Des entreprises ont vu le cours de leurs actions baisser, mais leur avantage concurrentiel se maintient, leurs perspectives de croissance sont solides et leur bilan est robuste. C’est l’occasion de mettre la main sur des actions de ces entreprises pendant que leur cours chute, dit David Sykes, chef, Actions cotées, Gestion de Placements TD.
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[MUSIQUE]
David, vous avez en quelque sorte décrit le marché en ce moment, et je pense que ce que les gens veulent vraiment savoir, c’est qu’avec tous ces replis intrajournaliers qui se produisent, et il y a des jours où rien n’est épargné, mais où on voit de fortes remontées... donc est-ce le moment d’acheter? Est-il possible de reprendre certains secteurs ou certaines positions?
Bien sûr. Je pense que c’est toujours le cas. Si on observe un repli... on a vu les actions NASDAQ reculer d’environ 15 % en tant qu’indice. Mais si on y regarde de plus près, certaines actions ont reculé de 40 %, 50 % ou 60 %. Et si on prend l’indice S&P 500, on est en baisse d’environ 10 % par rapport aux sommets atteints au début de janvier.
Mais il y a plusieurs titres qui ont reculé de 10 %, 12 % et 15 %. Et je pense que dans notre monde, et ce qu’on observe, et ce qu’on tente de trouver sur le marché, il y a des occasions. Il y a clairement des inquiétudes par rapport à certaines entreprises, quant à savoir si les taux vont augmenter, ce qu’il va advenir de leur modèle d’affaires et ce qui va se passer avec la COVID. Il y a toujours beaucoup de perturbations, mais on pense qu’il existe certainement des occasions de placement intéressantes.
KIM PARLEE : Et comme quoi? Donnez-moi une idée des entreprises qui présentent des occasions. Parce que je sais que nous sommes en plein dans une phase de bénéfices en ce moment, mais deux choses me tracassent... qu’est-ce qui vous rassure par rapport aux bénéfices d’entreprises dans un contexte de baisse d’achat, et qu’est-ce qui vous met mal à l’aise?
Oui, tant qu’il y a des bénéfices... on va commencer par ça. À long terme, ce qui compte, ce sont les bénéfices. Si vous aimez investir dans les actions, si les bénéfices vont bien, les actions vont suivre. Et je pense que ce qu’on voit dans cette période d’annonce des résultats... c’est tôt, mais les entreprises se portent bien, pas autant qu’au quatrième trimestre, mais elles se portent toujours bien. Ça m’indique que les paramètres fondamentaux des entreprises sont bons.
Toutefois, la question est vraiment liée au ratio. Quel ratio est-ce qu’on applique à ces bénéfices-là? Et c’est vraiment ce qui est touché par les discours de la Fed, les hausses de taux et leur impact sur le bilan, entre autres.
Mais je pense que si on regarde certains secteurs... il y a un certain nombre d’entreprises qui ont été les grandes gagnantes dans le contexte de la COVID, pas nécessairement dans le secteur des technologies, mais si je pense à des sociétés comme Costco ou Estée Lauder, des modèles d’affaires vraiment très solides, Home Depot est l’une de ces entreprises dont les actions ont chuté... et pour moi, leur avantage concurrentiel demeure en place, leurs perspectives de croissance sont plutôt bonnes, leur bilan est solide, elles ont des flux de trésorerie disponibles, et c’est le genre de titres qu’on veut délaisser au fur et à mesure qu’ils continuent de reculer.
Je sais que nous avons déjà discuté, vous et moi, du ratio de distribution. Les entreprises font de l’argent, elles font des bénéfices, puis, bien sûr, elles choisissent ce qu’elles versent. Mais le montant qu’elles versent en pourcentage de ce qu’elles pourraient verser est inférieur à ce qu’il était traditionnellement. J’imagine qu’il y a différentes façons d’interpréter ça. J’ai parfois l’impression qu’elles ont un peu peur de payer, parce qu’elles veulent conserver cette réserve au cas où, ou peut-être qu’elles pourraient payer davantage grâce à cette latitude-là. Dans quel camp êtes-vous?
Oui, je suis assurément dans le camp qui pense qu’elles vont payer davantage. Et en tant qu’investisseurs dans les actions, on nous accuse toujours d’être très optimistes. C’est juste de dire que la croissance des bénéfices cette année va être bonne. J’ai peur que le ratio de ces bénéfices-là va se comprimer un peu. Et ce ne sera pas une année fantastique pour le marché boursier, même si les rendements devraient tout de même être positifs. Mais ce que je crois fermement, c’est qu’au plus fort de la pandémie, beaucoup de sociétés, soit en raison de la réglementation, soit en raison du conservatisme au niveau du conseil d’administration ou de la direction, n’augmentaient pas nécessairement ces distributions pour montrer le maximum qu’elles pouvaient. Elles ont conservé ces liquidités en prévision de temps difficiles et tous les flux de trésorerie qu’elles généraient.
Je crois que les distributions de dividendes et les rachats d’actions vont augmenter considérablement cette année. Et on a déjà constaté ça au premier trimestre, un certain nombre de sociétés qui ont considérablement augmenté leurs dividendes, soit 19 %, 20 %. Je pense que c’est un thème qu’on va continuer à voir. Et on parle d’une hausse des taux, mais au bout du compte, le taux final, quand la Fed va arrêter, ce sera 2 %, 2,25 % peut-être en 2023. Mais on ne parle pas de taux d’intérêt extrêmement élevés, et on va se retrouver dans un contexte de faiblesse prolongée des taux d’intérêt.
Je sais qu’en ce moment, si on regarde le Comité de répartition des actifs de Gestion de patrimoine, c’est bien sûr le groupe avec lequel vous travaillez, on essaie de comprendre quelles sont les occasions à long terme. Et je crois comprendre que vous surpondérez davantage le Canada que les États-Unis. Pourquoi est-ce le cas actuellement?
Oui, de notre point de vue, le Canada est bien positionné, si on pense à quelques facteurs. Le premier concerne le cycle des taux d’intérêt dont on parle, tant avec la Fed qu’avec la Banque du Canada; si on examine la composition du marché boursier canadien, les grandes sociétés canadiennes, beaucoup de banques et de services financiers, ils vont afficher un meilleur rendement du point de vue des bénéfices à mesure que les taux d’intérêt vont augmenter. Et c’est un facteur qui, on le croit vraiment, va jouer en faveur du Canada.
Le deuxième facteur, c’est notre économie axée sur les ressources, en particulier dans le secteur de l’énergie. On croit vraiment aux facteurs ESG et à tous ces principes pour atteindre la carboneutralité. Mais, en attendant, on va encore avoir besoin de beaucoup de ces produits qu’on fabrique et, mon Dieu, il y a eu un important sous-investissement dans ces secteurs au cours des dernières années. On croit que les prix des produits de base et de l’énergie vont augmenter.
Et avec des prix comme ceux qu’on voit aujourd’hui, pour beaucoup de nos producteurs d’énergie, ça va se traduire par d’énormes flux de trésorerie disponibles. Et, encore une fois, on pense qu’une grande partie va nous revenir à nous, les actionnaires, sous forme de rachats d’actions et de dividendes. Et donc, en raison de la hausse des taux d’intérêt, des produits de base actuels et de ce qu’on considère comme un ensemble de produits de base très favorable, on surpondère le Canada dans une mesure maximale.
Sans trop entrer dans les détails, je pense que dans le cas des sociétés du secteur des ressources aussi, les prix des produits de base sont élevés, mais les mêmes obstacles qui les empêchent peut-être de prendre de l’expansion, d’explorer ou d’extraire davantage de ressources du sol vont être encore pires à l’avenir. Alors je suppose que ça va également être difficile pour ces sociétés-là.
Eh bien, c’est un des paradoxes. On a besoin d’une offre accrue, mais, bien sûr, si on augmente l’offre, ça a un coût environnemental. Et en ce moment, je pense que beaucoup de sociétés de ce secteur ont dit : écoutez, on n’est pas intéressés à réinvestir nos flux de trésorerie disponibles dans le sol, si on peut dire, et à chercher de nouvelles ressources. On va faire preuve de rigueur et verser des dividendes à nos actionnaires.
Et si, au bout du compte, ces sociétés réduisent considérablement leurs coûts, et avec les prix des produits de base actuellement, le montant de profit et de liquidités disponibles qu’elles peuvent générer va être énorme. Et je pense que ça va en surprendre certains. En tant que consommateur, le prix ne sera peut-être pas aussi agréable à la pompe, mais je pense que c’est un aspect dont les investisseurs vont pouvoir profiter.
David, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup d’avoir été des nôtres.
Merci, Kim.
[MUSIQUE]
David, vous avez en quelque sorte décrit le marché en ce moment, et je pense que ce que les gens veulent vraiment savoir, c’est qu’avec tous ces replis intrajournaliers qui se produisent, et il y a des jours où rien n’est épargné, mais où on voit de fortes remontées... donc est-ce le moment d’acheter? Est-il possible de reprendre certains secteurs ou certaines positions?
Bien sûr. Je pense que c’est toujours le cas. Si on observe un repli... on a vu les actions NASDAQ reculer d’environ 15 % en tant qu’indice. Mais si on y regarde de plus près, certaines actions ont reculé de 40 %, 50 % ou 60 %. Et si on prend l’indice S&P 500, on est en baisse d’environ 10 % par rapport aux sommets atteints au début de janvier.
Mais il y a plusieurs titres qui ont reculé de 10 %, 12 % et 15 %. Et je pense que dans notre monde, et ce qu’on observe, et ce qu’on tente de trouver sur le marché, il y a des occasions. Il y a clairement des inquiétudes par rapport à certaines entreprises, quant à savoir si les taux vont augmenter, ce qu’il va advenir de leur modèle d’affaires et ce qui va se passer avec la COVID. Il y a toujours beaucoup de perturbations, mais on pense qu’il existe certainement des occasions de placement intéressantes.
KIM PARLEE : Et comme quoi? Donnez-moi une idée des entreprises qui présentent des occasions. Parce que je sais que nous sommes en plein dans une phase de bénéfices en ce moment, mais deux choses me tracassent... qu’est-ce qui vous rassure par rapport aux bénéfices d’entreprises dans un contexte de baisse d’achat, et qu’est-ce qui vous met mal à l’aise?
Oui, tant qu’il y a des bénéfices... on va commencer par ça. À long terme, ce qui compte, ce sont les bénéfices. Si vous aimez investir dans les actions, si les bénéfices vont bien, les actions vont suivre. Et je pense que ce qu’on voit dans cette période d’annonce des résultats... c’est tôt, mais les entreprises se portent bien, pas autant qu’au quatrième trimestre, mais elles se portent toujours bien. Ça m’indique que les paramètres fondamentaux des entreprises sont bons.
Toutefois, la question est vraiment liée au ratio. Quel ratio est-ce qu’on applique à ces bénéfices-là? Et c’est vraiment ce qui est touché par les discours de la Fed, les hausses de taux et leur impact sur le bilan, entre autres.
Mais je pense que si on regarde certains secteurs... il y a un certain nombre d’entreprises qui ont été les grandes gagnantes dans le contexte de la COVID, pas nécessairement dans le secteur des technologies, mais si je pense à des sociétés comme Costco ou Estée Lauder, des modèles d’affaires vraiment très solides, Home Depot est l’une de ces entreprises dont les actions ont chuté... et pour moi, leur avantage concurrentiel demeure en place, leurs perspectives de croissance sont plutôt bonnes, leur bilan est solide, elles ont des flux de trésorerie disponibles, et c’est le genre de titres qu’on veut délaisser au fur et à mesure qu’ils continuent de reculer.
Je sais que nous avons déjà discuté, vous et moi, du ratio de distribution. Les entreprises font de l’argent, elles font des bénéfices, puis, bien sûr, elles choisissent ce qu’elles versent. Mais le montant qu’elles versent en pourcentage de ce qu’elles pourraient verser est inférieur à ce qu’il était traditionnellement. J’imagine qu’il y a différentes façons d’interpréter ça. J’ai parfois l’impression qu’elles ont un peu peur de payer, parce qu’elles veulent conserver cette réserve au cas où, ou peut-être qu’elles pourraient payer davantage grâce à cette latitude-là. Dans quel camp êtes-vous?
Oui, je suis assurément dans le camp qui pense qu’elles vont payer davantage. Et en tant qu’investisseurs dans les actions, on nous accuse toujours d’être très optimistes. C’est juste de dire que la croissance des bénéfices cette année va être bonne. J’ai peur que le ratio de ces bénéfices-là va se comprimer un peu. Et ce ne sera pas une année fantastique pour le marché boursier, même si les rendements devraient tout de même être positifs. Mais ce que je crois fermement, c’est qu’au plus fort de la pandémie, beaucoup de sociétés, soit en raison de la réglementation, soit en raison du conservatisme au niveau du conseil d’administration ou de la direction, n’augmentaient pas nécessairement ces distributions pour montrer le maximum qu’elles pouvaient. Elles ont conservé ces liquidités en prévision de temps difficiles et tous les flux de trésorerie qu’elles généraient.
Je crois que les distributions de dividendes et les rachats d’actions vont augmenter considérablement cette année. Et on a déjà constaté ça au premier trimestre, un certain nombre de sociétés qui ont considérablement augmenté leurs dividendes, soit 19 %, 20 %. Je pense que c’est un thème qu’on va continuer à voir. Et on parle d’une hausse des taux, mais au bout du compte, le taux final, quand la Fed va arrêter, ce sera 2 %, 2,25 % peut-être en 2023. Mais on ne parle pas de taux d’intérêt extrêmement élevés, et on va se retrouver dans un contexte de faiblesse prolongée des taux d’intérêt.
Je sais qu’en ce moment, si on regarde le Comité de répartition des actifs de Gestion de patrimoine, c’est bien sûr le groupe avec lequel vous travaillez, on essaie de comprendre quelles sont les occasions à long terme. Et je crois comprendre que vous surpondérez davantage le Canada que les États-Unis. Pourquoi est-ce le cas actuellement?
Oui, de notre point de vue, le Canada est bien positionné, si on pense à quelques facteurs. Le premier concerne le cycle des taux d’intérêt dont on parle, tant avec la Fed qu’avec la Banque du Canada; si on examine la composition du marché boursier canadien, les grandes sociétés canadiennes, beaucoup de banques et de services financiers, ils vont afficher un meilleur rendement du point de vue des bénéfices à mesure que les taux d’intérêt vont augmenter. Et c’est un facteur qui, on le croit vraiment, va jouer en faveur du Canada.
Le deuxième facteur, c’est notre économie axée sur les ressources, en particulier dans le secteur de l’énergie. On croit vraiment aux facteurs ESG et à tous ces principes pour atteindre la carboneutralité. Mais, en attendant, on va encore avoir besoin de beaucoup de ces produits qu’on fabrique et, mon Dieu, il y a eu un important sous-investissement dans ces secteurs au cours des dernières années. On croit que les prix des produits de base et de l’énergie vont augmenter.
Et avec des prix comme ceux qu’on voit aujourd’hui, pour beaucoup de nos producteurs d’énergie, ça va se traduire par d’énormes flux de trésorerie disponibles. Et, encore une fois, on pense qu’une grande partie va nous revenir à nous, les actionnaires, sous forme de rachats d’actions et de dividendes. Et donc, en raison de la hausse des taux d’intérêt, des produits de base actuels et de ce qu’on considère comme un ensemble de produits de base très favorable, on surpondère le Canada dans une mesure maximale.
Sans trop entrer dans les détails, je pense que dans le cas des sociétés du secteur des ressources aussi, les prix des produits de base sont élevés, mais les mêmes obstacles qui les empêchent peut-être de prendre de l’expansion, d’explorer ou d’extraire davantage de ressources du sol vont être encore pires à l’avenir. Alors je suppose que ça va également être difficile pour ces sociétés-là.
Eh bien, c’est un des paradoxes. On a besoin d’une offre accrue, mais, bien sûr, si on augmente l’offre, ça a un coût environnemental. Et en ce moment, je pense que beaucoup de sociétés de ce secteur ont dit : écoutez, on n’est pas intéressés à réinvestir nos flux de trésorerie disponibles dans le sol, si on peut dire, et à chercher de nouvelles ressources. On va faire preuve de rigueur et verser des dividendes à nos actionnaires.
Et si, au bout du compte, ces sociétés réduisent considérablement leurs coûts, et avec les prix des produits de base actuellement, le montant de profit et de liquidités disponibles qu’elles peuvent générer va être énorme. Et je pense que ça va en surprendre certains. En tant que consommateur, le prix ne sera peut-être pas aussi agréable à la pompe, mais je pense que c’est un aspect dont les investisseurs vont pouvoir profiter.
David, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup d’avoir été des nôtres.
Merci, Kim.
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