Les investisseurs seront confrontés à de nombreuses incertitudes en 2024, notamment en ce qui concerne l’état de l’économie et l’orientation future des taux d’intérêt. Jing Roy, directeur et gestionnaire de portefeuille, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD, discute des divers scénarios et des répercussions sur les marchés avec Greg Bonnell de MoneyTalk.
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Est-ce que les banques centrales vont réduire les taux? Y aura-t-il une récession? Jing Roy, de Gestion de Placements TD, nous rejoint pour évoquer la façon dont les choses pourraient se dérouler. Bonjour, Jing. - Merci, Greg. Alors parlons de certaines des questions que nous nous posons cette année. Il y a beaucoup d'espoir quant à l'évolution de l'économie et notamment aux décisions des banques centrales. Commençons par le mot « récession ». C'est un mot qui fait peur. Il y a un débat assez suivi sur la probabilité d'une récession et ce qui s'en suivra. Le consensus, c'est qu'il y aura un atterrissage en douceur et que la croissance économique au Canada comme aux États-Unis sera au moins plutôt moitié aussi rapide que l'an dernier. Compte tenu des failles qui apparaissent dans le crédit à la consommation, ainsi que sur le marché du travail, il est beaucoup plus facile d'envisager un ralentissement de la croissance plutôt qu'une reprise rapide. C'est particulièrement le cas au Canada, où les ménages sont davantage endettés et où les coûts de service de la dette sont plus élevés à cause des renouvellements de prêts hypothécaires. Les ménages canadiens seront donc plus endettés et contribueront moins à la croissance. Dans ce débat sur la récession, y en a-t-il encore certains qui affirment qu'il y aura un atterrissage brutal? Autrefois, on s'interrogeait. Est-ce qu'il y aura un atterrissage brutal ou en douceur, ou pas d'atterrissage du tout? Les marchés semblent s'entendre pour dire qu'il y aura un ralentissement, mais pas précipité. Le scénario catastrophe ne retient plus guère d'intérêt. La plupart des avis concordent sur le scénario de l'atterrissage en douceur. Les marchés boursiers obligataires procurent un rendement supérieur à 10% depuis deux mois à cause de la généralisation du scénario de l'atterrissage en douceur, ainsi que des attentes de plus en plus optimistes en matière de réduction de taux. C'est très favorable au goût du risque ainsi qu'à la tarification des actifs. Oui, c'est l'autre grande question, l'idée que les banques centrales vont réduire les taux cette année. Dans un scénario atterrissage en douceur, les banques centrales doivent-elles baisser énergiquement les taux ou simplement nous faire sortir d'une situation restrictive? Les marchés prévoient à l'heure actuelle six à sept réductions de taux aux États-Unis à partir du mois de mars. Au Canada, ce seraient cinq réductions à partir du mois d'avril. À l'heure actuelle, les banques centrales réduisent les taux parallèlement à la chute de l'inflation. Mais s'il y a des signes de récession, je pense que les banques centrales seront plus énergiques dans la réduction des taux. C'est contre-intuitif, car le prix des actifs pendant une récession pourrait fort bien se porter, car lorsque les banques centrales réduisent les taux de façon plus dynamique, c'est favorable au goût du risque et donc au prix des actifs. Les actifs qui peuvent procurer un flux de trésorerie très stable bénéficieront de ce scénario. Par exemple, les obligations à longue durée, à cause du coupon constant. Pour les actions, les entreprises qui ont un flux de trésorerie très stable et qui ont des tendances lourdes favorables, comme la technologie et le secteur de la santé, en bénéficieront aussi. Bon, nous avons mis la table pour un atterrissage en douceur. Des coupures de taux par les banques centrales et par la Fed. Parlons de la surprise qui pourrait se présenter cette année. L'année commence depuis deux semaines à peine, mais que faut-il surveiller? Je pense qu'il est très important de comprendre quelle sera l'évolution de l'inflation. Cela deviendra essentiel pour comprendre comment les politiques des banques centrales pourraient évoluer. Il faut positionner un portefeuille avec un scénario de base quant à l'évolution de la situation. Si le consensus actuel, atterrissage en douceur et réduction de taux, se réalise, les hypothèses en matière de rendement des actifs seront à un chiffre. Il faudrait qu'il y ait une véritable surprise pour dévier de notre scénario de base. La plus grande surprise qui pourrait survenir à mon avis, c'est si la croissance est légèrement inférieure à ce que les marchés attendent, ce sera haussier pour les marchés. De façon très paradoxale, les entreprises qui ont peu de revenus en bénéficieront, car elles bénéficient de façon disproportionnée des marchés de financement plus favorables qui résultent de la baisse des taux d'intérêt. Depuis 12 mois... ...n'avait pas prévu les résultats des sept magnifiques... Les investisseurs doivent envisager un scénario de croissance plus forte. Il y a une forte probabilité que le marché américain soit à la traîne derrière le Canada et l'Europe. Il y a plusieurs raisons à cela. Si la croissance et l'inflation aux États-Unis sont plus élevés que prévu, les investisseurs devront recalibrer leurs attentes à l'égard de réductions de taux, et les conditions financières vont se resserrer. Pour cette raison, les obligations à long terme du gouvernement américain seront à la traîne des autres économies du G6, car les investisseurs exigeront des rendements plus élevés et les prix devront donc être ajustés à la baisse pour le refléter. Les actions axées sur la croissance. Lorsque la croissance commencera à stagner, ces actions seront décotées, car la prime pour la rareté de la croissance n'existera plus. Le marché américain est surindexé par rapport aux actions. Il y a une très forte probabilité que la bourse américaine obtiendra des résultats moins importants que celles du Canada et de l'Europe. Mais il y a un avantage, c'est le dollar... ...à cause des mesures énergiques de la Fed. Il y a des jokers cette année: des évolutions de politiques attribuables à l'élection présidentielle de novembre, ainsi que la possibilité de choc d'inflation attribuable aux conflits régionaux du Moyen-Orient. Cette incertitude, Greg, sur les marchés, amène beaucoup d'investisseurs, même si les actions américaines ont beaucoup monté cette année, à se cantonner dans les liquidités. Si on en revient à la répartition d'actifs, certains investisseurs estiment avoir raté une partie de la hausse du marché s'ils s'étaient réfugiés dans la liquidité. Nous ne savons pas ce qui va arriver aux marchés. Il faudrait avoir quelque chose qui va fonctionner dans un scénario de récession. Parfois, nous succombons à un manque d'imagination. Donc, il est très utile de se concentrer sur le revenu, la croissance et la stabilité. Dans un portefeuille bien construit, je rechercherais trois attributs. Tout d'abord, il faut avoir un revenu basique à long terme. Tout d'abord, et ensuite, il faut tirer une plus-value en capital d'actions ou d'autres actifs. Et enfin, il faut tirer des rendements de secteurs non corrélés, afin que vous ayez plusieurs leviers à actionner dans un passage d'incertitudes.