Les actions technologiques connaissent leur pire début d’année jamais enregistré dans un contexte de réaction des marchés face à l’inflation, à la hausse des taux d’intérêt et aux problèmes persistants des chaînes d’approvisionnement. La liquidation des actions technologiques est-elle toutefois allée trop loin? Kim Parlee s’entretient avec Jim Kelleher, directeur de la recherche et analyste principal du secteur des technologies à Argus Research.
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Aujourd’hui, j’accueille Jim Kelleher. Il est directeur de la recherche et analyste principal des technologies à Argus Research. Jim, c’est un plaisir de vous recevoir. Merci de nous accorder du temps. On ne va pas revenir en détail sur la situation, car on sait tous que c’est difficile pour le secteur des technologies en ce moment. Mais vous avez fait une présentation aujourd’hui et vous avez expliqué que l’année à venir pourrait être différente. Dites-moi ce que vous voyez et ce qui est intéressant à votre avis.
Bonsoir, Kim. Merci de m’avoir invité. Ce qu’on remarque, c’est que contrairement aux replis passés du marché, les données fondamentales du secteur des technologies résistent. De toute évidence, les actions ne résistent pas. Le marché délaisse les titres de croissance au profit des titres cycliques, ceux qui profitent de l’inflation, comme l’énergie, et ceux qui sont sensibles aux taux d’intérêt. Mais les données fondamentales ne se sont pas détériorées de façon marquée. On prévoit même une hausse des bénéfices et une croissance des revenus des technologies cette année parce que les sociétés technologiques sont parvenues à répercuter les coûts sur leurs clients.
KIM PARLEE : Mais, quand on réfléchit à ce qui sera le moteur à l’avenir, parce que, par le passé, avant que les forces macroéconomiques perturbent les évaluations technologiques, tout tournait autour de la croissance structurelle. Il s’est passé des choses très intéressantes du point de vue démographique et cyclique et par rapport à la nature même de la technologie, en forte croissance. Qu’est-ce qui précisément rend les paramètres fondamentaux intéressants, sur quoi doit-on porter notre attention?
Excellente question. Lors du repli cyclique précédent, il faut comprendre que les sociétés technologiques vendent toujours à d’autres sociétés technologiques. Elles ont beaucoup profité des appareils de pointe, les PC et les téléphones intelligents. C’est une activité cyclique.
Lorsque l’économie a ralenti, cette partie des activités a beaucoup souffert. Ce qu’on prévoit maintenant, c’est tout d’abord, du côté cyclique, une baisse des PC et des téléphones intelligents cette année. Mais parce que le consommateur a abandonné la partie inférieure de ces marchés en raison des pressions inflationnistes, on observe des prix de vente moyens plus élevés pour les téléphones et les PC. On voit aussi plus de contenu par appareil à mesure que le volume d’utilisateurs professionnels augmente et celui des particuliers baisse. Les revenus dans ce secteur ne seront donc pas si mauvais, c’est le volet cyclique.
Il y a aussi un élément démographique. Et il s’agit de l’augmentation de la classe moyenne mondiale. Environ 2 milliards de personnes ont rejoint la classe moyenne mondiale, définie comme ayant des actifs d’environ 100 000 $, depuis 2000. Et cette population veut avant tout être connectée, parce que ça aide à faire des affaires, trouver un emploi, etc. Ça, c’est la partie démographique.
Enfin, il y a un aspect à long terme. En plus des téléphones intelligents et PC, ces sociétés se diversifient. Elles vendent des systèmes d’automatisation des usines, qu’on appelle IdO. Elles vendent au secteur automobile, avec des véhicules électriques et autonomes. Il y a donc beaucoup d’autres produits à vendre maintenant. Et puis, il y a un autre facteur important en ce moment.
KIM PARLEE : Eh bien. Il nous reste quelques minutes, et j’aimerais… si vous le pouvez, je crois savoir de quoi vous allez parler maintenant. Mais si vous pouviez utiliser Nvidia comme modèle, car qu’il s’agisse de sous-traitance de proximité ou non, la sécurité nationale fait aussi partie de l’équation, n’est-ce pas?
Eh bien, c’est exactement comme ça qu’on l’appelle. La sécurité nationale. Revenons, non pas à la crise de la chaîne d’approvisionnement de l’année dernière, mais à la guerre commerciale de 2017 qui a duré jusqu’en 2019, 2020, on se rend compte que les entreprises ont besoin d’une production à terre, plus proche d’elles.
Et c’est particulièrement le cas aux États-Unis, qui représente la moitié du chiffre d’affaires mondial des semi-conducteurs, mais seulement 12 % de la production physique, les entreprises investissent maintenant des sommes colossales dans de nouvelles installations de puces en Oregon, au Texas, en Arizona, dans le nord de l’État de New York et dans bien d’autres endroits. Rien que les entreprises américaines devraient dépenser plus de 100 milliards de dollars. Et si l’on inclut Samsung et Taiwan Semi, jusqu’à 300 milliards de dollars au cours des 20 prochaines années. Et puis la CHIPS Act entre en scène et aide à financer davantage ce qui allait se produire de toute façon.
Passons maintenant à Nvidia. Nvidia a connu plusieurs coups durs. Le premier a été de réduire ses prévisions pour le trimestre en cours en raison d’un fort ralentissement de la demande des consommateurs pour le segment des cartes de jeux, les cartes GeForce. Et c’est grandement lié à la faiblesse à l’étranger, en Asie ou ailleurs. Mais cela reflète en grande partie le ralentissement de l’accumulation par les distributeurs. Et on pense que cet aspect se normalisera.
Plus récemment, Nvidia a fait les manchettes parce que les États-Unis ont annoncé que la vente des puces A-100 et H-100 AI sera interdite en Chine. Nvidia vend beaucoup de produits en Chine. Ces produits représentent le sommet de la technologie Nvidia. Et même si ces puces sont exclues, Nvidia vendra beaucoup de produits technologiques vers la Chine, pas seulement à long terme, même à moyen terme. Nvidia connaît donc certaines perturbations liées au ralentissement et aux jeux, en partie dues au canal de distribution et à une réduction dans la partie inférieure du marché des puces d’IA.
Ces réflexions sur Nvidia sont fascinantes. Jim, j’aimerais beaucoup que vous reveniez pour en parler de nouveau, mais c’est l’heure. Je vous rappelle à tous de faire vos propres recherches, c’est important. Ce sont de bonnes idées, mais elles doivent fonctionner pour votre portefeuille. Jim, merci beaucoup.
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Aujourd’hui, j’accueille Jim Kelleher. Il est directeur de la recherche et analyste principal des technologies à Argus Research. Jim, c’est un plaisir de vous recevoir. Merci de nous accorder du temps. On ne va pas revenir en détail sur la situation, car on sait tous que c’est difficile pour le secteur des technologies en ce moment. Mais vous avez fait une présentation aujourd’hui et vous avez expliqué que l’année à venir pourrait être différente. Dites-moi ce que vous voyez et ce qui est intéressant à votre avis.
Bonsoir, Kim. Merci de m’avoir invité. Ce qu’on remarque, c’est que contrairement aux replis passés du marché, les données fondamentales du secteur des technologies résistent. De toute évidence, les actions ne résistent pas. Le marché délaisse les titres de croissance au profit des titres cycliques, ceux qui profitent de l’inflation, comme l’énergie, et ceux qui sont sensibles aux taux d’intérêt. Mais les données fondamentales ne se sont pas détériorées de façon marquée. On prévoit même une hausse des bénéfices et une croissance des revenus des technologies cette année parce que les sociétés technologiques sont parvenues à répercuter les coûts sur leurs clients.
KIM PARLEE : Mais, quand on réfléchit à ce qui sera le moteur à l’avenir, parce que, par le passé, avant que les forces macroéconomiques perturbent les évaluations technologiques, tout tournait autour de la croissance structurelle. Il s’est passé des choses très intéressantes du point de vue démographique et cyclique et par rapport à la nature même de la technologie, en forte croissance. Qu’est-ce qui précisément rend les paramètres fondamentaux intéressants, sur quoi doit-on porter notre attention?
Excellente question. Lors du repli cyclique précédent, il faut comprendre que les sociétés technologiques vendent toujours à d’autres sociétés technologiques. Elles ont beaucoup profité des appareils de pointe, les PC et les téléphones intelligents. C’est une activité cyclique.
Lorsque l’économie a ralenti, cette partie des activités a beaucoup souffert. Ce qu’on prévoit maintenant, c’est tout d’abord, du côté cyclique, une baisse des PC et des téléphones intelligents cette année. Mais parce que le consommateur a abandonné la partie inférieure de ces marchés en raison des pressions inflationnistes, on observe des prix de vente moyens plus élevés pour les téléphones et les PC. On voit aussi plus de contenu par appareil à mesure que le volume d’utilisateurs professionnels augmente et celui des particuliers baisse. Les revenus dans ce secteur ne seront donc pas si mauvais, c’est le volet cyclique.
Il y a aussi un élément démographique. Et il s’agit de l’augmentation de la classe moyenne mondiale. Environ 2 milliards de personnes ont rejoint la classe moyenne mondiale, définie comme ayant des actifs d’environ 100 000 $, depuis 2000. Et cette population veut avant tout être connectée, parce que ça aide à faire des affaires, trouver un emploi, etc. Ça, c’est la partie démographique.
Enfin, il y a un aspect à long terme. En plus des téléphones intelligents et PC, ces sociétés se diversifient. Elles vendent des systèmes d’automatisation des usines, qu’on appelle IdO. Elles vendent au secteur automobile, avec des véhicules électriques et autonomes. Il y a donc beaucoup d’autres produits à vendre maintenant. Et puis, il y a un autre facteur important en ce moment.
KIM PARLEE : Eh bien. Il nous reste quelques minutes, et j’aimerais… si vous le pouvez, je crois savoir de quoi vous allez parler maintenant. Mais si vous pouviez utiliser Nvidia comme modèle, car qu’il s’agisse de sous-traitance de proximité ou non, la sécurité nationale fait aussi partie de l’équation, n’est-ce pas?
Eh bien, c’est exactement comme ça qu’on l’appelle. La sécurité nationale. Revenons, non pas à la crise de la chaîne d’approvisionnement de l’année dernière, mais à la guerre commerciale de 2017 qui a duré jusqu’en 2019, 2020, on se rend compte que les entreprises ont besoin d’une production à terre, plus proche d’elles.
Et c’est particulièrement le cas aux États-Unis, qui représente la moitié du chiffre d’affaires mondial des semi-conducteurs, mais seulement 12 % de la production physique, les entreprises investissent maintenant des sommes colossales dans de nouvelles installations de puces en Oregon, au Texas, en Arizona, dans le nord de l’État de New York et dans bien d’autres endroits. Rien que les entreprises américaines devraient dépenser plus de 100 milliards de dollars. Et si l’on inclut Samsung et Taiwan Semi, jusqu’à 300 milliards de dollars au cours des 20 prochaines années. Et puis la CHIPS Act entre en scène et aide à financer davantage ce qui allait se produire de toute façon.
Passons maintenant à Nvidia. Nvidia a connu plusieurs coups durs. Le premier a été de réduire ses prévisions pour le trimestre en cours en raison d’un fort ralentissement de la demande des consommateurs pour le segment des cartes de jeux, les cartes GeForce. Et c’est grandement lié à la faiblesse à l’étranger, en Asie ou ailleurs. Mais cela reflète en grande partie le ralentissement de l’accumulation par les distributeurs. Et on pense que cet aspect se normalisera.
Plus récemment, Nvidia a fait les manchettes parce que les États-Unis ont annoncé que la vente des puces A-100 et H-100 AI sera interdite en Chine. Nvidia vend beaucoup de produits en Chine. Ces produits représentent le sommet de la technologie Nvidia. Et même si ces puces sont exclues, Nvidia vendra beaucoup de produits technologiques vers la Chine, pas seulement à long terme, même à moyen terme. Nvidia connaît donc certaines perturbations liées au ralentissement et aux jeux, en partie dues au canal de distribution et à une réduction dans la partie inférieure du marché des puces d’IA.
Ces réflexions sur Nvidia sont fascinantes. Jim, j’aimerais beaucoup que vous reveniez pour en parler de nouveau, mais c’est l’heure. Je vous rappelle à tous de faire vos propres recherches, c’est important. Ce sont de bonnes idées, mais elles doivent fonctionner pour votre portefeuille. Jim, merci beaucoup.
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