. Vous vous souvenez de l’histoire des semestres, n’est-ce pas? Au premier semestre de 2021, le secteur des technologies avait encore enregistré un solide rendement supérieur. Au deuxième semestre de 2022, c’est à partir de là qu’on a commencé à parler de l’inflation. C’est là que les taux ont commencé à augmenter. Et donc en 2021, au deuxième semestre, ça a été plus faible. En 2022, les choses ont mal tourné.
Le secteur des technologies s’est effondré, comme vous l’avez dit... une contre-performance de 10 points de pourcentage. Et 2023, pour moi, c’est vraiment une année où ça va passer ou casser. C’est l’année du test décisif pour le secteur des technologies.
Très bien. Donc si c’est un test décisif, ça donne à penser qu’il pourrait y avoir des indices de référence. Si vous effectuez un test, quelles en sont les normes?
Les tests doivent être assortis de normes, et on va en établir quelques-unes. Premièrement, on va surveiller si ces entreprises dominent, en particulier les grandes sociétés technologiques. On ne va donc pas y faire référence quand il est question de technologie. Mais est-ce qu’elles peuvent continuer de croître à un taux supérieur à celui du PIB? Est-ce qu’elles peuvent continuer de croître plus rapidement que les autres sociétés de l’indice S&P 500? C’est quelque chose qu’on tient pour acquis année après année. Et, soit dit en passant, cela fait partie de leurs évaluations. Même après une mauvaise année, ces actions se négocient toujours à une prime de 20 % par rapport à l’indice S&P 500. Elles doivent donc livrer des résultats. Et il y a une certaine incrédulité en ce moment. Parce que, souvenez-vous, qu’est-ce que 2017, 2018 et 2019 ont eu en commun pendant toutes ces années? Ça a été des années expansionnistes. Comment ces actions vont-elles se comporter en cas de récession? Tout d’abord, on surveille les chiffres d’affaires pour déterminer s’ils sont en position défensive. Les chiffres d’affaires, c’est la première chose, ce qui donne à penser qu’il y a un deuxième point. Je ne veux pas anticiper votre réponse, mais je crois que certaines de ces sociétés ont pris des engagements au sujet du deuxième point?
Eh bien, elles font des commentaires à ce sujet. Et elles vont nous dire que ce ne sont pas des engagements, mais des commentaires. Et on va le découvrir sous peu. L’annonce des bénéfices commence la semaine prochaine. On va voir si c’est des commentaires, des engagements ou autre chose. Et la nature de leurs commentaires va avoir un impact sur les actions. Et le deuxième point, évidemment, c’est le contrôle des coûts.
Je vais insister là-dessus, mais au cours de ces années parfaites où les économies étaient en expansion et où les sociétés technologiques prenaient des parts de marché des autres secteurs de l’économie, les coûts n’avaient pas d’importance. Tout le monde misait sur la croissance, et à juste titre à ce moment-là. Mais quand tout le monde a privilégié la croissance, les sociétés sont devenues un peu... disons « indisciplinées ». Elles ont tenu pour acquis qu’elles pouvaient dépenser ce million ou ce milliard supplémentaire, dans leur cas, pour un projet fantaisiste qui n’était peut-être pas aussi nécessaire. Et donc, les investisseurs essaient d’envoyer un message clair : « Montrez-nous que vous contrôlez les coûts. » Parce que, bien sûr, ce n’est tout simplement pas le cas depuis quelques trimestres. Bien sûr, le contrôle des coûts peut souvent entraîner des mises à pied. Et il y a eu quelques annonces concernant certaines des grandes sociétés technologiques. Au-delà des mises à pied, que peuvent-elles faire d’autre pour contrôler les coûts? Eh bien, en fait, les mises à pied, ça sera leur principale façon d’y arriver. On regarde Meta, par exemple, qui nous ramène aux résultats du troisième trimestre. Elle déclare et annonce toutes sortes de dépenses, y compris sur le métavers, bien sûr. C’est leur projet. Elle mise parfois sur toute l’entreprise. Mais elle a déclaré : « Écoutez, la situation est difficile dans le domaine de la publicité. Mais on va continuer avec les plans de dépenses en immobilisations. On va continuer avec les dépenses d’exploitation. Il faut simplement qu’on le fasse. » Et le marché, vous vous en souvenez peut-être, l’a sévèrement punie. Le titre a reculé de plus de 20 % le jour suivant l’annonce des bénéfices. Et peu de temps après, les pressions des investisseurs ont peut-être entraîné un changement d’attitude chez le fondateur.
Parce qu’au début de novembre, Mark Zuckerberg a déclaré que les coûts allaient être maîtrisés. Et malheureusement, mais c’est ainsi que fonctionnent les modèles d’affaires, elle va licencier 11 000 employés. Pour une société de 87 000 employés, c’est beaucoup. Ce chiffre-là correspond aux employés. C’est une entreprise de travailleurs.
Il semble que dans cet exemple, Facebook ait compris le message du marché. Selon vous, les autres grandes sociétés technologiques comprennent-elles le message du marché en ce qui a trait au contrôle des coûts?
On verra. Encore une fois, il n’y a pas d’engagements fermes. Elles émettent des commentaires, parce qu’elles ont été sévèrement punies après les résultats du troisième trimestre. Mais je dirais que, dans l’ensemble, chacune des grandes sociétés technologiques a déclaré qu’elle se rangeait du côté de l’actionnaire, ce qui est encourageant. Amazon en est un bon exemple. Elle a aussi parlé de la discipline d’exploitation et de la capacité d’absorber et de contrôler les coûts. Avant, c’était toujours au niveau du commerce de détail. Mais maintenant, certains signes indiquent que même au niveau de l’entreprise, elle va être disposée à réduire son effectif.
Microsoft fait sans doute les déclarations les plus fortes du groupe; elle affirme qu’elle va être en mesure de maintenir un nombre d’employés plus ou moins stable tout au long de l’année. C’est après une année de croissance de 20 % au cours de l’exercice 2022. Et je suppose que la dernière, mais non la moindre, c’est Apple. Pour moi, c’est une question en suspens.
Apple a été plus résiliente par rapport au chiffre d’affaires tout au long de l’année dernière. Et je trouve que les investisseurs accordent moins d’importance à ses coûts qu’à ceux des autres entreprises. Alors je me demande donc si elle va comprendre le message, même si Apple a émis des commentaires encourageants, et, bien sûr, on a vu Tim Cook réduire son salaire de façon assez importante pour le ramener, je crois, à seulement 49 millions de dollars pour l’année à venir.
Ça va être difficile à joindre les deux bouts avec seulement 49 millions de dollars. Mais je peux bien essayer. En ce qui concerne les ventes et les profits de l’ensemble du secteur, je crois que vous avez un graphique qui illustre l’évolution des tendances. On va le montrer à l’auditoire, et si vous pouviez nous expliquer ce qu’on voit ici et ce que ça pourrait suggérer à l’avenir.
Oui. Et c’est un graphique simple, mais il brosse le portrait complet de la situation. Et c’est cette ligne qu’on voit en haut qui représente la croissance des revenus au cours des derniers trimestres. Et on peut le voir. On a vu les répercussions du ralentissement de l’économie et de la pandémie dans certains cas. La croissance des revenus ralentit. Et la situation se normalise dans une fourchette de 5 %, 6 %, 7 %, n’est-ce pas? Comme je l’ai dit, c’est à un niveau supérieur au PIB. C’est correct. Dans ce contexte-là, les gens vont prendre le 7 % quand la situation va devenir très difficile. Le problème, c’est qu’il y a une croissance des revenus de 7 %. Mais la société dit : « Oui, mais je ne vais pas vous donner une croissance des revenus de 7 %. En fait, je vais vous donner, et c’est l’essentiel, une baisse de 20 % des bénéfices. » Donc vous vous faites voler en tant qu’actionnaire, parce que tout cet argent supplémentaire sert à payer la différence, que ce soit des serveurs ou, habituellement, comme on l’a dit, des employés. Et c’est ce qui doit changer, soit les coûts et les marges. Il faut vraiment que ça augmente, car c’est inacceptable pour les investisseurs que les niveaux de dépenses soient si effrénés, si on veut. [MUSIQUE DE GÉNÉRIQUE]