
Valeurs Mobilières TD modifie ses prévisions de prix du pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) et Brent car elle prévoit un resserrement de l’offre. Greg Bonnell discute avec Bart Melek, chef, Stratégie mondiale relative aux produits de base à Valeurs Mobilières TD, des paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande de la situation à venir.
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[LOGO AUDIO] La situation a été difficile pour le pétrole, malgré une récente réduction de la production de l’OPEP et de ses alliés. Mais comme l’offre demeure serrée à l’échelle mondiale, Valeurs Mobilières TD a revu à la hausse ses prévisions pour le prix du pétrole brut. Nous en parlons avec Bart Melek, chef, Stratégie relative aux produits de base, VMTD. Bart, c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Vous avez de nouvelles perspectives pour le marché du pétrole. Pouvez-vous les partager avec nous. Je suis très content d’être ici. Oui, nos prévisions pour le pétrole ont augmenté. C’est dommage que le marché n’ait pas coopéré un jour après que nos prévisions aient été revues à la hausse. En cette fin d’année, notre vision du marché du pétrole est positive. Selon nous, à l’approche de 2023, les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande vont se resserrer considérablement, principalement parce que l’OPEP devrait réduire sa production réelle de 1,1 million de barils. Oui, je sais que tout le monde parle d’une production de deux millions, mais ce chiffre fait référence au quota. Beaucoup de producteurs de l’OPEP ont produit moins que prévu. La baisse réelle sera donc d’environ 1,1 million de barils. De toute évidence, à court terme, pratiquement toutes les catégories d’actif ont été plutôt volatiles cette année. Le pétrole n’y fait pas exception. D’autres préoccupations concernant l’économie mondiale l’an prochain? Est-ce que c’est là que les forces inverses se font sentir? Par exemple, la production pourrait être restreinte par choix et sur mesure, mais en même temps, à quoi ressemblera la demande en 2023? Eh bien, la demande est bien sûr la grande inconnue. Mais il existe d’autres facteurs très techniques qui empêchent les négociateurs et les gestionnaires de portefeuille d’acquérir des positions acheteur à ce moment-là. D’une part, la volatilité a explosé en hausse, la Réserve fédérale américaine s’engageant à un resserrement assez prononcé. Les problèmes sur le marché des obligations d’État britanniques créent de la volatilité dans pour les titres à revenu fixe. Les taux augmentent partout. Et il y a la crainte réelle que nous vivions une récession très forte qui entraînerait une baisse démesurée de la consommation de pétrole. Somme toute, le manque d’appétit pour le risque et une grande part de volatilité et d’incertitude font qu’à ce stade, personne n’est vraiment déterminé à prendre une position acheteur dans une catégorie d’actif volatile et historiquement risquée comme le pétrole. Maintenant, en plus des préoccupations liées à l’offre et à la demande, il y a comme une partie de bras-de-fer entre l’Arabie saoudite et les États-Unis. Il semble, d’après certaines des missives envoyées par l’administration Biden, qu’ils n’étaient pas trop satisfaitsde la réduction de production annoncée. Oui, bien sûr. L’Arabie saoudite et l’OPEP en général, et l’OPEP+, maintenant que les Russes sont actifs dans ce groupe depuis un certain temps, a toujours dit qu’ils tentent d’apparier l’offre à la demande. Lorsqu’on examine les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande, il est probablement inexact de dire qu’il y a une offre excédentaire de pétrole. On n’a pas observé de détérioration importante de la demande. Ce qui est un peu inhabituel pour l’OPEP à ce stade c’est qu’ils agissent de façon proactive en prévision d’une éventuelle baisse de la demande. Ce qu’on a vu au cours des derniers mois, et l’OPEP l’a fait aussi, c’est de revoir à la baisse ses prévisions de demande pour 2023. L’Energy Information Agency en a fait autant. Et je pense qu’avec le temps, beaucoup de joueurs et d’observateurs sur ce marché baisseront leur demande. On continue de penser que cette décision de l’OPEP ve resserrer le marché et qu’elle va nous placer dans une situation déficitaire l’an prochain. Il y a un risque que nous nous trompions sur nos prévisions et qu’il y ait un vrai désastre économique total. Il n’y aura alors pas de resserrement des marchés. Mais c’est précisément pour cette raison que les marchés à risque ne sont pas vraiment prêts à prendre une positions acheteur. Aujourd’hui, le manque d’appétit pour le risque est grandement étendu. Et c’est, selon moi, le principal moteur des marchés du pétrole brut pour l’instant… les problèmes de liquidité, la volatilité et l’aversion générale pour le risque. Nous pensons que les facteurs fondamentaux vont se resserrer et que l’OPEP restera fidèle à sa parole et procédera à des réductions. Et nous ne prévoyons pas de hausse de la demande l’an prochain. En fait, nous ne prévoyons aucun déclin. Nous observons toujours une croissance de plus de 1,4 à 1,5 million de barils par jour. C’est inférieur au consensus. Et certains sont beaucoup plus négatifs. Et d’ici à ce que ces incertitudes se dissipent, je ne crois pas que le pétrole connaîtra une forte hausse. C’est pourquoi dans notre rapport, on a dit qu’on ne voyait pas de prix à trois chiffres. En raison de cette incertitude, le prix du pétrole brut ne se situe pas au-delà de 100 $. On pense que ça sera un risque plus tard dans l’année, quand la Fed aura changé de cap, qu’on ne s’inquiétera plus d’un déclin de l’économie et qu’on envisagera une reprise. Ça semble prématuré en ce moment, et j’espère que nos prévisions sont justes. Dans quelle mesure la politique chinoise zéro COVID est-elle exagérée? Si, pour une raison quelconque, le pays décide de revenir sur sa décision, j’imagine qu’on pourrait soutenir que la Chine recommencerait à désirer fortement une grande partie des produits de base que le monde a à offrir, y compris le pétrole. Ça a été un peu problématique pour nous et pour d’autres prévisionnistes j’en suis sûr. On s’attendait à un assouplissement des mesures de confinement le plus tôt possible. Je pense que c’était hier, on entend de nouveau dire que les grands centres urbains, dans ce cas, Shanghai, envisageait encore une fois une sorte de confinement. Eh bien, la Chine a connu une croissance économique nettement inférieure aux attentes. Et ça signifie que la croissance de la consommation d’énergie ne va probablement pas se concrétiser dans la mesure où nous le pensions. L’Asie, y compris la Chine, est probablement responsable d’environ 1,1 million de barils; peut-être un peu moins ou un peu plus, de la croissance de l’année prochaine parce que le consensus est toujours d’environ 2 millions, un peu moins. Et si ça ne se produit pas, la demande pourrait diminuer considérablement. En fait, c’est ce à quoi l’OPEP réagit. L’OPEP est aux prises avec le marché depuis un certain temps maintenant, indiquant que le marché a réduit la valeur du pétrole en amont d’une détérioration des paramètres fondamentaux, principalement sur les marchés à terme… les spéculateurs et les gestionnaires de fonds prennent des paris et les fonds sortent de cette catégorie d’actif. Ils ont probablement raison de dire que le marché à terme a réagi en avance. En revanche, c’est la nature même des marchés à terme. Ils se tournent vers l’avenir, comme la plupart des négociateurs et des gestionnaires. En ce moment, on s’inquiète tous de la demande et de ce à quoi elle ressemblera. L’OPEP en tient compte et en informe le marché qu’ils ne veulent pas que d’importants surplus soient accumulés. Je crois que ces déficits font en sorte que les prix sont trop élevés et il y a un déséquilibre, je suppose que l’OPEP reviendra sur sa décision au besoin. Mais en ce moment, ils prennent des mesures préventives pour informer le marché qu’ils ne laisseront pas ce déséquilibre persister. Bien sûr, cela signifie qu’il est peu probable qu’une baisse massive des prix ait lieu également. [MUSIQUE]