La situation de Stuart pourrait s’appliquer à n’importe qui : en début d’année, il a mis de côté 5 000 $ de son épargne pour investir. Toutefois, la volatilité récente des marchés et d’autres mauvaises nouvelles économiques ont amené Stuart à remettre en question son plan initial. S’il investit la totalité des 5 000 $ d’un coup, qu’arrivera-t-il à son placement si le marché s’effondre? Compte tenu de la hausse constante du coût de la vie et des taux d’intérêt, Stuart devrait-il laisser son argent dans son compte de banque?

Chaque jour, on entend dire qu’investir est un moyen efficace de faire croître son épargne. Mais qu’en est-il en période de volatilité? Que devriez-vous faire si toutes les nouvelles semblent mauvaises?

Trouver de l’argent pour cotiser dans son régime enregistré d’épargne-retraite (REER) et son compte d’épargne libre d’impôt (CELI) peut être éprouvant sur les plans émotionnel et financier, surtout lorsque le marché est volatil, que les prix de l’essence et des produits alimentaires augmentent et qu’une guerre fait les manchettes. La volatilité est, par nature, imprévisible, mais un plan de cotisation indépendant des fluctuations du marché peut aider à traverser les tempêtes.

Bien que planifier de verser son remboursement d’impôt annuel dans un REER sous forme de paiement forfaitaire puisse sembler judicieux, il peut être difficile de le faire. Une stratégie plus viable à long terme, en particulier en période d’incertitude économique accrue, est de verser des montants moins élevés sur chaque paie. De plus, il est possible de faire ses cotisations sous la forme d’achat périodique par somme fixe et de façon automatique, ce qui peut contribuer à éliminer ce sentiment d’indécision désagréable.

« Je dis toujours à mes clients qu’investir régulièrement aide à réduire les inquiétudes éventuelles concernant la volatilité tout en augmentant les rendements à long terme », explique Betty Dennis, gestionnaire principale, Services financiers personnels à TD Canada Trust. Voici quelques éléments à prendre en compte au moment de décider du type de plan de cotisation que vous souhaitez mettre en place.

La nature humaine et les placements

Un grand nombre de comportements observés en placement sont attribuables à nos tendances humaines naturelles. Nous sommes nombreux à ne voir qu’à court terme et souvent lents à agir quand les choses se compliquent. La question n’est pas d’être incapable de faire de grandes choses quand l’inspiration nous vient; c’est plutôt qu’on manque d’énergie pour faire de grandes choses tout le temps. De plus, quand les décisions de placement entrent en compétition avec nos responsabilités quotidiennes, il est facile de reporter les premières.

Pensez, par exemple, à quel point il est difficile pour beaucoup d’entre nous de faire du sport régulièrement. Même si nous savons que le résultat en vaut la peine, il faut une volonté extraordinaire pour se lever chaque matin et monter sur le tapis roulant. Investir, c’est comme aller au gym : vous n’aurez peut-être pas toujours envie de le faire, mais le faire régulièrement peut avoir des avantages à long terme.

Cotisations automatiques

Plutôt que d’avoir à trouver l’énergie pour investir encore et encore, vous pouvez établir un plan de cotisations automatiques. Une fois qu’un plan de cotisation automatique ou d’achat préautorisé est établi, un petit montant d’argent sera transféré automatiquement de votre compte bancaire à un REER ou à un CELI, une fois par mois ou chaque jour de paie, par exemple. Les cotisations automatiques peuvent ainsi contribuer à alléger le fardeau émotionnel lié aux placements faits à la pièce, et ce, sans perturber votre flux de revenu mensuel. Il est possible d’établir des cotisations automatiques de plusieurs façons, notamment par l’intermédiaire de votre institution financière et, souvent, directement auprès de votre employeur.

Achat périodique par somme fixe vs Versement forfaitaire

Investir par versements forfaitaires équivaut à investir d’un seul coup dans le marché tout l’argent réservé à vos placements. Mme Dennis indique toutefois que ce n’est pas toujours le meilleur moyen si vous avez des objectifs financiers à long terme Non seulement il peut être difficile de trouver l’argent pour les versements forfaitaires, mais la décision de les investir peut aussi créer plus d’anxiété. Si vous avez de nombreuses autres responsabilités financières (notamment des prêts hypothécaire et automobile, la garde des enfants, l’épicerie), l’indécision peut vous prendre à l’idée de tout investir d’un seul coup. De plus, ce placement pourrait devenir une source constante de préoccupation si les marchés passent d’un extrême à l’autre.

« Les clients qui investissent des sommes forfaitaires viennent souvent me dire qu’ils surveillent trop le marché et que la volatilité les stresse », Mme Dennis.

En revanche, l’achat périodique par somme fixe consiste à cotiser de petites sommes égales à intervalles réguliers. Le même montant d’argent est investi, peu importe ce qui se passe sur le marché. Si vous investissez dans des fonds communs de placement, votre cotisation vous permettra d’acheter plus par dollar lorsque les marchés sont en baisse et moins les jours où ils sont en hausse. Toutefois, le risque de volatilité est réduit dans l’ensemble parce que le placement est étalé. De cette façon, la réussite d’une cotisation ne dépend pas d’une seule mauvaise journée sur le marché. L’achat périodique par somme fixe est une stratégie particulièrement avantageuse lorsque le marché est imprévisible, et c’est souvent d’un meilleur choix si vous hésitez à cotiser un montant forfaitaire.

« Les clients qui optent pour l’achat périodique par somme fixe sont souvent plus axés sur le long terme. Si vous voulez atteindre des objectifs financiers à long terme, en particulier des objectifs précis comme la retraite, l’achat périodique par somme fixe peut être très avantageux », explique Mme Dennis, en ajoutant que ce type d’achat, fait sous forme de cotisations automatiques, peut avoir un effet surprenant. « Un couple de clients a essayé deux stratégies de placement différentes en même temps. Le mari a économisé un petit montant d’argent chaque mois par cotisation automatique, tandis que sa conjointe a investi un montant forfaitaire. À la fin de l’année, même s’il n’avait versé qu’un petit montant dans son CELI à chaque fois, le placement du mari valait plus que celui de sa femme, car ses cotisations, additionnées au fil du temps, étaient plus élevées que le montant forfaitaire déposé par sa femme. »

Garder ses placements

Peu importe votre méthode de placement, maintenir vos placements bon an, mal an est généralement considéré comme le meilleur plan si vous cherchez à atteindre des objectifs financiers à long terme. Si votre premier réflexe est d’arrêter d’investir ou de retirer vos placements en cas d’incertitude, rappelez-vous que les marchés fluctuent naturellement. Le succès de vos placements ne dépend généralement pas d’un seul épisode de volatilité, mais de la façon dont vous gérez ces épisodes année après année. Mme Dennis précise qu’il est important de garder une vue d’ensemble plutôt que de se concentrer sur un moment précis de la période de volatilité. « Surveillez votre placement, mais essayez de ne pas vous inquiéter des petites fluctuations, » recommande-t-elle.

Elle conclut en expliquant que chaque conversation sur les manières d’investir devrait commencer par deux questions : quels sont vos objectifs et sur combien de temps voulez-vous investir? Souvent, c’est un événement marquant qui suscite le désir d’investir. Il est donc particulièrement important de comprendre le pourquoi avant de s’attaquer au comment.

Tout le monde travaille fort pour gagner de l’argent, et il peut être difficile de décider quoi faire avec ce que vous pouvez économiser. Si vous avez des questions sur la façon de cotiser plus facilement à votre épargne-placement, parlez à un conseiller financier.

TAMARA YOUNG

PARLONS ARGENT ET VIE

ILLUSTRATION

DANESH MOHIUDDIN