
La deuxième moitié de l’année de négociation s’amorce au moment où de nombreuses banques centrales signalent que d’autres hausses de taux pourraient être nécessaires pour freiner l’inflation. Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe à gestion active, Gestion de Placements TD, discute des conséquences pour le marché obligataire et les investisseurs.
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Nous avons dépassé la moitié de l’année de négociation. De nombreuses banques centrales signalent toujours qu’il pourrait y avoir d’autres hausses, dans le but de freiner l’inflation. Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe à gestion active à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour discuter du contexte actuel du marché obligataire. Scott, c’est toujours un plaisir de vous avoir à l’émission. Bon retour!
Merci, Greg. Je suis content d’être ici.
Alors qu’on atteint la moitié de l’année, nous sommes peut-être dans une situation que les marchés n’auraient pas cru possible il y a quelques mois à peine. Les banques centrales auraient peut-être cessé d’imposer des hausses à l’heure actuelle, elles auraient peut-être signalé des réductions, mais le contexte est différent maintenant et elles menacent toujours de hausser les coûts d’emprunt pour nous. Comment interpréter tout ça pour le marché obligataire?
Eh bien, je pense qu’on peut tirer une petite leçon du premier semestre de l’année. Quand on pense au début de l’année, on était pas mal préoccupés par la récession et l’inflation, et, comme vous l’avez souligné, on s’attendait à ce que les banques centrales effectuent une réduction à un moment donné. Mais il y a eu beaucoup de remontées et de replis sur le marché des titres à revenu fixe.
En fin de compte, je pense qu’on a pris du recul et qu’on a déterminé que c’était ce qu’on appelle un premier semestre d’une année de revenu. Et c’est peut-être instructif pour le deuxième semestre de l’année. Alors essentiellement, on n’a pas eu de remontée importante. Les investisseurs n’ont pas bénéficié de l’allégement qu’ils attendaient, ni du changement d’orientation des banques centrales, et peut-être que la stratégie pour le deuxième semestre de l’année, c’est qu’on aura un autre type d’année de revenu ou qu’il y aura une réduction des coupons pour le reste de l’année, au fur et à mesure qu’on règle ces difficultés-là.
Est-ce que la récession va se produire? Combien de hausses reste-t-il à imposer? Au Canada et aux États-Unis, les banques centrales vont en imposer encore une ou deux. Pendant le reste de l’année, les hausses vont toujours être prises en compte sur le marché. Donc peut-être que dans ce contexte, il n’y a pas vraiment d’allégement en ce qui concerne une forte remontée des taux à long terme ou même à court terme, mais on a une année de revenu, ce qui n’était peut-être pas ce à quoi on s’attendait au début de l’année, mais c’est satisfaisant. Et c’est toujours une part importante de votre portefeuille.
Et du côté des actions, vous parlez aux investisseurs axés sur les dividendes et ils vous disent qu’ils sont payés pour attendre. Donc, si je pense que ça va prendre un certain temps avant que les actions de mon portefeuille fassent ce que je crois qu’elles vont faire, je continue de percevoir ces dividendes, donc c’est un peu la même chose pour les obligations. Vous recevez encore des dividendes, et maintenant vous obtenez des coupons que vous n’aviez pas avant.
Oui, et je pense que c’est à ce moment-là qu’il faut considérer le revenu, la liquidité et la couverture comme des outils pour les titres à revenu fixe... et pour la première fois depuis longtemps, on touche un revenu. Et c’est un excellent outil. Et oui, vous êtes payé pour attendre. Et si vous détenez des actifs à long terme dans votre portefeuille, ça pourrait vous prémunir contre l’éventualité d’une récession à venir.
En ce qui concerne les banques centrales, il est intéressant de noter que même si on pensait qu’elles avaient peut-être terminé d’imposer des hausses, on reçoit des signaux assez forts, en particulier de la Fed, indiquant qu’il reste encore quelques hausses à venir. La Banque du Canada, qui nous a surpris le mois dernier, en a peut-être une autre pour nous. En même temps, j’ai entendu des gens dire que ce n’est peut-être pas terminé, mais qu’on est de toute évidence plus près de la fin du cycle que du début. Vers quoi est-ce que cela nous oriente à l’avenir?
Oui, je pense que c’est une bonne façon de voir les choses. Je vais utiliser l’exemple du gouverneur Tiff Macklem, d’accord? Essentiellement, l’inflation globale a diminué. Et on est préoccupés par l’inflation de base, l’inflation qui persiste, et son impact. Et il a souligné qu’au cours de la prochaine année, ça va être difficile de passer de trois à deux, n’est-ce pas?
Et cela signifie que, s’il y a une récession, que les choses demeurent stables et qu’il n’y a pas de gros chocs, les taux des banques centrales vont rester plus élevés pendant encore un bon moment, par rapport à la politique des banques centrales. Donc est-ce que c’est une hausse? Est-ce que ce sont deux hausses que la Fed et la Banque du Canada vont nous imposer?
Mais je ne sais pas. Ça n’a pas vraiment d’importance. S’il y a une hausse de plus et que la banque centrale prend une pause pendant six mois, ce type d’attente doit être intégré et pris en compte sur le marché. Et cela va avoir un impact sur les marchés hypothécaires. Ça va avoir un impact dans les portefeuilles. Et en fin de compte, ça va donner lieu à une sorte de marché de réduction des coupons.
Que faudrait-il pour mettre fin à cette pause-là? Si les banques centrales agissent selon la situation actuelle... peut-être deux autres hausses de la Fed, puis elles s’arrêtent. La Banque du Canada va imposer une hausse de plus, ou peut-être que non, puis elle s’arrête, et elle a clairement indiqué qu’elle allait y arriver et qu’elle va prendre une pause pendant plus longtemps que ce que le marché avait peut-être prévu. Qu’est-ce qui pourrait les en empêcher et les faire reculer?
On pourrait avoir un scénario idéal, n’est-ce pas? Tout à coup, l’inflation et l’inflation de base feraient une merveilleuse transition à un taux de 2 %. Et la croissance continuerait de progresser. Et ça donnerait aux banques centrales, qui disent être en territoire restrictif, la possibilité d’instaurer une réduction ou deux. Et ça donnerait un peu de répit. Et c’est évidemment un scénario positif pour les marchés.
On pourrait aussi connaître une période plus sombre... une récession, tout s’effondre, que ce soit au Royaume-Uni ou au Canada, avec des difficultés liées à l’habitation, ou à d’autres marchés, n’est-ce pas? Il faut donc invalider ces probabilités. Mais ce sont des exemples de la Fed et de la Banque du Canada qui s’écarteraient du chemin qu’elles s’étaient tracé.
En ce qui concerne les autres banques centrales, la situation est évidemment un peu différente en Grande-Bretagne, où l’inflation globale ne diminue pas. Est-ce que c’est caractéristique de l’économie britannique, de tout ce qu’elle a connu avec le Brexit et d’autres facteurs? Ou est-ce quelque chose dont on doit s’inquiéter?
Non, je pense que c’est la bonne façon de voir les choses. Ils ont eu beaucoup de facteurs particuliers. Les marchés ont pris en compte six autres hausses. Si on regarde ce qui se passe ailleurs dans le monde, il va peut-être avoir une ou deux hausses de plus, puis il y a le Royaume-Uni, dont le taux directeur est passé à environ 6,25 %. C’est donc très différent d’ailleurs.
Et lorsqu’on regarde les précurseurs, soit les marchés émergents, un certain nombre de ces marchés sont en train de faire la transition vers une pause certaine, et soulèvent même la possibilité de réductions. Le Royaume-Uni est donc très différent de bien des régions du monde, en plus du Japon, qui est totalement à l’opposé.
Quand je pense aux investisseurs qui recherchent des rendements, évidemment, dans un contexte comme celui-ci, les calculs changent. Avant tout ça... la formule TINA (there is no alternative), en anglais, il n’y a pas d’alternative. Les gens ont opté pour les actions parce qu’ils essayaient de réaliser un gain pour leurs portefeuilles, parce qu’ils n’en réalisaient pas avec les coupons.
Dans ce contexte, de toute évidence, les obligations paient maintenant un coupon qu’elles ne payaient plus depuis un certain temps, mais il y a aussi les CPG, les fonds du marché monétaire et d’autres instruments... quel est l’environnement concurrentiel pour les dollars des investisseurs? Dans quoi investissent-ils?
Les titres à revenu fixe ont connu une excellente année. Je sais que certaines personnes examinent les rendements modestes ou les arguments selon lesquels on devrait investir dans les titres à revenu fixe, et ce serait l’année des titres à revenu fixe. De plus, 120 milliards de dollars ont été injectés dans le marché des titres à revenu fixe aux États-Unis. Et une grande partie de cet argent a été investie dans le marché des obligations d’État, et un peu aussi dans le marché des titres de créance. De façon générale, les investisseurs ont profité de cette hausse des taux pour rééquilibrer leurs portefeuilles et accroître leur revenu, et ils sont patients et prêts à l’accepter, même si ça reste à un niveau général, et même si la stratégie que les gens prônaient au début de cette année ne s’est pas produite. [MUSIQUE]
Nous avons dépassé la moitié de l’année de négociation. De nombreuses banques centrales signalent toujours qu’il pourrait y avoir d’autres hausses, dans le but de freiner l’inflation. Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe à gestion active à Gestion de Placements TD, se joint à nous pour discuter du contexte actuel du marché obligataire. Scott, c’est toujours un plaisir de vous avoir à l’émission. Bon retour!
Merci, Greg. Je suis content d’être ici.
Alors qu’on atteint la moitié de l’année, nous sommes peut-être dans une situation que les marchés n’auraient pas cru possible il y a quelques mois à peine. Les banques centrales auraient peut-être cessé d’imposer des hausses à l’heure actuelle, elles auraient peut-être signalé des réductions, mais le contexte est différent maintenant et elles menacent toujours de hausser les coûts d’emprunt pour nous. Comment interpréter tout ça pour le marché obligataire?
Eh bien, je pense qu’on peut tirer une petite leçon du premier semestre de l’année. Quand on pense au début de l’année, on était pas mal préoccupés par la récession et l’inflation, et, comme vous l’avez souligné, on s’attendait à ce que les banques centrales effectuent une réduction à un moment donné. Mais il y a eu beaucoup de remontées et de replis sur le marché des titres à revenu fixe.
En fin de compte, je pense qu’on a pris du recul et qu’on a déterminé que c’était ce qu’on appelle un premier semestre d’une année de revenu. Et c’est peut-être instructif pour le deuxième semestre de l’année. Alors essentiellement, on n’a pas eu de remontée importante. Les investisseurs n’ont pas bénéficié de l’allégement qu’ils attendaient, ni du changement d’orientation des banques centrales, et peut-être que la stratégie pour le deuxième semestre de l’année, c’est qu’on aura un autre type d’année de revenu ou qu’il y aura une réduction des coupons pour le reste de l’année, au fur et à mesure qu’on règle ces difficultés-là.
Est-ce que la récession va se produire? Combien de hausses reste-t-il à imposer? Au Canada et aux États-Unis, les banques centrales vont en imposer encore une ou deux. Pendant le reste de l’année, les hausses vont toujours être prises en compte sur le marché. Donc peut-être que dans ce contexte, il n’y a pas vraiment d’allégement en ce qui concerne une forte remontée des taux à long terme ou même à court terme, mais on a une année de revenu, ce qui n’était peut-être pas ce à quoi on s’attendait au début de l’année, mais c’est satisfaisant. Et c’est toujours une part importante de votre portefeuille.
Et du côté des actions, vous parlez aux investisseurs axés sur les dividendes et ils vous disent qu’ils sont payés pour attendre. Donc, si je pense que ça va prendre un certain temps avant que les actions de mon portefeuille fassent ce que je crois qu’elles vont faire, je continue de percevoir ces dividendes, donc c’est un peu la même chose pour les obligations. Vous recevez encore des dividendes, et maintenant vous obtenez des coupons que vous n’aviez pas avant.
Oui, et je pense que c’est à ce moment-là qu’il faut considérer le revenu, la liquidité et la couverture comme des outils pour les titres à revenu fixe... et pour la première fois depuis longtemps, on touche un revenu. Et c’est un excellent outil. Et oui, vous êtes payé pour attendre. Et si vous détenez des actifs à long terme dans votre portefeuille, ça pourrait vous prémunir contre l’éventualité d’une récession à venir.
En ce qui concerne les banques centrales, il est intéressant de noter que même si on pensait qu’elles avaient peut-être terminé d’imposer des hausses, on reçoit des signaux assez forts, en particulier de la Fed, indiquant qu’il reste encore quelques hausses à venir. La Banque du Canada, qui nous a surpris le mois dernier, en a peut-être une autre pour nous. En même temps, j’ai entendu des gens dire que ce n’est peut-être pas terminé, mais qu’on est de toute évidence plus près de la fin du cycle que du début. Vers quoi est-ce que cela nous oriente à l’avenir?
Oui, je pense que c’est une bonne façon de voir les choses. Je vais utiliser l’exemple du gouverneur Tiff Macklem, d’accord? Essentiellement, l’inflation globale a diminué. Et on est préoccupés par l’inflation de base, l’inflation qui persiste, et son impact. Et il a souligné qu’au cours de la prochaine année, ça va être difficile de passer de trois à deux, n’est-ce pas?
Et cela signifie que, s’il y a une récession, que les choses demeurent stables et qu’il n’y a pas de gros chocs, les taux des banques centrales vont rester plus élevés pendant encore un bon moment, par rapport à la politique des banques centrales. Donc est-ce que c’est une hausse? Est-ce que ce sont deux hausses que la Fed et la Banque du Canada vont nous imposer?
Mais je ne sais pas. Ça n’a pas vraiment d’importance. S’il y a une hausse de plus et que la banque centrale prend une pause pendant six mois, ce type d’attente doit être intégré et pris en compte sur le marché. Et cela va avoir un impact sur les marchés hypothécaires. Ça va avoir un impact dans les portefeuilles. Et en fin de compte, ça va donner lieu à une sorte de marché de réduction des coupons.
Que faudrait-il pour mettre fin à cette pause-là? Si les banques centrales agissent selon la situation actuelle... peut-être deux autres hausses de la Fed, puis elles s’arrêtent. La Banque du Canada va imposer une hausse de plus, ou peut-être que non, puis elle s’arrête, et elle a clairement indiqué qu’elle allait y arriver et qu’elle va prendre une pause pendant plus longtemps que ce que le marché avait peut-être prévu. Qu’est-ce qui pourrait les en empêcher et les faire reculer?
On pourrait avoir un scénario idéal, n’est-ce pas? Tout à coup, l’inflation et l’inflation de base feraient une merveilleuse transition à un taux de 2 %. Et la croissance continuerait de progresser. Et ça donnerait aux banques centrales, qui disent être en territoire restrictif, la possibilité d’instaurer une réduction ou deux. Et ça donnerait un peu de répit. Et c’est évidemment un scénario positif pour les marchés.
On pourrait aussi connaître une période plus sombre... une récession, tout s’effondre, que ce soit au Royaume-Uni ou au Canada, avec des difficultés liées à l’habitation, ou à d’autres marchés, n’est-ce pas? Il faut donc invalider ces probabilités. Mais ce sont des exemples de la Fed et de la Banque du Canada qui s’écarteraient du chemin qu’elles s’étaient tracé.
En ce qui concerne les autres banques centrales, la situation est évidemment un peu différente en Grande-Bretagne, où l’inflation globale ne diminue pas. Est-ce que c’est caractéristique de l’économie britannique, de tout ce qu’elle a connu avec le Brexit et d’autres facteurs? Ou est-ce quelque chose dont on doit s’inquiéter?
Non, je pense que c’est la bonne façon de voir les choses. Ils ont eu beaucoup de facteurs particuliers. Les marchés ont pris en compte six autres hausses. Si on regarde ce qui se passe ailleurs dans le monde, il va peut-être avoir une ou deux hausses de plus, puis il y a le Royaume-Uni, dont le taux directeur est passé à environ 6,25 %. C’est donc très différent d’ailleurs.
Et lorsqu’on regarde les précurseurs, soit les marchés émergents, un certain nombre de ces marchés sont en train de faire la transition vers une pause certaine, et soulèvent même la possibilité de réductions. Le Royaume-Uni est donc très différent de bien des régions du monde, en plus du Japon, qui est totalement à l’opposé.
Quand je pense aux investisseurs qui recherchent des rendements, évidemment, dans un contexte comme celui-ci, les calculs changent. Avant tout ça... la formule TINA (there is no alternative), en anglais, il n’y a pas d’alternative. Les gens ont opté pour les actions parce qu’ils essayaient de réaliser un gain pour leurs portefeuilles, parce qu’ils n’en réalisaient pas avec les coupons.
Dans ce contexte, de toute évidence, les obligations paient maintenant un coupon qu’elles ne payaient plus depuis un certain temps, mais il y a aussi les CPG, les fonds du marché monétaire et d’autres instruments... quel est l’environnement concurrentiel pour les dollars des investisseurs? Dans quoi investissent-ils?
Les titres à revenu fixe ont connu une excellente année. Je sais que certaines personnes examinent les rendements modestes ou les arguments selon lesquels on devrait investir dans les titres à revenu fixe, et ce serait l’année des titres à revenu fixe. De plus, 120 milliards de dollars ont été injectés dans le marché des titres à revenu fixe aux États-Unis. Et une grande partie de cet argent a été investie dans le marché des obligations d’État, et un peu aussi dans le marché des titres de créance. De façon générale, les investisseurs ont profité de cette hausse des taux pour rééquilibrer leurs portefeuilles et accroître leur revenu, et ils sont patients et prêts à l’accepter, même si ça reste à un niveau général, et même si la stratégie que les gens prônaient au début de cette année ne s’est pas produite. [MUSIQUE]