Les ventes de véhicules ont démarré en flèche début 2022 aux États-Unis, malgré les difficultés de la chaîne d’approvisionnement et la pénurie de semi-conducteurs. Avec Thomas Feltmate, économiste principal, Groupe Banque TD, Anthony Okolie envisage la possibilité que la production revienne aux niveaux d’avant la pandémie vers la fin de l’année.
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Le secteur de l’automobile a beaucoup fait parler de lui l’année dernière, surtout avec la pénurie persistante de puces. Pourtant, malgré ces difficultés, l’année a très bien commencé pour les ventes de véhicules aux États-Unis. Thomas, que pouvez-vous nous dire des ventes impressionnantes enregistrées en janvier?
Oui, donc... Les ventes de véhicules aux États-Unis ont augmenté en janvier de 20 % en un mois; elles ont atteint un peu plus de 15 millions d’unités, un record depuis sept mois. Et ce qui est amusant, c’est que le contexte n’a pas vraiment changé par rapport à ce que nous avons observé au cours des mois précédents, c’est-à-dire que les ventes sont fortement liées à la production, à cause de l’offre actuellement insuffisante sur le marché. Ce que nous avons vu à la fin de l’année dernière, c’est que la production a commencé à augmenter progressivement quand les difficultés d’approvisionnement ont commencé à diminuer. Cela a entraîné une augmentation des stocks sur le marché, et donc des ventes légèrement plus élevées.
Donc vous avez indiqué que les conditions de la chaîne d’approvisionnement s’améliorent, mais il y a encore des fabricants obligés de réduire la production cette année. Des sociétés comme Honda, par exemple. Que font les fabricants automobiles pour contourner les règles ou peut-être s’adapter aux contraintes de la pénurie de semi-conducteurs?
En effet, on a vu des constructeurs automobiles adopter une approche plus souple par rapport à leur production l’année dernière. On a surtout parlé de Tesla. L’entreprise a décidé de retirer une partie des éléments de direction de certains modèles. Cela concerne plus les capacités de conduite autonome, ce qui n’est pas nécessairement la technologie déjà mise en œuvre par Tesla. Elle intégrait simplement cette capacité aux modèles concernés, de sorte que lorsque la technologie allait être déployée, les véhicules auraient eu cette fonctionnalité. Nous observons donc cette approche en ce moment. Et cela ne concerne pas seulement Tesla. D’autres fabricants automobiles suppriment certaines options comme le double système de régulation de la température, le chauffage des sièges, la fonctionnalité de démarrage et d’arrêt des moteurs, ce qui permet simplement de réduire au minimum le nombre de semi-conducteurs utilisés dans un véhicule afin de vraiment maximiser la production et la mise sur le marché d’un plus grand nombre de véhicules.
Je suis content que vous mentionniez Tesla parce que je veux parler un peu du marché des véhicules électriques. Comment le contexte actuel a-t-il impacté ce secteur à la croissance rapide?
Eh bien, c’est difficile à dire. Nous ne pouvons pas savoir ce qui se passerait s’il n’y avait pas de problème de chaîne d’approvisionnement. Mais cela a certainement eu un impact sur certains modèles de véhicules électriques qui devaient sortir cette année. Mais ce qui est intéressant, c’est de regarder les ventes aux États-Unis, les ventes de véhicules électriques avaient progressé de 83 % l’année dernière. Donc, en termes absolus, elles ne sont pas très importantes. On parle de 430 000 véhicules et, proportionnellement aux ventes totales de véhicules, elles se trouvent toujours dans une fourchette d’environ 3, 3,5 %. Mais ce qui est intéressant, c’est que la popularité augmente et nous le constatons avec les chiffres de ventes qui ont beaucoup augmenté l’an dernier, malgré les problèmes de chaîne d’approvisionnement. Et pour les prochaines années, je pense qu’on peut être très optimistes. Nous avons vu le mois dernier que le ministère de l’énergie et du transport a annoncé le déblocage de la première partie des 5 milliards $ qui leur ont été attribués conformément à la loi sur les infrastructures pour améliorer les infrastructures de recharge aux États-Unis. Une grande partie de ce développement est concentré le long des grandes autoroutes inter-États. Vous et moi avons parlé dans des entretiens antérieurs de l’anxiété liée à l’autonomie, qui est encore un des principaux obstacles pour beaucoup de consommateurs. Le développement de l’infrastructure de recharge sur ces grandes routes est très utile pour aider les consommateurs à utiliser ces véhicules électriques. Je pense qu’il va falloir du temps pour élargir la clientèle au cours des prochaines années, c’est certain.
Récemment, nous avons connu un blocus de certaines marchandises, y compris des pièces automobiles au niveau du pont Ambassador. Quel a été l’impact du blocus sur la production automobile?
Alors. Des deux côtés de la frontière, les constructeurs automobiles indiquent que la semaine dernière, il y a eu beaucoup de perturbations parce qu’ils n’ont pas été en mesure de transporter les produits aussi librement qu’ils le font normalement. La production a donc diminué. Certaines usines ont tourné au ralenti au cours de la dernière semaine. Maintenant, comme ces blocages ont pris fin dimanche, la production a repris dans la plupart des usines. Pour le moment, il n’y a que Toyota qui indique toujours un certain retard qui devrait continuer tout au long de cette semaine. On espère qu’il y a eu un recul temporaire, mais ils peuvent toujours compenser tout ralentissement lié à ce qui s’est passé la semaine dernière pendant le reste du trimestre. Il faut espérer que ça finira par passer. Il faudra donc attendre de voir comment cela évolue.
Oui, il y a beaucoup de variables. Quelles sont vos perspectives pour le secteur automobile dans les 12 prochains mois?
Alors. Je pense que les prochains mois, les ventes et la production vont faire du surplace. De toute évidence, nous ressentons encore les répercussions d’Omicron, et nous n’avons même pas encore vu comment cela impactera la production. Nous attendons les données sur la production en janvier. Il sera donc intéressant de voir cette évolution. Comme je l’ai dit, les choses sont probablement susceptibles de stagner à partir de maintenant, au moins au cours des deux ou trois prochains mois. Le consensus sur le marché en ce moment, c’est que nous allons commencer à voir les contraintes diminuer au cours de la deuxième moitié de l’année, en particulier sur les semi-conducteurs. Voilà qui devrait mener à une augmentation de la production. Donc, ce qu’on espère en ce moment, si c’est le cas, c’est d’arriver à un niveau de production plus normalisé, comme avant la pandémie, vers la fin de l’année. Évidemment, comme je l’ai dit, les ventes sont très étroitement liées à la production en ce moment. Donc une production accrue devrait entraîner une augmentation du niveau des ventes. Pour l’ensemble de l’année, les ventes devraient demeurer inférieures à ce que nous considérons comme normal. On devrait probablement arriver à environ 16 millions d’unités. La normale est un peu plus forte, elle se situe à environ 17 millions. On espère donc que la production se normalisera pour la fin d’année. Cela nous mettra en bonne position pour commencer 2023, puis nous pourrons revenir à des niveaux plus normaux de production et de ventes.
Thomas, merci beaucoup pour votre présence.
C’est un plaisir. Merci de m’avoir reçu.
Oui, donc... Les ventes de véhicules aux États-Unis ont augmenté en janvier de 20 % en un mois; elles ont atteint un peu plus de 15 millions d’unités, un record depuis sept mois. Et ce qui est amusant, c’est que le contexte n’a pas vraiment changé par rapport à ce que nous avons observé au cours des mois précédents, c’est-à-dire que les ventes sont fortement liées à la production, à cause de l’offre actuellement insuffisante sur le marché. Ce que nous avons vu à la fin de l’année dernière, c’est que la production a commencé à augmenter progressivement quand les difficultés d’approvisionnement ont commencé à diminuer. Cela a entraîné une augmentation des stocks sur le marché, et donc des ventes légèrement plus élevées.
Donc vous avez indiqué que les conditions de la chaîne d’approvisionnement s’améliorent, mais il y a encore des fabricants obligés de réduire la production cette année. Des sociétés comme Honda, par exemple. Que font les fabricants automobiles pour contourner les règles ou peut-être s’adapter aux contraintes de la pénurie de semi-conducteurs?
En effet, on a vu des constructeurs automobiles adopter une approche plus souple par rapport à leur production l’année dernière. On a surtout parlé de Tesla. L’entreprise a décidé de retirer une partie des éléments de direction de certains modèles. Cela concerne plus les capacités de conduite autonome, ce qui n’est pas nécessairement la technologie déjà mise en œuvre par Tesla. Elle intégrait simplement cette capacité aux modèles concernés, de sorte que lorsque la technologie allait être déployée, les véhicules auraient eu cette fonctionnalité. Nous observons donc cette approche en ce moment. Et cela ne concerne pas seulement Tesla. D’autres fabricants automobiles suppriment certaines options comme le double système de régulation de la température, le chauffage des sièges, la fonctionnalité de démarrage et d’arrêt des moteurs, ce qui permet simplement de réduire au minimum le nombre de semi-conducteurs utilisés dans un véhicule afin de vraiment maximiser la production et la mise sur le marché d’un plus grand nombre de véhicules.
Je suis content que vous mentionniez Tesla parce que je veux parler un peu du marché des véhicules électriques. Comment le contexte actuel a-t-il impacté ce secteur à la croissance rapide?
Eh bien, c’est difficile à dire. Nous ne pouvons pas savoir ce qui se passerait s’il n’y avait pas de problème de chaîne d’approvisionnement. Mais cela a certainement eu un impact sur certains modèles de véhicules électriques qui devaient sortir cette année. Mais ce qui est intéressant, c’est de regarder les ventes aux États-Unis, les ventes de véhicules électriques avaient progressé de 83 % l’année dernière. Donc, en termes absolus, elles ne sont pas très importantes. On parle de 430 000 véhicules et, proportionnellement aux ventes totales de véhicules, elles se trouvent toujours dans une fourchette d’environ 3, 3,5 %. Mais ce qui est intéressant, c’est que la popularité augmente et nous le constatons avec les chiffres de ventes qui ont beaucoup augmenté l’an dernier, malgré les problèmes de chaîne d’approvisionnement. Et pour les prochaines années, je pense qu’on peut être très optimistes. Nous avons vu le mois dernier que le ministère de l’énergie et du transport a annoncé le déblocage de la première partie des 5 milliards $ qui leur ont été attribués conformément à la loi sur les infrastructures pour améliorer les infrastructures de recharge aux États-Unis. Une grande partie de ce développement est concentré le long des grandes autoroutes inter-États. Vous et moi avons parlé dans des entretiens antérieurs de l’anxiété liée à l’autonomie, qui est encore un des principaux obstacles pour beaucoup de consommateurs. Le développement de l’infrastructure de recharge sur ces grandes routes est très utile pour aider les consommateurs à utiliser ces véhicules électriques. Je pense qu’il va falloir du temps pour élargir la clientèle au cours des prochaines années, c’est certain.
Récemment, nous avons connu un blocus de certaines marchandises, y compris des pièces automobiles au niveau du pont Ambassador. Quel a été l’impact du blocus sur la production automobile?
Alors. Des deux côtés de la frontière, les constructeurs automobiles indiquent que la semaine dernière, il y a eu beaucoup de perturbations parce qu’ils n’ont pas été en mesure de transporter les produits aussi librement qu’ils le font normalement. La production a donc diminué. Certaines usines ont tourné au ralenti au cours de la dernière semaine. Maintenant, comme ces blocages ont pris fin dimanche, la production a repris dans la plupart des usines. Pour le moment, il n’y a que Toyota qui indique toujours un certain retard qui devrait continuer tout au long de cette semaine. On espère qu’il y a eu un recul temporaire, mais ils peuvent toujours compenser tout ralentissement lié à ce qui s’est passé la semaine dernière pendant le reste du trimestre. Il faut espérer que ça finira par passer. Il faudra donc attendre de voir comment cela évolue.
Oui, il y a beaucoup de variables. Quelles sont vos perspectives pour le secteur automobile dans les 12 prochains mois?
Alors. Je pense que les prochains mois, les ventes et la production vont faire du surplace. De toute évidence, nous ressentons encore les répercussions d’Omicron, et nous n’avons même pas encore vu comment cela impactera la production. Nous attendons les données sur la production en janvier. Il sera donc intéressant de voir cette évolution. Comme je l’ai dit, les choses sont probablement susceptibles de stagner à partir de maintenant, au moins au cours des deux ou trois prochains mois. Le consensus sur le marché en ce moment, c’est que nous allons commencer à voir les contraintes diminuer au cours de la deuxième moitié de l’année, en particulier sur les semi-conducteurs. Voilà qui devrait mener à une augmentation de la production. Donc, ce qu’on espère en ce moment, si c’est le cas, c’est d’arriver à un niveau de production plus normalisé, comme avant la pandémie, vers la fin de l’année. Évidemment, comme je l’ai dit, les ventes sont très étroitement liées à la production en ce moment. Donc une production accrue devrait entraîner une augmentation du niveau des ventes. Pour l’ensemble de l’année, les ventes devraient demeurer inférieures à ce que nous considérons comme normal. On devrait probablement arriver à environ 16 millions d’unités. La normale est un peu plus forte, elle se situe à environ 17 millions. On espère donc que la production se normalisera pour la fin d’année. Cela nous mettra en bonne position pour commencer 2023, puis nous pourrons revenir à des niveaux plus normaux de production et de ventes.
Thomas, merci beaucoup pour votre présence.
C’est un plaisir. Merci de m’avoir reçu.